Les dystocies chez la jument : conduite à tenir - Pratique Vétérinaire Equine n° 175 du 01/07/2012
Pratique Vétérinaire Equine n° 175 du 01/07/2012

Article de synthèse

Auteur(s) : Sophie Paul-Jeanjean

Fonctions : Clinique équine du Fléchet
49240 Avrillé

Un poulinage dystocique représente une urgence pour le praticien car il peut mettre en jeu la vie du poulain, mais également l’avenir reproducteur et le pronostic vital de la jument.

Les dystocies sont, par définition, toutes les difficultés que présente une poulinière pour mettre bas, avec ou sans assistance (tableau 1 complémentaire sur www.WK-Vet.fr) [3]. Leur incidence est faible chez la jument (1 à 2 %, 4 % chez les pur-sang, 10 % pour les races lourdes), par rapport à la vache (3 à 25 % selon les races) [10]. Chez la jument, lors de dystocie, la force et la rapidité d’expulsion mettent en danger la vie du poulain et celle de la mère, ainsi que son avenir reproducteur [23]. Les causes de dystocie sont souvent associées à une présentation, à une position ou à une posture anormale, plutôt qu’à une disproportion fœto-maternelle (sauf pour les races lourdes ou miniatures) [10]. La longueur des extrémités du fœtus prédispose aux dystocies [5, 10]. La séparation placentaire se produit rapidement après le début du stade 2 de la parturition et le fœtus survit rarement plus de 30 à 45 minutes [10]. C’est donc une des véritables urgences auxquelles est confronté le praticien équin. La correction de la dystocie est difficile en raison de la force des contractions abdominales, de la longueur des extrémités du fœtus, de la fragilité des tissus du tractus génital et du peu d’espace disponible pour réaliser les manœuvres obstétricales [10, 12]. Après avoir présenté la démarche générale du praticien face à une dystocie, le traitement de quelques cas est décrit, par mutation, fœtotomie ou césarienne. Les complications, fréquentes, sont évoquées et le traitement d’après la dystocie est abordé.

Quelques définitions

La présentation, la position et la posture du fœtus quand il approche le canal pelvien sont les termes utilisés pour décrire une eutocie ou une dystocie [5, 10].

La présentation représente l’orientation de la colonne vertébrale du fœtus par rapport à celle de sa mère : quand elle est parallèle, la présentation est dite longitudinale. Celle-ci peut être antérieure ou postérieure, selon que la tête ou les membres pelviens du fœtus se présentent en regard du détroit pelvien. La présentation est transverse quand la colonne vertébrale du fœtus est perpendiculaire à celle de la mère. Elle peut être ventrale ou dorsale, selon que l’abdomen ou le dos se trouve au niveau du canal pelvien.

La position du fœtus se réfère à la relation du dos (dorsum) du fœtus en présentation longitudinale avec le détroit pelvien de la mère : dorso-sacrée, dorso-iliale droite ou gauche, dorso-pubienne, ou de la tête du fœtus en présentation transverse : céphalo-iliale droite ou gauche.

La posture décrit la relation des extrémités du fœtus (tête, cou, membres) avec son propre corps. Les extrémités peuvent être en flexion, en extension ou retenues, à droite ou à gauche ou au-dessus du fœtus.

Avant 6 mois et demi de gestation, environ 50 % des fœtus équins sont en présentation longitudinale postérieure (la présentation ne varie plus après 9 mois de gestation) et seulement 1 sur 500 individus l’est encore au moment du poulinage [10]. Au contraire du fœtus bovin, le fœtus équin effectue une rotation de la position dorso-pubienne à la position dorso-sacrée seulement après le début des contractions [4]. Cette rotation, réalisée grâce à l’augmentation des contractions utérines et des mouvements du fœtus, est un événement critique du bon déroulement de la parturition [10]. Le positionnement normal du poulain à la naissance est une présentation longitudinale antérieure en position dorso-sacrée : les membres antérieurs sont bien allongés avec une légère avance d’un des deux pieds par rapport à l’autre, la sole des pieds antérieurs doit faire face au plancher du vagin, et la tête se trouver entre les deux carpes.

Anamnèse et commémoratifs

Une fois sur place, le praticien doit être rapide et méthodique. Le recueil de l’anamnèse et des commémoratifs se fait pendant la préparation de la jument et du vétérinaire. Ces informations, capitales pour évaluer le contexte, concernent les renseignements généraux sur la jument : son âge, sa valeur, les traitements en cours, son passé reproducteur. Il convient notamment de savoir si la poulinière est sujette aux infections utérines ou aux jumeaux, ou si elle présente des anomalies spécifiques (cal osseux dans le bassin, bassin étroit, etc.) [2, 5, 6]. Le contexte peut être très différent d’une clientèle à l’autre : juments de trait ou de loisirs non surveillées, juments pur-sang de grande valeur pour lesquelles le personnel dort à proximité du box de poulinage, proximité immédiate ou non d’une clinique chirurgicale [12]. Le praticien se renseigne également sur la gestation (date du terme, présence de pertes vulvaires, d’une vulvoplastie, etc.) et les caractéristiques du poulinage en cours (encadré 1).

Lors du recueil de l’anamnèse, le vétérinaire protège la queue de la jument dans un manchon plastique et une bande de queue, et commence à ­nettoyer toute la région périnéale à l’eau et au savon iodé ou chlorhexidiné après la vidange rectale [13]. Attacher la queue au poitrail avec une cordelette facilite le travail. L’obstétricien se lave ensuite les mains jusqu’aux épaules avec un savon antiseptique, puis met sa blouse de vêlage. Les mains et les bras doivent toujours être propres avant toute introduction dans le tractus génital et les rinçages fréquents dans de l’eau sont donc de mise [5].

