L’examen clinique de base dans la visite vétérinaire de transaction - Pratique Vétérinaire Equine n° 174 du 01/04/2012
Pratique Vétérinaire Equine n° 174 du 01/04/2012

Article de synthèse

Auteur(s) : Philippe Lassalas*, Mickaël Robert**, Sophie Mercier***, Xavier Gluntz****

Fonctions :
*Clinique vétérinaire du Lys
663, avenue Jean-Jaurès
77190 Dammarie-lès-Lys
**Clinique vétérinaire du Lys
663, avenue Jean-Jaurès
77190 Dammarie-lès-Lys
***Clinique vétérinaire du Lys
663, avenue Jean-Jaurès
77190 Dammarie-lès-Lys
****Clinique vétérinaire du Lys
663, avenue Jean-Jaurès
77190 Dammarie-lès-Lys

La visite vétérinaire de transaction est un acte courant en pratique équine. Elle repose principalement sur les examens clinique et orthopédique du cheval, qui orientent vers les investigations complémentaires jugées nécessaires.

Il n’existe pas de statistiques régulières sur les transactions de chevaux en France. Les dernières données dont nous disposions proviennent de l’examen d’environ 5 000 transferts de propriété sur l’année 2002 (sur 21 000 renouvellements d’enregistrement d’identité cette année-là). Environ 75 % de ces transferts concernent des chevaux destinés à la compétition amateur ou aux loisirs. Dans 43 % de ces cas, les acheteurs font examiner l’animal par un vétérinaire avant la transaction. Il s’agit donc d’un acte pour lequel le vétérinaire est régulièrement sollicité. Les chevaux les plus vendus semblent être ceux qui appartiennent à la tranche d’âge de 6 à 8 ans (déjà dressés) [9].

De plus, le prix parfois élevé de la transaction et le souci légitime de l’acheteur d’être protégé doivent conduire le vétérinaire chargé d’effectuer le bilan d’aptitude (ou ce qu’il est convenu d’appeler la visite vétérinaire de transaction [VVT]) à adopter une attitude méthodique et une interprétation rigoureuse [12].

La question du protocole idéal de radiographies lors de la VVT fait débat parmi les institutions vétérinaires et les associations d’élevage des différents stud-books [5, 13]. Le protocole de VVT clinique n’est souvent considéré que comme la compilation des données fournies par l’examen de chacun des grands appareils de l’organisme [14, 15].

Une étude récente portant sur des chevaux militaires rapporte que les constatations de pronostic défavorable sont effectuées le plus souvent lors de l’examen de l’appareil locomoteur et du bilan radiographique.

Cet article développe donc davantage la recherche des affections locomotrices [1]. Les examens complémentaires (fibroscopie, radiologie, etc.) n’y sont pas envisagés.

Les travaux sur la fréquence d’apparition des troubles locomoteurs par disciplines sportives permettent de mieux orienter l’examen de l’appareil locomoteur dans le cadre de la VVT (tableau 1) [4, 6, 11, 17].

Nous présentons notre méthode d’examen clinique, les constatations anormales les plus fréquentes et des particularités associées à certaines disciplines.

Formalités préalables et recueil des commémoratifs

Il importe que le vétérinaire connaisse le cadre juridique de son exercice.

Il convient, tout d’abord, de rappeler la liste des vices rédhibitoires dont le diagnostic (au regard de l’ancienneté de la loi) est fréquemment fondé sur des constatations cliniques (tableau 2, photo 1).

La plus grande vigilance est de mise concernant les vices rédhibitoires et la rédaction du rapport car la législation n’est pas fixée. C’est donc actuellement la directive de garantie de conformité qui s’applique pour les particuliers. Lors d’un achat par un particulier, ces vices rédhibitoires sont donc les seuls qui soient pris en compte pour les animaux, après le revirement de juris­prudence de la Cour de cassation. La responsabilité du vendeur étant dégagée, c’est contre le vétérinaire ayant effectué la VVT que l’acheteur se retourne, le plus souvent pour défaut d’information.

