Chine : vers la fin du commerce de viande de chiens et de chats ? - Le Point Vétérinaire.fr

Chine : vers la fin du commerce de viande de chiens et de chats ?

Bénédicte Iturria | 14.04.2020 à 16:20:53 |
commerce de viande de chien en Chine
© pressdigital - iStock

Un document provisoire émanant du gouvernement chinois indique que les chiens devraient être considérés comme des animaux de compagnie.

Le ministère chinois de l'Agriculture et des Affaires rurales a publié le 8 avril un document provisoire du Catalogue national des ressources génétiques du bétail et de la volaille. Ce projet, soumis à consultation publique jusqu’au 8 mai, révèle une liste d’animaux considérés comme du « bétail », à savoir des animaux pouvant être élevés pour leur viande, leur lait, leur fourrure ou à des fins médicales, sportives ou militaires. 18 espèces d'animaux d'élevage « traditionnelles », comme les bovins, les porcins, la volaille, y sont énumérées, ainsi que 13 espèces « spéciales » qui seraient exemptées des restrictions sur le commerce des animaux sauvages*, comme les rennes, les cerfs, les alpagas, les faisans, les autruches, les renards et les chiens viverrins (ces deux dernières espèces pouvant être commercialisées, mais pas pour leur viande). Sur cette liste, nulle trace de chiens ou de chats et une annonce pour le moins surprenante du ministère de l'Agriculture au bas du document : les chiens devraient être  considérés comme des animaux de compagnie. Le ministère a ainsi déclaré : « avec les progrès de la civilisation humaine et l’intérêt et la préférence du public pour la protection des animaux, les chiens sont passés du statut d’animaux domestiques traditionnels à celui d’animaux de compagnie. Les chiens ne sont généralement pas considérés comme du bétail ou de la volaille dans le monde, la Chine ne devrait pas non plus les traiter comme tels ».

10 millions de chiens abattus chaque année pour leur viande

La consommation de chiens est devenue de plus en plus impopulaire en Chine. Cependant, l’association de protection animale Humane Society International (HSI) a estimé qu'environ 10 millions de chiens sont tués chaque année en Chine pour leur viande, y compris des animaux  volés à leurs propriétaires ou des chiens errants capturés dans la rue. En juin, la ville de Yulin, dans la région du Guangxi, organise son festival annuel de viande de chien. Ce commerce constitue une menace indéniable pour la santé humaine avec le risque de maladies telles que la rage ou le choléra. La ville de Shenzhen est devenue la première à l'interdire au début du mois. Les législateurs de Shenzhen ont proposé une règlementation sur la sécurité alimentaire qui doit entrer en vigueur le 1er mai. Son article 3 précise que la consommation d'animaux de compagnie comme les chats et les chiens n'est pas autorisée. Par conséquent, leur viande sera désormais interdite dans les restaurants et les magasins de Shenzhen, et la vente de chats et de chiens vivants destinés à la consommation sera interdite sur les marchés.

Une révolution en marche pour la protection des animaux ?

«C'est la première fois que nous voyons le gouvernement national chinois expliquer que les chiens sont des animaux de compagnie. Reconnaître qu’ils ont un lien spécial avec les humains est une première étape essentielle vers l'élimination de la consommation et du commerce de la viande de chien. Cela pourrait être un moment charnière qui encourage les autres villes du pays à suivre l'exemple de Shenzhen pour interdire la consommation de chiens et de chats », estime Peter Li, spécialiste des politiques chinoises à la HSI « Ce document pourrait signifier un grand changement pour la protection des animaux en Chine », a rajouté Wendy Higgins, porte-parole de la HSI.

*Suite à la crise du Covid-19, la Chine a interdit fin février l'élevage, le commerce et la consommation d'animaux sauvages, une pratique suspectée dans la propagation du nouveau coronavirus et a révoqué toutes les licences existantes. Elle a également promis de réviser la législation pour rendre l'interdiction permanente. Le commerce d’animaux sauvages avait déjà été prohibé lors de la crise du SRAS (syndrome respiratoire aigu sévère) en 2003, mais il avait toutefois rapidement repris, car très prisé et lucratif.

 

Bénédicte Iturria
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