Démarche diagnostique et thérapeutique

Au début, l’objectif du traitement d’une dystocie est de sauver le poulain et sa mère. Cependant, très souvent, la mort du fœtus modifie la finalité de la prise en charge : la survie de la mère et la préservation de son avenir reproducteur deviennent alors les objectifs à atteindre. Des règles d’intervention dans cette situation d’urgence sont indispensables afin d’optimiser les chances de succès et d’assurer la sécurité des intervenants [5]. L’expérience de l’obstétricien et sa capacité à gérer une équipe, la planification des étapes du traitement, la possibilité d’effectuer une anesthésie générale chez la mère et une réanimation du poulain, la bonne préparation du matériel et le choix du lieu d’intervention sont autant d’éléments clés de la gestion optimale d’une dystocie (encadré 2) [5].

Examen initial

Examen général

L’examen de la poulinière débute par une inspection générale rapide (apparence globale, aspect des muqueuses, temps de remplissage capillaire, fréquences cardiaque et respiratoire, efforts expulsifs, sudation, température, traumatismes) pour mettre en évidence un éventuel état de choc, une déshydratation ou une hémorragie. Si la jument est couchée, il est important de savoir si elle peut se relever [5, 6, 13].

Dans un deuxième temps, la jument est tenue en main par un aide expérimenté. Le tord-nez est très utile pour la contenir. Néanmoins, une contention chimique est parfois requise car le comportement d’une jument en seconde phase du poulinage est imprévisible et possiblement violent. Le praticien travaille au milieu du box de poulinage, qui doit être grand, très bien paillé pour ne pas être glissant, en faisant attention à sa sécurité (encadré 3) [5, 6, 13].

Puis une palpation rectale rapide permet d’éliminer la possibilité d’une torsion utérine, d’apprécier la disposition du fœtus et l’aspect de l’utérus, (déchirures ou spasmes) et de vidanger le rectum.

Lors du nettoyage du périnée, plusieurs éléments doivent être repérés, tels que la présence du fœtus ou de certaines extrémités de celui-ci, des écoulements vulvaires séreux, purulents, nauséabonds (fœtus emphysémateux) ou hémorragiques (traduisant un traumatisme des tissus mous ou de l’utérus), les enveloppes fœtales (délivrance ou amnios) et leur aspect (si elles sont humides, c’est qu’elles sont apparues récemment, au contraire, si elles sont sèches ou malodorantes, cela indique une exposition à l’air libre depuis quelques heures), une inversion de la vessie, un prolapsus rectal ou des anses intestinales [6].

Examen vaginal

Le bras de l’opérateur est copieusement lubrifié.

La première exploration vaginale doit être rapide (moins de 5 minutes) et ne s’effectue idéalement qu’avec le tord-nez. Elle permet successivement de détecter ­certaines anomalies (cal osseux pelvien empêchant la sortie du fœtus, torsion utérine, etc.), de vérifier l’intégrité du vagin et du col, l’état de contraction de l’utérus sur le fœtus, de déterminer la taille et la position du fœtus, et, enfin, d’évaluer sa viabilité [5, 12].

La vérification de l’intégrité du vagin et du col (lacérations, contusions, état de dilatation du col) est importante au regard de la responsabilité civile du praticien. Des lésions préexistantes à l’intervention doivent être signalées pour ne pas être imputées a posteriori à l’obstétricien [6].

Si le fœtus répond aux manipulations, sa viabilité est évidente. Sinon, il peut être stimulé pour déterminer s’il est vivant : retrait du membre au pincer de la couronne, retrait de la tête à la pression légère des globes oculaires, déglutition à la stimulation de la langue, palpation du choc précordial ou test du réflexe anal. La viabilité du fœtus est un paramètre influençant le choix du traitement de la dystocie et c’est une étape essentielle qui engage la responsabilité du praticien [3, 5, 6, 25].

L’exploration vaginale va permettre de diagnostiquer plus finement la dystocie en dénombrant les appendices dans la filière pelvienne, et en appréciant la présentation, la position et la posture du fœtus (photo 3). La taille du poulain et d’éventuelles malformations de celui-ci sont évaluées (photo 4 et tableau 2 complémentaire sur www.WK-Vet.fr) [6, 12, 25].

Cet examen initial rapide permet de comprendre la situation afin de prendre une décision quant à la gestion de cette dystocie. Une démarche de travail peut donc être établie. La viabilité du fœtus, le type de dystocie, l’habileté obstétricale du praticien, les installations et l’équipement disponibles, la priorité donnée par le propriétaire à la mère ou à son foal, et, enfin, les contraintes financières de l’éleveur doivent être pris en compte [5, 25].

Si la survie du foal est prioritaire et que les meilleures conditions pour une césarienne sont souhaitées, la possibilité de référer et de transporter immédiatement la jument en clinique chirurgicale pour la gestion de la dystocie doit avoir été prévue.

Si le transfert en structure spécialisée n’est pas envisagé, la dystocie est gérée au haras, en pratique ambulatoire.

Le nombre d’entrées et de sorties des bras du tractus génital doit être limité au minimum. En effet, l’abrasion vaginale et cervicale qui en résulte est responsable d’adhérences qui peuvent affecter la fertilité de la jument [5, 8]. La lubrification est primordiale (encadré 4).

Bilan des examens

Après évaluation de la situation, cinq solutions peuvent être envisagées : la mutation fœtale suivie de l’extraction par les voies naturelles sur jument debout ou en surélevant l’arrière-train sous anesthésie générale, la fœtotomie, la césarienne ou, enfin, l’euthanasie (tableau 3 complémentaire sur www.WK-Vet.fr) [5, 6, 11, 16, 23]. La plupart des cas sont traités avec succès par la correction d’une anomalie mineure de posture suivie d’une délivrance assistée ou non par les voies naturelles. Si les premières manœuvres de mutation sont impossibles à réaliser ou inefficaces, le praticien doit décider de pratiquer une mutation sous anesthésie générale, une embryotomie ou une césarienne, selon son expérience et la situation [25].

