Fièvre de la vallée du Rift: évaluation de la surveillance en Europe - Le Point Vétérinaire.fr

Fièvre de la vallée du Rift: évaluation de la surveillance en Europe

Clothilde Barde | 17.11.2020 à 08:20:00 |
vache
© D.R

L'EFSA (Agence européenne de sécurité sanitaire des aliments) vient de rendre un avis sur l’efficacité des mesures de contrôle et de surveillance de la fièvre de la vallée du Rift (FVR) dans l’Union Européenne.

La fièvre de la vallée du rift (FVR) n'a jamais été signalée en Europe continentale ou dans les pays voisins de l'Union européenne (UE) à ce jour, mais en 2018-2019, elle est réapparue après 10 ans d’absence dans un département français d'outre-mer (Mayotte) avec des épidémies impliquant plusieurs cas humains, indique le dernier rapport sur la maladie des experts de l’EFSA. En effet, face à un tel constat, après avoir évalué le risque d’introduction de la maladie dans l’Union européenne (UE) ainsi que son impact à Mayotte, le groupe d'expert a rendu un avis scientifique le 4 novembre dernier sur les mesures de surveillance à mettre en œuvre (risque d'introduction, exposition et efficacité des mesures de prévention et de contrôle). 
Une maladie catégorisée
Cette maladie à transmission vectorielle transmise aux ruminants domestiques et sauvages ainsi qu’aux humains par des moustiques, endémique en Afrique subsaharienne et dans la péninsule arabique, est classée comme maladie de catégorie A depuis 2018. Au vu des dernières données scientifiques, pour améliorer son contrôle, il convient de vérifier la circulation du virus de la RVF (FVVR) au cours de la saison des pluies précédente (saison à plus haut risque) par des tests sur certains animaux. D'autre part, "la surveillance passive (notification et dépistage des fœtus avortés et des animaux présentant des signes cliniques évocateurs de FVR) est actuellement la seule option de surveillance réalisable étant donné le pourcentage élevé d'animaux naturellement immunisés après l'épidémie de 2018-2019", estiment les experts de l’EFSA.
Des stratégies de prévention et d’élimination définies
Pour prévenir l’apparition de nouveaux cas, la vaccination est plus efficace lorsqu'elle est appliquée tôt avant le début de l'épidémie et rapidement, dans toute la population. Ainsi, le nombre d'infections est maintenu en dessous de 3%, selon les experts, si cette mesure est effectuée au moins 30 jours avant l’apparition de la maladie avec au moins 200 animaux vaccinés par jour. Dans le contexte particulier de Mayotte, il semblerait par ailleurs, qu’une stratégie d’éradication de la maladie par la réalisation de test et de réforme ne soit pas une alternative efficace. En effet, cela nécessiterait pour être efficace que des nombres élevés d'animaux (environ 2000 par jour) soient testés chaque jour et que les animaux infectés soient rapidement éliminés, ce qui est particulièrement difficile dans ce contexte géographique (nombreux petits troupeaux éparpillés sur le territoire et difficiles à visiter). D’autre part, la lutte antivectorielle, à elle seule, ne semble pas être une alternative utile pour prévenir la FVR à Mayotte car irréalisable en raison de l'impact potentiel sur l'environnement. 
Démarche à suivre en cas de risque d’introduction
Sur le territoire de l'UE continentale, en cas de risque accru d'introduction du RVFV, les établissements de bovins et de petits ruminants situés à proximité des points à haut risque d'incursion de la maladie par importation de vecteurs (ports, aéroports, cargaisons et parcs à conteneurs) devraient faire l’objet de mesures de surveillance, alertent les experts. A cet égard, la surveillance passive doit être renforcée (avortements, mortinaissances et mortalité néonatale des bovins, ovins et caprins) pendant l'été et l'automne. En ce qui concerne les objectifs des programmes de surveillance active, sur la base du seul cas connu et documenté d'introduction de la FVR dans un territoire auparavant indemne (Arabie saoudite), une séroprévalence cible inférieure à 0,3% doit être atteinte, selon le rapport. De plus, en l'absence de vaccination, l'abattage sanitaire des exploitations (c'est-à-dire l'abattage de tous les animaux) dans un rayon de 20 km autour des exploitations détectées semble être la mesure la plus efficace pour contrôler la propagation de la FVR après son introduction. Toutefois, une vaccination dans un rayon de 50 km autour des exploitations détectées est aussi une mesure efficace à mettre en place. 
Des données à consolider
Sur ce territoire plus vaste, l'alerte précoce et la mise en place de zones de restriction sont donc des mesures clés pour contenir la propagation et il existe encore une incertitude quant à l’intérêt de la lutte antivectorielle à FVVR dans et autour des exploitations. Enfin, le rôle possible de la faune sauvage dans la transmission de la maladie a également été examiné. Alors que dans certains pays d'Afrique australe, les ruminants sauvages sont considérés comme jouant un rôle dans le maintien de l'infection par le RVFV pendant les périodes interépizootiques, aucune donnée n'est disponible sur la sensibilité des espèces de ruminants sauvages européens au RVFV, ou sur la capacité du virus à provoquer une virémie détectable chez ces animaux. Le groupe scientifique de l'EFSA indique donc pour conclure que, en dépit de ces quelques recommandations, ces résultats doivent être interprétés avec prudence.

Clothilde Barde
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