Cadre de l’examen

Dans certains cas, lorsque le vendeur et l’acheteur sont présents lors de l’examen vétérinaire (ce qui est recommandé), il est aisé de préciser au client (généralement l’acheteur) les limites de notre exercice et les informations apportées par les différents examens effectués. Ainsi, un consentement éclairé sur les moyens mis en œuvre pour aboutir à la conclusion peut être obtenu. L’établissement d’un document préalable signé par le donneur d’ordre est souhaitable. La preuve du recueil du consentement éclairé est souvent déterminante en cas d’éventuelles contestations. Ce document peut également servir de bon de commande (vis-à-vis du paiement ultérieur). Certains pays, comme le Royaume-Uni et les Pays-Bas (où le vétérinaire doit être agréé pour pratiquer la VVT), utilisent des protocoles très standardisés (five stage pre-purchase examination) auxquels l’acheteur peut souhaiter que le vétérinaire se conforme [2].

Dans d’autres cas, par exemple les visites préalables aux sélections pour des ventes aux enchères, les limites de l’examen sont fixées par un protocole établi. Il appartient alors à l’acheteur, qui n’est pas connu au moment de l’examen, de s’entourer des conseils du vétérinaire de son choix lors de l’achat afin de faire procéder à l’interprétation des données fournies.

Conditions d’examen

Il importe également que le vétérinaire s’assure que les lieux se prêtent à l’examen d’un cheval dans des conditions satisfaisantes de sécurité. Il doit pouvoir disposer d’un endroit calme, d’une allée en sol dur d’une trentaine de mètres de long, d’un box ou d’une pièce sombre, et d’un périmètre où l’animal peut être examiné aux différentes allures. Une attention particulière doit être portée à la qualité du sol dur (adhérence) où le cheval sera mis à trotter sur le cercle. La responsabilité du vétérinaire en qualité de gardien de l’animal concerne également les aides présents.

Le cheval est présenté au repos (sans échauffement préalable). Ses niveaux actuels d’entraînement et d’activité doivent être connus. La question de l’administration d’une médication récente, quelle qu’elle soit, est à poser (au regard du contrôle antidopage).

Identification et vaccinations

La visite doit commencer par l’examen du livret signalétique, la vérification du signalement ou du transpondeur, et du statut du cheval vis-à-vis des vaccinations (au regard de la discipline et du niveau exercé car les réglementations prévoient des durées de validité différentes pour les mêmes vaccins). Dans le cas où le signalement ne semble pas parfaitement conforme aux documents présentés, il est relevé et une formule du type « cheval présenté sous le nom de… » est insérée dans le rapport. La vigilance est de règle pour les équidés récemment importés et qui ne disposent parfois que de leurs documents en langue étrangère. Le volet sanitaire doit être vérifié. La constatation d’un test de Coggins positif emporte la résolution de la vente (vice rédhibitoire).

Anamnèse

Une attention particulière est apportée au recueil de l’anamnèse, ancienne ou récente.

Il appartient au vétérinaire de poser les bonnes questions et de s’appuyer éventuellement sur des éléments objectifs : support vidéo, constatations de l’acheteur lors de son essai, etc.

Ce point est particulièrement vrai pour les chevaux de haut niveau, montés par des cavaliers professionnels. Par exemple, les signes d’appel d’une recherche d’affections locomotrices pour les principales disciplines équestres sont connus (tableau 3).

La limite réside dans la volonté de communiquer du vendeur. Dans bien des cas, la loi du silence est de règle. Cependant, il est important de mentionner dans le rapport les questions envisagées et les réponses apportées, même s’il ne s’agit que d’une simple retranscription sous la formule « selon la déclaration de Monsieur… ».

Dans le cas des chevaux de niveau moindre, les troubles locomoteurs sont souvent moins spécifiques et se rapprochent des anomalies présentes chez les animaux d’école, comme des douleurs podales liées à des déséquilibres du pied, un syndrome podotrochléaire, des affections dégénératives du pied, du boulet ou des étages distaux du tarse, une desmite du ligament suspenseur du boulet ou des ligaments sésamoïdiens distaux.

Observation

De manière simultanée au recueil de l’anamnèse, l’observation de l’animal libre dans son box peut fournir des éléments permettant de commencer à se forger une opinion quant à son caractère (par exemple, mise en évidence de tics comportementaux).