Mutation fœtale

La mutation repose sur des manipulations qui permettent de replacer le fœtus dans une présentation, une position et une posture eutocique. Le vétérinaire associe des gestes de répulsion, de rotation, de flexion et d’extension des extrémités du fœtus. Lors de ces manipulations, les risques de blessure ou de rupture de l’utérus sont importants. Cette étape ne doit pas durer plus de 10 à 15 minutes. En cas d’échec, il convient d’adapter le plan de traitement. Le propriétaire doit être prévenu avant le début des opérations [11, 16, 23].

Répulsion du fœtus

La répulsion du fœtus hors du canal pelvien dans le fond de l’utérus permet de gagner l’espace nécessaire à la mutation. Cela est envisageable seulement si les eaux fœtales n’ont pas été expulsées et que l’utérus n’est pas contracté autour du fœtus (dans le cas contraire, remettre 10 à 15 l d’eau lubrifiée aide considérablement les manœuvres). La jument ne doit pas présenter de contractions durant cette période pour pouvoir travailler avec efficacité et sécurité. Plusieurs techniques sont envisageables pour diminuer les contractions : faire marcher l’animal, une contention au tord-nez, une sédation, l’administration de tocolytiques (clenbutérol), l’inhibition du réflexe Fergusson (contractions abdominales et du diaphragme associées à une fermeture de la glotte) par passage d’un tube stomacal dans la trachée (efficacité très variable selon les juments), une analgésie épidurale et une anesthésie générale (encadré 5).

Dans certains cas, l’élévation du train postérieur à 30 % sous anesthésie générale permet d’aider à la répulsion du fœtus [12, 16, 25].

Extraction forcée

L’extraction forcée est pratiquée à la suite d’une mutation réussie (c’est-à-dire lorsque le poulain présente sa tête, que les deux antérieurs (boulets/canons) sont présents et que rien ne bloque dans la filière pelvienne) ou lors d’inertie utérine. Le détroit pelvien doit être de nouveau abondamment lubrifié. La traction est effectuée à la main ou avec des lacs obstétricaux dont les nœuds sont placés en face dorsale, avec un maximum de 2 ou 3 personnes (photo 8). La traction doit être lente et coordonnée avec les efforts expulsifs de la mère ou par le vétérinaire. Une traction lente associée au contrôle de la dilatation cervicale est particulièrement importante lors d’extraction sous anesthésie générale [12, 16, 25].

Fœtotomie

La fœtotomie n’est en général pas indiquée quand le fœtus est vivant (photo 9) [5, 6, 8-10, 13, 25]. Le col de l’utérus doit être grand ouvert. Cette procédure vise à réduire les dimensions du fœtus ou la cause de la dystocie par des sections de celui-ci selon une technique précise visant à éviter les esquilles osseuses, tout en étant très rapide pour prévenir les complications. L’expérience et la dextérité du praticien sont primordiales. La fœtotomie doit se limiter à une à trois coupes pour réduire la dystocie. Les efforts expulsifs sont également limités ; le tractus génital est abondamment lubrifié. L’embryotomie ne nécessite pas d’ouverture de la cavité abdominale, ce qui est un avantage par rapport à la césarienne. En revanche, le risque de lésions utérines ou du col est toujours présent, et celles-ci sont fréquentes chez la jument. Le pronostic dépend du nombre de sections nécessaire et du temps passé depuis le début de la dystocie [12, 16, 20, 25].

Césarienne

La césarienne est réalisée en première intention lors :

– de certaines dystocies d’origine maternelle (torsion utérine à terme, malformations pelviennes, hémorragie du ligament large, etc.) ;

– d’une mauvaise présentation fœtale (présentation transversale, embryotomie trop complexe) ;

– de disproportion fœtale ;

– de jumeaux ;

– ou d’anomalies de posture (par exemple l’encolure fléchie et l’inaccessibilité de la tête) [5-7, 10, 11, 20, 23].

Elle est également envisagée en cas d’insuccès de la mutation (un délai d’une vingtaine de minutes au maximum entre l’échec des manœuvres et la décision de césarienne est souhaitable) ou de l’embryotomie.

La césarienne est réalisée sous anesthésie générale par une incision sur la ligne blanche ou le flanc gauche, en abord paracostal. Elle est réalisée en clinique chirurgicale dans des conditions optimales (le poulain est immédiatement transféré à une équipe de réanimation néonatale), mais est envisageable sur le terrain si le poulain est vivant (photo 10) [7]. Des praticiens expérimentés peuvent également la pratiquer sur jument debout par le flanc droit.

Conduite à tenir selon le type de dystocie

Prenons les exemples de quelques ­dystocies parmi les plus fréquentes pour illustrer notre propos (encadré 6) [5, 6, 24].

La principale cause est une mauvaise posture, avec une incidence plus forte de la déviation de la tête (35 %) et d’une posture anormale d’un membre (21 %) [6]. Viennent ensuite les présentations postérieures et transverses et les anomalies congénitales.

Dystocies en présentation antérieure

Les dystocies en présentation antérieure représentent 76 % de ces dysfonctionnements.

Vices de posture de la tête

Les vices de posture de la tête représentent 35 % des dystocies.

• La déviation de la tête vers le bas, ou posture cervicale, peut être plus ou moins importante, depuis le simple accrochement du bout du nez à l’entrée du bassin jusqu’à la flexion complète de la tête au niveau cervical [5, 6]. Les extrémités des antérieurs sont dans le vagin ou affleurent à la vulve, et les efforts expulsifs sont infructueux. L’exploration vaginale permet de faire immédiatement le diagnostic en sentant à l’entrée du bassin, entre les deux antérieurs, le front ou la nuque du fœtus. Il convient donc de repousser le poulain dans la cavité abdominale et de redresser la tête par le bas pour la repositionner dans l’axe de la filière pelvienne [6, 23, 24].

