L’imagerie du garrot - Pratique Vétérinaire Equine n° 172 du 01/10/2011
Pratique Vétérinaire Equine n° 172 du 01/10/2011

Article de synthèse

Auteur(s) : Carine Tahier*, Daniela Gorgas**, Caroline Tessier***

Fonctions :
*Clinique équine
Oniris, École nationale vétérinaire
agroalimentaire et de l’alimentation
Nantes Atlantique
Atlanpôle La Chantrerie
BP 40706
44307 Nantes Cedex 03
**Département de radiologie, VetSuisse Fakultät
Berne, Suisse
***Clinique équine
Oniris, École nationale vétérinaire
agroalimentaire et de l’alimentation
Nantes Atlantique
Atlanpôle La Chantrerie
BP 40706
44307 Nantes Cedex 03

La partie supérieure du garrot est facilement accessible sur le terrain avec les moyens d’imagerie classiques. L’exploration des zones plus profondes nécessite un équipement plus puissant.

L’imagerie du garrot fait partie intégrante de l’examen de la colonne thoraco-lombaire du cheval. Les fractures sont les lésions qui requièrent le plus souvent des investigations radiographique et échographique complètes du garrot. Les affections de la bourse supra-épineuse et les enthésopathies supra– ou interépineuses peuvent ­également entraîner des signes cliniques, et un examen radiographique, échographique ou scintigraphique du garrot est alors nécessaire pour les objectiver.

Anatomie

Le garrot est la région anatomique liant l’encolure au dos du cheval. Cette région est classiquement délimitée entre les 2e (T2) et 9e (T9), voire 10e (T10) vertèbres thoraciques.

À l’exception de T1, les vertèbres thoraciques présentent un centre d’ossification séparé. La fusion s’effectue entre 7 et 15 ans chez le cheval, mais de nombreuses variations interindividuelles sont présentes. Très souvent, ces centres d’ossification restent visibles pour les vertèbres T6 à T9.

En avant du garrot, le ligament nuchal s’insère sur la protubérance occipitale externe où il forme la corde nuchale, qui donne ensuite naissance à deux lames, craniale et caudale. Le ligament nuchal devient le ligament supra-épineux (LSE) de façon progressive à partir de la 5e vertèbre thoracique. À hauteur du garrot, la corde du ligament nuchal s’aplatit et s’élargit jusqu’à mesurer 6 cm de large et 3 cm d’épaisseur. Le ligament supra-épineux borde le garrot sur tout son aspect dorsal.

Entre la peau et le ligament nuchal, à hauteur de la 5e vertèbre thoracique, il existe parfois une bourse sous-cutanée du garrot.

Au niveau du sommet du 3e processus épineux (PE) thoracique, la bourse supra-épineuse (ou supraspinale), encore appelée bourse profonde du garrot, est une formation séreuse située dans un espace conjonctif de 3 à 5 cm sous le ligament nuchal. Elle rejoint souvent les processus de T2 à T4 (figure).

Les ligaments interépineux rejoignent les processus épineux. Ces ligaments sont constitués de plans de fibres orientées ventro-caudalement [2].

Le garrot est recouvert par des muscles puissants, dont les trapèzes, les rhomboïdes thoraciques, le longissimus du thorax et le multifide thoracique [3].

Examen radiographique

Technique

L’examen radiographique du garrot est réalisé sur cheval debout, se tenant au carré (si l’animal ne s’appuie pas sur un membre, cela entraîne une rotation des vertèbres et les images sont difficiles à interpréter) entre le tube et le porte-cassette, avec le rachis parallèle au porte-cassette [4]. Une sédation est habituellement nécessaire pour limiter le flou cinétique (par exemple, administration de détomidine, à la dose de 5 à 10 µg/kg, par voie intraveineuse). Cependant, elle ne doit pas être trop forte pour éviter les mouvements de balancement et d’oscillation du cheval, qui auraient l’effet inverse de celui escompté. Le cliché est pris en fin d’expiration afin, à nouveau, de limiter le flou cinétique. Seules des images latérales (profil) peuvent être obtenues sur cheval debout [4].

Le milieu du faisceau est centré sur le point le plus haut du garrot. Bien que la forme de celui-ci permette d’identifier facilement les processus épineux de T2 à T9, le point d’intérêt (fistule ou déformation) peut être déterminé par un marqueur radio-opaque placé sur la peau (encadré). Les agrafes cutanées font ainsi de très bons marqueurs, faciles à se procurer.

