Un étonnant vaccin BVD, vivant, NCP et deux fois délété, prévient les IPI - Le Point Vétérinaire.fr

Un étonnant vaccin BVD, vivant, NCP et deux fois délété, prévient les IPI

Le nom de l'auteur ici | 28.02.2015 à 10:09:51 |
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Bovela® est un vaccin vivant contre la maladie des muqueuses avec deux souches non cytopathogènes (NCP) de BVD-1 et -2.

Les vaccins contre la maladie des muqueuses (BVD) des bovins se suivent et ne se ressemblent pas. Début mars, Boehringer Ingelheim proposera un nouveau vaccin BVD, Bovela®, différent dans sa composition de tous ceux qui ont été commercialisés jusqu’à présent. Il s’agit d’un vaccin vivant atténué contenant deux souches non cytopathogènes (NCP) de BVD des types 1 et 2.

Protection fœtale
Ce vaccin est indiqué pour « prévenir la naissance des veaux infectés permanents immunotolérants (IPI) due à une infection transplacentaire » par les pestivirus de la maladie des muqueuses (BVDV-1 et -2). C’est le point le plus important en termes d’efficacité, car tous les plans de lutte contre la BVD reposent sur l’élimination des IPI. Le vaccin est aussi indiqué pour « réduire l’hyperthermie et la leucopénie » dues aux BVDV-1 ou -2, ainsi que « la virémie et l’excrétion virale » du BVDV-2.

Primovaccination en une seule injection
La primovaccination ne comprend qu’une seule injection intramusculaire de 2 ml à partir de l’âge de 3 mois. Le délai d’apparition de l’immunité est de trois semaines pour une durée de 12 mois. Les challenges pour démontrer la protection fœtale ont d’ailleurs été faits à 13 mois postvaccination. Aucune des génisses vaccinées n’a donné naissance à un veau IPI après challenge durant le troisième mois de gestation (contrairement à toutes les génisses non vaccinées).

Vaccin bivalent des génotypes 1 et 2
La première surprise vient de la présence des deux génotypes 1 et 2 de BVDV. En effet, la protection croisée hétérologue entre les souches des types 1 et 2 n’est pas si bonne. Aux États-Unis, le type 2 est aussi fréquent que le type 1. Mais, en Europe, sans être absent, le type 2 reste minoritaire : de l’ordre de 2 % de prévalence en France, moins de 5 à 10 % dans les autres pays européens.

Un vaccin vivant NCP
Plus surprenant, le vaccin est composé de deux virus vivants du biotype NCP. Par opposition au cytopathogène (CP), qui diffuse peu dans l’organisme, le biotype NCP est plus pathogène. Il diffuse dans les tissus lymphoïdes et infecte les fœtus. C’est pourquoi aucun vaccin vivant n’était jusque-là formulé avec un virus NCP. Mais « les virus NCP sont à l’origine d’une production d’anticorps neutralisants plus rapide et plus forte », explique notre confrère Cédric Debattice, responsable technique chez Boehringer.

Double délétion Npro et Erns
Les deux souches vaccinales NCP ont donc subi une double délétion sur les gènes Npro et Erns dans le but de les rendre avirulentes et incapables d’infecter les fœtus. Le dossier innocuité comprend 14 études en laboratoire et 6 essais sur le terrain, dont l’un à grande échelle sur plus de 2 000 bovins vaccinés.
Selon le rapport de l’Agence européenne du médicament (EMA), « une réversion de la virulence apparaît impossible ». Car les virus vaccinaux, même administrés à haute dose, ne se multiplie pas en quantités suffisantes pour contaminer des animaux naïfs au contact de ceux infectés sur plus d’un seul passage. Dès le second passage, aucun virus n’est isolé. Les virus vaccinaux sont parfois excrétés dans le lait, mais en quantités si faibles que celles-ci n’ont pas pu être infectantes pour les veaux nourris avec ce lait.

Rassurant sur le risque de PNB
Après injection à 10 fois la dose vaccinale, le virus est retrouvé dans les tissus lymphoïdes. « Une virémie vaccinale persistante est parfois observée durant quelques jours, en particulier chez des génisses gestantes naïves (séronégatives) dans une étude ». Toutes ces études vont dans le sens d’une absence d’infection fœtale par les virus vaccinaux. Mais « une infection fœtale par ces virus ne peut pas être totalement exclue », prévient le résumé des caractéristiques du produit (RCP). Dans un objectif de protection fœtale, le RCP « recommande de vacciner avant la gestation. L’utilisation possible durant celle-ci doit être décidée au cas par cas par le vétérinaire [selon] le statut de l’animal [s’il est déjà vacciné], le stade de gestation et le risque d’infection ».
L’EMA est également rassurante sur le risque d’induire des cas de pancytopénie néonatale bovine (PNB). Il a été évalué dans une étude spécifique. Bovela® est présenté en centrale en flacons de 5 et 25 doses de lyophilisat avec les flacons de solvant de 10 et 50 ml.

Eric Vandaële

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