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Covid-19 : Un chat infecté par le Sars-CoV-2 en Belgique

Anne-Claire Gagnon | 27.03.2020 à 18:22:26 |
chat covid19
© krblokhin - iStock

Les autorités belges rappellent que, s’il s’agit du troisième cas de détection du Sars-CoV-2 chez un animal, le Covid-19 reste à transmission interhumaine, avec des cas rarissimes et isolés de transmission à l’animal.

La Belgique vient de déclarer à l’OIE un évènement exceptionnel avec un chat tombé malade une semaine après le retour de sa propriétaire, qui rentrait d’Italie, infectée et atteinte du Covid-19. Ce chat, qui après des signes gastro-intestinaux et respiratoires, va mieux cliniquement, a été testé PCR positif dans ses fèces et ses vomissements.  La sérologie est en cours, de même que l’identification génomique du Sars-CoV-2 (pour vérifier la similitude éventuelle avec celle de sa propriétaire). Mise au point de la situation avec notre confrère Etienne Thiry, professeur en virologie à la faculté de médecine vétérinaire de l’université de Liège et Président du Comité Scientifique institué auprès de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (AFSCA), qui a été saisi par le Comité scientifique fédéral en charge de la gestion de la pandémie de SARS-CoV-2 en Belgique.

Quels ont été les symptômes développés chez ce chat ?

Etienne Thiry : La propriétaire, qui était malade, confinée et en quarantaine, s’est inquiétée auprès de son médecin que son chat présente, une semaine après son retour, des signes cliniques, avec de l’anorexie, de la diarrhée, des vomissements, de la toux et une respiration superficielle. Son médecin traitant, dans une démarche One Health, a contacté la faculté de médecine vétérinaire de Liège, qui a demandé à la propriétaire de réaliser elle-même des prélèvements dans les fèces et les vomissements, où le Sars-CoV-2 a été identifié. Ce chat n’a pas eu d’examen clinique (pour limiter les risques dans la situation de confinement). Nous n’avons actuellement aucune preuve que les symptômes de ce chat soient en lien avec le SARS-CoV-2. Le virus a été identifié par séquençage génomique à haut débit. La sérologie permettra ultérieurement de confirmer l’infection du chat.

Le Comité scientifique recommande des précautions renforcées pour les propriétaires infectés Covid-19, en quarantaine à domicile*, mais ne recommande pas (contrairement à Hong-Kong) la mise en quarantaine de leurs animaux en cas d’hospitalisation de leurs maîtres. Pourquoi ?

Ce n’est pas à l’ordre du jour pour une transmission entre un maître fortement contaminé, avec une charge virale importante, pour qui le maintien d’un proche à domicile est de règle - et les animaux de compagnie font partie de nos proches, et pour qui nous devons, lors d’infection, respecter plus encore la distanciation physique de plus d’un mètre et les gestes barrières.

Le Comité scientifique ne recommande pas non plus chez les animaux de patients infectés le dépistage systématique. Est-ce une réserve éthique compte-tenu de la pénurie pour la santé humaine ?

C’est un devoir en cette période de réserve sanitaire que la Faculté de médecine vétérinaire mette à disposition toutes ses ressources pour la santé de nos concitoyens, les moyens diagnostiques inclus. Donc le dépistage systématique des animaux de compagnie n’est pas à l’ordre du jour.

Le chat semble avoir, comme le porc et le furet, une sensibilité particulière, du fait des récepteurs ACE2, identifiés comme récepteurs cellulaires** pour le virus Sars-CoV-2. Quelles en sont les conséquences ?

C’est trop tôt pour le comprendre, même si on voit que les chats, mais aussi les porcs, les furets, les rats et les chauves-souris ont, de ce point de vue, les séquences en acides aminés les plus proches des motifs de liaison des récepteurs ACE2 humains. Ce qui est intéressant, c’est que, bien que les récepteurs chez le chien soient éloignés de ceux des humains, nous avons eu deux cas de contamination de chiens à Hong-Kong, dont un chien séropositif, signal d’une véritable infection.  Seul le terrain et la clinique éventuelle nous en diront plus.

** exprimés au niveau des épithéliums alvéolaires (pulmonaires) profonds, des entérocytes, cellules rénales, endothéliums artériels et veineux, etc.

Quel est le risque de transmission du propriétaire infecté COVID-19 à son animal ?

Il est faible, et nous voyons bien, alors que la pandémie touche des pays européens, où les propriétaires d’animaux de compagnie sont nombreux, que le Covid-19 est une maladie humaine à transmission interhumaine, qui n’a pas d’incidence sur la santé animale, avec des cas rarissimes et isolés de transmission à l’animal.

Quels conseils devons-nous donner aux propriétaires en bonne santé apparente, et peut-être porteurs sains ?

Assurer la santé et le bien-être de leurs animaux, qui, en cette période de confinement, leur apportent un précieux réconfort. Et pour celles et ceux qui souhaitent prendre le plus de précautions, bien que nous n’ayons aucune preuve de transmission de l’animal à l’humain, il conviendra lors des sorties hygiéniques avec son chien, tenu en laisse, de garder une distance d’un mètre avec un autre propriétaire et son chien, de ramasser les déjections, les mettre à la poubelle en rentrant, et, bien sûr, comme ils en ont l’habitude, se laver les mains ensuite.

  

*Les principales recommandations du Conseil scientifique institué auprès de l’AFSCA en Belgique

-En cas d’hospitalisation d’un propriétaire malade Covid-19, demander à un proche ou un membre de la famille vivant avec la personne infectée de prendre en charge son animal.

-Si le propriétaire malade Covid-19 reste à son domicile, demander à un membre de la famille de prendre en charge son animal, en réduisant au maximum les possibilités de contacts entre l’animal de compagnie et le patient humain.

-Les animaux de compagnie d’un patient humain confirmé positif Covid-19 doivent être confinés autant que possible et leurs contacts avec celui-ci réduits.

-Le Comité exclut, en l’état actuel des connaissances, le recours à l’euthanasie des animaux de compagnie de patients infectés par le virus Sars-CoV-2.

-Pour tous les patients infectés par le virus SARS-CoV-2, les règles d’hygiène classique sont recommandées, à savoir :

*Éviter les contacts étroits avec son animal domestique, surtout au niveau de la face.

*Se laver les mains au savon après tout contact avec un animal domestique ou l’entretien de la litière et de l‘écuelle.

*Éliminer les matières fécales du chien en promenade.

Anne-Claire Gagnon
1 commentaire
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Romain Kremer, Vétérinaire le 30-03-2020 à 14:41:24
Pourquoi titrer "un chat testé positif" alors que le protocole de test est aussi discutable ? Les prélèvements ont été réalisés par quelqu'un de hautement virémique, et ce sont les particules virales qui ont été cherchées. Un test sérologique aurait été me semble t il bien plus pertinent. Quant aux symptômes sur le chat, ils n'ont été confirmés par aucun vétérinaire. Où est la rigueur scientifique ???
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