L’étude comporte ensuite quatre parties :

– un examen statique ;

– un examen dynamique ;

– des investigations complémentaires ;

– l’établissement du rapport.

Examen statique

Examen général visuel direct

Cette phase est capitale, et le temps qui lui est consacré n’est jamais trop important. Elle peut se dérouler au box, sur une surface plane, ou à l’extérieur dans un espace restreint, au calme. Le cheval est tenu en main avec un système de contention adapté à chacun (caveçon, licol, bride, etc.). Les membres ont parfois été brossés pour que tous leurs contours soient visualisés correctement. L’examen commence par l’appréciation de l’état général d’embonpoint de l’animal.

Courbe respiratoire

L’examen de la courbe respiratoire, la présence d’un entrecoupement et la répartition entre la phase inspiratoire et la phase expiratoire sont susceptibles de fournir des informations en ce qui concerne la présence de maladies chroniques des petites voies respiratoires.

Examen dermatologique

Certaines maladies de la peau sont détectées à cette occasion : tumeurs cutanées (des sarcoïdes, par exemple), signes d’une dermite estivale récidivante (“ardeurs” ou hypersensibilité aux piqûres d’insectes), etc. (photos 2 et 3).

Recherche des déformations et anomalies

Cette recherche consiste à repérer toutes les anomalies : tare dure (suros) ou molle (molette), défauts d’aplomb, appréciation de l’état général et de la musculature (en particulier dorsale), attitude, positionnement des différentes parties du corps, cicatrices traumatiques ou chirurgicales (photo 4). L’observation doit être méthodique et commencer par le bout du nez (face, mandibule, maxillaire, etc.), pour se terminer à la queue, en attachant une grande importance à l’évaluation des symétries.

Le vétérinaire peut ainsi repérer une paralysie faciale et l’atrophie de certains groupes musculaires. Le port de tête et d’encolure peuvent révéler certaines affections neurologiques. Le soulagement systématique de certains membres est noté.

Les cicatrices importantes doivent être relevées (suites d’une chirurgie de cornage, névrectomie, séquelles de correction d’aplomb, cicatrices de chirurgie abdominale, conséquences de traumatismes, etc.).

Pour certaines régions, il est extrêmement utile de se placer de trois quarts par rapport à la zone observée (musculature dorsale ou fessière). Certains défauts apparents de conformation du dos doivent être confrontés à l’état général du cheval (chez un cheval maigre, les défauts de conformation paraissent plus prononcés).

Lors de la découverte d’anomalies, il convient de toujours les comparer avec le côté opposé. Pour la symétrie du bassin, le vétérinaire met en relation la visualisation de la ligne des tuber sacrale et tuber coxae (une légère asymétrie de la pointe des tuber sacrale n’est d’ailleurs pas significative) (photo 5).

Une attention particulière doit être portée à l’examen visuel de l’appareil génital : descente et symétrie testiculaires chez le mâle, conformation vulvaire (avec ou sans suture vulvaire) chez la femelle.

Examen des membres

Une grande variété de défauts d’aplomb existe et leur description remonte aux débuts de la médecine vétérinaire. Si la tolérance des chevaux à ces derniers est assez grande, il convient pourtant de les noter. La sévérité de jugement est pondérée par l’utilisation envisagée et par son niveau.

Enfin, il est nécessaire d’évaluer l’association de ces défauts entre eux, comme les jarrets droits accompagnés d’une extrémité long-jointée, les boulets ronds associés à des déformations en varus ou en valgus (photo 6). À l’inverse, certains ne sont que la conséquence d’autres malformations. Chez les chevaux panards, une déformation corollaire du pied existe souvent : la partie latérale est plus évasée et la paroi interne plus droite. Un cheval dont le développement musculaire au poitrail est insuffisant est souvent panard, etc.

La distension d’une région n’est pas forcément synonyme d’affection importante (distension modérée de la gaine tarsienne ou molettes tendineuses, par exemple). D’autres cas sont plus significatifs : distension en couronne, déformation en région proximale du muscle interosseux ou des tendons, distension du grasset (région fémoro-tibiale médiale ou fémoro-patellaire) (photo 7).