La difficulté de l’examen radiographique de cette région réside dans la différence d’épaisseur considérable entre le sommet des processus épineux et la partie ventrale des corps vertébraux thoraciques. Cette contrainte implique, en radiographie conventionnelle, de réaliser deux clichés pour une évaluation complète du garrot : l’un centré sur les processus épineux, l’autre sur les articulations synoviales intervertébrales épi-axiales (Asive) (photos 3 et 4).

Un appareil radiographique portable permet d’imager les processus épineux de la région du garrot. Le faisceau est centré 15 cm ventralement à la ligne médiane du dos. Des constantes de 80 kV et 0,08 mA peuvent être employées.

En revanche, pour observer les Asive et les corps vertébraux du garrot, un appareil puissant est nécessaire, avec une anode tournante et un tube de 80 kW, par exemple [9]. Des machines de 100 kW sont indispensables pour obtenir des radiographies de qualité chez des chevaux de plus de 600 kg [1]. Une grille antidiffusante focalisée de ratio 10 : 1 ou 12 : 1 permet de limiter le rayonnement diffusé. Elle est placée entre le cheval et la cassette, dans un porte-cassette. En radiographie conventionnelle, des cassettes (20 x 40 cm) munies d’écrans renforçateurs ultrarapides (sensibilité de 800) et de films bicouches sensibles et contrastés sont utilisées. La radiographie numérique, avec des écrans radioluminescents à mémoire (cassette 36 x 43 cm, computed radiography, CR) ou un capteur plan (digital radiography, DR), permet également de réaliser des vues du garrot.

En radiographie numérique, un prisme en aluminium peut être placé soit sur le dos du cheval du côté de la cassette, soit immédiatement devant le tube, afin d’absorber une certaine partie des rayons X. Il permet ainsi de compenser les variations d’épaisseur du dos et d’obtenir une image des processus épineux depuis leur sommet jusqu’à leur base (photo 5) [4]. Lorsque le prisme est posé sur le dos de l’animal, sa partie la plus épaisse est positionnée sur la peau de la ligne médiane du dos et la portion la plus fine à mi-hauteur des processus épineux. Un seul cliché est donc requis, en utilisant des facteurs d’exposition adaptés à la partie ventrale du garrot (75 kV et 125 mAs). Le sommet du garrot est visualisé soit en diminuant le noircissement après traitement, soit en adaptant la sensibilité du lecteur de plaques [1].

La radiographie de l’entrée du thorax permet de visualiser la base des premières vertèbres thoraciques, de T1 à T8 environ. La difficulté de ce cliché provient de l’épaisseur importante de la région puisque les rayons doivent traverser le thorax mais aussi la partie proximale des deux membres antérieurs. Des facteurs d’exposition élevés sont nécessaires (de l’ordre de 110 kV et 140 mAs) et la distance foyer-film peut être réduite à 100 cm [1].

Apparence radiographique chez le cheval normal

À l’âge de 12 mois environ, les processus épineux de T2 à T8 développent des centres d’ossification séparés au sein de leurs sommets cartilagineux. Ce phénomène est progressif, et les centres d’ossification sont de contour irrégulier et d’aspect hétérogène. Ces derniers restent apparents durant toute la vie de nombreux chevaux (photo 6).

Les corps vertébraux de T2 à T6 (voire T7) sont masqués par la scapula sur les radiographies de profil. Ils présentent une plaque de croissance craniale qui se ferme radiologiquement à l’âge de 6 à 12 mois, et une plaque caudale qui se clôt plus tardivement, entre 2 et 4 ans (photo 7).

Le processus épineux de T1 est très court et triangulaire. Il est difficile à mettre en évidence chez l’adulte en raison de sa profondeur et ne possède pas de centre d’ossification séparé. Le processus de T2 est nettement plus court que celui de T3.

De T2 à T10, les processus épineux sont étroits et allongés, et présentent une inclination dorso-caudale. Caudalement à T7, ils deviennent plus courts, plus droits et plus larges [5]. Les deux aspects (cranial et caudal) des processus épineux peuvent être irréguliers. Cranialement, l’irrégularité débute au tiers proximal ou à la moitié de l’épine jusqu’à sa base. Caudalement, elle commence tout en haut et peut être confondue avec une lésion [11].

