Covid-19 : quels impacts sur les structures vétérinaires ? - Le Point Vétérinaire.fr

Covid-19 : quels impacts sur les structures vétérinaires ?

Tanit Halfon | 22.05.2020 à 14:33:42 |
vétérinaire
© iStock-muendo

Les résultats de l’enquête lancée fin avril par les organisations professionnelles de l’entraide vétérinaire révèlent une forte baisse du chiffre d’affaire pour la majorité des répondants. Les vétérinaires salariés et les collaborateurs libéraux apparaissent particulièrement inquiets pour leur avenir professionnel.

Pour appréhender l’impact de la crise Covid-19 sur les établissements de soins vétérinaires, un questionnaire avait été mis en ligne fin avril par les organisations professionnelles de l’entraide vétérinaire. L’Ordre des vétérinaires vient de publier les premiers résultats.

La peur du lendemain

Plusieurs points ressortent de cette enquête. Sans surprise, la crise génère des inquiétudes et environ 70% des répondants se disent inquiet ou très inquiets sur la stabilité des revenus et la pérennité des entreprises, tout comme pour leur santé.

Si seulement 12% indiquent être inquiets pour la préservation de leur emploi, cette crainte est exacerbée chez les salariés et les collaborateurs libéraux. Ainsi, 65% des salariés et 45% des collaborateur libéraux indiquent être inquiets pour leur avenir professionnel.

Pour les salariés, les sources d’anxiété citées sont la peur du licenciement, la diminution de leur forfait cadre, la crainte d’avoir moins d’opportunités professionnelles voire de ne plus trouver de travail.

Pour les collaborateurs libéraux, 75% pensent subir un impact sur leur situation matérielle, dont 60% estiment qu’il sera majeur. Par ailleurs, 62% disent connaître une réduction de leur temps de travail, et un peu plus de 10% n’exercent plus, une situation qui est subie pour 41% d’entre eux.

Une baisse globalement marquée du chiffre d’affaire

Autre enseignement de l’enquête : le chiffre d’affaire (CA) des structures vétérinaires est en nette diminution. Ainsi, que ce soit pour la période du 16 mars au 30 mars, du 01 avril et 15 avril, et du 16 avril au 30 avril, pour près de 2/3 des répondants, la baisse du CA oscille entre 26 et 75%. Rares sont ceux qui connaissent moins de 25% de baisse : pour les 3 périodes mentionnées, ils sont respectivement de 7%, 2% et 3%.

La répercussion sur le CA s’accentue en avril avec une hausse des répondants présentant une baisse du CA de 51 à 99%. Ainsi, pour les périodes d’avril, près de 45% des répondants indiquent une baisse du CA comprise entre 51 et 75%, et entre 76 et 99% pour un peu plus d’1/4 d’entre eux.

Par ailleurs, 6% des vétérinaires employeurs indiquent avoir été obligés de fermer leur structure.

Pour faire face aux répercussions économiques, les vétérinaires ont accès à plusieurs dispositifs d’aide et la moitié des répondants (sur 1764 réponses) indiquent être satisfait de ces mesures. Néanmoins, interrogés sur les moyens de leur venir en aide, ces répondants indiquent qu’il faudrait alléger ou annuler leurs charges, et ne pas compliquer les procédures de demande d’aides. De plus, il est attendu des organisations professionnelles qu’elles négocient des allègements de charges.

Une nouvelle organisation

La majorité des répondants ont adapté leur offre de soins, puisque 83,7% (sur 1282 répondants, vétérinaires employeurs) indiquent avoir arrêté vaccins et chirurgie de convenance. Cette réduction des services va de pair avec l’application de mesures d’hygiène et 98,5%  des vétérinaires employeurs indiquent avoir mis en place des mesures barrières spécifiques, en particulier des changements dans les modalités de prises de rendez-vous et dans les conditions d’attente des clients.

Par ailleurs, environ la moitié des vétérinaires employeurs indique avoir diminué le temps de travail des salariés et collaborateurs libéraux, du fait de la baisse d’activité mais aussi pour la sécurité du personnel. Ainsi, presque 40% des vétérinaires salariés connaissent une baisse de 50 à 100% de leurs heures de travail, contre 30% pour les collaborateurs libéraux. Néanmoins, la diminution du temps de travail est plus marqué pour le personnel non vétérinaire.

Pour les absences liées au congé pour garde d’enfant, 15% des vétérinaires salariés y ont eu recours, contre 30% des salariés non vétérinaires.

Enfin, pour environ 10% des vétérinaires, la permanence et la continuité des soins est difficile à assurer, contre 87% qui y arrivent.

A noter qu’en matière d’organisation, les structures vétérinaires ont du également gérer les difficultés d’approvisionnement en médicaments, aliments et consommables, ce qui a été le cas pour environ 75% des entreprises vétérinaires. De la même manière, pour le nettoyage des locaux, seules 65% des entreprises vétérinaires ont eu accès au service de leurs entreprises de nettoyage externe.

Tous ces changements semblent se répercuter sur les relations entre les vétérinaires praticiens d’une même structure. Ainsi, 15% des vétérinaires salariés déclarent que les relations avec leur employeur se sont tendues de façon réversible, et pour 7% se sont dégradées de façon irréversible. Constat similaire bien que moins marqué pour les collaborateurs libéraux puisqu’ils sont un peu moins de 10% à le déclarer dans les 2 cas venant d’être mentionnés. Mais dans plus de 74% des cas, les relations avec l’employeur restent inchangées. D’ailleurs, environ 2/3 des employeurs indiquent avoir des relations inchangées avec leurs salariés, 11,6% des relations tendues et un pourcentage très bas de relations dégradées.

Une analyse plus poussée des données est prévue, tout comme une nouvelle enquête qui sera lancée dans les semaines à venir.

Pour accéder au bilan de l’enquête, cliquez sur ce lien.

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Profil des répondants : bilan basé sur 1764 réponses, à raison de 56,7% de femmes et 43,3% d’hommes. 70% des répondants sont des libéraux (1282 30% exercice solo, 40% en association), 10% des collaborateurs libéraux (110) et 20% des salariés (372). Près de 70% d’entre eux exercent en canine et NAC, et 23% ont une pratique mixte. Un peu plus de 40% d’entre eux exercent en agglomération, 30% en zone péri-urbaine et en zone rurale.

 

Tanit Halfon
1 commentaire
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Monostatos le 26-05-2020 à 21:36:30
L'étude manque de précision, mais on peut supposer que ce sont ceux qui ont le "mieux" appliqué les recommandations de l'ordre qui s'en sortent le plus mal... le président Guérin porte une lourde responsabilité dans ces mauvais résultats puisqu'il est allé dans ses "communications" bien au-delà de ce que souhaitait le gouvernement. Le président Guérin laissera le souvenir d'être celui qui aura le plus nuit aux vétérinaires en les foutant dans la merde.
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