• L’encapuchonnement est une exagération de la précédente présentation avec un degré de flexion maximal de l’encolure à sa base : le menton du poulain est engagé entre les deux antérieurs et accolé contre la poitrine (figure 2) [6, 23, 24]. Le diagnostic est aisé à établir car les deux antérieurs et le départ de l’encolure sont reconnaissables du bout des doigts. Néanmoins, le poulain peut présenter des malpositions multiples associées, avec une flexion des épaules vers l’arrière et du cou. Cette dystocie est fréquente chez les fœtus septicémiques in utero en raison d’une placentite maternelle [13].

La mutation est tentée. Il convient d’attraper une partie de la tête (oreille, yeux, commissures des lèvres) ou de la fixer avec un collier, un crochet à yeux ou un petit lac, en lasso à la mandibule ou en licol, de refouler au maximum le tronc et d’essayer de réduire la mauvaise posture en repoussant le poulain et en redressant simultanément l’encolure et la tête, en la prenant à l’extrémité craniale de l’auge, souvent sans succès. Dans ce dernier cas de figure, il convient de procéder à une embryotomie (amputation d’un membre, tentative de repositionnement de la tête, et amputation de la tête ou de l’encolure plus ou moins étendue) ou à une césarienne, si le fœtus est toujours vivant ou si la tête n’est pas accessible (photos 11 et 12).

• La déviation latérale de la tête est une anomalie fréquente [5, 6, 18, 23, 24]. Les membres antérieurs du fœtus se trouvent dans le vagin ou à peine apparents au niveau des lèvres vulvaires. Ils sont légèrement décalés en raison de l’avance de l’épaule controlatérale à la flexion de la tête et de l’encolure. L’examen vaginal confirme l’absence de tête du fœtus dans la filière pelvienne, mais la base de l’encolure est palpable et la déviation de la tête sur la droite ou la gauche est facilement détectable. Le fœtus est repoussé au maximum, puis la tête est localisée en suivant l’encolure depuis sa base et l’opérateur essaye de la rapprocher en tirant sur la peau de l’encolure ou une oreille, et en glissant progressivement la main sous la gorge. Il tente ensuite d’accéder à une orbite ou à la bouche pour replacer la tête. Pour gagner de la place, un antérieur peut être placé préalablement et momentanément en flexion du carpe après avoir positionné un lac autour du paturon. Un lac peut également être passé dans la bouche et sur la nuque. Une faible traction doit être employée et des précautions doivent être prises pour prévenir les lésions utérines dues aux incisives du poulain. Le nez du fœtus est coiffé et la tête ramenée dans le détroit pelvien pour procéder à l’extraction. En cas d’échec, une embryotomie par section de la base de l’encolure ou de l’antérieur opposé à la déviation est pratiquée. La césarienne peut aussi être une option rapide.

Vices de posture des membres antérieurs

Les vices de posture des membres antérieurs représentent 21 % des dystocies [5, 6, 13, 23, 24].

• La malposition des membres antérieurs par rapport à la tête est rare (2 %). Elle est due, d’une part, à un mauvais placement de la tête et, d’autre part, à un placement inadéquat des antérieurs. La tête s’est engagée trop tôt par rapport aux membres, et ceux-ci se retrouvent sur la nuque ou le nez du fœtus, et sont plus ou moins croisés. La tête du fœtus est palpée en position normale allongée dans le vagin, mais une ou deux extrémités des membres antérieurs sont dorsales par rapport à la tête. Les pieds du poulain sont donc en contact direct avec le plafond du vagin. Si la dystocie n’est pas rapidement traitée, le risque de perforation du plafond du vagin est grand. Dans les cas extrêmes, une fistule recto-vaginale peut se produire : si les pieds sortant par l’anus ne sont pas repoussés dans le vagin, ils peuvent induire une lacération périnéale de troisième degré et la formation d’un cloaque. Le traitement consiste en une réduction sur jument debout, grâce à une anesthésie épidurale et à l’administration de tocolytiques dont l’efficacité est variable. Il convient de refouler le fœtus, de repositionner l’antérieur supérieur et d’extraire le fœtus [5, 6, 13, 23, 24].

• Dans la plupart des cas de rétention d’un ou de deux membres, un seul est affecté et l’extrémité de l’autre, ainsi que le nez du poulain sont visibles en regard de la vulve (flexion du carpe : 22 %) [5, 6]. L’examen vaginal permet de sentir la tête, un des deux membres correctement placé et l’articulation du carpe à l’entrée du bassin, voire dans le vagin. Le poulain est repoussé le plus loin possible dans un premier temps. Le membre fléchi est saisi au niveau du boulet et du paturon. Le carpe est tourné latéralement et le boulet est maintenu fléchi pendant que l’extrémité est amenée dans l’axe longitudinal pour étendre le membre dans le canal pelvien. Cette manœuvre permet d’utiliser un maximum d’espace en bougeant obliquement le membre à l’entrée de la filière pelvienne. Dès que le membre est redressé, le sabot est coiffé pour prévenir la lacération utérine. Si la mutation n’est pas possible ainsi, un lac, fixé à l’aide d’un nœud coulant sur le paturon ou au-dessus du boulet, peut être utilisé. Puis une traction modérée est exercée d’une main puis de l’autre, en s’efforçant de repousser le poulain et le carpe [13, 23, 24].

Vices de posture des membres postérieurs

• Les postérieurs sont engagés sous le poulain ou bien le poulain présente une flexion des hanches (“chien assis”) (7 %) (figure 3).

