L'échographie de l'œil du cheval en pratique courante - Pratique Vétérinaire Equine n° 162 du 01/04/2009
Pratique Vétérinaire Equine n° 162 du 01/04/2009

Article de synthèse

Auteur(s) : Sarah Buisson

Fonctions : Clinique vétérinaire de Méheudin, 61150 Écouché

L'échographie de l'œil permet d'évaluer les structures oculaires lorsque l'examen direct est difficile ou lors de circonstances parti-culières. Elle complète parfaitement l'examen ophtalmo– logique usuel.

L'évolution récente des technologies a fait de l'échographie en médecine équine une pratique courante depuis une vingtaine d'années. L'appareil génital de la jument a été le premier organe visualisé par cette technique, suivi de l'appareil locomoteur. L'œil du cheval est un organe idéal à échographier en raison de sa position superficielle, de sa taille assez volumineuse et de sa structure liquidienne [1, 8].

Rappels anatomiques

L'examen échographique permet de visualiser le contenu de l'orbite c'est-à-dire le globe oculaire et une partie des tissus annexes (l'appareil lacrymal, par exemple, n'est pas visualisé).

Globe oculaire

Le globe oculaire du cheval est une sphère aplatie dans le sens antéro-postérieur (figure 1). Son diamètre horizontal est d'environ 48 mm et son diamètre vertical de 44 à 47 mm [4, 12]. La connaissance des dimensions est de l'axe antéro-postérieur (42 à 44 mm) est nécessaire pour l'examen échographique [2]. Les principales structures qui sont facilement visualisées à l'échographie sont la cornée, la chambre antérieure, l'iris et le corps ciliaire, le cristallin, le vitré et l'entité rétine-choroïde-sclère [5].

La cornée représente 14 % de la surface oculaire, elle est transparente car avasculaire et est constituée de 80 % d'eau et de fibrilles de collagène parfaitement parallèles. Son épaisseur est d'environ 0,6 à 0,8 mm en son centre et 1 mm en périphérie [4, 12]. La chambre antérieure se trouve entre la cornée et l'iris. Elle est remplie par l'humeur aqueuse, liquide sécrété par le corps ciliaire dans la chambre postérieure et filtré par l'angle irido-cornéen et l'uvée [12].

Le corps ciliaire et l'iris sont des structures uvéales, donc vasculaires. Le bord pupillaire de l'iris présente une particularité chez le cheval : les grains iriens, qui sont très pigmentés [12].

Le cristallin est une lentille transparente d'origine ectodermique enfermée dans une membrane transparente et élastique, la capsule. Il est composé de 35 % de protéines et de 65 % d'eau. Cette relative déshydratation est indispensable à sa transparence (maintien de l'adhérence des fibres entre elles et de leur parallélisme) [12].

Le vitré, situé en arrière du cristallin, est constitué de 99 % d'eau. C'est un gel incolore, transparent et avasculaire [12].

En arrière du vitré se trouve la rétine, constituée de deux couches (la neuro-rétine et l'épithélium pigmentaire, non adhérents sauf à l'ora serrata et au disque optique), accolée à la choroïde (structure uvéale), elle-même accolée à la sclère, tunique fibreuse du globe oculaire [12].

Le nerf optique se visualise à l'examen du fond d'œil par le disque optique situé dans la zone sans tapis (ventrale) et légèrement temporalement [12].

Le segment antérieur est une entité qui comprend toutes les structures entre la cornée et la capsule postérieure du cristallin. Le segment postérieur va de cette capsule postérieure du cristallin à la sclère. Il convient de ne pas le confondre avec la chambre postérieure, qui est l'espace compris entre l'iris et la capsule antérieure du cristallin.

Structures rétrobulbaires

Les structures rétrobulbaires sont composées du nerf optique, des muscles oculomoteurs et de la graisse intra-orbitaire (figure 2). Les foramens laissent passer les vaisseaux et les nerfs en provenance du cerveau : le foramen ethmoïdal pour les vaisseaux et le nerf ethmoïdal, le foramen orbital pour les nerfs oculomoteur, trochléaire, abducteur et le rameau ophtalmique du trijumeau, le foramen optique pour le nerf optique et l'artère ophtalmique [2]. La plupart de ces structures ne sont pas visualisables à l'échographie.

Indications de l'examen échographique

Comme tout examen complémentaire, l'échographie de l'œil doit s'effectuer après un examen ophtalmologique complet et permettre d'affiner un diagnostic.

Sa principale indication est la présence d'une opacité antérieure qui empêche la visualisation correcte par examen ophtalmologique des structures situées en arrière de celle-ci (photos 1, 2 et 3) [1, 3, 4, 5, 6, 8, 13]. Dans ce cas, il peut s'agir d'un défaut de transparence de la cornée dû à un œdème cornéen majeur ou à une pigmentation cornéenne, ou à une opacité d'origine incertaine (cicatrice, processus tumoral, etc.).

