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Conscience animale : une réalité multiple

Anne-Claire Gagnon | 08.03.2018 à 13:30:03 |
Bovin pris en gros plan
© Emholk – iStock

L’Inra a fait le constat que la notion de conscience animale, trop souvent traitée uniquement par les philosophes ou les religions, est désormais importante. Le point.

À la demande de l’Institut national de la recherche agronomique (Inra), en 2015, un travail collectif pluridisciplinaire de 17 experts scientifiques français, coordonné par Pierre Le Neindre, a été réalisé pour étendre la synthèse faite en français en 2009 sur les douleurs animales à la question de la conscience animale. Ce travail, publié en mai 2017, a bénéficié d’un financement européen : Animal Health and Animal Welfare (AHAW) panel and unit of the European Food and Safety Authority (EFSA).
L’Inra a fait le constat que la notion de conscience animale, trop souvent traitée uniquement par les philosophes ou les religions, était désormais importante, parce que les médias, avec le succès de livres comme celui de Frans de Waal, avaient donné accès à tout un chacun à des notions qui devaient être enfin clarifiées, notamment pour les animaux de rente.
Venant de disciplines aussi différentes que la philosophie, la biologie, la neurobiologie, les sciences sociales, l’éthologie, la médecine vétérinaire, la neurologie ou le droit, les experts ont d’abord rappelé l’évolution du concept de conscience animale depuis l’Antiquité et les interactions entre philosophie et religion, bien avant que les scientifiques n’abordent enfin sérieusement la question à partir de 1900, et véritablement depuis 2010.
Il est intéressant de constater que le Comité consultatif commun d’éthique pour la recherche agronomique 2007-2015 avait déjà acté que « reconnaître que l’animal est un être “sentient” implique qu’il est capable de penser, de ressentir des émotions et d’avoir la compétence d’évaluer les situations ».

Des compétences chez les animaux trop longtemps tues
La non-reconnaissance de la conscience animale en Europe pendant des siècles est finalement une question culturelle, car pour les Amérindiens et tous les peuples animistes, les animaux disposent d’une intériorité, d’une intentionnalité, tout comme nous.
Aristote fut un des premiers à souligner l’intelligence pratique des animaux et leur sagesse grâce à leurs capacités à se souvenir d’événements et à les anticiper.
Montaigne comme Charron ont reconnu l’intelligence animale, combattue par le philosophe et théologien Malebranche, défenseur de la théorie de l’animal-machine.
Lamarck, en 1809, établit une continuité mentale entre les espèces, reconnaissant aux animaux des sentiments, notamment celui de leur propre existence. L’intelligence animale fait l’objet d’un ouvrage de Romanes, en 1883, suivi par celui de Morgan, en 1898, sur la conscience. Griffin, en 1976, persiste en précisant que pour exister la conscience animale n’a pas besoin de ressembler à la nôtre.
Puis Damasio va définir les trois degrés de la conscience : l’homéostasie, qui permet à chaque être vivant de se situer à chaque instant, la conscience du corps par rapport à un tiers (être ou objet) et la conscience autobiographique, qui permet de se définir en matière d’identité, notamment par l’utilisation du langage. La conscience est aussi l’ensemble des éléments sur lesquels, à un instant T, nous focalisons notre attention (Metzinger) et notre appréciation de la situation (Dennett).
La conscience est donc un état multidimensionnel – je suis, je fais, et je sais que je fais ceci – pour lequel l’utilisation du langage n’est pas un prérequis (Damasio).

Retrouvez l'intégralité de cet article en pages 40-46 de La Semaine Vétérinaire n° 1754.

Anne-Claire Gagnon
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