Région du pied

L’examen de la région du pied revêt une importance particulière. L’état de la ferrure et du parage est tout d’abord évalué. Il n’est pas rare d’examiner des jeunes chevaux chez lesquels un maréchal-ferrant n’est pas intervenu depuis de nombreux mois. Cela n’est pas sans conséquences sur les observations effectuées lors de l’examen dynamique de l’appareil locomoteur.

Sous ces réserves, toute différence de hauteur entre les deux pieds doit être notée (au regard d’une atrophie éventuelle), et les aplombs antéro-postérieurs et la symétrie par rapport au plan sagittal doivent être analysés à la lumière des conséquences biomécaniques qu’ils peuvent induire (photo 8). C’est le cas par exemple chez :

– un cheval présentant des pieds assez plats et larges. Il a alors fréquemment un moins bon posé du pied sur le cercle en terrain dur au trot ;

– un cheval avec une pince longue. Il peut donner l’impression de trébucher fréquemment.

L’analyse de l’usure du pied ou des fers n’est pertinente que si le cheval est déjà débourré et exerce un travail d’une intensité voisine de celle de son utilisation future.

Après cette phase de la VVT, le vétérinaire a une idée du caractère du cheval, ce qui le conduit à adopter certaines mesures pour le bon déroulement de la suite de l’examen (contention ou précautions).

Palpation

La main est l’instrument qui permet de compléter les données de l’examen visuel des distensions, des tares dures, etc. L’auscultation du dos peut se révéler délicate d’interprétation dans le cas d’un cheval peu manipulé.

La palpation de la région des tendons est minutieuse et systématique, sans omettre de vérifier le rétinacle carpien au-dessus de la région du carpe.

Les flexions, les extensions et les tests de manipulation passifs sont réalisés en tenant compte du degré de coopération du cheval, surtout en ce qui concerne le test de pression et de manipulation de la rotule (les résultats de ce dernier test sont à confronter à l’état de musculature de l’arrière-main en cas de suspicion d’accrochement rotulien). Ces examens contribuent également à évaluer la gêne occasionnée par un shivering.

La pince exploratrice est utilisée pour la palpation du pied.

La palpation de la zone testiculaire est primordiale en cas de doute après l’examen visuel chez le cheval entier ou chez un hongre (séquelles de castration). Toute mauvaise descente testiculaire doit être signalée.

La palpation du larynx et la réalisation du slap test sont importantes. La palpation de la région jugulaire permet de repérer les signes d’une thrombo-phlébite ancienne.

Celle d’un thrill dans la région cardiaque doit conduire à redoubler de vigilance durant l’auscultation.

Examen ophtalmologique

L’examen ophtalmologique commence par un examen visuel. Le matériel nécessaire pour la suite regroupe une lampe torche produisant une lumière d’intensité suffisante et un ophtalmoscope direct.

Il se conduit tout d’abord à la lumière normale. L’attitude du cheval et sa capacité à se mouvoir dans un environnement inconnu sont les premiers éléments d’appréciation. La symétrie faciale et oculaire (gauche par rapport à droite), la position, la taille et les mouvements du globe oculaire sont vérifiés. L’appréciation de douleurs oculaires modérées (blépharospasme, clignement à la menace) ne peut avoir lieu que lorsque la tête n’est pas maintenue trop fermement. La palpation du globe oculaire permet de vérifier la troisième paupière, le réflexe palpébral et l’état de tension du globe oculaire.

La suite de l’examen se déroule dans le noir. Tout d’abord, à la lampe, en appréciant la transparence des différents milieux de l’œil, la projection des images de Purkinje et les réflexes photomoteurs (direct et indirect). Puis à l’ophtalmoscope direct, par le contrôle du fond de l’œil (en particulier le tapis clair et la papille) et les différentes transparences.

Parmi les anomalies les plus fréquemment repérées, le vétérinaire peut constater :

– des cataractes (juvéniles ou acquises consécutivement à un épisode d’uvéite) (photo 9) ;

– des kératites (photo 10) ;

– des ulcères cornéens ;

– des synéchies ;

– des opacités dans le vitré ;

– des signes de choriorétinite ;

– des néoplasmes.

