Entre rejet et dysfonctionnements concurrentiels - Le Point Vétérinaire.fr

Entre rejet et dysfonctionnements concurrentiels

Marine Neveux
| 19.06.2014 à 14:39:18 |
© © JENS KLINGEBIEL - FOTOLIA

La transparence n’est pas le qualificatif qui ressort quand nous interrogeons les confrères sur l’image de la Société centrale canine (SCC), comme l’indique notre récent sondage.

En effet, 37 % des vétonautes y voient une nébuleuse, alors qu’ils étaient à peine 26 % en 2011. L’institution n’a, semble-t-il, pas gagné en clarté. « Les pratiques sont parfois dignes d’un régime totalitaire », s’insurge un praticien. Ce qui est certain, c’est que les relations ne sont pas toujours fluides.
Notre confrère Philippe Mimouni, vétérinaire cynophile reconnu en matière de reproduction canine et d’élevage canin et membre du comité de la Société centrale canine, chargé de la commission scientifique de la SCC, a d’ailleurs démissionné de celle-ci il y a quelques semaines, face au manque de moyens accordés. Il exprimait aussi son désaccord total avec la mise en place du protocole élaboré par la SCC en matière d’identification génétique.
L’identification génétique est en effet un sujet d’actualité brûlant : il est important de noter que le taux de faux pedigrees est actuellement estimé entre 20 et 30 % ! Un courrier alarmiste adressé par la Société Antagène à la direction générale de l’alimentation (DGAL) a également motivé une décision de rupture. Antagène, spécialiste des tests ADN pour les chiens et les chats, fait partie des trois laboratoires retenus par la SCC pour réaliser les prestations d’identification génétique et de contrôle de filiation canines. « Mais après plusieurs mois de négociations infructueuses, une dégradation des relations avec la SCC et surtout de trop nombreux dysfonctionnements, nous avons décidé de ne pas signer le contrat proposé par la SCC », a expliqué la société.
Dès septembre 2013, la société Antagène a manifesté sa désapprobation des modalités pratiques et techniques du dispositif envisagé par la SCC. « Nous avons été très surpris de constater que ni le ministère de l’Agriculture, ni les organisations professionnelles vétérinaires et de l’élevage (SNVEL, SNPCC, AFVAC, ENV, UMES), ni les clubs de race, ni les éleveurs, ni les laboratoires n’avaient été informés ou associés. Ce projet a été élaboré par quelques personnes sans compétences scientifiques et techniques reconnues, sans qu’il soit soumis aux commissions ad hoc de la SCC et sans qu’il soit validé par le comité de la SCC avant le lancement de l’appel d’offres. » Autre argument : « Le dispositif de la SCC prévoit de rendre anonyme les échantillons entre le vétérinaire et le laboratoire. Cette pratique est contraire aux règles qui garantissent la chaîne de traçabilité (…). Cela peut également constituer un risque juridique pour le vétérinaire qui engage sa responsabilité en authentifiant le prélèvement. La SCC ne fait d’ailleurs pas preuve de transparence, car les résultats ne mentionnent ni le vétérinaire qui a authentifié le prélèvement ni le laboratoire qui a réalisé les analyses ».
En outre, les techniques anticoncurrentielles sont dénoncées : « La SCC a alors communiqué largement auprès des éleveurs pour leur signifier qu’ils avaient dorénavant l’obligation de passer par la SCC pour réaliser les tests d’identification génétique de leurs chiens, ce qui est totalement faux ». Guerre des prix, transmission gratuite informatisée qui se transforme en une transmission au format papier et payante, décision de vendre l’identification génétique sans TVA, etc. : des entraves à la libre concurrence sont pointées. Un abus de position dominante ? La question est d’autant plus grave que la SCC a une délégation de service publique. « Plus grave, depuis plusieurs mois, certains dirigeants de la SCC pratiquent des campagnes d’intimidation et de dénigrements. »

Marine Neveux
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