Joachim Lopes de Lima (T89) : récit du Celtman Extreme Scottish Triathlon - Le Point Vétérinaire.fr

Joachim Lopes de Lima (T89) : récit du Celtman Extreme Scottish Triathlon

30.07.2015 à 10:26:49 |
Joachim Lopes de Lima en triathlon
© DR

Notre confrère lattois vient de participer à la 4ème édition du Celtman Extreme Scottish Triathlon en Ecosse. Exploit réussi !

Notre confrère témoigne de son expérience dans cette épreuve de l'extrème.

Le 27 juin dernier, je me suis élancé sur la ligne de départ de la quatrième édition du Celtman Extreme Scottish Triathlon en Ecosse (Wester Ross). Ce triathlon longue distance était une première pour moi et un réel défi tant par les conditions climatiques que par les distances à parcourir. Il s’agit d’un triathlon type ironman à savoir 3,8 km de natation, 202 km de vélo suivi d’un marathon (42 km).

Mais dans le cas du Celtman, les particularités sont les conditions extrêmes : l’eau est à 10°C et infesté de méduses géantes, le parcours vélo dans les montagnes des Highlands d’Ecosse sous la pluie froide et le vent permanent et 2000 m de dénivelé positif, le marathon se court, non pas sur le plat comme un triathlon traditionnel, mais en haute montagne avec encore plus de 2000 m de dénivelé positif.  
Cette course fait partie de l’allxtri qui comprend le Norseman, le Swissman et le Celtman réputées les 3 triathlons extrêmes les plus difficiles au monde. L’inscription à cette course repose sur un tirage au sort et examen du CV sportif car les 215 places sont très convoitées dans le monde entier.

La région est très montagneuse entourée de nombreux Loch dans lesquels il n’est pas rare de croiser des phoques, des baleines et des milliers de méduses.
Ici, ce sont les Highlands, climat rigoureux, pas plus de 15° depuis 2 jours. Nombreuses averses, brouillard omniprésent, humidité à 90% et vents violents rythment les journées.
Autre chose, chaque matin et chaque soir, des myriades de petits moucherons-moustiques viennent vous titiller, agacer, piquer et seul un ridicule chapeau moustiquaire porté par les autochtones semble efficace.

Samedi 27 Juin, 3h du matin, le jour se lève
Nous sommes bien au nord (latitude de l’Alaska) et les nuits sont très courtes (minuit/3h30). Encore ces satanés moucherons, le décor est planté. Les concurrents se regroupent dans la pénombre et en silence sur le parc à vélo. Il règne une tension palpable. Pas de sono, pas de pom-pom girl ni de fioritures, rien à voir avec les triathlon ironman à l’américaine !
Perception de la puce et du tracker GPS, regroupement des affaires et derniers réglages, les gestes sont précis et tant répétés.

4h15
Après s’être équipé avec la combinaison de nage, un bus nous amène à l’opposé du fjord dans une zone isolé avec une ambiance celtique quasi fantastique avec des feux allumés autour de la zone de départ, des percussion écossaises et cornemuses, des midges ou moucherons écossais nous agressent encore les mains et le visage. L’eau du fjord avoisine les 10°C comme la température extérieure !
Nous avançons lentement dans le Loch entre les algues et les épais herbiers. Fichtre, elle est glacée ! Je suis un peu saisi et glacé dans cet environnement hostile mais impatient d’en découdre.

5h00 : Top départ, 215 partants
Les méduses géantes sont évidement au rendez-vous dès le départ donné et elles nous accompagnerons jusqu’à la fin, les pommades protectrices placées avant ma mise à l’eau auront été efficaces ! Finalement le froid saisissant du départ s’estompe et le mental prend le relais.
Pour le vélo, les premiers 130 km se sont vraiment bien déroulés avec une très bonne moyenne malgré la pluie intermittente avec pour support motivant des paysages époustouflants : fjord, villages typiques, forets somptueuses…
Les 70 km restant ont été en revanche un vrai chemin de croix pour tous, l’orientation de la course nous a amené sur des faux plats face à un vent soutenu et humide baissant dangereusement notre moyenne horaire. A chaque contrôle de compteur, je voyais mon maillot bleu, objectif principal de la course ! devenir de plus en plus inaccessible...
Mais ce qui ma donné le plus de mal, c’est réellement les 18 km de course à pied après le vélo puisque il ne me restait que 2 heures pour arriver jusqu’à la fameuse barrière horaire des 11 heures pour le maillot bleu sur un parcours de trail boueux et peu roulant sachant que j’ai terminé le vélo « en force » sans ménager un peu mes jambes comme j’aurais du.
Même si je savais que la course à pied était mon point fort et que la moyenne d’un peu plus de 9 km/h pour accédé à temps au « cut off time » était suffisante, j’étais inquiet par mes jambes lourdes et le terrain ingrat. Heureusement les encouragements de mon staff m’ont aussi donné des ailes pour boucler cette première partie du marathon en 1h48 avec 15 petites minutes de marge avant la fermeture de la partie montagne.
Finalement éligible à courir le reste du marathon avec l’élite des coureurs, le moral reprend le dessus et la suite en montagne fut un immense plaisir dans une nature immense et hostile mais si magique.

