Comment poser un plâtre de membre ? - Pratique Vétérinaire Equine n° 179 du 01/07/2013
Pratique Vétérinaire Equine n° 179 du 01/07/2013

ORTHOPÉDIE

CAHIER PRATIQUE

Fiche technique

Auteur(s) : Erin Gillam

Fonctions : North Hatley
Québec, Canada

Matériel

Autrefois, le plâtre de Paris était employé pour les coaptations externes. Actuellement, les plâtres en fibre de verre imprégnés de polyuréthane sont beaucoup plus utilisés. Ce matériel présente l’avantage d’être 20 fois plus solide et 4 fois plus léger que le plâtre de Paris [2]. De plus, la fibre de verre est radiotransparente et bénéficie d’une meilleure porosité qui permet un échange d’air (photo 1).

Principes de base

La solidité d’un plâtre est déterminée principalement par la cohésion entre les différentes couches de résine. La vitesse de cohésion est déterminée par la réaction exothermique, qui est enclenchée lorsque le ruban est trempé dans l’eau. Le nombre de couches ainsi qu’une température d’eau supérieure à 27 °C accélèrent cette réaction et réduisent le temps de durcissement. Le vétérinaire inexpérimenté dans la pose de plâtre doit utiliser de l’eau tiède (environ 21 °C) afin de prévenir un durcissement prématuré du matériel de plâtrage. En général, le plâtre en fibre de verre prend 4 à 5 minutes pour sécher et peut supporter le poids de l’animal après 20 à 30 minutes.

Idéalement, la pose est réalisée chez un cheval anesthésié pour prévenir tout mouvement qui pourrait affaiblir le plâtre ou créer des points de pression.

Comment poser un plâtre

Préparation du membre

• Nettoyer et sécher le membre. L’acide borique assèche le membre et présente des propriétés antibactériennes.

• Le poil servant de couche protectrice, la tonte n’est recommandée qu’au pourtour des plaies. Les plaies doivent être débridées, suturées et couvertes d’un pansement stérile.

• Parer le sabot et appliquer une solution iodée sous la sole.

• Percer un trou dans la pince du sabot à l’aide d’une perceuse électrique montée d’une mèche de 2 mm. Placer le membre parallèle au sol, réduire au mieux la fracture (une radiographie peut aider à évaluer cette réduction) et aligner les corticales dorsales des phalanges. Un assistant garde le membre dans cette position à l’aide d’un fil Gigli passé dans le trou percé. Cette étape n’est pas indispensable, mais peut se révéler utile pour maintenir le membre en position pendant la pose du plâtre.

Application d’un mince bandage

• Entourer le membre d’ouate orthopédique en superposant chaque tour de 50 %.

• Dérouler une première moitié de stokinette autour du membre. Au niveau de la sole du sabot, tourner la stokinette sur elle-même de 360 °C, puis dérouler l’autre moitié autour du membre. La stokinette doit dépasser l’extrémité proximale du plâtre d’au moins 10 cm (photo 2).

Protection des points de pression

• Placer un anneau de feutre orthopédique autour de la bande coronaire ainsi qu’entre les deux épaisseurs de stokinette à l’extrémité proximale du plâtre.

• Placer un beignet de feutre autour de l’os accessoire du carpe ou de la région calcanéene lors de la mise en place d’un plâtre plein membre.

Application de la mousse

• En portant des gants, immerger le rouleau de mousse de polyuréthane dans de l’eau tiède pendant environ 1 minute. Entourer le membre de mousse en superposant chaque tour de 50 %.

• Attention : la mousse est très élastique et peut faire garrot si elle est posée de façon trop serrée (photo 3).

Mise en place des fils Gigli

Glisser des fils Gigli à l’intérieur de tubulures à perfusion. Placer un fil de Gigli des côtés médial et latéral du membre. L’excès de fil dépassant à chaque extrémité du plâtre est replié et collé au plâtre à la fin de la procédure.

Application de matériel de plâtre

• En portant des gants, immerger le premier rouleau de plâtre dans de l’eau tiède pendant environ 5 secondes et serrer quatre ou cinq fois pour faire pénétrer l’eau.

• Commencer l’application du plâtre autour du sabot, puis progresser proximalement en superposant chaque tour d’au moins 50 % (photo 4). Il convient de ne pas appliquer le plâtre trop serré.

• Commencer chaque nouveau rouleau à l’endroit où le rouleau précédent s’est terminé.

• À l’extrémité proximale du plâtre, faire un double tour de plâtre, puis progresser distalement.

• Après quelques couches de plâtre, replier l’excès de stokinette pardessus celui-ci, puis le recouvrir avec les couches finales de plâtre.

• Placer une cale de bois ou un demirouleau de plâtre sous les talons de façon à distribuer le poids, et l’incorporer dans le plâtre.

• L’épaisseur finale du plâtre doit être d’environ 7 à 8 mm sur la totalité de la partie du membre à immobiliser.

• Lisser le plâtre, une fois son épaisseur jugée satisfaisante.

Protection du plâtre

• Appliquer une couche d’acrylique, le fond d’une bouteille en plastique d’un gallon ou une vielle chambre à air à la sole du plâtre.

• Poser un anneau d’Élastoplast(r) à l’extrémité proximale du plâtre pour en protéger l’intérieur.

• Couvrir le plâtre séché d’un mince bandage.

Complications

La mise en place d’un plâtre s’accompagne toujours de risques. Un plâtre posé trop serré peut provoquer une nécrose cutanée et endommager les structures sous-jacentes. À l’opposé, un plâtre pas assez serré, en raison soit de la technique de mise en place, soit d’une réduction de l’inflammation des tissus mous ou d’une fonte musculaire, peut permettre suffisamment de mobilité pour créer des plaies cutanées et ralentir la guérison du trait de fracture.

La réduction de l’inflammation est observée en général dans les quelques jours qui suivent la pose du plâtre. Souvent, celui-ci doit être refait pour maintenir une bonne réduction de la fracture [3].

Une autre complication peut se produire si le plâtre posé est trop court. Une lésion sévère des tendons.apparaît parfois, due à la pression linéaire créée par le rebord proximal du plâtre, lorsque le membre.est en flexion partielle. Lorsqu’un plâtre est correctement posé, les tendons sont protégés par les extrémités proximales des os rudimentaires [2].

CONFLIT D’INTÉRÊTS : AUCUN

  • 1. Adams SB, Fessler JF. Atlas of equine surgery. WB. Saunders, Philadelphie. 2000:311-317.
  • 2. Auer JA, Stick JA. Equine surgery. 3rd éd. Saunders Elsevier, St-Louis. 2006.
  • 3. Auer JA, Watkins JP. Treatment of radial fractures in adults horses: An analysis of 15 clinical cases. Equine Vet. J. 1987;19:103.
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