Fermes à visons, un élevage appelé à disparaître ? - Le Point Vétérinaire.fr

Fermes à visons, un élevage appelé à disparaître ?

Anne-Claire Gagnon | 30.09.2020 à 15:16:00 |
ferme à visons
© danefromspain - iStock

Alors que la fin de l’élevage des animaux à fourrure est programmée en France, le rôle suspecté du vison comme réservoir du SARS-CoV-2 a accéléré la procédure dans d’autres pays européens.

Au moment même où tombe une publication néerlandaise très documentée sur la transmission anthropozoonotique et zoonotique - une première -, le Gouvernement  annonce la fin de l’élevage d’animaux à fourrure pour 2025. Une mesure qui impactera 4 fermes en France, là où d’autres pays comme la Finlande, les Pays-Bas vont également fermer des centaines d’établissements, la COVID-19 ayant anticipé ces mesures.

Séquençage génomique pour un traçage implacable

Les 23 et 25 avril, des cas avaient été signalés aux Pays-Bas dans deux fermes de visons distinctes. Le 7 mai, deux autres fermes de la même région étaient atteintes. Le 6 juin, l’ensemble des visons des deux premières fermes étaient abattus. Au 26 juin, 16 fermes étaient atteintes, avec un programme d’abattage dans les 3 jours après le diagnostic (concernant un cheptel de 570 000 têtes). Les autorités sanitaires ont mené une enquête systématique et rigoureuse pour comprendre comment s’étaient faites les contaminations. Entre les différents établissements, les contacts ont été nombreux, par les vétérinaires, les travailleurs saisonniers (d’origine polonaise), les véhicules, etc.  Tout a été listé et l’analyse génomique a permis d’établir la présence de 5 clusters en ciblant le gène E pour le SARS-CoV-2 des visons et les gènes E et RdRp pour les humains. Toutes les personnes travaillant dans les fermes ont été testées (RT-PCR ou sérologie) avec 67% d’entre elles infectées, ainsi que celles vivant à proximité.

Le vison serait-il le réservoir animal du SARS-CoV-2?

Deux clusters distincts d’origine humaine sont responsables des premiers signes et décès sur les visons fin avril. Puis pour la troisième et la septième ferme, l’infection des employés est postérieure à celles des visons, avec cependant une parenté génomique troublante avec le premier élevage. Les auteurs concluent à une transmission anthropozoonotique et zoonotique, qui pourraient faire des visons le réservoir animal que tout le monde cherche, sachant que la Chine est le pays qui a le plus de fermes à visons. Mais la Finlande, qui en a plus d’une centaine, n’a déploré aucun cas, et bénéficie d’une situation sanitaire clémente. Reste que dans la publication néerlandaise, le nombre des mutations observées est clairement corrélé à l’effectif (570.000 visons abattus pour 16 fermes), avec une mutation toutes les deux semaines. On n’ose imaginer la situation si la Chine et ses 26 millions de visons devaient être atteints. Et cela laisse songeur si demain une zoonose s’abat sur une ferme à insectes…

Anne-Claire Gagnon
1 commentaire
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spez animal + animalité le 02-10-2020 à 14:50:23
Hélas, malgré le creusement de certaines décimales, il reste de gros trous dans la raquette qui rendent peu probable la transmission du vison à l'homme dans tous les cas étudiés, contrairement à ce qui est clamé un peu partout.
Et qu'on explique toujours pas comment le virus passe d'un élevage à l'autre dans la plupart des cas. Diplopie?
Bonne chance à nos camarades néerlandais, peu encouragés (pas plus que les éleveurs) par la curée lancée sur leurs élevages.
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