Antibiotiques : EPRUMA s’interroge sur la stratégie de l’Union européenne - Le Point Vétérinaire.fr

Antibiotiques : EPRUMA s’interroge sur la stratégie de l’Union européenne

Michaella Igoho-Moradel | 05.08.2020 à 09:15:00 |
EPRUMA
© MJ_Prototype

Selon la plateforme EPRUMA, la politique européenne demandant une réduction supplémentaire de 50% de l'utilisation d'antibiotiques en médecine vétérinaire pourrait entraîner de graves conséquences pour la santé et le bien-être des animaux.

« Cibler une réduction de 50% des ventes d'antimicrobiens d'ici 2030 est une aspiration très louable, mais ayant déjà réduit d'un tiers les ventes d'antimicrobiens à usage animal en Europe au cours des 10 dernières années, nous remettons fortement en question la capacité à atteindre cet objectif sans affecter gravement le bien-être animal » souligne la plate-forme européenne pour l'utilisation responsable des médicaments chez les animaux (EPRUMA) dans un communiqué sur la stratégie de l'Union européenne «de la ferme à la fourchette».

Réduire l'antibiorésistance 

Pour la plateforme, les objectifs de l’Union européenne devraient être de réduire la nécessité d'utiliser des antibiotiques, ainsi que de réduire l’antibiorésistance. Selon elle, pour protéger la santé animale, il faut recourir à « d'autres moyens et utiliser des antibiotiques uniquement lorsque cela est nécessaire ». Pour EPRUMA, il s’agit du meilleur moyen de réduire le recours aux antibiotiques. L’organisation affirme que « de grands progrès ont été réalisés dans le secteur de la santé animale », comme ceux récemment mis en lumière par la Cour européenne des comptes dans son rapport 2019 sur la résistance aux antimicrobiens. De même, les données proposées par l'Agence européenne des médicaments (EMA) indiquent une baisse des ventes d'antibiotiques vétérinaires de 32,5% entre 2011 et 2017. Forte de ce constat, la plateforme souligne que l'objectif fixé par l'Europe de réduire de 50% supplémentaires l'utilisation d'antibiotiques chez les animaux « pourrait avoir de graves conséquences pour la santé et le bien-être des animaux et compromettre la sécurité alimentaire ».

Par ailleurs, l’organisation souligne que l'année 2017 a été indiquée comme point de départ de cet objectif de réduction. Les membres d’EPRUMA estiment que la réduction générale des ventes d'antibiotiques devrait être calculée dès le début des efforts de l'Europe, pour inclure la les progrès réalisés jusqu'à présent et rendre l'objectif « réaliste et réalisable ».

« Nous pensons que l'Europe devrait viser l'utilisation judicieuse des antibiotiques vétérinaires, conformément à nos principes d'utilisation responsable et aux règles établies par le règlement de 2019 sur les médicaments vétérinaires et les aliments médicamenteux » explique EPRUMA avant d’ajouter qu’elle garde à l’esprit que la réduction de l'utilisation d'antibiotiques chez les animaux ne suffira pas à relever le défi de la résistance aux antibiotiques, et n'aura pas non plus d'impact majeur sur la réduction du nombre de décès humains dans l'Union européenne (UE).  

Cependant, elle explique que le secteur de la santé animale reconnaît que l'accès à un traitement adéquat pour les humains et les animaux est essentiel. « Par conséquent, nous nous engageons à poursuivre notre chemin vers une utilisation responsable des antimicrobiens. »

Michaella Igoho-Moradel
1 commentaire
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linou le 11-08-2020 à 08:10:30
A mon sens, c'est tout à fait possible si on se tourne plus vers l'élevage extensif et sur des effectifs plus faibles, et si on consomme moins de viande ; en canine, je n'utilise plus d'AB sur les convenances depuis plus de 10 ans et je n'ai pas eu de complication infectieuses statistiquement significatives. Dans un cas sur 2 ou 3 en canine, on effectue une antibio-couverture ou une antibio-thérapie supposée, alors qu' il n'y en aurait pas réellement besoin.
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