« A trop prescrire, le vétérinaire pénaliserait sa rémunération » - Le Point Vétérinaire.fr

« A trop prescrire, le vétérinaire pénaliserait sa rémunération »

27.05.2011 à 06:00:00 |
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Vendredi 20 mai 2011, 12 h 39. Branle-bas de combat dans le microcosme vétérinaire. Une dépêche de l’Agence France presse titre : « L’Ordre des vétérinaires revendique un tarif unique pour les antibiotiques. »

L’AFP y rapporte des propos de notre confrère Michel Baussier sur le « conflit d’intérêts objectif du vétérinaire, à la fois prescripteur de médicament et dispensateur », et sa volonté d’un « encadrement autoritaire et arbitraire des marges ». Dans un entretien à La Semaine Vétérinaire, le président du Conseil supérieur de l’Ordre tient à corriger « ces idées à l’emporte-pièce à l’opposé des propos très nuancés [qu’il a] tenus » à l’AFP.

La Semaine Vétérinaire :
Le conflit d’intérêts du vétérinaire qui, à la fois, prescrit les médicaments et les revend avec un bénéfice, est depuis toujours dénoncé par les pharmaciens. Ces derniers souhaiteraient que les vétérinaires se limitent à prescrire sans délivrer. C’est une « tarte à la crème », disiez-vous à la fin de l’an dernier. Comment neutraliser ce conflit d’intérêts ?

Michel Baussier : Comme je l’ai déjà dit, il est de fait neutralisé. Une autorégulation, naturelle et économique si je puis dire, puissamment efficace, existe. Le praticien fournit à son client une prestation complète, comportant acte et médicaments, dans un tout indissociable. Le contrat est bipartite, le client est directement payeur. La concurrence joue entre les prescripteurs. Elle joue aussi entre les distributeurs au détail qui, dans le domaine vétérinaire, loin d’être en situation de monopole pur, sont au nombre de trois. Mais surtout, le coût acceptable de ce tout indissociable que j’évoquais à l’instant, faute d’être extensible à l’infini, s’impose au propriétaire de l’animal comme au vétérinaire. Ainsi, si le vétérinaire prescrivait trop, voire abusivement, il le ferait au détriment de la rémunération de ses actes et se pénaliserait donc. Le système est autorégulé, le conflit d’intérêts apparent est bien neutralisé, ce qui est important.

Un autre élément fort de neutralisation est institutionnel : il réside dans le fait que la profession de vétérinaire est réglementée et tenue au respect d’un Code de déontologie opposable, lequel détermine les règles de prescription des médicaments. Dans ce domaine, l’Ordre a bien peu à intervenir, car dans leur immense majorité, les confrères sont des personnes éprises d’éthique professionnelle, compétentes et consciencieuses.
D’une façon générale, les conflits d’intérêts sont inhérents à certaines professions et c’est la raison principale de leur réglementation ! En ce qui nous concerne, un fort conflit d’intérêts est lié au mandat sanitaire. C’est pourtant bien dans ce cadre, qui a largement fait ses preuves – au point que certains pays ou certaines autres professions nous l’envient et examinent les conditions de sa mise en place – que nous avons éradiqué des fléaux sanitaires majeurs, avec efficacité et à moindre coût pour le pays.
Vous évoquez une dénonciation provenant des pharmaciens. Les médecins de l’animal que nous sommes, d’abord prescripteurs et secondairement distributeurs, délivrant et donc vendant des médicaments dans le prolongement de nos actes, nous connaissons un cheminement strictement inverse à celui des pharmaciens. De dispensateurs du médicament, ces derniers en deviennent progressivement prescripteurs, ne serait-ce déjà qu’à travers la prérogative de substitution, mais aussi et surtout depuis les possibilités qui leur sont offertes par la loi « hôpital, patients, santé et territoires »

Propos recueillis par Eric Vandaële

Pour plus d’informations, voir La Semaine Vétérinaire n° 1452 du 27 mai 2011 en pages 12 et 13

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