Abattoirs: de la formation plutôt que des caméras - Le Point Vétérinaire.fr

Abattoirs: de la formation plutôt que des caméras

Clothilde Barde | 30.01.2018 à 12:46:22 |
abattoir
© Reimphoto - iStock

A quelques jours de la présentation du projet de loi sur l'Agriculture en conseil des ministres, le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert a donné dimanche 28 janvier la priorité à la formation des employés dans les abattoirs plutôt qu'à la vidéosurveillance.

La diffusion de vidéos chocs d’animaux en abattoir par l’association L214 fin 2016 avait déclenché une vive polémique et initié la recherche de mesures à mettre en place pour diminuer la souffrance animale en abattoir via la création d'une commission d'enquête parlementaire présidée par M. Falorni, député de la Charente-Maritime. Parmi les préconisations présentées par ce dernier dans sa proposition de loi « relative au respect de l'animal en abattoir », l'Assemblée Nationale avait voté en janvier 2017, l'obligation d'installer des caméras dans les abattoirs. Cette loi n'a jamais été adoptée, mais ses dispositions devaient être reprises dans le projet de loi porté par le Ministre de l'Agriculture et de l’alimentation, Stéphane Travert, à l'issue des Etats généraux de l'alimentation fin 2017. Or, seule la disposition sur l'extension du délit de maltraitance aux animaux dans les abattoirs et les transports figure dans ce texte. A ce sujet, M. Falorni, constatait amèrement le 18 janvier dernier : "Dans le projet de loi, il y a une disposition sur le délit pénal qui est une reprise de mon article, mais pour moi cela s'accompagne de l'outil nécessaire pour le caractériser: le contrôle vidéo. Et ça, ça n'y est pas". Or, il estime que la vidéosurveillance systématique est nécessaire pour prouver les mauvais traitements subis par les animaux. "Je ne lâcherai pas sur la question de la vidéosurveillance parce que c’est un élément essentiel de preuve à charge ou à décharge". "Ce qu'on constate, c'est que toutes les problématiques de maltraitance animales qui ont été déférées devant des juridictions, le sont suite à des vidéos qui ont été tournées clandestinement", rappelle-t-il.

« Renforcer les contrôles » et « mieux former»
Interrogé par l'AFP le 28 janvier dernier, Stéphane Travert, s’est en effet, dit plus favorable à la formation du personnel qu’au contrôle vidéo: "Le travail que je souhaite mener, c'est à la fois renforcer les contrôles mais aussi faire en sorte de mieux accompagner et mieux former celles et ceux qui font le travail, c'est comme cela que nous réussirons à enrayer cette maltraitance animale". Il a aussi clarifié son opposition à l’utilisation systématique de la vidéosurveillance en déclarant : « Aujourd’hui, il n’est pas question de mettre des agents derrière des écrans de télé - qui ne donnent d’ailleurs pas toute la réalité de ce qu’est la vie d’un abattoir - en permanence?». Il a enfin évoqué la mise en place de contrôles inopinés des autorités et a rappelé que la vidéosurveillance pouvait être installée dans les abattoirs qui le souhaitent, notamment avec l’accord préalable des syndicats.

Futures mesures du projet de loi sur l’agriculture
Dans les jours à venir, un projet de loi sur l’agriculture devrait être présenté en Conseil des ministres. Les futures dispositions retenues, à mettre en place en abattoirs, seront alors présentées. Mais M. Falorni a dès à présent prévenu: "Si ce renoncement sur la vidéo est définif (…) dans le cadre de l'étude du projet de loi, je déposerai un amendement qui sera mot pour mot celui qui a été voté (en janvier 2017 NDLR)". Il espère d’ailleurs que dans une telle situation, une mobilisation citoyenne pour l’appuyer dans sa démarche de faire réintégrer la mesure sur le contrôle vidéo dans le projet de loi sur l’Agriculture sera lancée.

Clothilde Barde
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