L’examen vise à déterminer l’existence d’anomalies, à évaluer la gêne visuelle mais également à préciser à l’acheteur l’évolution probable des lésions observées, en particulier au regard de la récidive. Les signes d’uvéite récidivante (fluxion périodique) doivent être évalués avec le plus grand soin (encadré). L’échographie oculaire peut préciser le bilan lésionnel (photo 11).

Examen de la cavité buccale

Outre l’examen visuel externe, l’observation de l’intérieur de la cavité buccale est pratiquée, même de manière sommaire et sans pas-d’âne. Elle est réalisée dans de meilleures conditions lorsque le cheval subit une sédation en vue de tests complémentaires.

Chez le jeune cheval, des dents de loup ou un retard à la chute des incisives sont fréquemment rencontrées. La présence de déformations sur la mandibule en regard de PM1 à PM3 n’est pas toujours pathologique (2 and 3 years bumps des Anglo-Saxons).

Le repérage des signes de tic à l’appui ou de brachygnathisme (bégu, etc.) est important.

Une odeur fétide de la bouche doit impérativement conduire à un examen approfondi de la cavité buccale.

Auscultation cardio-respiratoire

L’auscultation cardiaque au repos permet de dépister l’existence de souffles ou d’une arythmie. Déterminer les raisons d’un souffle cardiaque dépisté à l’auscultation est souvent complexe et peut nécessiter le recours à l’examen échocardiographique.

Les souffles repérés sont bénins dans 90 % des cas même si leur détection conduit souvent à un refus d’achat ou à une baisse du prix [16].

Ils sont alors généralement concomitants du début de l’éjection systolique, d’intensité faible à modérée et plutôt situés du côté gauche. Parmi les éléments importants, il convient de constater la fin du souffle avant la survenue du deuxième bruit. Certains souffles bénins surviennent en outre tôt dans la diastole, sont de fréquence assez aiguë et plutôt localisés à la base du cœur. Ils sont fréquemment mieux repérés après effort.

Les souffles pathologiques correspondent en général chez le cheval à des insuffisances valvulaires ou à des défauts congénitaux. Parmi eux, ceux qui sont associés à une communication interventriculaire sont généralement d’intensité très forte, couvrent la totalité de la systole et sont entendus aussi bien à droite qu’à gauche.

Bien entendu, le recours éventuel à l’échocardiographie permet de préciser le diagnostic [18].

Parmi les arythmies, les seules pouvant être considérées comme physiologiques sont les blocs auriculo-ventriculaires du deuxième degré et les arythmies sinusales.

L’auscultation respiratoire est systématique. Elle est parfois décevante au regard du dépistage d’éventuelles bronchopneumopathies obstructives. L’auscultation au sac est pratiquée suivant le degré de coopération de l’animal, le déclenchement d’une toux à cette occasion peut être évocateur d’une maladie des petites voies respiratoires. L’analyse de la courbe respiratoire est importante et les caractéristiques médico-légales de la toux de “l’emphysémateux” sont définies par une toux sèche, petite, quinteuse et sans rappel.

L’auscultation est renouvelée après effort.

Examen dynamique

L’examen dynamique est conduit au pas, au trot en ligne droite sur terrain dur, au pas sur le huit de chiffre sur terrain dur. Suivant la discipline, le cheval est également examiné :

– au trot sur la volte en terrain dur et en terrain mou ;

– au galop : en liberté, à la longe dans un espace clos sur terrain mou.

Dans certains cas et même s’il ne s’agit pas d’une pratique systématique, l’examen au travail (en fonction de la spécialité) peut donner des éléments d’informations complémentaires. Un support visuel (enregistrement vidéo d’une séance de travail) peut se révéler nécessaire.

Ces examens sont parfois difficiles à effectuer chez le jeune cheval (en particulier chez ceux non débourrés) ou selon la discipline (les chevaux de course ne savent pas bien tourner en longe), voire irréalisables car dangereux (volte sur terrain dur, si le sol est glissant). L’expérience et la prudence doivent guider le vétérinaire.

Une sédation légère (par exemple, 0,3 ml de Vétranquil(r)) permet parfois de poursuivre l’examen avec moins de danger pour l’opérateur comme pour le cheval. Cette pratique ne peut se réaliser qu’avec l’aval du vendeur.

