Cursus vétérinaire privé : un nouveau modèle de formation - Le Point Vétérinaire.fr

Cursus vétérinaire privé : un nouveau modèle de formation

Tanit Halfon

| 10.02.2022 à 19:20:00 |
© iStock-BartCo

Comme il est expliqué dans le dossier de candidature d’UniLaSalle que nous avons pu consulter, la formation initiale vétérinaire se ferait selon un modèle semi-distributif, impliquant qu’une partie de la formation clinique se passerait dans des cliniques partenaires.

Que réservera le cursus vétérinaire privé proposé par UniLaSalle dont l’examen est actuellement en cours, avec une réponse qui devrait être rendu d’ici ce weekend voire la semaine prochaine ?

L’examen des dossiers des experts du ministère de l’Enseignement supérieur, et de l’Association des établissements européens d’enseignement vétérinaire (AEEEV pour European association of establishments for veterinary education) nous avait déjà donné une partie de la réponse : il s’agira d’un modèle semi-distributif, c’est-à-dire qu’une partie de la formation clinique des étudiants se ferait en partie dans des structures extérieures. Ce modèle colle avec les textes réglementaires qui avaient rendu obligatoire la présence d’un centre hospitalier vétérinaire (CHV) classique mais pas forcément pour toutes les espèces animales. Dans ce cadre, il est bien indiqué que des conventions de partenariats avec des professionnels extérieurs peuvent être signés.

Nous avons pu consulter le dossier de candidature de l’établissement, qui apporte des compléments de réponse. En préalable, le cursus serait en 6 ans, avec un recrutement majoritairement post-bac. 

Des rotations cliniques dans un nombre limité de cliniques

Pour la formation clinique, l’activité clinique débutera progressivement 3 ans après la première rentrée.

Plusieurs partenaires sont pressentis pour le modèle semi-distributif. Il y a des cliniques généralistes (5 listées) et de référés (4) animaux de compagnie, ainsi que des cliniques animaux de production/mixte (6), équine (3). Des parcs zoologiques sont également listés, des abattoirs, la société protectrice des animaux, le laboratoire départemental d’analyse.

Le suivi de la formation extérieure des étudiants serait assuré par un responsable en charge de chaque filière. Les praticiens et ASV qui encadreraient les étudiants suivraient une formation aux sciences de l’éducation une fois par an, et auraient pour la partie encadrement le statut de salarié à temps partiel. L’encadrement sur place pourrait aussi être fait par du personnel praticien de l’établissement UniLaSalle.

Il y aurait un nombre limité de cliniques, sélectionnées d’après une excellence reconnue. Ces cliniques pourraient avoir un « système de labellisation » qui permettrait d’informer les propriétaires d’animaux et éleveurs qu’elles sont impliquées dans une formation clinique. UniLaSalle indique qu’un co-investissement pourrait être envisagé pour le maintien des normes des infrastructures partenaires. De plus, UniLaSalle pourra louer des logements à l’année à proximité des cliniques partenaires pour faciliter les rotations cliniques des étudiants.

UniLaSalle dispose aussi de fermes expérimentales et d’un réseau d’agriculteurs partenaires, susceptibles d’accueillir des groupes d’étudiants.

Un CHV animaux de compagnie - NAC

En parallèle, il y aurait un centre hospitalier de l’école vétérinaire (CHEV) dédiés aux cas référés petits animaux et NAC avec des urgences 24/24 et des gardes.

Pour la sixième et dernière année de formation, plusieurs possibilités d’approfondissement sont prévues : animaux de production ou mixte animaux de production/animaux de compagnie ; recherche (master recherche) ; entreprise (en particulier agro-alimentaire et sécurité sanitaire). Pour rappel, l’arrêté du 3 décembre 2020 relatifs aux études vétérinaires en liste 6 : animaux de production, animaux de compagnie, équidés, santé publique vétérinaire, recherche et entreprise. UniLaSalle précise qu’il est envisagé par la suite de proposer d’autres spécialités en partenariat avec d’autres écoles vétérinaires. Cette dernière année sera aussi consacrée à la thèse d’exercice.

Le programme de chaque année n'est pas détaillé, mais le schéma général est décrit.

A noter aussi : un semestre entier de formation dans une université partenaire à l’étranger serait obligatoire pour les étudiants de 3ième année.

Beaucoup de stages, avec un stage de pré-professionnalisation

Outres les rotations cliniques à l'extérieur, le dossier UniLaSalle se distingue par le fort poids des stages dans son cursus, comparé aux ENV : 8,5 mois soit 36 semaines. Il y a 16 semaines pour les 3 premières années, et 20 semaines pour les 3 suivantes. En fin de 5ième année, il y aurait un « stage pré-professionnel » de 12 semaines, qui pourrait être entièrement dédié aux secteurs de l’industrie et de la recherche. En 6ième année, il y aurait un stage de 2 semaines libre, avec l’objectif affiché qu’il pourrait permettre à l’étudiant d’être employé à la suite de ce stage dans la structure accueillante (« insertion professionnelle »).

L’établissement vise aussi plus loin que la formation initiale. Il est ainsi indiqué qu’il y aurait un internship dédié aux petits animaux, ou avec les cliniques semi-distribuées pour les animaux de production. Est cité aussi le projet de programmes de résidanats mais qui dépendra de l’équipe enseignante engagé. Il est aussi envisagé de proposer de la formation continue, avec l’optique de pouvoir à terme être agréé pour l’attribution de crédits de formation continue.

Un cursus en construction

Comme il avait été noté dans les rapports des experts du ministère de l’Enseignement supérieur et de l'A3EV, le cursus est à ce stade en construction.

Pour la formation clinique, le planning, les lieux de rotations cliniques et le nom du responsable des rotations ne sont pas finalisés. Le rapport donne l'exemple toutefois une matrice type d’exposition clinique d’un étudiant de 5ième année : il y aurait durant 32 semaines de cliniques, associées aux 12 semaines de stages (voir plus haut) pour cette même année.

Pour les cliniques pressenties, il est précisé pour certaines que le contact est initié ou que des discussions sont en cours. Pour d'autres, il est indiqué que le partenariat est confirmé. Toutefois, nous en avons contacté certaines : pour une d’entre elles, il nous est indiqué qu’à ce stade, aucun accord de principe n’a été signé et qu’il s’agit encore d’une phase de prospection. Pour une autre, il y a bien eu un accord de principe, mais pour accueillir des stagiaires. Une dit ne pas être au courant.

Pour le CHEV, il n’est pas construit, mais il est écrit qu’il sera prêt en septembre 2025 pour l’accueil des étudiants de 4ième année. Est indiqué qu’il est envisagé soit le rachat d’un terrain voisin, soit de construire sur le terrain d’UniLaSalle.

Des salles d’autopsie et de dissection seront aussi construites.

Enfin, à ce stade, et c’est logique, il n’y a pas encore tout le personnel encadrant. L’objectif est d’arriver d’ici 2028 à 75 enseignants vétérinaires et 13 enseignants non vétérinaires. En ajoutant tout le reste du personnel technique et administratif, on arriverait à un total de 155 personnes.

Tanit Halfon

Réagir à cette actualité
Cet espace a vocation à débattre et partager vos avis sur nos contenus. En réagissant à cette actualité, vous vous engagez à respecter les conditions générales d’utilisation de Le Point Vétérinaire.fr. Tout commentaire calomnieux ou injurieux sera supprimé par la rédaction.
Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application