Covid-19 : protocoles vaccinaux sous influence politique - Le Point Vétérinaire.fr

Covid-19 : protocoles vaccinaux sous influence politique

Anne-Claire Gagnon | 28.01.2021 à 09:40:00 |
Vaccin
© MarsBars

La récente actualité avec la géométrie variable affichée par les différents gouvernements sur les protocoles vaccinaux du premier vaccin Covid-19 (Comirnaty® de Pfizer-BioNtech) a de quoi étonner le monde vétérinaire et ses clients. Face à une pénurie de production vaccinale, l’industrie de la biologie vétérinaire peut-elle apporter sa contribution ? Nous avons interrogé les producteurs, le SIMV et le Ministère de la Santé.

Si le Syndicat de l’industrie du médicament et réactif vétérinaires (SIMV) a confirmé « avoir bien eu des échanges avec les autorités mais aucun besoin n'a été formellement confirmé pour une éventuelle mobilisation de nos outils de production », le Ministère de la Santé précise que « le Gouvernement suit de près la mobilisation des capacités de production sur le sol français mais aucune intention de réquisition n’a jamais été formulée ».

Des capacités de production spécifiques

Interrogés sur leur capacité de production vaccinale pour l’humaine, Virbac a précisé « nous avons été sollicités au mois de mai par le SIMV, lui-même sollicité par le Ministère de l'Economie et des Finances, afin de savoir si nous disposions de capacités de production pour pouvoir éventuellement produire des vaccins Covid.» Virbac a répondu par la négative. « Notre capacité de production est limitée et nous ne disposons d'aucune marge de manœuvre nous permettant de produire des vaccins pour la médecine humaine. Nous ne disposons pas non plus des accréditations nécessaires, nos agréments portant exclusivement sur la santé animale.» Boehringer Ingelheim a précisé que ses « infrastructures industrielles en santé humaine ne sont pas adaptées pour envisager une production de vaccins Covid-19. Toutefois, nous évaluons actuellement si certaines installations pourraient être utilisées pour des étapes particulières de la production et/ou du remplissage et du conditionnement des vaccins. En parallèle, nous explorons les possibilités de fabrication de vaccins Covid-19 et/ou de processus de remplissage/conditionnement dans nos sites industriels dédiés à la santé animale. Mais, compte tenu de la diversité des vaccins produits en santé animale, de l’utilisation de technologies et de capacités de production spécifiques, ainsi que de volumes de production (nombre de doses) et de délais de fabrication différents ou variant grandement, il est trop tôt pour se prononcer sur la viabilité de cette hypothèse. » Interrogé sur la capacité éventuelle de réquisition des fabricants d’aiguilles et de seringues, le Ministère de la Santé précise que « Santé publique France gère, pour le compte de l’État, l’achat des vaccins et du matériel nécessaire à la vaccination (seringues et aiguilles en particulier) ainsi que la logistique associée. » 

Une communication claire attendue

Le délai entre les 2 injections de primo-vaccination est de 21 jours dans l’AMM, idéalement entre le 21 et le 28e jour pour les Allemands, et jamais au-delà du 42e jour. Depuis le 8 janvier et la « découverte » de la 6e dose dans le flacon de COMIRNATY®, « l’Agence Européenne des Médicaments a actualisé ses recommandations et a autorisé le prélèvement de la sixième dose en donnant des précisions techniques à destination des professionnels de santé sur les modalités particulières de prélèvement (seringues/aiguilles à utiliser). Ces recommandations particulières ont pour objectif de pouvoir délivrer une pleine "sixième dose". (…) Pour utiliser une 6ème dose il est vivement recommandé d’utiliser la même aiguille pour prélever et administrer la dose à chaque fois. » Cette disposition a de quoi surprendre praticiens et propriétaires de chats quand on sait le combat que nous avons eu les un.es et les autres pour faire adopter les bonnes pratiques vaccinales (et d’une façon générale de réalisation des injections) en utilisant deux aiguilles différentes, une pour le flacon, une pour l’injection. Au point même que certains laboratoires fournissent gracieusement cette deuxième aiguille. « Une communication claire sur le sujet de la vaccination est importante et toute confusion est préjudiciable en termes de confiance », précise Virbac. « Les discussions actuelles autour de la possibilité d’espacer le rappel de primo en-dehors du cadre prévu par l’AMM auront certainement un impact sur la compréhension par les professionnels et le grand public de l’importance du respect des protocoles prévus dans le cadre des AMM. Il sera donc important, une fois cette crise passée, de resensibiliser les professionnels ainsi que le grand public sur la nécessité de respecter aussi strictement que possible les protocoles vaccinaux. » Croisons les doigts pour n’avoir aucune rupture de stock sur les aiguilles et seringues, celles à tuberculine étant désormais très demandées.

Anne-Claire Gagnon
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