L'opacité peut se situer dans la chambre antérieure. Un hypopion ou un hyphéma gênent parfois la visualisation du reste de l'œil s'ils sont importants.

La présence d'une opacité du cristallin est aussi une indication majeure de l'échographie oculaire (photo 4). Dans ce cas, l'échographie permet de visualiser le vitré et l'entité rétine-choroïde-sclère et de déterminer la pertinence d'une interventiion chirurgicale. En effet, la présence d'un décollement rétinien ou d'une dégénérescence vitréenne majeure est une contre-indication à la chirurgie, quelle que soit la technique.

Une échographie de l'œil est aussi réalisée lorsque la paupière est trop œdémaciée et empêche une ouverture palpébrale suffisante pour la réalisation d'un examen ophtalmologique classique (photo 5).

De même, s'il est impossible d'obtenir une mydriase après l'instillation d'un collyre mydriatique et que l'examen ne peut être reporté, l'échographie va permettre d'évaluer les structures postérieures à l'iris.

Tout commémoratif de traumatisme oculaire justifie également la réalisation d'une échographie de cet organe afin d'écarter un diagnostic de rupture sclérale [9]. Dans ce cas, l'échographie est le seul moyen de poser un diagnostic de certitude.

En cas de suspicion de processus tumoral affectant l'œil ou de masses rétrobulbaires, l'échographie permet de déterminer l'étendue des lésions et de proposer un traitement approprié [7, 15, 16].

Réalisation de l'examen

Préparation du cheval

Avant de préparer le cheval pour une échographie de l'œil, il convient de s'assurer qu'un examen ophtalmologique complet, et notamment tous les prélèvements, a été effectué. La tranquillisation avec des α2-agonistes est conseillée afin de limiter les mouvements de tête du cheval. Une anesthésie tronculaire du nerf auriculo-palpébral est réalisée pour obtenir l'akinésie de la paupière supérieure, puis une anesthésie topique de la cornée (photo 6). Si la paupière supérieure, est douloureuse (blessure, hématome, etc.), une anesthésie sensitive du nerf supra-orbitaire est nécessaire. La tonte de la paupière est souvent inutile : il suffit de bien humidifier les poils avec de l'eau tiède avant d'appliquer un gel échographique stérile (de marque Kruuse® par exemple) afin d'obtenir un contact suffisant.

Matériel

Dans les conditions idéales, le cheval est placé dans un travail, au calme, dans une pièce sombre. Un appareil échographique muni d'une sonde linéaire de 7,5 MHz est suffisant en raison de la taille des structures à observer (photo 7).

Les images échographiques présentées ici sont pour la plupart réalisées avec des sondes linéaires de 7,5 MHz (sauf mentions contraires). Une sonde convexe de fréquence plus basse (5 MHz) est adaptée pour visualiser les structures rétro-bulbaires plus profondes. Le coussinet acoustique n'est pas indispensable. Il permet toutefois d'éloigner la cornée et les structures superficielles de la sonde afin d'obtenir de meilleures images de ces structures. Si le coussinet acoustique n'est pas disponible, il est également possible d'apposer une épaisse couche de gel échographique stérile.

Il existe des appareils échographiques à usage exclusivement ophtalmologique, utilisés principalement en médecine canine, équipés de sondes de 20 MHz et offrant des images d'une grande précision (résolution de 80 µm) [4]. L'intérêt de ces sondes est l'exploration du segment antérieur de l'œil (1 cm de profondeur), mais ce qui est insuffisant pour examiner l'ensemble du globe oculaire chez le cheval.

Les images obtenues avec les sondes utilisées essentiellement pour l'appareil locomoteur du cheval sont, en général, assez satisfaisantes en raison de la taille importante du globe oculaire dans cette espèce (résolution de 300 µm, distance focale de 4 cm pour une sonde de 10 MHz) et permettent sa visualisation complète [4].

L'échographie biomicroscopique utilise des sondes allant jusqu'à 100 MHz et permet d'obtenir des images du segment antérieur de l'œil aussi précises qu'avec un microscope de basse fréquence [4]. En médecine humaine, ces appareils permettent de visualiser l'angle irido-cornéen, les implants intra-oculaires et les tumeurs iriennes et cilaires.

Chez le cheval, cette technique présente un intérêt en phase préopératoire car elle permet, par exemple, d'évaluer la localisation exacte d'un abcès stromal, l'étendue d'un carcinome à cellules squameuses, la taille d'un kyste uvéal, etc. [4]. Elle est toutefois très peu utilisée en pratique courante.

