Les abcès de la tête aux pieds

La praticienne vétérinaire que j’ai été pendant une dizaine d’années sait que les abcès sont des affections fréquentes chez le cheval.

J’ai voulu aborder ce sujet qui peut sembler classique, presque banal, mais qui, dans notre pratique, peut devenir un vrai défi, sur le plan aussi bien diagnostique que thérapeutique.

Quand je pense à un abcès, quelques situations se profilent tout de suite dans ma tête : un cheval avec une masse sur le côté de l’encolure, tellement douloureuse qu’elle l’empêche de baisser le nez, un poulain avec une grosse boule à la gorge et du mal à respirer, ou encore un cheval boiteux, le membre en l’air, le sabot chaud et sursautant au contact de la pince exploratrice. Mais ce n’est pas que ça et, même dans ces cas, le traitement peut être controversé.

Pour ce dossier de Pratique Vétérinaire Équine, nous avons donc choisi des auteurs qui puissent apporter leurs connaissances spécifiques dans plusieurs domaines et un peu de lumière sur la conduite à tenir selon les symptômes observés ou la structure atteinte. Car, si la suspicion de la présence d’un abcès est souvent forte et le diagnostic relativement aisé, les signes ne sont pas toujours spécifiques. En effet, par exemple, une hyperthermie d’origine indéterminée, de la toux, un amaigrissement peuvent être dus à la présence d’un ou de plusieurs abcès internes.

“Les abcès de la tête aux pieds” : parce que nous avons cherché à apporter des informations pratiques sur un type d’affection qui peut atteindre toute partie du corps du cheval, l’origine pouvant différer selon la localisation et les bactéries impliquées.

Dans un contexte mondial où le risque d’antibiorésistance est majeur, il est essentiel de choisir le bon traitement. Celui-ci doit être adapté à chaque cas et ne consiste pas systématiquement dans l’administration d’un antibiotique. Cela est parfois même contre-indiqué et un débridement chirurgical, le retrait d’un éventuel corps étranger et la mise en place d’un drainage sont la solution la plus efficace et la seule nécessaire. En revanche, si le processus infectieux se développe en profondeur et qu’une cellulite septique met en danger la vie du cheval, l’intervention chirurgicale doit nécessairement être associée à une antibiothérapie. Enfin, lorsque des organes vitaux sont impliqués, la résection chirurgicale se révèle impossible et le traitement antibiotique reste le seul possible.

Le choix des molécules à administrer est aussi un point clé, d’autant plus que la structure même des abcès rend inefficaces certains antibiotiques.

Nous espérons que ce dossier va vous aider à davantage suspecter et à mieux traiter ces affections parfois insidieuses.

Bonne lecture à toutes et à tous !