• Le poulinage débute normalement, avec l’apparition des antérieurs et du nez du poulain à la vulve, mais, à partir de ce moment-là, les efforts expulsifs sont improductifs et le fœtus ne progresse plus. À l’examen vaginal, le praticien sent une ou deux (cas le plus fréquent) extrémités des postérieurs qui reposent sur le plancher du bassin. Il est possible que la tête et qu’une partie du thorax soient extériorisées, ce qui rend l’examen vaginal extrêmement difficile et douloureux pour le praticien. La mutation est envisageable si le poulain est vivant, souvent sous anesthésie générale. Celui-ci doit être suffisamment repoussé en appuyant sur ses épaules pour pouvoir balayer du bras le plancher du vagin. Les postérieurs sont ensuite repoussés avec succès, mais avec un risque de lacération. C’est pourquoi il convient de coiffer successivement chaque sabot postérieur avant de le repousser le plus loin possible dans l’utérus. L’extraction est ensuite réalisée sans forcer car les postérieurs peuvent encore provoquer des lésions utérines. S’il est impossible de repousser ces derniers, mais que le poulain peut l’être, un changement de présentation de celui-ci (répulsion en maintenant les postérieurs, puis rotation) est envisageable afin de l’extraire en présentation postérieure. La mutation est complexe et pénible. La fœtotomie est possible (section rapide et complète du tronc à ras de la vulve, derrière les épaules, avec une lame de bistouri n° 22 en commençant entre les corps vertébraux, puis repoussement du tronc caudal in utero et expulsion du fœtus par traction sur les postérieurs), la césarienne est recommandée [5, 6, 13, 23, 24].

Dystocies en présentation postérieure

La probabilité de délivrer un poulain vivant est moindre en raison de la compression du cordon ombilical ou de sa rupture prématurée, conduisant à une rapide asphyxie. Il convient de prévoir un endroit pour pendre le nouveau-né afin de permettre l’évacuation du liquide amniotique éventuellement inhalé [24].

Lors d’extension incomplète des membres postérieurs (accrochement des grassets), les jarrets ont franchi le détroit antérieur du bassin, mais les grassets butent au niveau de la symphyse pubienne. Lors de l’examen vaginal, les pieds, les jarrets, puis la queue et l’articulation tibio-fémorale en flexion sont palpables, qui butent contre le plancher du bassin. Un lac est placé sur chacun des membres. Puis, en opérant une traction sur un des deux postérieurs et en repoussant simultanément le fœtus en appuyant à la base de la queue, l’opérateur procède à l’engagement du grasset. Il opère de la même manière pour le second membre, puis procède à l’extraction en veillant à ce que la queue soit bien positionnée [5, 6, 13, 23, 24].

Dystocies en présentation transversale

Lors de présentation transversale ventrale, le fœtus est en position sterno-abdominale avec les quatre membres engagés dans le canal pelvien. Cette situation doit être différenciée de la présence d’un monstre ou de jumeaux. La race frisonne présente une incidence élevée de ce type de présentation et les poulains survivent relativement longtemps après le début du stade 2 du poulinage en raison, d’une part, des faibles contractions (pas d’engagement dans la filière pelvienne) et, d’autre part, de la lenteur de la déhiscence du placenta dans cette race [12]. Bien que le poulinage ait commencé, il n’y a pas d’évolution car les contractions ne font pas progresser le fœtus vers la filière pelvienne. Les efforts expulsifs sont modérés et une perte des eaux fœtales est toujours observée. L’examen vaginal révèle un faible développement du corps utérin et le fœtus est loin vers l’avant de la cavité abdominale, juste palpable à travers les enveloppes fœtales et du bout des doigts. L’opérateur sent les extrémités des quatre membres. La réduction est illusoire, le fœtus étant généralement enclavé, et la césarienne ou l’embryotomie sont recommandées. L’euthanasie est la dernière solution [6, 12, 13, 23, 24].

Complications post-partum

Les complications post-partum sont fréquentes chez la jument et peuvent affecter le pronostic vital [12, 13, 15, 18-20, 22]. Certaines sont courantes après les dystocies, comme une non-délivrance, une métrite puerpérale, des lacérations recto-vaginales, une vaginite nécrosante (fréquente chez les poneys shetlands et dans les races miniatures), des hémorragies, une incontinence urinaire, une inversion utérine, un prolapsus utérin, des lacé­rations utérines (provoquées par le poulain ou le vétérinaire lors des ma­nipulations obstétricales) induisant des adhérences, une fibrose utérine (photo 13) [12].

Ces complications sont à l’origine d’une baisse de la fertilité observée après une dystocie. Il est donc conseillé de réaliser un examen soigneux du tractus génital, juste après le poulinage et le lendemain. De sévères complications ont été rapportées après la contamination de la cavité abdominale par l’utilisation d’un lubrifiant obstétrical à base de polyéthylène, notamment dans les cas de lacérations utérines, provoquant une péritonite aiguë suppurative entraînant la mort. Les affections gastro-intestinales (rupture du cæcum, prolapsus rectal, traumatismes induisant une nécrose ischémique du petit côlon ou méso-côlon et de l’intestin grêle, volvulus du gros côlon, constipation post-partum) sont également plus fréquents après une dystocie. Le poulain présente aussi un risque accru d’encéphalopathie ischémique hypoxique (anoxie) et de septicémie.

Gestion après la dystocie ou après la césarienne

Les dystocies prédisposent à la non-délivrance. Les juments sont donc traitées systématiquement à l’ocytocine après le poulinage (au réveil, le cas échéant 10 UI/h par voie intramusculaire ou en perfusion). Le tractus génital doit être examiné attentivement, à la recherche de lacérations utérines et vaginales, bien que généralement l’utérus soit trop dilaté le jour même pour permettre un examen complet des deux cornes par voie vaginale. La contamination utérine est inévitable après les manipulations du foal et les lavages utérins en grande quantité sont donc recommandés dès le lendemain du poulinage.

