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Bien-être des porcs d’élevage : le vétérinaire en première ligne

Victor Prod’homme | 19.02.2020 à 15:15:26 |
oniris
© Victor Prod’homme

A Oniris, une conférence sur le bien-être des porcs d’élevage a rappelé que le praticien jouait un rôle central de conseiller pour améliorer les pratiques d’élevage.

Dans un contexte de préoccupation croissante du bien-être animal, Catherine Belloc, enseignante-chercheuse en pathologie des animaux de rente monogastriques à Oniris a organisé le 6 février dernier, un après-midi de conférences sur le bien-être animal en élevage porcin. Une soixantaine de participants, très majoritairement des étudiants de 4ème année, mais aussi quelques enseignants-chercheurs et praticiens, sont venus écouter six intervenants. L’enjeu est de taille pour le vétérinaire qui est apparu comme un acteur central du bien-être des porcs d’élevage. Pour Patrick Bourguignon, praticien dans les Deux-Sèvres et membre des commissions porcines et bien-être animal de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), l’intérêt premier pour le vétérinaire est de « répondre à une demande d’information croissante des éleveurs, tant sous l’angle technico-économique qu’éthique». Pour ce faire, il a élaboré avec Delphine Pottier, praticienne dans les Côtes-d’Armor et également membre de la SNGTV, et l’AVPO (Association des vétérinaires exerçant en productions organisées), une formation sur le bien-être animal en production porcine à destination des vétérinaires visant à former dans un second temps des éleveurs. D’autant que le bien-être est une notion plus complexe qu’il n’y paraît, qui ne doit tendre aucunement à opposer des modèles d’élevage, comme l’a souligné Patrick Bourguignon. Par exemple, « les taux de pertes sur nés vifs sont plus élevés en plein air qu’en bâtiment », notamment en hiver où les porcelets en extérieur n’ont pas suffisamment de réserves pour assurer leur confort thermique. Mais en bâtiment, des températures parfois trop élevées ne satisfont pas non plus le confort thermique des porcelets. En système plein air, les animaux sont en contact avec la faune sauvage et la biosécurité est plus difficile, ce qui entraîne la présence de pathologies parfois moins fréquentes en bâtiment. Certaines sont au contraire plus fréquentes en système conventionnel à cause de l’ambiance plus chargée en poussière et ammoniac, comme les « toux de porcheries ».

Le bien-être animal passe aussi par des actes

En filière porcine, la question de la castration à vif des porcelets est brûlante comme l’a rappelé Sandy Bensoussan, agronome et chargée d’étude à l’association de protection animale Welfarm. « Certains pays européens ont déjà franchi le pas : la Norvège, la Suède et la Suisse. En France, la Cooperl - groupe coopératif agricole, leader français de la production porcine - a mis fin a cette pratique en 2012 ». A ce jour, 85% des mâles élevés en France sont castrés dans le but de prévenir le risque d’apparition de l’odeur de verrat qui incommoderait 50% des consommateurs et qui serait présente chez 3 à 5% des mâles. Parmi les solutions envisagées, l’immunocastration est déjà disponible. « La solution vaccinale est aussi efficace que la castration physique pour réduire l’odeur de verrat », a affirmé Frédéric Colin, responsable technique vétérinaire chez Zoetis venu présenter le vaccin Improvac que le laboratoie commercialise. Commercialisé dans 64 pays, ce vaccin permet, après 2 injections par voie sous-cutanée, de produire des anticorps anti-GnRF entraînant une baisse de la production d’androstérone et une élimination du scatole par le foie, deux composants à l’origine de l’odeur du verrat. En janvier dernier, ce vaccin a séduit le distributeur Carrefour Brésil qui vise d’utiliser cette méthode pour 100% de ces porcs à l’horizon 2025. Les pratiques devraient théoriquement évoluer dans les années à venir en France également car le plan gouvernemental pour la protection et l’amélioration du bien-être animal prévoit de mettre fin à la castration à vif des porcelets d’ici fin 2021.

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Sur la photo : Patrick Bourguignon, praticien dans les Deux-Sèvres et membre des commissions porcines et bien-être animal de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV).

Victor Prod’homme
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