Ethique et homéopathie à l’Académie vétérinaire de France - Le Point Vétérinaire.fr

Ethique et homéopathie à l’Académie vétérinaire de France

Tanit Halfon | 11.05.2021 à 14:32:00 |
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Deux séances de l’Académie vétérinaire de France ont rappelé le poids et l’importance de la démarche éthique en pratique vétérinaire. A cette occasion, a également été présenté le projet de rapport sur l’homéopathie vétérinaire.

L’éthique est au cœur du métier de vétérinaire. Pour le praticien, elle se manifeste notamment au travers des dilemmes éthiques et enjeux contradictoires auxquels il peut être confronté au cours de sa carrière. Un enjeu de taille, donc pour la profession, qui valait bien deux séances à l’Académie vétérinaire de France (AVF). Programmée en deux temps, une première visioconférence a eu lieu le 29 avril, et une deuxième le 6 mai dernier.

L’éthique est évolutive

La première séance a été l’occasion de revenir sur le concept de l’éthique. L’éthique professionnelle vétérinaire peut être défini comme est une capacité de raisonnement à la fois logique et morale, permettant de prendre une décision éclairée, en tenant compte d’enjeux moraux. Elle peut être considéré comme la recherche d’un idéal de conduite. Elle se nourrit à la fois d’une composante administrative (éthique administrative - la réglementation définit ce qui est interdit, et les sanctions associées), d’une composante ordinale (éthique professionnelle - cadre établi par les instances officielles professionnelles) et d’une composante propre au professionnel (éthique descriptive), faisant appel à des valeurs et standards moraux laissé au libre arbitre du professionnel. Elle est dépendante de nos comportements, de la valeur morale que nous leur accordons, et de l’attente sociétale. De fait, elle est susceptible d’évoluer au fil des années en fonction du regard porté à l’animal. C’est évidemment le cas, notamment avec la prise en compte croissante du bien-être animal dans nos sociétés, que ce soit pour l’animal de rente ou l’animal de compagnie. Pour exemple, l’animal de compagnie, en parallèle des progrès de la médecine vétérinaire, est devenu un membre à part entière de la famille, qui peut désormais avoir accès à une médecine de pointe. Ce qui peut soulever des questions d’ordre éthique : par exemple, avec les progrès en thérapeutique, la question est celle de l’acharnement thérapeutique, en d’autres termes, jusqu’où faut-il aller ? 

Faire le choix du moindre mal

Pour le praticien, la question centrale est donc celle de la prise de décision et de donner du sens à ses actes. Il est apparu souhaitable de s’orienter vers une décision partagée avec le propriétaire, éclairée, dénuée de tout idéaux, et dans l’intérêt de l’animal et de son bien-être, mais aussi de la santé publique et de l’environnement. Il s’agit aussi de faire le choix du moindre mal possible (ce n’est pas faire le mieux !). Cette prise de décision ne se fait évidemment pas sans difficultés, notamment quand des enjeux économiques sont présents. De plus, le praticien peut être influencée par d’autres facteurs propres à lui-même (connaissance, expérience, confiance en soi, concurrence, qualité de vie, etc). Pour s’aider dans cette prise de décision, le praticien a un intérêt à s’appuyer sur la médecine factuelle, ou Evidence based-medicine (EBM), laquelle a été abordée lors de la deuxième séance de l’Académie. Il s’agit de traiter des questions complexes rencontrées en pratique, en s’appuyant sur les dernière et meilleures preuves scientifiques pour prendre sa décision. Pour ce faire, une connaissance minimale à la lecture des articles scientifiques est nécessaire. 

Au-delà de la prise de décision individuelle, l’éthique s’envisage aussi à une échelle plus collective, multidisciplinaire, afin de pouvoir statuer sur une question spécifique, à un moment donné.

La question de l'homéopathie 

Cette séance a été aussi l’occasion de présenter le projet de rapport sur l’homéopathie vétérinaire. Un groupe de travail de l’AVF s’était constitué pour traiter du sujet, à la suite des avis des Académies des sciences, médecine et pharmacie. Elle avait été également saisie par le Conseil national de l’Ordre des vétérinaires (lequel avait été interpellé par le collectif des Zétérinaires). Il s’agissait de savoir si la pratique médicale de l’homéopathie vétérinaire était compatible avec les exigences scientifiques des vétérinaires inscrits au tableau de l’Ordre. Parmi les conclusions, il est ressorti qu’il n’y avait pas de preuves permettant de conclure à une efficacité de la préparation homéopathique. Ce rapport doit encore faire l’objet d’un examen à l’AVF, suivi d’un vote. En cas de vote favorable, un avis officiel de l’AVF sera alors publié.

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Les conférenciers de la séance du 29 avril étaient Christian Hervé, médecin, professeur émérite à l’Université de Paris, membre de l’AVF ; André-Laurent Parodi, vétérinaire membre de l’AVF et de l’Académie Nationale de Médecine ; Geneviève Marignac, vétérinaire, enseignante-chercheuse de l’Ecole Nationale Vétérinaire d’Alfort ; Jean-Michel Vandeweerd, vétérinaire, enseignant-chercheur à l’Université de Liège, membre de l’AVF ; Gilles Chaudieu, vétérinaire, membre de l’AVF ; et Pierre Mormède, directeur de recherche émérite INRAE.

Les conférenciers de la séance du 6 mai étaient Christophe Hugnet, vétérinaire, membre de l’AVF ; Jacques Haeich, professeur émérite de biotechnologie à l’Université de Strasbourg ; Jean-Michel Vandeweerd ; et enfin François Valon, vétérinaire, membre de l’AVF.

Tanit Halfon
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