Covid 19 : le Danemark va abattre des millions de visons d’élevage - Le Point Vétérinaire.fr

Covid 19 : le Danemark va abattre des millions de visons d’élevage

Bénédicte Iturria | 06.11.2020 à 10:23:18 |
Vison en cage
© Georgy_Golovin-Istock

Premier producteur de visons au monde avec quelques 1 100 exploitations, le Danemark vient d’annoncer, par mesure de précaution, son intention d’abattre la totalité de l’élevage national, soit entre 15 et 17 millions d’animaux. Le vison est soupçonné de transmettre à l’homme une version mutante du coronavirus SARS-CoV-2. Des chercheurs en appelle à une démarche scientifique et tempèrent cette annonce alarmiste.

La Première ministre danoise, Mette Frederiksen a ainsi déclaré lors d'une conférence de presse : « le virus muté via les visons peut créer le risque que le futur vaccin ne fonctionne pas comme il le doit (…) Il est nécessaire d’abattre tous les visons ». Ce mustélidé est désormais considéré comme un danger pour la santé publique. Douze personnes dans le pays auraient été infectées par le virus qui a muté. Cette mutation ne se traduirait pas par des effets plus graves chez l’homme mais pourrait réduire l’efficacité des vaccins en développement. Selon le ministre de la santé Magnus Heunicke : « les recherches ont montré que les mutations pouvaient affecter les actuels candidats pour un vaccin contre le Covid-19 ». « C'est une menace pour le développement de vaccins contre le coronavirus, c'est pour ça que nous devons mener une campagne nationale », a-t-il insisté.  Le responsable de l’Autorité danoise de contrôle des maladies infectieuses (SSI), Kåre Mølbak a lui aussi expliqué cette décision : « le virus muté détecté sur des visons ne réagit pas autant aux anticorps que le virus normal. Les anticorps ont toujours un effet, mais pas aussi efficace. La poursuite de l’élevage de visons impliquerait un risque beaucoup plus élevé pour la santé publique, tant au Danemark qu’à l’étranger. Le pire des scénarios est d’avoir une pandémie qui repart du Danemark ». Les douze cas de transmission à l’homme ont été détectés dans la péninsule du Jutland, la partie occidentale du pays, où sont concentrés la plupart des élevages. Ces cas humains ne sont toutefois plus porteurs de ce virus , selon l’SSI.
La conférence de presse a suscité des réactions sur la toile de chercheurs spécialistes du code génétique du virus dont notamment celles du Docteur Emma Hodcroft de l’université de Bâle, en Suisse. Elle suggère de ne pas s’alarmer. Les effets éventuels d’une mutation du virus sur la production d’anticorps n’ont pas été clairement observés à ce jour et restent à démontrer. « Il est extrêmement important que les nouvelles découvertes, en particulier sur les mutations des protéines Spike, soient communiquées de manière responsable. Les annonces sans contexte déclenchent des effets de manches qui génèrent de l’inquiétude et de la panique », tempère la scientifique.
Après la découverte des premiers cas chez les visons, Copenhague avait déjà lancé cet été une campagne d’abattage dans le but de contenir la propagation du Covid-19 dans les élevages. Selon les rapports, les derniers chiffres de l'administration vétérinaire et alimentaire danoise indiquent que plus de 200 fermes de visons ont été contaminées par la Covid-19. La première ministre a déclaré la mobilisation de l'armée, de la police et du service national d'urgence pour aider les fermes dans cette terrible tâche. Le 2 novembre, les autorités avaient déjà abattu plus de 1,2 million de bêtes. 

Bénédicte Iturria
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