La gestion après la césarienne repose sur des soins généraux (fluidothérapie, antibiothérapie à large spectre, administration d’anti-inflammatoires, surveillance de la suture chirurgicale, gestion de la douleur, ocytocine au réveil) et sur la gestion spécifique du tractus génital. Les lavages utérins quotidiens en faible volume peuvent commencer dès 24 heures postopératoires et sont très utiles pour limiter le risque d’endotoxémie et de fourbure [12, 13, 15, 19].

Conclusion

Les dystocies chez la jument font partie des véritables urgences auxquelles est confronté le praticien équin. Néanmoins, elles sont relativement rares dans l’espèce équine, comparativement aux autres espèces domestiques. L’expérience étant ainsi difficile à acquérir, la pratique de l’obstétrique bovine peut aider le vétérinaire à s’améliorer. Dans les régions d’élevage, il convient donc de se préparer méthodiquement pour faire face à ces situations délicates : le matériel doit être prêt en saison de reproduction et le praticien, adopter une démarche clinique rigoureuse. La viabilité du fœtus, le type de la dystocie, l’habileté obstétricale du vétérinaire, les installations et l’équipement disponibles, et, enfin, les contraintes financières de l’éleveur sont à prendre en considération. De nombreuses dystocies peuvent être corrigées au haras par le praticien. Cependant, les cas difficiles nécessitent parfois un transfert en milieu hospitalier, dont la proximité est un atout [10]. Une technique nommée EXIT (ex utero intra-partum treatment), développée dans les années 1990 par des équipes américaines, consiste à intuber le poulain et à le ventiler alors qu’il est encore coincé dans les voies génitales, ce qui permet d’augmenter le taux de survie [14]. Après une dystocie, le taux de survie des mères est en général bon (91 %), mais la fertilité des juments est souvent affectée : 67 % après une dystocie (versus 84 % avant une dystocie) [1, 11].

Références

  • 1 – Abernathy K, LeBlanc M, Embertson RM et coll. Survival and fertility rates after cesarean section. Proceedings of the annual convention of the AAEP. Las Vegas, NV, USA. 2009.
  • 2 – Betsch JM. Dystocies et pathologie post-partum. Dans : Maladies des chevaux. 2e éd. Éd. France agricole. 2010:174.
  • 3 – Brown CM, Bertone JJ. Dystocia. In: The 5-minutes veterinary consult Equine. 3rd ed. Blackwell Publishing Professional, Iowa USA. 2005:348-351.
  • 4 – Camillo F, M Armoriai P, Dominici C. Comment prévenir, contrôler et induire le poulinage chez la jument. Nouv. Prat. Vét. Equine. 2006;7(273):13-18.
  • 5 – David F. Contribution à l’élaboration d’un carnet clinique : la période périnatale pour la jument et son poulain. Thèse de doctorat vétérinaire, ENVL. 2002;171:308p.
  • 6 – Demory C. Élaboration d’un CD-Rom sur les dystocies d’origine fœtale chez la jument (CD-Rom). Thèse de doctorat vétérinaire, ENVL. 2002:21p.
  • 7 – Dugardin D. la césarienne chez la jument en clientèle. Bulletin des GTV. 2009;51:49-52.
  • 8 – Frazer GS. Fetotomy technique in the mares. Equine Vet Educ. 2001;13(3):151-159.
  • 9 – Frazer GS. Review of the use of fetotomy to resolve dystocia in the mare. In: 43rd. Annual convention of the AAEP, Phoenix. 1997.
  • 10 – Guay P. La dystocie chez la jument et la référence dans un milieu hospitalier. Prat. Vet. Équine. 1994;26(3):213-217.
  • 11 – Hughes T. Dealing with a dystocia in a referral hospital. In: proceedings of the 49th British Equine Veterinary Association Congress, Birmingham, United Kingdom. 2010.
  • 12 – Jonker F H, Stout T A. Management of dystocia in the Netherlands. In: proceedings of the 47th British Equine Veterinary Association Congress, Liverpool, United Kingdom. 2008.
  • 13 – LeBlanc M. Reproductive Emergencies (session I). 9th AAEP Annual Resort Symposium, Cabo San Lucas, Mexico, Janvier 28-30, 2007.
  • 14 – Palmer J E, Wilkins P. A. How to Use EXIT (Ex-utero intra-partum treatment) to rescue foals during dystocia. In: 51 Annual Convention of the American Association of Equine Practitioners – AAEP, 2005 – Seattle, WA, USA, (Ed.). Publisher: Am. Assoc. Equine Pract, Lexington KY. Internet Publisher: International Veterinary Information Service, Ithaca NY (www.ivis.org), Last updated: 7-Dec-2005;P2647.1205.
  • 15 – Paul-Jeanjean S. Les affections du post-partum chez la jument. Prat. Vet. Équine. 2010;42(165):55-64.
  • 16 – Ravenhill P. Dealing with a dystocia in the field. Proceedings of the 49th British Equine Veterinary Association Congress, Birmingham, UK. 2010:177.
  • 17 – Reinoso O J. Dystocie d’origine tératologique dans l’espèce équine. Med. Vét. 1991;142(2):197-200.
  • 18 – Rondenay Y, Guay P, Vaillancourt D. La dystocie chez la Jument, étude clinique rétrospective. Prat. Vét. Équine. 1996;28(3):237-240.
  • 19 – Sidot M. Élaboration d’un CD-Rom sur les dystocies d’origine maternelle chez la jument. Thèse de doctorat vétérinaire, Lyon. 2004;13:55p.
  • 20 – Stashak TS, Vandeplassche MM. Cesarean Section. In: Equine Reproduction. Lea & Febiger, Philadelphia, London. 1993:437-443.
  • 21 – Troncy É, Lainay O, Bussières G. L’anesthésie et l’analgésie épidurale chez le cheval : indications et mise en œuvre. Pract. Vet. Équine. 2003;35(numéro special):81-88.
  • 22 – Turner RM. Post-partum problems : The top ten list In: 53rd Annual Convention of the AAEP, Orlando, FL, USA. 2007.
  • 23 – Vallon F. La cesarienne : accouchement dystocique, embryotomie, décision opératoire. Journées nationales des GTV, Angers. 1995.
  • 24 – Vandeplassche MM. Dystocia. In: Equine Reproduction. Lea & Febiger, Philadelphia, London. 1993:578-587.
  • 25 – Volkmann D. Gestion pratique des dystocies de la jument. In: proceedings of AVEF, Versailles. 2006.