Les articulations sont identifiées comme des lignes radiotransparentes obliques dorsalement au canal vertébral. Les facettes articulaires sont plus larges en région lombaire qu’en région thoracique, et apparaissent plus radio-opaques avec un contour plus irrégulier. Des variations de forme marquées entre les facettes articulaires de la région thoracique craniale et celles de la région lombaire caudale existent. Les côtes s’articulent dorsalement aux articulations intercentrales et courent d’abord dorsalement et caudalement, puis elles tournent ventralement. Si les côtes remontent, elles se superposent avec les facettes articulaires, empêchant l’évaluation des articulations sur les vues de profil (photo 8) [5].

Anomalies

Fractures

Les fractures des processus épineux de la région du garrot ne sont pas rares. Il s’agit souvent de fractures déplacées car elles sont souvent dues à un traumatisme violent du garrot (un cheval qui se retourne). Une diminution de taille des processus, ainsi que des superpositions des abouts osseux dans le cas de fractures déplacées sont recherchées. Des fractures anciennes peuvent également être diagnostiquées car l’union osseuse complète n’est pas fréquente et une union fibreuse est observée dans la plupart des cas (photo 9).

Fistules et ostéomyélites

Les infections de la région du garrot, notamment de la bourse supraspinale, peuvent s’étendre aux processus épineux et provoquer une ostéomyélite. Des zones de lyse du cortex osseux doivent être recherchées. Cependant, il convient de ne pas confondre cet aspect radiographique avec les centres d’ossification séparés dans cette région. Des remaniements de la périphérie des processus sont aussi observés, liés à une destruction du périoste.

Lésions des processus épineux

Les conflits de processus épineux (CPE) sont relativement rares en regard du garrot, alors qu’ils constituent la lésion radiographique la plus fréquente au niveau thoraco-lombaire, en particulier en région thoracique moyenne et caudale (entre T10 et T18). Le rapprochement entre deux processus épineux peut se manifester par des zones radiotransparentes discrètes dans l’os sous-chondral et une réaction périostée. Dans les cas plus chroniques, une sclérose généralisée se développe parfois autour de la zone ostéolytique. La présence de portions d’ostéolyse sur les processus épineux est d’une grande importance clinique. Les CPE ne touchent pas que le sommet des processus épineux, et il convient donc de les visualiser dans leur ensemble [1]. Les CPE s’accompagnent parfois d’autres modifications pathologiques des vertèbres, susceptibles d’influencer le plan thérapeutique (traitement conservateur versus traitement chirurgical) et le pronostic, d’où l’importance d’évaluer la vertèbre sur toute sa longueur [5].

Des enthésophytes se forment parfois sur les insertions du ligament interépineux (LIE), entraînant une modification du corps, voire de la base, des processus épineux, sans atteinte du sommet (photo 10). Les images radiographiques correspondent à un élargissement cranio-caudal du ou des processus épineux. Il s’agit d’une découverte radiographique fréquente sur les huit à dix premières vertèbres thoraciques.

Le revers dorsal du sommet des processus épineux peut également présenter des irrégularités osseuses lors d’enthésopathie du ligament supra-épineux [1]. Ce ligament s’attache, en effet, au périoste des sommets des PE à partir de T10. Lors de chute, une entorse de ces attaches peut survenir, et un petit “décollement” du périoste sur le bord dorsal de processus successifs est alors parfois observé. Sur des radio­graphies peu exposées, de petites “écailles” radio-opaques sont visibles dorsalement et à proximité du sommet d’un processus épineux (photo 11). Elles pourraient représenter une élévation du périoste secondaire à cette entorse [5]. Cette lésion est plus souvent observée de T10 à T13 ou de L1 à L3 [4].

Lésions des corps vertébraux

Deux types de lésions des corps vertébraux prédominent :

– les malformations vertébrales, qui consistent en des modifications plus ou moins sévères de la morphologie d’un ou de plusieurs corps vertébraux (observées essentiellement en région thoracique) ;

– les spondyloses vertébrales, qui correspondent à une prolifération osseuse de la partie ventrale des corps vertébraux dont le stade ultime est l’ankylose. Ces lésions de type dégénératif s’observent essentiellement en région thoracique moyenne et caudale, chez des chevaux de sport âgés de plus de 10 ans [1].

Il est parfois difficile de distinguer une malformation congénitale d’une ancienne fracture à la suite du remodelage du cal.

