Deux tiers des vétonautes craignent de perdre la délivrance des médicaments à moyen terme - Le Point Vétérinaire.fr

Deux tiers des vétonautes craignent de perdre la délivrance des médicaments à moyen terme

03.12.2009 à 09:00:00 |
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Pas de panique, mais une vraie inquiétude. Les vétonautes estiment que la délivrance pourrait bien leur échapper un jour prochain. Mais de qui vient la menace ?

« Des vétérinaires pardi ! répond un praticien. Si nous appliquions la législation au pied de la lettre, il ne resterait à peu de chose près que les fameux “affairistes” conspués par les ruraux. Qui, parmi nous, délivre en parfait accord avec la loi ? Dans ce dossier, nous sommes notre meilleur ennemi. »
« Si la profession ne respecte pas sérieusement le décret prescriptiondélivrance, c’en est fini d’ici peu », prévient un autre. Lors du congrès du SNVEL à Nice, fin octobre, Claude Andrillon a appelé ses confrères à faire preuve de rigueur. « Prescription et délivrance doivent être réalisées par des vétérinaires habilités à exercer », a martelé le vice-président du syndicat.
C’est que la position des vétérinaires français a été remise en cause à plusieurs reprises ces derniers mois. Le ministre de l’Agriculture néerlandais s’est inquiété publiquement qu’ils soient intéressés à la vente de médicaments, ce qui a relancé le débat au niveau européen. Plus récemment, des médecins ont proposé de séparer prescription et délivrance pour diminuer l’usage des antibiotiques. Fin octobre, en pleine affaire sur les importations illégales de médicaments espagnols au Pays basque, certains syndicats agricoles dénonçaient le monopole des praticiens sur la vente des produits qu’ils prescrivent.

Mais au palmarès des menaces qui pèsent sur la délivrance, le lobby des pharmaciens arrive en tête. « C’est la profession de santé la plus agressive contre les vétérinaires. Les confrères biologistes peuvent en témoigner. Après la biologie, la pharmacie ? C’est toujours aux mêmes que profite le crime », peste une vétonaute. « Il n’y a qu’à voir les groupements de pharmacie qui disposent de prix de vente inférieurs à nos prix d’achat, remarque un autre. Merci aux laboratoires pour leur double discours. » Pour d’autres, certes minoritaires, la perte de la délivrance ne serait pas si dramatique. « Finalement, est-ce une menace ou une opportunité ? Y perdrions-nous vraiment ? », s’interrogent deux praticiens. « Vivement que nous nous en passions », ajoute un troisième. « Lors de réunions confraternelles, je m’aperçois que je suis loin d’être le seul à penser que la fin de la délivrance par nos soins est inéluctable, et que ce ne sera peut-être pas plus mal, témoigne-t-il. Nous prescrirons en toute indépendance, car cela sera le meilleur choix thérapeutique, sans considérations commerciales ni objectif de contrat à remplir. Les confrères américains sont passés par là, avec l’émergence de la vente en ligne. Ils ont augmenté leurs tarifs de 20 à 30 %, paraît-il. Ils n’en sont pas morts que je sache. Ainsi, nous nous recentrerons sur notre métier, l’acte, et le conseil. » Le débat est (re)lancé.

Nicolas Fontenelle
Extrait de La Semaine Vétérinaire n°1383

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