Éléments à retenir

→ Les informations sur l’anamnèse, les commémoratifs et les conditions de travail sont essentielles pour évaluer le contexte lors de dystocie.

→ Après évaluation de la situation, cinq traitements peuvent être envisagés : la mutation fœtale suivie de l’extraction par les voies naturelles sur jument debout ou en surélevant l’arrière-train sous anesthésie générale, la fœtotomie, la césarienne ou, enfin, l’euthanasie.

→ La lubrification des voies génitales et l’ajout de liquide sont primordiaux pour prévenir l’assèchement du vagin et l’irritation excessive du tractus génital. Elle permet aussi l’obtention d’une relaxation et d’une distension utérines créant un espace supplémentaire qui facilite les manipulations du fœtus.

→ Lors de la phase de répulsion du fœtus dans la cavité utérine, plusieurs techniques sont envisageables pour diminuer les contractions.

Encadré 1 : Caractéristiques du poulinage en cours

→ Induction ou non de la mise bas ?

→ Heure du début du poulinage ?

→ Présence de contractions ?

→ Périodes d’interruption des contractions ?

→ Écoulements vaginaux ou pertes des eaux fœtales ?

→ Apparition à la vulve d’appendices fœtaux, lesquels ?

→ Production de méconium ?

→ Signes de vitalité du fœtus ?

→ Arrêt de la progression du poulinage ?

→ Assistance de la jument ?

→ Marche en main de la jument ?

D’après [5, 6].

Encadré 2 : Matériel obstétrical

Le matériel à prévoir à proximité de l’animal, propre et fonctionnel, doit permettre la correction de la dystocie par manipulation obstétricale, fœtotomie ou césarienne sur une jument debout, tranquillisée ou anesthésiée. Le matériel de réanimation pour le poulain et la mère doit aussi être prêt [5, 6].

→ Confort et hygiène de travail :

– des serviettes en papier ou en coton ;

– une blouse et des gants à usage unique ;

– une paire de bottes ;

– une table ou une botte de paille pour poser le matériel ;

– une lampe frontale ;

– une rallonge électrique.

→ Contention physique :

– un tord-nez ;

– une sonde nasogastrique ;

– des entraves, une plate-longe.

→ Contention chimique et traitements médicaux :

– un tranquillisant et des anesthésiques : lidocaïne ou mépivacaïne, xylazine ou romifidine ou détomidine, butorphanol, sérum physiologique ;

– d’autres médicaments : glycéryl-gaiacolate (GGE) et kétamine, clenbutérol et ocytocine, molécules d’urgence et solutés pour la mère, antibiotiques, T61, trousse de réanimation du poulain ;

– des aiguilles hypodermiques classiques et des seringues de différentes tailles ;

– des cathéters intraveineux ;

– pour l’épidurale : tondeuse, alcool et scrub, aiguilles spinales (18 à 20 G, 7,5 à 9 cm).

→ Préparation de la zone périnéale :

– une bande de queue ou une protection plastique ;

– un seau rempli d’eau tiède ;

– du savon iodé ou à la chlorhexidine.

→ Lubrification :

– un lubrifiant (vaseline, méthyl-cellulose ou polymère de polyéthylène) ;

– une pompe stomacale désinfectée, un tube nasogastrique propre et un entonnoir ;

– un seau.

→ Traction :

– quatre lacs en nylon (105 cm) de couleurs différentes avec des poignées en bois, dont au moins un fin ;

– des crochets : crochet de Huynen, crochet de Krey-Shottler et crochets oculaires mousses ;

– une barre de détorsion ;

– (une vêleuse).

→ Fœtotomie :

– des crochets de fœtotomie dits de Krey-Shottler ;

– un embryotome tubulaire dit de Thygessen muni de deux tubes (photo 1) ;

– un rouleau de scie-fil ;

– un passe scie-fil ;

– une pince coupante pour sectionner la scie-fil à la longueur désirée ;

– un couteau à fœtotomie.

→ Suture :

– des aiguilles courbes mousses et tranchantes (différentes tailles) ;

– du fil de suture résorbable (vicryl, catgut, monocryl, etc.) ;

– des épingles vulvaires ;

– un clamp ombilical.

→ Un nécessaire à césarienne

→ Des pinces hémostatiques de Kocher à longues branches (clampage éventuel de l’artère utérine)

→ Une oxygénothérapie si possible

Encadré 3 : Contention de la jument

→ Les efforts expulsifs violents de la jument pendant la deuxième phase du poulinage rendent les manipulations difficiles et dangereuses. Le comportement des juments est imprévisible et peut être très violent (ruades, chute impromptue, etc.). La sédation est donc souvent nécessaire et doit être utilisée à bon escient. Le flot sanguin utérin est sensible à toute vasoconstriction, hypovolémie ou chute de la pression artérielle, induisant un défaut d’oxygénation du fœtus. La majorité des molécules traversent le placenta et provoquent une dépression du fœtus. Les effets d’une molécule sur la viabilité de celui-ci dépendent de ses effets cardiopulmonaires, de la réversibilité de ces derniers et de la faculté d’élimination du fœtus. Ces effets sont dose-dépendants. Les associations de molécules sont toujours préférables car elles procurent une contention et une analgésie supérieures à l’utilisation d’un seul principe actif.

