Comment faire une caudectomie thérapeutique sur cheval debout ?

La caudectomie de convenance est actuellement interdite chez le cheval. En revanche, la caudectomie reste indiquée en cas de lacérations extensives ou de lésions nécrotiques de la queue. Peu d’informations sont disponibles pour cette procédure dans les livres de référence de chirurgie des grands animaux [¹].

La technique décrite ici est établie à partir des techniques décrites chez le cheval et chez le chien [¹, ²].

Matériel nécessaire

Le matériel suivant est nécessaire :

– seringue de 10 ml, aiguille spinale 21 G jaune 9 cm, aiguille 25 G orange, seringue de 2 ml, lidocaïne 2 %, NaCl 0,9 % ;

– instruments pour tissus mous ;

– fil polyfilament résorbable (Vicryl® déc. 3,5) ;

– fil monofilament non résorbable (Ethilon® déc. 4).

Préparation

Le cheval est placé dans un travail et préalablement sédaté à la romifidine (0,04 mg/kg) ou à la détomidine (0,01 mg/kg) avec du butorphanol (0,02 mg/kg), si nécessaire. Le rectum est vidangé puis une préparation chirurgicale standard est réalisée. Une analgésie épidurale basse est effectuée préalablement avec 0,2 mg/kg de lidocaïne (soit 5 ml de spécialité à 2 % pour 500 kg) diluée dans du NaCl 0,9 % (10 ml au total pour 500 kg) (^{figure 1}). L’injection est réalisée entre les vertèbres coccygiennes Co1 et Co2. En cas de réponse partielle, une anesthésie cerclante est pratiquée à la base de la queue (^{photo 1}).

Technique

Si le site d’amputation se situe caudalement, le vétérinaire peut placer un garrot proximalement afin d’éviter d’éventuels saignements ultérieurs. Une incision cutanée est réalisée distalement au site d’amputation afin de disposer de suffisamment de peau pour pouvoir refermer. L’incision est effectuée sous la forme d’un arc de cercle dorsalement puis ventralement, afin d’obtenir deux volets de peau qui vont recouvrir le site d’amputation (^{photo 2}). La périphérie des vertèbres coccygiennes est élevée au bistouri jusqu’à l’articulation concernée. Le disque intervertébral est sectionné en commençant dorsalement puis en progressant ventralement (^{photo 3}). L’artère et la veine coccygiennes médianes situées ventralement aux vertèbres sont isolées. Ces vaisseaux mesurent habituellement de 2 à 3 mm de diamètre. Deux ligatures avec un fil polyfilament résorbable (Vicryl®) sont placées sur chaque vaisseau, puis ce fil est sectionné distalement à la deuxième ligature. Sur la partie la plus caudale où les vaisseaux sont de petite taille, la ligature n’est pas indispensable. Les dernières bandes de tissus mous sont sectionnées pour permettre une désarticulation complète.

Une suture sous-cutanée est réalisée avec un fil polyfilament résorbable (Vicryl®). La peau est ensuite fermée avec une combinaison de points de rapprochement en U verticaux et de points simples avec un fil mono­filament non résorbable (Ethilon®) (^{photo 4}).

Résultats

La procédure est relativement simple. Le risque majeur est une section iatrogène de l’artère ou de la veine coccygiennes. Des infections localisées peuvent survenir dans les jours qui suivent l’intervention. Des soins locaux suffisent généralement à traiter cette complication. En cas d’amputation complète de la queue, les chevaux sont plus sujets à être dérangés par les mouches en période estivale. Il convient de conseiller alors aux propriétaires l’utilisation de spray ou de couverture anti-mouches.

Le degré de difficulté dépend de la localisation de la lésion. Les amputations distales sont relativement simples mais les amputations proximales sont plus difficiles car la dissection des muscles coccygiens (muscles sacro-coccygiens dorsaux médiaux et dorsaux latéraux, intertransversaires dorsaux et ventraux, sacro-coccygiens ventraux médiaux et ventraux latéraux) est plus difficile et les plaies sont également plus compliquées à suturer [²]. Dans ce cas, le vétérinaire doit élever ces muscles de la vertèbre avant de les sectionner.

La ligature de la veine et de l’artère coccygiennes médianes est indispensable pour prévenir l’hémorragie. Il existe quatre plexus coccygiens (deux ventraux et deux dorsaux) dont l’hémostase peut être réalisée uniquement avec des clamps hémostatiques (^{figure 2}).

Les disques intervertébraux sont très denses. En cas de difficulté lors de la désarticulation, la mise en place d’une aiguille sur le site suspecté suivi d’une radiographie intra-opératoire peut être utile (^{photo 5}).

Références

• 1 – Adams SB, Fessler JF. Cosmetic tail amputation. In: Atlas of equine surgery, Ed. WB Saunders, Philadelphia. 2000:428 p.
• 2 – Barone R. Anatomie des mammifères domestiques – tome 2 : arthrologie et myologie. Ed. Vigot, Paris. 2000.
• 3 – White RAS. Surgical treatment of specific skin disorders. In: Textbook of small animal surgery, Ed. DH Slatter, Saunders, Philadelphia. 2002:339-355.