Des pistes pour rédéfinir les zones agricoles - Le Point Vétérinaire.fr

Des pistes pour rédéfinir les zones agricoles

Clothilde Barde | 17.05.2021 à 08:00:00 |
© anderm

Réalisée à la demande du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, une étude a permis de mettre au point un système de zonage rendant compte du potentiel agro-environnemental des territoires agricoles.

L’herbe et les prairies, ainsi que les infrastructures agro-écologiques et la diversité des cultures liée aux systèmes d’élevage herbivores, figurent parmi les critères positifs clés pour l’environnement, selon un rapport d'analyse du Centre d’études et de prospective (CEP) du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation publié en mars dernier.

En effet, alors que les politiques agricoles et environnementales en faveur de la transition agro-écologique se multiplient, les territoires visés par chacune de ces politiques diffèrent, conduisant à une multiplication plus ou moins cohérente des zonages agricoles et à des politiques peu coordonnées, voire contradictoires, à l’échelle des territoires et des exploitations agricoles. C’est pourquoi, dans ce contexte, une étude visant à établir un nouveau zonage identifiant des territoires homogènes à partir d’indicateurs reflétant leur potentiel agro-environnemental (zonage agricole «multi-enjeux » (ZAME)), a été commandée au cabinet Épices, en collaboration avec l’Observatoire du développement rural (ODR-Inrae).

Une nouvelle définition

L'analyse du CEP a révélé que le potentiel agro-environnemental d’une région repose d’abord sur les prédispositions naturelles d’un territoire. Ainsi, il est inqué que "tout territoire dispose donc d’un potentiel agro-environnemental important, pour autant, les caractéristiques physiques et les contraintes naturelles conditionnent la capacité de ce territoire à accueillir de tels systèmes". Ainsi, par exemple, les régions à la topographie accidentée et très découpées par les cours d’eau sont davantage prédisposées que d’autres à accueillir des infrastructures paysagères (haies, bandes enherbées), composantes essentielles des systèmes agro-écologiques. De plus, pour accueillir des systèmes agro-écologiques, le territoire doit aussi intégrer les activités anthropiques mises en place selon les conclusions de l'étude qui, allant plus loin que les démarches précédentes, intègre enfin la notion récente de capacité du milieu à supporter les pressions engendrées par les pratiques agricoles (degré de vulnérabilité et de résilience).

Des indicateurs à identifier

Après avoir précisé la notion de potentiel agro-environnemental, l’étude a identifié trois familles d’indicateurs permettant d’en rendre compte. La première d’entre elles renvoie aux prédispositions naturelles du milieu à accueillir des systèmes agro-écologiques  (indicateurs sur la présence de zones tampons et d’éléments figurés (cours d’eau, haies…), de milieux remarquables (zones Natura 2000 ou Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF)), ou encore de systèmes herbagers (prairies permanentes…)). La seconde famille d’indicateurs porte sur la diversité et l’autonomie des systèmes agricoles (diversité historique des cultures) et la dernière permet de refléter la vulnérabilité intrinsèque aux produits phytosanitaires et aux pollutions azotées. Puis, un zonage a été élaboré afin de « partitionner l'espace en aires statistiquement homogènes ». À partir des indicateurs préalablement identifiés et en s’appuyant sur des techniques de regroupements statistiques, l’exercice a abouti à un zonage comprenant 686 zones pour la France métropolitaine.

Des écarts entre l'état actuels et le potentiel agro-environnemental observés

Pour chacune d'entres elles, les différents indicateurs du potentiel agro-environnemental ont été associés et une mesure des décalages entre l’état actuel des territoires et leur potentiel agro-environnemental a été effectuée. Cette cartographie a permis de montrer que les zones de l’Est de la France et de la vallée de la Garonne sont caractérisées par une moindre densité en zones tampons et éléments paysagers (haies…) qu’attendue, alors que l’on observe l’inverse dans d’autres zones (Contentin, Dordogne…) où l’histoire agraire a contribué à façonner un paysage bocager. La prise en compte simultanée de plusieurs indicateurs laisse apparaître des régions particulièrement « sinistrées », cumulant des déficits par rapport à leur potentiel agro-environnemental. C’est notamment le cas de la vallée de la Garonne, qui est à la fois marquée par un déficit de prairies permanentes, d’éléments paysagers, un faible potentiel de lutte biologique sur des zones sensibles aux pesticides, une baisse de diversité culturale et un déficit de carbone dans les sols.

Un outil d'appui aux politiques publiques

Si des améliorations et adaptations méthodologiques restent nécessaires, un tel outil ouvre de riches perspectives en matière d’orientation des politiques publiques, en permettant de cibler prioritairement les territoires présentant les plus grands décalages vis-à-vis de leur potentiel théorique conclue le rapport d'analyse.D'ailleurs, les résultats pourraient aussi aider à la redéfinition de certaines zonages agricoles comme les PRA, ou encore ceux concernés par l’indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN).

Clothilde Barde
Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application