Les fractures des corps vertébraux sont possibles et se présentent radiographiquement comme un raccourcissement apparent de la longueur du corps ver­tébral, un changement de la forme de l’articulation intercentrale, parfois accompagné d’un déplacement dorsal de la vertèbre, ou un cal osseux. [5]

Affection dégénérative articulaire

Les Asive peuvent présenter des lésions d’arthropathie, source de douleur dorsale chez le cheval. Les modifications radiographiques sont similaires à celles de toute articulation : remodelages péri-articulaires, remaniements osseux (ostéolyse et/ou sclérose), modifications de l’espace articulaire, fragmentation, ankylose, etc. Ces lésions sont plus rares en regard du garrot, comparativement à la jonction thoraco­lombaire et à la région lombaire [1].

La radiographie du garrot constitue une technique simple, sûre et peu coûteuse d’exploration si l’examen se cantonne aux processus épineux. D’autres méthodes d’imagerie comme l’échographie ou la scintigraphie pallient ses limites.

Examen échographique

Technique

L’échographie du garrot peut être réalisée avec un appareil portable ou fixe, et requiert plusieurs sondes :

– une sonde linéaire de haute fréquence (7,5 à 13 MHz), pour l’examen des structures superficielles comme les processus épineux, le ligament supra-épineux, les côtes, etc. L’utilisation d’un coussinet acoustique améliore le contact et la qualité de l’image ;

– une sonde convexe de basse fréquence (3 à 6 MHz), pour l’examen des structures plus profondes comme les articulations synoviales intervertébrales épi-axiales, les espaces interépineux, les muscles épi-axiaux, etc. [14].

La zone à échographier doit idéalement être tondue (sur 5 à 10 cm de part et d’autre de la ligne médiane. Cette étape n’est pas indispensable si le cheval est déjà tondu court), dégraissée à l’alcool et humidifiée avec de l’eau chaude.

La région est examinée dans les plans médian et paramédian, selon des coupes longitudinales et transversales.

Apparence chez le cheval normal

Processus épineux

Lors d’abord dorsal, avec une sonde linéaire de haute fréquence et un coussinet acoustique, ou une sonde convexe, selon des coupes longitudinales et transversales, le sommet des PE est représenté par une ligne hyperéchogène régulière, légèrement convexe. Entre T2 et T9, mais le plus souvent entre T6 et T9, les centres d’ossification secondaires des processus épineux dorsaux peuvent dessiner des cônes d’ombre acoustiques avec un aspect très irrégulier au sommet des PE (photo 12). Ces ombres peuvent être asymétriques et ne doivent pas être confondues avec des fractures d’avulsion des processus épineux. L’espace interépineux apparaît hypoéchogène quelle que soit la coupe en raison de l’orientation oblique des fibres du ligament interépineux.

L’ostéomyélite (en plus des fractures d’avulsion) peut être difficile à distinguer de l’aspect irrégulier normal des PE créé par les centres d’ossification.

Lors d’abord dorso-latéral, avec une sonde convexe basse fréquence, selon des coupes longitudinales (médianes et paramédianes) et transversales, la face latérale des PE est matérialisée par une ligne hyperéchogène régulière aux marges nettes. L’espace interépineux apparaît toujours hypoéchogène et est visualisé sur une grande partie de sa hauteur (photo 13).

Ligament supra-épineux

L’échographie constitue l’examen de choix pour évaluer le ligament supra-épineux. Une sonde linéaire de haute fréquence est utilisée avec un coussinet acoustique, selon des coupes longitudinales (où la sonde doit être placée parfaitement dans le plan médian pour limiter les artéfacts) et des coupes transversales (où l’échogénicité maximale du LSE est recherchée en permanence). En région thoracique craniale, le LSE est élastique, fin et large. Il devient de plus en plus échogène du garrot vers la région thoraco-lombaire. Les fibres superficielles et intermédiaires sont parallèles à la peau et échogènes en coupes longitudinale et transversale. À l’inverse, les fibres profondes, qui s’insèrent sur le sommet des PE ou se prolongent par les ligaments interépineux, sont d’aspect hypoéchogène en raison de leur orientation ventro-caudale (photo 14). L’architecture fibrillaire du LSE est particulièrement visible sur des coupes longitudinales médianes. Lors d’extension thoraco-lombaire (tête du cheval en position haute), les fibres du LSE sont relâchées, pouvant générer des images hypoéchogènes artéfactuelles [14].

La bourse supra-épineuse est un espace virtuel, et aucune zone liquidienne ne doit être observée entre le ligament supra-épineux et les processus épineux des vertèbres thoraciques T2 à T4 [13].

