Enjeux de la nutrition équine aux Journées nationales des GTV 2016 - Pratique Vétérinaire Equine n° 190 du 01/04/2016
Pratique Vétérinaire Equine n° 190 du 01/04/2016

NUTRITION

Cahier scientifique

Vu, lu, entendu…

Auteur(s) : Ségolène Minster

La nutrition était à l’honneur lors des dernières journées nationales des GTV. Les ateliers équins ont passé en revue la physiologie et la physiopathologie de chaque segment du tube digestif, de la bouche au rectum, puis abordé le rationnement en pratique courante.

Physiopathologie de l’appareil digestif

Concernant la dentisterie, Pierre Chuit a présenté l’hypercémentose et la résorption odontoclastique des dents des équidés (EOTRH), connue comme telle depuis 2008. Cette affection, qui touche principalement les incisives et les canines des chevaux âgés, majoritairement mâles (cela est encore inexpliqué), se présente cliniquement par des « incisives de grande longueur, noircies, bordées d’une gencive déformée par l’hypercémentose qui entoure la racine », les gencives adjacentes pouvant présenter un liseré gingival blanchâtre ou des points rouges. Une sensibilité dentaire est identifiée par la réticence du cheval à boire de l’eau froide et à croquer ses aliments. Le traitement consiste à diminuer la pression, par le raccourcissement des dents atteintes, à la scie plutôt qu’à la râpe, alors qu’une dent mobile est préférablement extraite.

Le premier prix de thèse a été attribué à Anne-Laure Pizzetta, pour son analyse des données scientifiques établies en dentisterie équine, qui pourrait servir de référence à qui souhaite réaliser des actes prophylactiques et de performance à la lumière de la médecine factuelle. Partant du constat que de nombreuses interventions sont réalisées sans preuve de leur efficacité, l’objectif était de déterminer les meilleurs outils diagnostiques et thérapeutiques afin de préserver la vitalité et la croissance des dents. Ce travail conclut notamment qu’une anomalie mineure de dentition ne présage en rien de la perte d’état d’un cheval, et qu’il n’est pas nécessaire d’extraire une dent de loup chez un adulte sans gêne clinique ni défense au mors.

L’œsophage des équidés est un conduit long et étroit (3 cm de diamètre pour 1,20 m à 1,50 m de longueur). En partie cervicale, la vitesse de propulsion du bol alimentaire est plus rapide que dans le segment thoracique, qui de plus est horizontal : celui-ci est le siège de la majorité des bouchons œsophagiens. Jean-Jacques Roy, par ailleurs nouveau président de la commission équine de la Société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV), a rappelé les facteurs favorisants de cette affection : état défectueux des dents, comportement alimentaire de compétition, gloutonnerie, distribution de tonte de gazon, etc. Le sondage naso-œsophagien constitue une obligation de moyens.

Samy Julliand a indiqué que le rôle de fermenteur de l’estomac est connu seulement depuis 10 ans. Contrairement à ce qui était considéré, le bol alimentaire stationne dans l’estomac, et ce pendant une durée variable en fonction du volume et de la biochimie (notamment la teneur en amidon) de la ration reconnue par l’estomac. Deux heures et demie après l’ingestion de 1,5 kg d’une ration à 40 % d’amidon, seule la moitié a été évacuée, alors que les liquides et les fourrages transitent en quelques dizaines de minutes. L’écosystème bactérien gastrique exerce une grande partie de la digestion amylolytique.

Alimentation du cheval sénescent

Plusieurs exposés se sont intéressés à l’alimentation du cheval âgé. En effet, un quart de la population équine française a plus de 15 ans, et l’amaigrissement est souvent le premier symptôme décelé par le propriétaire. Bernard Lesobre a ainsi indiqué que « le cheval âgé est un cheval adulte moins tolérant », qui nécessite des protéines de meilleure qualité et en plus grande quantité (14 à 16 % de sa ration contre 12 à 13 % dans la ration d’un adulte), de l’énergie d’origine lipidique, un apport en vitamine C et en sélénium. Rapprocher l’abreuvoir de l’auge permet aussi de limiter la sous-alimentation de l’animal âgé. L’apport de son aux propriétés émollientes et anti-inflammatoires serait également bénéfique.

Céline Faubladier a indiqué que le vieillissement est associé à une baisse de la diversité microbienne chez le cheval. Des études menées sur les supplémentations pré- et postbiotique (ProbioactiFAP®) tendent à montrer une amélioration de la note d’état corporel, attribuée à une meilleure assimilation due à un effet trophique sur les villosités du tube digestif, et une augmentation de la créatinine suggérant une reprise de la masse musculaire. Prendre soin du microbiote intestinal serait alors un levier d’action de reprise d’état chez le cheval âgé.

Rationnement

Les rations des chevaux s’appuient sur des tables de références différentes selon le pays. Les allemands distribuent du blé, les américains du maïs, etc. « La physiologie du cheval est pourtant identique, mais les rations se raisonnent différemment » a indiqué Samy Julliand. Face à une incidence de coliques hors norme dans une écurie, Alain Sensenbrenner conseille de réaliser une enquête épidémiologique, et notamment un rapide rétrocalcul de la quantité de fourrages consommés, à partir des factures : malgré la satisfaction des propriétaires, la distribution de fourrage est souvent insuffisante. Il convient aussi de peser régulièrement la quantité distribuée, avec le propriétaire, afin de se “réétalonner”, et de respecter le dogme “concentré après le fourrage”, les transitions alimentaires sur 8 jours, surtout pour un nouveau fourrage, et d’éviter la surconsommation de forte pousse d’herbe. Pour nourrir la flore fibrinolytique du tube digestif, 6 kg de fourrage par jour sont au minimum nécessaires, mais pour le comportement de l’animal, le double est recommandé. Selon la valeur du fourrage (d’après les tables de l’Institut national de la recherche agronomique ou une analyse), l’apport de concentrés est requis (ou non) pour couvrir les besoins en énergie et en protéines. Il y a pas d’avantage à apporter plus, l’idéal est d’apporter la bonne quantité. À l’origine de dysbioses, les excès d’amidon seraient plus délétères que les excès protéiques. Samy Julliand a ironisé sur le fait que 30 ans de recherche ont permis de conclure que le cheval, herbivore, doit manger du foin !

Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Pratique Vétérinaire Equine.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à Pratique Vétérinaire Equine, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr