Workshop européen de nutrition équine - Pratique Vétérinaire Equine n° 191 du 01/07/2016
Pratique Vétérinaire Equine n° 191 du 01/07/2016

NUTRITION

Cahier scientifique

Vu, lu, entendu…

Auteur(s) : Ségolène Minster

Le 8e workshop européen de nutrition équine (EWEN) s’est tenu du 16 au 18 juin à AgroSup Dijon. Une attention particulière a été portée aux relations du microbiote intestinal avec la santé, le bien-être et les performances, avec notamment une journée de conférences intitulée “No microbes, no horse”.

Ouvert à tous les acteurs de la filière équine, le workshop a rassemblé plus de 170 participants internationaux, et les salariés de l’industrie (fabricants d’aliments et de compléments) étaient les plus nombreux, devant les “académiques” et les étudiants. Sur le thème “Goût, nutrition et santé du cheval”, des chercheurs internationaux ont fait part de leurs travaux, sélectionnés sur la rigueur de leur méthodologie par le comité scientifique. Les exposés ont montré les bénéfices d’une ration composée uniquement de fourrages pour la santé gastro-intestinale, le comportement, la provision de nutri- ments et la récupération après exercice des chevaux athlètes. Les études sur le microbiote fécal de chevaux nourris uniquement de fourrages révèlent une communauté bactérienne plus diversifiée et plus adaptable face à un changement abrupt d’alimentation. Dans une enquête menée aux États-Unis auprès d’hôpitaux vétérinaires afin de connaître les pratiques de réalimentation post opératoire, la majorité des répondants a cependant déclaré fournir une ration de fourrages et de grains. Son auteure, K. Park (Royal School of Veterinary Studies, Edinburgh), indique que, dans le contexte stressant d’une hospitalisation, une ration composée uniquement de fourrage de qualité couvrirait correctement les besoins des chevaux, réduirait le stress engendré et améliorerait potentiellement les résultats de récupération postopératoire.

Concernant les performances sportives, Brian Nielsen, professeur à l’université du Michigan, a signalé que le besoin en calories doit être estimé à partir de l’intensité de l’exercice et de sa durée. La marche a un faible coût énergétique calculé à la minute. Quand la durée est prise en compte, les besoins énergétiques d’un animal peuvent largement varier. Il a évoqué la supplémentation en cobalt, qui est devenue en quelques années une question de bien-être animal aux États-Unis. Cet oligo-élément a été utilisé pour ses propriétés stimulantes de l’érythropoïèse, donc dopantes, mais avec des effets controlatéraux potentiels, résultant en des arrêts cardio-respiratoires. Il a donc conseillé de s’en tenir aux tables de recommandations nationales, et de rester attentif à la clinique et aux performances, plutôt qu’à la précision des minéraux distribués. Samy Julliand (Lab to Field, Dijon) a présenté les résultats d’une étude concernant l’effet des apports en énergie et en protéines sur les paramètres cardio- respiratoires des chevaux de sport. Les entraîneurs peuvent nourrir tous les chevaux de l’écurie de la même manière, pour des raisons pratiques, provoquant des excès ou des insuffisances selon l’animal. L’étude n’a pas mis en évidence d’impact négatif d’un léger excès alimentaire sur les performances sportives.

Damien van Oystaeyen, de l’Agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Belgique), a présenté la réglementation de l’alimentation destinée aux chevaux. En Belgique, 54 % des équidés sont destinés à la filière bouchère, d’où la nécessité de connaître les matières premières de leur alimentation. Or les propriétaires sont demandeurs de produits avec des allégations très larges. Afin de protéger les propriétaires et les consommateurs, l’étiquetage doit répondre aux définitions du règlement européen 767/2009. L’allégation « aide à la convalescence des chevaux », par exemple, est protégée, et correspond à des concentrations élevées en nutriments essentiels et en composants très digestibles.

Pour conclure, le comité scientifique de l’EWEN a félicité Morgane Roble (Institut national de la recherche agronomique, Jouy-en-Josas) pour son travail sur l’adaptation du placenta lors de légère sous-nutrition maternelle, afin d’assurer la croissance fœtale, et Pauline Grimm (AgroSup Dijon) pour ses travaux ayant trait à l’impact des régimes alimentaires sur le microbiote intestinal. Le comité scientifique a présenté ses futurs objectifs : publier un consensus sur l’alimentation des chevaux à base de fourrages conservés et accueillir toujours plus d’étudiants au prochain workshop qui aura lieu en Finlande, en août 2018.

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