Ligament interépineux

Le ligament interépineux est situé en profondeur du LSE, dans l’espace interépineux. Il est examiné selon des coupes longitudinales et transversales à l’aide d’une sonde convexe de basse fréquence. Le LIE apparaît toujours hypoéchogène, quelle que soit la coupe, en raison de l’orientation ventro-caudale de ses fibres [14].

Articulations synoviales intervertébrales épi-axiales

Une sonde convexe basse fréquence est utilisée selon des coupes transversales paramédianes. Un balayage est réalisé des plans cranial à caudal, le long de l’axe vertébral, en comparant les côtés gauche et droit de façon à apprécier la taille et la forme des articulations synoviales intervertébrales épi-axiales [14].

Les Asive sont plus difficiles à évaluer en région thoracique en raison de leur profondeur relative (plus grande dans cette zone où les processus épineux sont plus longs) et de la forme des processus articulaires.

Une coupe transversale paramédiane permet de visualiser l’espace articulaire qui sépare le processus articulaire caudal d’une vertèbre (médialement) et le processus articulaire cranial de la vertèbre suivante (latéralement).

Anomalies

Processus épineux

Les conflits de processus épineux sont plus fréquents en arrière du garrot, entre T10 et T18. Ils se manifestent par une réduction, voire une disparition de l’espace interépineux, le plus souvent au sommet des PE, mais pouvant s’étendre ventralement [14]. Les CPE se manifestent aussi par un remodelage entre les deux PE, un épaississement des processus et un alignement anormal [9]. Les anomalies congénitales comme le chevauchement, le malalignement et le défaut de conformation des PE sont facilement visualisées à l’échographie par un abord dorsal.

Les fractures des PE sont plus fréquentes à hauteur du garrot (lorsque des chevaux tirent au renard et se retournent). Elles sont identifiables assez aisément par échographie et peuvent atteindre un ou plusieurs PE. Il convient de ne pas les confondre avec les centres d’ossification secondaires. Les PE sont examinés sur toute leur hauteur afin de mieux caractériser la fracture. Un malalignement et une perte de continuité doivent faire suspecter une fracture. Un hématome est souvent présent lors de fracture de PE [13].

Articulations synoviales intervertébrales épi-axiales

Les lésions d’arthropathie des Asive constituent une cause majeure de dorsalgie chez le cheval. Elles sont moins fréquentes en regard du garrot qu’à la jonction thoraco-lombaire et en région lombaire. Elles se caractérisent à l’échographie par une hypertrophie et une asymétrie des processus articulaires, une ostéoprolifération péri-articulaire dorsale, un effacement relatif des processus mamillaires, une disparition de l’espace articulaire, une ankylose complète (pont dorsal), voire une fracture. Elles sont très difficiles à identifier clairement en région du garrot.

Ligament supra-épineux

Les anomalies du ligament supra-épineux en région du garrot sont relativement peu fréquentes. Les desmopathies du LSE sont des lésions rares, observées préférentiellement entre T15 et L3, et caractérisées par un épaississement du ligament, une modification de son architecture et de son échogénicité. Des foyers de calcification peuvent se former au sein du ligament lors de chronicité. Les lésions d’insertion du LSE sur le sommet d’un ou de plusieurs PE (enthésopathie) s’accompagnent parfois d’un remodelage de la surface du PE, allant de la simple irrégularité à la fracture d’avulsion. Les lésions sont typiquement en regard d’un PE [9].

Ligament interépineux

L’enthésopathie du LIE se manifeste par un élargissement cranio-caudal des PE associé à des remodelages osseux de leurs marges envahissant l’espace interépineux. Ces lésions touchent rarement le sommet des PE, mais peuvent s’étendre plus ou moins dorso-ventralement.

Muscles

Les lésions musculaires ne sont pas rares lors de traumatisme par chute ou de compression liée au harnachement. Un œdème ou une fibrose musculaire sont recherchés.

Bursite supra-épineuse

Cette lésion, appelée aussi “mal de garrot”, est fréquente chez les équidés de trait. Elle est multifactorielle. Ainsi, une infection de la bourse peut être due à une dissémination de bactéries par voie hématogène ou par inoculation directe à travers les plaies. De nombreuses bactéries ont été isolées de prélèvements de lésions suppurées du garrot, dont Brucella abortus [8]. La bourse supra-épineuse n’est pas visible en l’absence de distension. L’examen échographique de cette région permet de mettre en évidence une accumulation liquidienne sous le ligament nuchal, en regard des processus épineux de T2 à T4. Très souvent, des trajets de fistule sont également identifiés, associés ou non à une ostéomyélite des processus épineux. D’après une étude citée par Reef, des signes radiographiques d’ostéomyélite ont été observés chez 29 % des chevaux atteints d’une fistule du garrot. Ces lésions sont détectées plus précocement à l’échographie qu’à la radiographie.

