De nouvelles pistes pour réduire l’usage des antibiotiques en élevage - Le Point Vétérinaire.fr

De nouvelles pistes pour réduire l’usage des antibiotiques en élevage

Clothilde Barde | 17.09.2019 à 10:28:36 |
vache injection
© mustafagull

A l’occasion du Salon international de l’élevage (SPACE), les nouvelles pratiques à développer pour continuer à réduire l’utilisation des antibiotiques au sein des différentes filières de l’élevage ont été présentées par l’Inra (Institut national de la recherche agronomique).

Après la réduction de 39% de l’usage des antibiotiques en élevage obtenue suite à la première campagne EcoAntibio (2012-2017), les pratiques d’usage des antibiotiques en élevage ont évoluées. Les enjeux se situent désormais autour de la diffusion de ces nouvelles pratiques. C’est pourquoi, le projet SANT’Innov, porté par l’INRA et l'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'environnement et l'agriculture (Irstea), en collaboration avec Oniris, a été lancé en 2015. Ce dernier s’intéresse aux leviers permettant de réduire l’usage des antibiotiques dans les filières bovines et porcines du Grand Ouest. A l’occasion du SPACE quelques résultats ont été présentés.
Des alternatives en élevages laitiers
Comme l’ont indiqué Florence Bonnet-Beaugrand et Nathalie Bareille (UMR Inra/Oniris BioEpAR), en fonction du risque encouru, les leviers d’action diffèrent. Ainsi, dans un contexte à risque modéré, les éleveurs de bovins laitiers devront mener des actions individuelles. De plus, dans ce type d’élevage, les antibiotiques, qui sont le plus souvent sont destinés au traitement et à la prévention des maladies multifactorielles de production, pourront être remplacés par les médecines alternatives, l’amélioration des mesures de maîtrise zootechniques (pratiques de tarissement par exemple) et la réorganisation du travail ou enfin la révision du système d’exploitation dans son ensemble (élevage de veaux sous la mère et utilisation de races croisées par exemple). Pour faire face aux risques de baisse de qualité du lait et aux problèmes de santé, les éleveurs pourront travailler avec des experts (vétérinaires ou conseillers) dans une « relation partenariale suivie » afin de s’orienter vers une agriculture moins productiviste selon les conférencières.
Des freins en filière bovin allaitant
Dans la filière bovins viande, les antibiotiques permettent de prévenir les maladies respiratoires responsables de baisse de production et de mortalité, risque supporté par les engraisseurs. A l’inverse, les mesures préventives (saison de naissage, qualité du sevrage et de la transition alimentaire, vaccination précoce) reposent sur les naisseurs. Dans ce contexte, une étude qualitative et quantitative menée auprès de 275 naisseurs et engraisseurs de jeunes bovins viande du projet SANT’Innov a permis de différencier des leviers d’action différents. Ainsi, dans le cas des naisseurs, il s’agit d’obtenir une valorisation des produits tandis que chez les engraisseurs il convient de réduire l’usage préventif d’antibiotiques en maitrisant mieux les risques. Toutefois, les résultats de l’enquête montrent qu’en pratique, il existe encore des freins économique, technique et sociologique chez les engraisseurs à la mise en place d’alternatives aux antibiotiques préventifs.
L’importance d’une relation de confiance
Enfin, l’étude révèle qu’en l’absence d’éléments objectivés de qualité des animaux, la relation commerciale repose sur le relationnel et la confiance interpersonnelle. Les travaux menés sur ces points en médecine vétérinaire porcine permettent ainsi de décrire sept dimensions fondamentales de la confiance entre éleveur et vétérinaire. « Les leviers mobilisables se situent donc dans tout le système agricole et reposent à la fois sur des facteurs techniques, économiques et sociologiques » ont conclu les intervenantes.
 

Clothilde Barde
2 commentaires
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ninou le 17-09-2019 à 22:08:50
Se donner les moyens de limiter l' utilisation des antibiotiques c'est souhaitable et nécessaire mais totalement inutile au vu de la signature de Ceta , du Tafta et du Mercosur qui vont inonder le marché de la viande de produits non conformes .On marche sur la tête
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Guillaume Collignon, Vétérinaire le 18-09-2019 à 11:54:41
Tout à fait d'accord.
D'ailleurs, en élevage allaitant "traditionnel", on arrive à une utilisation d'antibiotiques très faible (probablement << 1 traitement/animal sur toute sa vie !), et je ne parle même pas de ce qu'on peut observer sur des races rustiques.
C'est sans comparaison possible avec ce qui se passe dans les autres espèces, à commencer par l'humain ( l'utilisation inadaptée des antibios chez l'humain constitue la 1ère cause de résistances aux ABQ, et de très très loin, il convient de le rappeler systématiquement pour ne pas risquer de l'oublier !)
NE NOUS TROMPONS DONC PAS DE CIBLE, à force de nous laisser accuser par des média incompétents, nous en oublions que les vétérinaires ruraux français (et leurs éleveurs) sont des modèles, des exemples à suivre, et absolument pas des coupables !
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