Dentisterie des Nac : l’anesthésie est indispensable - Le Point Vétérinaire.fr

Dentisterie des Nac : l’anesthésie est indispensable

Amandine Violé

| 25.04.2023 à 14:09:00 |
© Arlee Piriyasanguanpong-iStock

La British Veterinary Zoological Society (BVZS) se positionne sur les bonnes pratiques à adopter en dentisterie des nouveaux animaux de compagnie.

Lapins, chinchillas et cochons d’Inde possèdent une dentition hypsodonte. Cette spécificité les rend particulièrement sensibles aux affections dentaires susceptibles d’impacter leur santé. Des soins dentaires réguliers, visant à corriger les anomalies de pousse constatées et leurs conséquences associées (infection, inflammation, douleur), peuvent s’avérer indispensables. Certains animaux nécessitent un suivi strict, toutes les 4 à 10 semaines. À ce titre, la British Veterinary Zoological Society (BVZS), soutenue par la Rabbit Welfare Association and Fund, publie ses recommandations pour une conduite optimale des procédures dentaires chez ces patients. Estimant qu’il est “inapproprié et dangereux” de les effectuer sur des animaux vigiles, la BVZS recommande de les réaliser impérativement sous anesthésie générale ou a minima, sédation profonde, par un vétérinaire ou un chirurgien qualifié. La mise en œuvre d’une procédure anesthésique adaptée vise ainsi à : améliorer la qualité des actes proposés, limiter l’occurrence des traumatismes iatrogènes et réduire, de ce fait, la douleur et le stress du patient examiné.  

Minimiser les traumatismes iatrogènes…

Considérant les particularités de chacune de ces espèces, la BZVS fait ressortir, à la lumière de plusieurs études, certains points d’intérêt. Les traitements dentaires tels que l’élimination des élongations coronaires par fraisage ou râpage sont des actes douloureux, pouvant s’avérer dangereux. Les traumatismes iatrogènes des tissus mous sont courants et doivent impérativement être minimisés. Ils se révèlent d’autant plus importants sur un patient conscient, susceptible de réagir vivement à la douleur ou à toute contrainte extérieure. Des luxations de l’articulation temporo-mandibulaire, des fractures mandibulaires, des lésions vasculaires ou nerveuses ont notamment été rapportées lors de chirurgies dentaires de routine. En outre, plus de 50% des lésions buccales ne sont pas détectées sur un animal examiné de manière vigile.

…ainsi que le stress

Compte tenu de leur statut de proies, lapins, cochons d’Inde et chinchillas sont particulièrement sensibles au stress, amplifié par la contention humaine et de nombreux stimuli environnementaux. 61% des lapins, manipulés par leurs propriétaires montrent ainsi des signaux de peur. Ce pourcentage s’élève à 75% en présence d’inconnus. Certaines pratiques de contention, telles qu’un maintien ferme par le cou ou en position d’immobilité tonique, ont un impact négatif direct sur leur bien-être. Diverses conditions cliniques liées à une exposition au stress prolongé ont ainsi été décrites incluant des troubles cardiaques, des modifications hématologiques (lymphopénie notamment), une hyperglycémie transitoire, une stase digestive et des apnées per-opératoires majorées.  Les risques de mortalité, manifestes, doivent impérativement être limités par la maitrise de l’ensemble des facteurs de stress existants. 

En conséquence, la réalisation d’une procédure anesthésique appropriée permet de réduire le nombre d’actes inutilement néfastes pour ces patients, et d’améliorer sensiblement les conditions distinctives de leur prise en charge en structure vétérinaire. 

Bibliographie

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Amandine Violé

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