Examen au pas en ligne droite

L’examen au pas en ligne droite est fondamental. Le vétérinaire observe la locomotion du cheval à cette allure sur un aller-retour en terrain dur et plat d’environ 30 mètres. Il permet de confirmer les données de l’examen visuel statique, d’apprécier l’amplitude des différentes phases de la foulée, de mesurer la descente des boulets, d’apprécier la circumduction des postérieurs (au regard du diagnostic de l’ataxie spinale) en portant une attention particulière au virage serré que le cheval doit effectuer avant son retour vers l’observateur. Il est également utile de lui faire réaliser quelques pas de reculer, en gardant la tête haute (inspection de la rotule, repérage de l’ataxie).

L’observateur peu expérimenté doit s’attacher à examiner de manière séparée le mouvement de chaque articulation en le comparant avec la même articulation du côté opposé.

Examen sur le huit de chiffre au pas

L’examen sur le huit de chiffre au pas permet d’évaluer relativement facilement la coordination du cheval (recherche d’ataxie), mais aussi l’importance respective des phases antérieure et postérieure de la foulée. Le vétérinaire peut également observer la façon dont le cheval incurve sa ligne du dessus et répartit ses appuis.

Tests de flexion

Le principe de réalisation des tests de flexion est connu et il convient de ne pas omettre la notion de test d’appui qui en est le corollaire [15]. Les résultats sont consignés suivant un mode standardisé qui fait appel aux notions de gradation de la boiterie éventuellement provoquée.

Il est préférable de les effectuer à ce moment de l’examen, avant un échauffement prononcé.

Ces tests présentent un intérêt marqué surtout dans le cadre du diagnostic topographique des boiteries car il existe des faux négatifs (phase de repos, processus lésionnel non inflammatoire, etc.).

Leur réalisation est parfois difficile chez les jeunes chevaux peu dressés. Leur interprétation pronostique est d’autant plus pertinente que le cheval se trouve à son niveau d’activité usuel.

Examen au trot en ligne droite

L’examen au trot en ligne droite se déroule sur un aller-retour en laissant la tête libre. L’observation du cheval dans une allure calme est parfois difficile. L’environnement est à considérer et une légère sédation peut être utile. Le balancier de l’encolure ainsi que le mouvement du bassin (tuber sacrale, tuber coxae) sont particulièrement observés. L’information auditive du bruit des pas sur le sol permet souvent à elle seule d’avoir une information sur la rectitude des allures. Le moment où le cheval décélère peut également être riche d’informations (rotule, coordination). En cas de doute, l’examen peut être répété plusieurs fois.

Examen au trot sur le cercle en terrain dur

L’examen au trot sur le cercle sur terrain dur n’est pas toujours réalisable. Il consiste à examiner le cheval au trot, aux deux mains, au bout d’une longe, sur un cercle de 10 à 15 mètres de diamètre. Il permet d’amplifier des anomalies locomotrices mineures, donc de mieux les dépister [15].

Le caractère, le manque d’éducation du cheval, son usage (course, par exemple) et la qualité du sol peuvent rendre le test dangereux. La coopération de la personne qui le tient est essentielle, et la pose de protection sur les membres du cheval est conseillée.

Si le sol est irrégulier, caillouteux, glissant et le cheval mal ferré, il convient de confronter les résultats de l’examen au résultat des tests précédents. Sous ces réserves, ce test est considéré comme fondamental dans l’évaluation de la locomotion du cheval.

Il existe cependant une variation considérable dans l’expression du trot chez un cheval dans ces circonstances. Son format et son degré d’éducation et d’appréhension doivent être intégrés dans l’impression générale que garde le clinicien.

Le cheval peut être d’abord longé sur une surface moins dure, voire très souple, puis ramené sur le terrain d’examen.

Examen au galop

Cet examen est utilisé pour l’analyse de la locomotion (principalement la ligne du dessus et la locomotion postérieure), mais l’écoute de la survenue d’éventuels bruits respiratoires ne doit pas être omise (bruits de cornage). Ce test est réalisé de préférence à la longe, dans un espace clos et sur un cercle de bon diamètre. Si l’opérateur n’est pas compétent, il peut être exécuté en liberté dans un manège. Le degré de dissociation postérieure, la souplesse des mouvements du dos et un éventuel galop à faux sont visualisés.