Lors d’un hématome du garrot, une collection liquidienne peut également être observée dans la bourse supra-épineuse, mais celle-ci est alors anéchogène, cloisonnée et bien délimitée [13].

Scintigraphie

La scintigraphie est fréquemment utilisée pour localiser les lésions de la colonne thoraco-lombaire. La vue dorso-latérale est adaptée à la région du garrot.

Les sommets des processus épineux et la région caudo-proximale de la scapula fixent généralement le radionucléide de façon plus importante que le reste de la colonne thoraco-lombaire (photo 15). Ce phénomène est susceptible de masquer d’autres lésions à proximité [10].

Une augmentation de la fixation du radionucléide peut mettre en évidence des lésions actives de remodelage des processus épineux ou des corps vertébraux, plus difficiles à visualiser à la radiographie. Cependant, il convient de corréler les résultats de l’examen scintigraphique avec la clinique car des lésions anciennes, sans manifestations cliniques, apparaissent parfois. Un accroissement d’activité au sommet des processus épineux peut traduire une desmopathie de l’insertion du ligament supra-épineux ou une lésion de conflit de processus épineux. Le degré d’activité est cependant peu lié à la sévérité des lésions [6, 10]. D’après une étude de Dyson, une augmentation d’activité du radionucléide est corrélée à la présence de CPE, mais les lésions des processus épineux de la région du garrot sont cependant très peu fréquentes, comparativement aux vertèbres thoraciques plus caudales [9].

Conclusion

L’imagerie des processus épineux de la région du garrot est relativement aisée en conditions de terrain en raison de la position superficielle de leurs sommets. La radiographie et l’échographie mettent en évidence des fractures des PE ou des lésions du ligament supra-épineux. Les structures plus profondes comme la base des processus épineux et les PA-Asive requièrent l’utilisation d’un appareil radiographique puissant. L’échographie permet l’observation des ligaments interépineux et de la base des processus épineux, ainsi que l’investigation des affections de la bourse supra-épineuse.

La scintigraphie est une technique intéressante lors d’enthésopathies supra- ou interépineuses, de fractures et de lésions des Asive (qui demeurent très rares dans la région du garrot).

Références

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  • 3. Barone R. Anatomie comparée des mammifères domestiques. Arthrologie et myologie. Éd. Vigot. 2000; chap. IV: 598-662.
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  • 12. Grönberg P. ABC of the Horse: Anatomy biomechanics conditioning. Otava Book Printing. 2002: 100-106.
  • 13. Reef VB. Musculoskeletal ultrasonography. In: Equine diagnostic ultrasound. Ed. Saunders. 1998: 39-186.
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  • 15. Zimmerman M, Dyson S, Murray R. Comparison of radiographic and scintigraphic findings of the spinous processes in the equine thoracolumbar region. Vet. Radiol. Ultrasound. 2011.

Éléments à retenir

→ La radiographie des processus épineux du garrot peut se faire avec un appareil portable, sans grille antidiffusante. En revanche, celle des articulations synoviales intervertébrales épi-axiales (Asive) et des corps vertébraux thoraciques craniaux requiert un matériel puissant (80 à 100 kV) et une grille antidiffusante.

→ L’échographie permet de mettre en évidence le ligament supra-épineux, les ligaments interépineux, la bourse supra-épineuse, ainsi que la surface des processus épineux. La musculature est également visible, mais les Asive dans cette région peuvent être difficiles à observer en raison de leur profondeur.

→ La scintigraphie se révèle utile lors d’enthésopathie supra- ou interépineuse, ainsi qu’en cas de lésions des corps vertébraux ou des Asive, qui restent cependant rares dans cette région.

Encadré : Identification des processus épineux en région du garrot sur les radiographies

→ Le processus épineux très court de T1 est déterminé comme point de référence (photo 1).

→ Les centres séparés d’ossification sont présents de T2 à T8. Le centre séparé d’ossification du processus épineux de T3 est large et de forme triangulaire (photo 2).

→ Le point le plus haut du garrot correspond au processus épineux de T6 (parfois T7).

D'après 4.

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