Bilan IAHP : « la France est le pays le plus touché au niveau domestique » - Le Point Vétérinaire.fr

Bilan IAHP : « la France est le pays le plus touché au niveau domestique »

Tanit Halfon

| 21.09.2021 à 10:17:00 |
© iStock-zelg

Les experts de la plateforme ESA ont publié une note de synthèse sur la dernière épizootie d’influenza aviaire hautement pathogène. Il apparaît qu’elle est de « plus grande ampleur que les précédentes », notamment du fait d’une détection marquée dans le compartiment sauvage.

Un bilan de l’épizootie 2020-2021 d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) vient d’être publié sur la plateforme Epidémiologie santé animale (ESA). Les principales conclusions sont que cette crise a été « de plus grande ampleur que les précédentes (2016-2017 et 2019-2020) » avec 29 pays touchés, et que « la France est le pays le plus touché au niveau domestique ». Le sous-type H5N8 était majoritaire, de clade 2.3.4.4b.

La période d’étude s’étale de fin juillet 2020 à fin juillet 2021. Le bilan est construit de manière chronologique, ce qui permet de montrer la précocité des signaux d’alerte.

Début août : premier foyer en Russie

La circulation virale a débuté dès le mois de juillet en Russie, avec un premier foyer notifié le 4 août 2020 dans une zone au sud du massif de l’Oural et dans l’ouest de la plaine de Sibérie occidentale (frontière kazakhe). Un canard sauvage infecté avait été détecté quelques temps avant, à proximité du village incriminé par le premier foyer. Puis c’est à partir de mi-septembre 2020, que les foyers domestiques se sont multipliés. La majorité de ces foyers étaient localisés toujours dans la même zone au sud de l’Oural, et de rares foyers ont été détectés  l’ouest de l’Oural. C’est le sous-type H5N8 de clade 2.3.4.4b de la lignée A/Goose/Guangdong/1/96 qui a été retrouvé majoritairement.

Octobre et novembre : une extension rapide en Europe de l’ouest

Les Pays-Bas est la premier pays à avoir notifié des cas dans le compartiment sauvage, le 21 octobre (pour une détection le 16 octobre), suivi du Royaume-Uni et de l’Allemagne. Le premier foyer domestique aux Pays-Bas a été ensuite confirmé le 29 octobre (élevage Gallus reproducteurs en filière chair). Au 17 novembre, ce sont dix pays d’Europe qui étaient touchés : Allemagne, Belgique, Croatie, Danemark, France, Irlande, Italie, Pays-Bas, Royaume-Uni et Suède.

Des pics dans les compartiments sauvages et domestiques

L’analyse des données montre une évolution par vagues. Dans la faune sauvage, deux pics sont ainsi observés, à la mi-novembre et à la mi-mars (en lien peut-être avec l’activité migratoire, et donc « des regroupements d’individus sur certaines haltes ». Pour le compartiment domestique, les pics sont décalés en début janvier (pics de 3 semaines) et en avril (pic plus étalés sur environ 9 semaines). Le premier pic domestique est surtout lié aux foyers domestiques du sud-ouest de la France. Le deuxième pic correspond plus particulièrement aux foyers en Pologne (élevages type commercial, Gallus, canards et dindes).

Fin de la crise en avril

Fin avril, 95% des foyers domestiques et 94% des cas en faune sauvage avaient été détectés. Toutefois, des foyers et cas ont continué à être notifiés jusqu’à fin juillet. En France par exemple, le dernier foyer domestique remonte au 9 juillet 2021.

La France totalise le plus grand nombre de foyers

C’est la France qui a totalité le plus grand nombre de foyers domestiques, surtout dans les élevages de palmipèdes du sud-ouest. Au total, 492 foyers ont été notifiés, dont 475 dans le sud-ouest. Le premier foyer dans le sud-ouest avait été confirmé le 6 décembre 2020. Le deuxième pays le plus touché dans son compartiment domestique est la Pologne (357 foyers) suivi de l’Allemagne (235). Ces trois pays ont totalisé 80% des foyers domestiques.

Pour le compartiment sauvage, c’est l’Allemagne (plus de la moitié des cas sauvages), et les pays du nord (Danemark, Royaume-Uni, Pays-Bas et Suède) qui ont déclaré le plus grand nombre de cas.

Le nord de l'Europe plus touché qu'avant

Au total, 1303 foyers domestiques ont été déclarés, contre 1136 en 2016-2017. « La distribution géographique des foyers présente également des similitudes avec la saison 2016-2017, caractérisée par une épizootie très localisée dans le Sud-Ouest de la France et diffuse sur l’Est de l’Europe », est-il indiqué sur la note de synthèse.

Malgré ces similitudes, plusieurs différences sont également notées : « La saison est marquée par une extension vers le nord de l’Europe, alors que le virus IAHP avait circulé l’année précédente principalement dans la partie Est de l’Europe. Des foyers domestiques ont été déclarés pour la première fois en Estonie, Finlande, Irlande, Kosovo, Lituanie et Norvège.»

De plus, ont été rapportés un plus grand nombre de cas dans le compartiment sauvage : 2659 contre 1614 en 2016-2017 soit une hausse de +51%. « Cette augmentation dans le compartiment sauvage est à mettre en lien avec les épisodes de forte mortalité observés dans l’avifaune en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas, et avec l’augmentation des efforts de surveillance, en particulier de la surveillance programmée en 2020 en Allemagne et Belgique, et la concentration des prélèvements collectés dans le cadre de la surveillance évènementielle au quatrième trimestre 2020 en France, Danemark, Luxembourg et Norvège ». Comme pour les foyers, le nord de l'Europe est aussi concerné par des détections dans son compartiment sauvage, « en particulier dans les pays scandinaves et sur la péninsule du Jutland (nord Allemagne et Danemark). Des cas dans l’avifaune sauvage ont été déclarés pour la première fois en Estonie, Lettonie et en Norvège. »

Notons également que plusieurs cas chez des oiseaux non migrateurs (moineaux, buses variables) « qui laissent à penser que le virus aurait ensuite diffusé du compartiment domestique aux oiseaux commensaux des élevages de volailles et pourrait laisser craindre l’installation durable du virus et de la maladie ».

Enfin, cette crise « a une durée supérieure à celle des années précédentes et la décrue est plus tardive, touchant les poussins en avifaune sauvage ».

Tanit Halfon

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