Réalisation du test de ventilation forcée et interprétation - Pratique Vétérinaire Equine n° 166 du 01/06/2010
Pratique Vétérinaire Equine n° 166 du 01/06/2010

Fiche technique

Auteur(s) : Laure-Aline Dequier*, Jean-Luc Cadoré**

Fonctions :
*Pôle équin, campus vétérinaire de Lyon, 1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy-l’Étoile
**Pôle équin, campus vétérinaire de Lyon, 1, avenue Bourgelat, 69280 Marcy-l’Étoile

Le test de ventilation forcée est utilisé pour augmenter la sensibilité de l’auscultation pulmonaire chez le cheval. En effet, l’auscultation apporte des informations intéressantes, mais elle ne peut être le seul outil diagnostique. Les bruits respiratoires sont difficilement audibles chez le cheval, en particulier chez les animaux bien portants [3].

Principe

Le test consiste à placer un sac sur les naseaux du cheval de façon hermétique. L’hypercapnie ainsi créée provoque une augmentation de la fréquence et de l’amplitude respiratoires.

Une solution alternative consistant à boucher les naseaux pendant 30 à 60 secondes peut aussi être mise en œuvre, mais elle induit une hyperventilation beaucoup plus transitoire [3].

Indications

Le test de ventilation forcée est indiqué dans les cas suivants :

– une suspicion d’atteinte respiratoire ;

– un examen préopératoire ;

– une hyperthermie ;

– une contre-performance ;

– un examen de transaction.

Matériel

La réalisation du test nécessite un sac en plastique neuf (10 à 20 l) et un stéthoscope.

Réalisation

Le sac en plastique est placé hermétiquement sur les naseaux du cheval (photo 1). Une personne tient le sac, en le soulevant pour éviter qu’il ne se colle aux naseaux, ce qui est très mal toléré par l’animal. L’auscultation est réalisée pendant ce temps et, surtout, au moment du retrait du sac, pendant la phase de récupération. Dans l’idéal, deux personnes auscultent chacune un poumon. Sinon, le sac est replacé pour explorer l’autre côté.

L’auscultation de la trachée est réalisée en premier. Elle peut être anormale en cas de modifications importantes de l’auscultation pulmonaire.

L’examen de l’ensemble de la région pulmonaire est effectué dans un second temps. L’aire d’auscultation est définie par trois repères (photo 2) :

– l’intersection de l’insertion des muscles dorsaux et du 16e espace intercostal ;

– de la pointe de la fesse au 14e espace intercostal ;

– de la pointe de l’épaule au 10e espace intercostal.

Chaque zone auscultée doit l’être pour un cycle respiratoire complet.

Quand les bruits respiratoires sont bien audibles et que le cheval force significativement sa respiration, le sac peut être enlevé. Il convient alors de poursuivre l’examen jusqu’à ce que l’animal ait recouvré son souffle et de noter le nombre de cycles respiratoires nécessaire à une récupération complète, ainsi que l’éventuel déclenchement d’une toux.

Précautions

• Cet examen ne doit pas être réalisé chez un cheval en détresse respiratoire.

• Le sac doit être amené doucement sur la tête du cheval, pour prévenir toute réaction de peur.

• Le sac est à usage unique pour éviter tout risque de contagiosité.

Interprétation

• Le déclenchement d’une toux indique une sensibilité des voies respiratoires [1].

• Le temps de récupération est un bon indicateur de la capacité de ventilation. Chez un cheval normal, il est de 4 à 6 mouvements respiratoires profonds.

• L’auscultation permet de mettre en évidence des bruits normaux, leur augmentation ou leur diminution et des bruits surajoutés (tableau).

Examens complémentaires

Dans le cadre d’une suspicion d’atteinte respiratoire, l’auscultation est complétée par des examens complémentaires pertinents selon l’affection suspectée :

– des radiographies du thorax ;

– une échographie thoracique ;

– une endoscopie respiratoire ;

– des lavages broncho-alvéolaires ou transtrachéaux ;

– une numération et une formule sanguines.

Chez le cheval, le test de ventilation forcée est un examen intéressant dans le cadre de l’évaluation de la fonction respiratoire. Il est peu coûteux, facile et rapide à réaliser, sans équipement particulier. Son interprétation est à rapporter au contexte clinique et un examen ne révélant aucune anomalie ne permet pas d’exclure une affection respiratoire basse.

Références

  • 1 – Couroucé-Malblanc A. Approche clinique du cheval lors de toux. Prat. Vét. Équine. 2004;36:7-14.
  • 2 – Gaillard C, Le Ninivin A, Martinot S, Fleury C, Cadoré JL. Sémiologie respiratoire chez le cheval. 1. L’examen physique. Prat. Vét. Équine. 1998;117(30):11-17.
  • 3 – McGorum BC, Dixon PM. Clinical examination of the respiratory tract. In: Equine Respiratory Medicine and Surgery. Ed. Saunders Elsevier. 2007:103-117.
  • 4 – Reed SM. Disorders of the respiratory system. In: Equine Internal Medicine. Ed. Saunders Elsevier. 2004:289-353.
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