Espagne : deux vétérinaires impliqués dans un trafic de chiens à Madrid - Le Point Vétérinaire.fr

Espagne : deux vétérinaires impliqués dans un trafic de chiens à Madrid

Bénédicte Iturria | 07.02.2020 à 13:00:00 |
Police espagnole
© Istock-MarioGuti

La police nationale a démantelé un trafic de chiens et secouru 270 Chihuahuas et Loulous de Poméranie qui se trouvaient dans deux élevages clandestins situés dans les communes madrilènes de Meco et Arganda del Rey.

Cinq individus ont été arrêtés. Ils seraient présumés être l'un des principaux distributeurs de ces deux races au niveau européen. Parmi les personnes interpelées se trouvaient un couple considéré comme le cerveau du trafic, un expert en informatique, responsable d’une solide stratégie commerciale notamment sur les réseaux sociaux, et deux vétérinaires qui exerçaient dans des cliniques de la capitale. Ces confrères peu scrupuleux avaient pour mission de livrer les documents et le matériel nécessaires afin de faire croire que tout était conforme à la réglementation. Ils ont ainsi fourni des passeports vierges mais déjà tamponnés afin que les éleveurs puissent eux même les remplir à leurs convenances. Idem pour les médicaments et les puces électroniques. Dénués de tout sens éthique, les vétérinaires ont aussi procédé à des cordectomies sur les chiens reproducteurs pour que leurs aboiements ne puissent pas alerter les voisins de l’existence d’un élevage illégal.

L’enquête a commencé début 2019, après une plainte anonyme concernant un élevage de chihuahuas situé dans une villa à Meco et qui ne disposait pas des autorisations obligatoires pour la possession et la vente d'animaux. Une inspection a ainsi été effectuée, permettant de sauver 12 chiens au moment où les vendeurs essayaient de s'en débarrasser. Dès lors les agents ont concentré leurs efforts sur l’identification d'autres personnes ayant pu participer à ce trafic, comme des vétérinaires ou des éleveurs. Ils ont ainsi identifié le couple résidant dans une villa d'Arganda del Rey. En pénétrant dans cette maison, les forces de l’ordre ont découvert 258 chiens dans une planque située au sous sol. Les animaux vivaient dans des conditions insalubres et présentaient un mauvais état sanitaire. Ils étaient répartis en trois zones : une où se trouvaient les animaux de moins d'un mois et les femelles gestantes, une zone d'animaux destinés à la vente et une d'animaux prêts à se reproduire. La reproduction se faisait sans aucun contrôle vétérinaire ce qui a engendré de nombreux problèmes de santé pour les femelles. La police a aussi retrouvé deux chiens décédés, enveloppés dans du papier et congelés.

Les agents de l'Unité Environnement, Consommation et Dopage estiment que ce réseau aurait engendré des bénéfices supérieurs à 2 millions d'euros. Depuis 1990, ces personnes avaient enregistré plus de 1 400 chiens à la Société royale canine d'Espagne, dans le but de leur donner une apparente légalité et de pouvoir les vendre à un prix plus élevé. Il n'y avait pas de lieu d'élevage « légal » enregistré à leurs noms malgré la quantité d’animaux concernée. Le prix de vente de chaque animal se situait entre 1 300 et 3 000 euros. Les animaux étaient vendus dans toute l’Espagne via internet.

Les chiens saisis sont actuellement gardés par plusieurs associations de protection animale, en attendant que la justice statue sur leur sort. Les suspects ont été remis en liberté sous caution. Ils sont accusés d’association de malfaiteurs, de maltraitance animale et de faux en écriture. La police ne considère pas l'enquête close, car elle soupçonne qu'il y ait davantage de « ramifications » en Espagne.

 

Bénédicte Iturria
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