→ L’acépromazine (5,6 mg/100 kg) a peu d’effets cardiovasculaires sur le fœtus, contrairement aux α2-agonistes, mais son délai d’action est long (15 minutes par voie intraveineuse) et présente un risque d’hypotension si une anesthésie générale est nécessaire.

→ Tous les α2-agonistes ont un effet délétère sur la perfusion utérine. La xylazine, puis la romifidine sont donc préférées à la détomidine si le poulain est vivant. Elles sont associées à 20 mg d’acépromazine.

→ Le meilleur compromis est d’associer les α2-agonistes, en diminuant les doses classiques de moitié, au butorphanol. Les races lourdes et miniatures sont plus sensibles aux sédatifs, et les doses sont donc également diminuées. Une perfusion de détomidine peut être une bonne solution alternative lors d’embryotomie.

→ L’anesthésie générale fixe (glycéryl-gaiacolate [GGE] + xylazine + kétamine) induit en général moins d’effets cardiovasculaires sur le fœtus que l’anesthésie générale volatile. C’est souvent la seule anesthésie disponible sur le terrain. Le décubitus latéral est conseillé, pour préserver au mieux la ventilation (photo 2).

D’après [13].

Encadré 4 : Lubrification du tractus génital

La lubrification est primordiale pour prévenir l’assèchement du vagin qui rend la jument non coopérative et provoque une irritation excessive du tractus génital (photo 5). Elle permet aussi d’obtenir une relaxation et une distension utérines créant un espace supplémentaire qui facilite les manipulations du fœtus. 5 à 10 l de lubrifiant (vaseline ou méthyl-cellulose) peuvent être instillés car le savon est irritant pour les muqueuses, ou d’eau tiède à défaut, grâce à un tube nasogastrique et à une pompe stomacale, ce qu’il convient de renouveler fréquemment. Cette manœuvre est contre-indiquée si le fœtus est vivant et en présentation postérieure car il risque d’inhaler ou d’avaler du lubrifiant.

D’après [5, 6, 13].

Encadré 5 : Anesthésie épidurale

→ L’anesthésie épidurale consiste à injecter avec une aiguille spinale dans l’espace sacro-coccygien (S5-Co1), ou plutôt dans le premier espace intercoccygien (Co1-Co2), un anesthésique local et/ou un α2-agoniste (figure 1).

→ La jument est placée d’aplomb, et le site d’injection est repéré en levant et en abaissant successivement la queue de l’animal. L’espace Co1-Co2 se situe à la pliure de la queue. Après une tonte et une désinfection chirurgicale du site, celui-ci est anesthésié par une injection sous-cutanée de 1 à 3 ml d’une solution de lidocaïne à 2 %.

→ Ensuite, l’aiguille spinale stérile (18-20 G, 7,5-9 cm, ou une aiguille 21 G 0,8 mm, 50 mm verte, si la jument n’est pas grasse) est insérée perpendiculairement de préférence ou avec un angle de 45° à la peau, le biseau dirigé vers l’avant. Elle progresse dans le plan médian vers le centre de la queue jusqu’à ce que la sensation d’une zone de résistance soit ressentie à la traversée du ligament jaune. Une goutte de sérum physiologique peut être déposée à l’extrémité proximale de l’aiguille spinale, elle est aspirée dès que l’espace péridural est atteint. L’aiguille peut également être descendue jusqu’à taper le plancher de l’espace, puis être remontée légèrement.

→ 0,2 mg/kg, soit 5 ml, de lidocaïne à 2 %/450 kg, ou de la xylazine à 2 % (0,17 mg/kg, soit 4 ml), ou de la détomidine 1 % (0,02 à 0,04 mg/kg, soit 1 à 2 ml) dilués dans 6 à 10 ml de sérum physiologique sont injectés.

→ La xylazine peut également être associée à la lidocaïne aux doses indiquées (soit 5 ml de xylazine et 5 ml de lidocaïne 2 %).

→ L’anesthésie péridurale n’a pas d’effet sur les contractions abdominales. Un surdosage peut induire une faiblesse des membres postérieurs et une certaine ataxie (moindre avec la xylazine). La mise en place de l’anesthésie est plus rapide avec la lidocaïne (5 minutes versus 30 minutes) mais de plus courte durée, d’où l’intérêt de l’association de la xylazine et de la lidocaïne (photos 6 et 7) [13].

Encadré 6 : Démarche face à une dystocie

L’objectif est d’aborder la dystocie avec un plan de travail raisonné pour délivrer le poulain dans un temps minimal en limitant les complications chez la poulinière.

→ Évaluation de l’état général de la mère

→ Évaluation de la viabilité du fœtus

→ Déterminer la position, la posture et la présentation du fœtus

→ Si le poulain est vivant :

– si l’anomalie est modérée, procéder à la correction manuelle de la dystocie après répulsion, puis à l’extraction vaginale, éventuellement sous sédation et tord-nez ou anesthésie épidurale ;

– une mutation du fœtus sous anesthésie générale en surélevant l’arrière-train. Si la correction manuelle est trop difficile ou dangereuse pour la jument ou le praticien, procéder à une césarienne sur place jument debout ou couchée, ou référer immédiatement en clinique chirurgicale si cette option est possible et acceptée ;

– une embryotomie si la césarienne est refusée (exsanguination préalable du fœtus sous anesthésie générale).

→ Si le poulain est mort :

– une mutation/extraction par voie vaginale ;

– si une ou deux parties du corps sont mal positionnées, une embryotomie partielle (une ou deux coupes) est souvent plus facile que la mutation. Cela est particulièrement vrai pour l’ankylose des carpes ou du cou. La sédation est souvent suffisante ;

-une embryotomie complète sous anesthésie épidurale ou générale ;

– une césarienne sous anesthésie générale est parfois nécessaire (si l’expérience du praticien est insuffisante en matière de fœtotomie).

D’après [5, 6, 10, 12, 13].

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