L’effort doit être progressif. À titre indicatif, le cheval doit atteindre une fréquence respiratoire synchrone de la fréquence du galop et maintenir ce niveau d’exercice pendant 2 minutes environ (dans le cas des chevaux de sport).

Chez les chevaux de course, le choix s’oriente plutôt vers un test à la piste [13].

Auscultation après effort

L’examen pratiqué au repos est répété après l’effort, et la vitesse de récupération du cheval est notée.

Les tests précédents l’examen de la locomotion peuvent être renouvelés après l’effort et un temps de repos, ce qui permet parfois de mettre en évidence des irrégularités plus subtiles.

Examens cliniques complémentaires

Test du surfaix

Le test du surfaix est à utiliser avec précaution chez un jeune animal qui n’a jamais été sanglé auparavant. Il constitue un élément d’information supplémentaire du fonctionnement dorsal.

Test de la planche

Il est réalisé pour préciser les résultats des constatations de l’examen de la locomotion, par exemple chez un cheval présentant une phase postérieure de la foulée réduite sur le huit de chiffre. Ce test n’est pas systématiquement effectué chez les jeunes chevaux.

Établissement du rapport

À la suite de la réalisation de ces examens, un rapport est établi. Il reprend tous les points développés ci-dessus. Il doit être clair (compréhensible par les néophytes) et, comporter seulement un avis médical par rapport aux constatations et aux risques que représentent les anomalies observées pour l’utilisation future du cheval. Une obligation d’information doit être remplie et il n’est pas demandé au vétérinaire de conseiller l’acheteur ou le vendeur sur l’opportunité de la transaction.

Il est utile de joindre à ce rapport les éléments permettant d’objectiver le recueil du consentement éclairé donné par le demandeur pour la mise en œuvre des différentes techniques décrites plus haut.

Des tests complémentaires (par exemple la radiologie, une fibroscopie respiratoire ou une échographie) peuvent être mis en œuvre dans un cadre de dépistage systématique ou en complément de l’examen clinique. Ils doivent être soigneusement décrits et interprétés, quelle qu’en soit l’incidence, directe ou indirecte, sur la conclusion du rapport. L’examen clinique (sauf dans le cas particulier du cheval qui n’est pas en travail) reste cependant le meilleur moyen d’évaluer la tolérance des éventuelles lésions repérées lors de ces ­examens complémentaires, donc de répondre à la demande d’information de l’acheteur.

Conclusion

L’examen clinique du cheval lors de la visite vétérinaire de transaction est à pratiquer de manière méthodique et exhaustive afin d’apporter une sécurité maximale (au regard des données actuelles de la science) aux acheteurs et aux vendeurs mais aussi au vétérinaire et à l’animal reçu. C’est, de surcroît, un examen qui fait appel à toute l’expérience du vétérinaire lorsqu’il s’agit de conclure (ou non) à l’évolution prévisible des anomalies éventuellement constatées. Son jugement doit donc, plus que dans toute autre circonstance, s’appuyer sur le principe de déontologie « Primum non nocere », que ce soit vis-à-vis du cheval, de l’acheteur, mais aussi du vendeur.