64e sur 215
Je finis 64e sur 215 candidats expérimentés ou professionnels issus d’une 50e de nations.  Mon temps est de 16h29 min. J’ai le privilège de faire partie des 80 premiers concurrents arrivés avant la barrière horaire des 11h au 18 km de course à pied permettant ainsi d’effectuer le parcours prestigieux et technique de montagne et d’obtenir le sacré saint tee-shirt bleu tant convoité sur cette course ! Les autres concurrents qui dépassent cette barrière sont déviés sur un parcours moins compliqué, plus bas et obtiennent le maillot blanc ou sont éliminés s’ils dépassent cette barrière horaire après 13h de course.
Les deux meilleurs concurrents, tous professionnels, bouclent ce triathlon incroyable en 12h environ pour les hommes et 14h30 pour les femmes.
L’écart de temps se fait essentiellement sur le vélo. Personnellement mon temps de natation, d’1 heure, avoisine celui des finalistes, en revanche l’écart vélo dépasse largement les heures 30 pour ces professionnels !

Les épreuves des autres années nous informent clairement de ce qui nous attend et, même si je me suis bien préparé, les difficultés sont bien au rendez-vous et la nature hostile écossaise n’est guère clémente et ne fait pas de cadeau ! Je suis vraiment allé au bout de moi-même...
Les 3,8 km de natation en eau glacée me faisaient, j’avoue, un peu frémir...
Les vidéos des années précédentes montraient des concurrents sortir bleus et congelés, mettant parfois plus de 20 minutes pour pouvoir se réchauffer pour reprendre le vélo, 8 candidats avaient même du appeler l’assistance en pleine mer paralysés par le froid et contraint d’abandonner l’épreuve ! Mes heures d’entrainement me laissant que peu de graisse protectrice ... j’étais anxieux. Mais paradoxalement je n’ai rien ressenti et suis sorti sans avoir froid avec 15 minutes d’avance sur mon temps de référence en plus, rendant les boissons chaudes et autres bouillotes préparées par mon staff à l’arrivée natation inutiles !
J’imagine que la motivation et mes entrainements d’hiver à Palavas ont payé !

Le staff des accompagnateurs
L’organisation impose un staff de 2 personnes accompagnatrices, une pour la sortie de l’eau et le suivi vélo en voiture, l’autre pour me suivre en montagne qui est très engagé techniquement. Trois personnes me soutenaient, ma fille Leslie étudiante vétérinaire en écosse s’occupait de la logistique, son compagnon Alexis marathonien m’a suivi en course à pied,  Antoine mon équipier habituel a géré toute la partie vélo et ascension montagne.
Leur rôle est fondamental dans cette course en autonomie complète, sans leur encouragement et leur assistance : impossible d’aller au bout, je leur rends hommage !

En mode « guerrier »
Il faut savoir par exemple que le parcours montagne en plus d’être très difficile, n’est pas balisé et que la présence d’un staff à ses cotés évite bien des erreurs de parcours surtout avec fatigue.
Pendant ces 6 mois de préparation, il y a eu des moments de doute de ne pas être à la hauteur sachant que je pratique depuis peu le triathlon et que je ne suis qu’un modeste amateur.
Pendant la course j’étais néanmoins en mode guerrier et rien, sauf blessure ou accident, n’aurait pu m’arrêter, cela fait partie de la préparation psychologique de la course. Aussi, le mental prenant le dessus, on ne ressent ni fatigue ni manque de sommeil. Cependant j’ai ralenti les entrainements 10 jours avant le départ pour « faire du jus » et les 48 heures d’avant course sont en mode relax et repos.

Pourquoi j’ai fait cela ?
Bonne question ! Difficile de répondre, tout se passe dans la tête … Probablement mon goût pour les défis et l’aventure, le plaisir de se surpasser et d’aller puiser des ressources physiques et surtout mentales insoupçonnées et l’immense fierté de jouer dans la cour des professionnels. C’est aussi une évasion nécessaire pour se ressourcer de la tension de notre beau métier...
Prêt à renouveler l’aventure ? Pas sûr, j’aime les défis extrêmes mais une seule fois !
N’ayant pas de triathlon plus extrême que le Celtman, mon prochain défi sera plus « chaud » puisque je serai au départ du marathon des sables en avril 2016 pour une course à pied de 6 jours et 240 km en autonomie complète dans le désert marocain !

Joachim Lopes de Lima

 

1 commentaire
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Fizou le 01-08-2015 à 10:09:10
Bravo à toi, mais la dernière question de l'article est la bonne : pourquoi fait on ça? Que se passe t il dans notre société surprotégée pour que nous ayons le désir de nous mettre dans un semblant de danger dans des épreuves de plus en plus dure mais avec des gens même amateurs de mieux en mieux préparés. A chacun son Evrest, dit une association pour handicapés. Et nous "bien portant", quelle handicap ressentons nous pour nous lancer dans de tels défis? Perso, je fais des courses bien plus modestes... Le plaisir parfois réside plus d'être dans la nature, sans staff, en autonome. Mais une fois de plus chapeau quand même pour tes performances et arriver à cumuler entrainement-profession.
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