Références

1 – Boue S, Ribot X, Santinelli Y. Analyse des motifs d’inaptitude lors de VVT à la Garde républicaine sur 4 générations de chevaux. Bull. Soc. Vét. Prat. de France. Janvier/septembre 2007;T91(1/2/3). 2 – British equine veterinary association, Mair T S. The pre-purchase examination. Equine Vet. J. publications Ltd. 1998. 3 – Canonne A. Bilan d’activité d’un centre de référé en pathologie locomotrice équine : le Cirale (1999-2007). Thèse Méd. Vét., Alfort. 2009. 4 – Cohen ND, Peloso JG, Mundy GD, Fisher M, Holland RE et coll. Racing-related factors and results of prerace physical inspection and their association with musculoskeletal injuries in thoroughbreds during races. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1997;211(4):454-463. 5 – Couroucé A. Pathologie ostéo-articulaire chez le jeune trotteur français : prévalence, score radiographique et relation avec la performance. Journées Avef 2000, Strasbourg. 6 – Denoix J-M, Valette JP. Pathologie ostéo-articulaire chez le jeune (incidence, évaluation clinique, facteurs de risque et conséquences). 27e Journée de la recherche équine, Les haras nationaux, Paris, France. 2001:101-113. 7 – Dyson SJ. Lameness and poor performance in the sporthorse : dressage, show jumping and horse trials. J. Equine Vet. Sci. 2002;22(4):145-150. 8 – Dyson S, Murray R, Tranquille C, Adams V. Association of type of sports and performance with anatomical site of orthopaedic injury and injury diagnosis. Pferdeheilkunde. 2006;22:653-654. 9 – Fresnais Dany. Enquête sur les transactions de cheval de selle en France. Les haras nationaux, Direction du développement, Observatoire économique et social du cheval. Août 2003. 10 – Froger V. La VVT du cheval de selle. Thèse Méd. Vét., Toulouse. 1984;21. 11 – Hamlin MJ, Hopkins WG. Retrospective trainer-reported incidence and predictors of health and training-related problems in standardbred racehorses. J. Equine Vet. Sic. 2003;23(10):443-452. 12 – Moraillon R. La VVT du cheval en droit français. Journées Avef 2000, Strasbourg. 13 – Paumier J. Éléments pratiques pour la VVT du cheval de course. Thèse Méd. Vét., Nantes. 2002:129 14 – Stock K, Haman H, Distl O. Factors associated with the prevalence of osseous fragments in the hind joints of Hanoverian warmblood Horses. Vet. J. 2006;171:147-156. 15 – Tournelle Y. Étude rétrospective de 188 visites d’achat de chevaux de sport et de loisirs dans une clientèle de région parisienne. Thèse Méd. Vét., Alfort. 2007. 16 – Verdegaal LJMM, Voorhout G, Van Loon G, Sloet M. Heart murmurs found at prepurchase or veterinary examinations-Inventory and follow-up of 77 clinically healthy horses. Pferdeheilkunde. 2002;18(3):263-272. 17 – Vigre H. Risk factors for the hazard of lameness in Danish standardbred trotters. Prev. Vet. Med. 2002;56:105-107. 18 – Young LE, Rogers K, Wood JL. Heart murmurs and valvular regurgitation in thoroughbred racehorses: epidemiology and associations with athletic performance. J. Vet. Intern. Med. 2008;22(2):418-426.

Éléments à retenir

→ Le protocole de la visite vétérinaire de transaction dépend des souhaits du commanditaire et des moyens qu’il veut mettre en œuvre.

→ Les examens clinique et orthopédique sont le fondement de la visite, et permet­tent d’analyser les éventuelles anomalies mises en évidence par les examens complémentaires. Les examens d’imagerie seuls ne sont pas suffisants et doivent être mis en parallèle avec la clinique.

→ Le vétérinaire a un devoir d’information et il ne lui est pas demandé de conseils sur l’opportunité de la transaction.

→ Le consentement éclairé du demandeur doit être obtenu pour la mise en œuvre des différents examens et le vétérinaire doit pouvoir en rapporter la preuve.

Encadré : Recherche de lésions d’uvéite chronique

→ Sur la cornée : kératite pointillée profonde (infiltration de la cornée).

→ Sur l’iris : synéchies (adhérences de l’iris dues à l’organisation de l’exsudat), voire séclusion papillaire (soudure totale de l’ouverture pupillaire au cristallin) et, dans les cas les plus graves, iridodialyse par désinsertion de sa racine ou iridoschisis par déchirure de son stroma.

→ Sur le cristallin : “cataracte capsulaire ponctuée” associée ou non à différents degrés de luxation du cristallin.

→ Sur le vitré : décollements de rétine.

→ Sur le fond de l’œil : lésions en “ailes de papillon” attenantes à la papille.

→ Sur le globe oculaire : “phtisie” bulbaire (microphtalmie par désorganisation totale et atrophie). La paupière qui n’est plus soutenue prend une forme caractéristique en accent circonflexe.

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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