Méthode

Deux techniques sont envisageables : transpalpébrale et transcornéenne [1, 3, 4, 5, 6, 8, 13]. Dans le premier cas, la sonde est placée directement sur la paupière supérieure préparée comme indiqué précédemment. Cette technique a l'avantage d'être bien supportée par le cheval et non traumatisante pour la cornée. En revanche, elle est source d'artefacts en raison d'un moins bon contact dû à de l'air emprisonné entre la paupière et la cornée (photo 8). La voie transcornéenne est moins bien supportée par le cheval, et elle est contre-indiquée en cas de lésion de la cornée, qu'elle peut aggraver [5]. En revanche, les images sont d'une meilleure qualité, sans artefacts, mais il convient d'éloigner la sonde du globe oculaire à l'aide d'un coussinet acoustique pour visualiser la cornée.

Deux coupes doivent toujours être réalisées, horizontale et verticale, en orientant convenablement les images (plans nasal-temporal et dorsal-ventral). Lors des examens échographiques, le manipulateur balaie lentement tout le globe oculaire dans les deux plans et réalise des images afin d'évaluer l'évolution des lésions. Pour un manipulateur expérimenté, des coupes en biais permettent de mieux documenter une lésion (meilleur aperçu dans l'espace) [4]. L'échographie peut également être réalisée par la fosse supra-orbitaire à l'aide d'une sonde convexe de fréquence plus basse pour mieux visualiser les structures rétrobulbaires. Quelle que soit la technique retenue, il est recommandé de réaliser l'échographie de l'œil adelphe dans les mêmes conditions et de s'en servir comme image de référence.

Biométrie

La mesure du globe oculaire offre un diagnostic de certitude quand l'examen ophtalmologique classique ne permet pas de différencier une énophtalmie (rétraction du globe oculaire dans l'orbite) d'un phtisis bulbi (diminution de la taille du globe oculaire) ou une exophtalmie (protusion du globe hors de l'orbite) d'une buphtalmie (augmentation du volume du globe). C'est alors généralement l'œil adelphe qui sert de référence, la taille physiologique des yeux étant souvent corrélée au format du cheval (figure 3).

La longueur de l'œil selon l'axe antéro-postérieur est d'environ 42 à 44 mm [2]. L'épaisseur de la cornée est à peine de 1 mm en son centre (elle est plus épaisse en périphérie). Celle du cristallin est de 12 mm. La profondeur de la chambre antérieure est d'environ 4 mm, celle du vitré de 17 mm [11]. Les variations des mesures des structures internes de l'œil sont une aide précieuse au diagnostic de certaines affections (glaucome, uvéite, luxation du cristallin).

Interprétation des images obtenues

Images normales

Lors de la pose de la sonde échographique sur l'œil, l'opérateur observe en tout premier lieu les quatre structures échogènes majeures que sont la cornée, les capsules antérieure et postérieure du cristallin et l'entité rétine-choroïde-sclère [5]. Les autres structures échogènes visualisables sont l'iris, les grains iriens et le corps ciliaire. L'œil étant composé principalement d'eau, le reste des structures est donc dans l'ensemble anéchogène (figure 4).

La cornée est constituée d'un stroma hydrophile entouré par deux couches cellulaires lipophiles : le stroma est un espace anéchogène compris entre les deux lignes hyperéchogènes que sont l'épithélium et l'endothélium.

La chambre antérieure est un espace anéchogène, car elle est remplie d'humeur aqueuse, en arrière de la cornée.

La chambre postérieure, anéchogène, est difficile à visualiser, entre l'iris et la capsule antérieure du cristallin, hyperéchogènes. Le cristallin est une lentille bien délimitée par ses deux capsules hyperéchogènes et un stroma central anéchogène.

Le corps vitré, constitué d'eau, est totalement anéchogène. L'entité choroïde-rétine-sclère est hyperéchogène. L'image échographique ne permet pas de distinguer ces trois structures, totalement accolées physiologiquement.

L'espace rétrobulbaire est visible plus profondément et il comprend le nerf optique de forme conique et anéchogène, entouré par les muscles et la graisse rétrobulbaires hypoéchogènes.

Une connaissance précise de l'anatomie est indispensable à la bonne interprétation des images échographiques, comme pour tout autre organe exploré par cette technique. Un moyen mnémotechnique simple consiste à se dire que l'image échographique de l'œil est en fait un “négatif photo” du dessin de l'œil en noir et blanc.

Images anormales

Les images anormales peuvent être dues à une modification de la taille, de la forme ou de l'échogénicité d'une structure.

Modifications de taille et de forme

L'augmentation du volume du globe atteint par rapport à l'œil adelphe est pathognomonique d'une hypertension oculaire passée ou présente.

Or le glaucome ne peut se diagnostiquer avec certitude que par la mesure de la pression intra-oculaire à l'aide d'un tonomètre.

Ce matériel est disponible seulement chez les vétérinaires spécialisés, alors que l'échographe est plus largement répandu dans les cliniques équines. Cet examen permet d'orienter le diagnostic et d'envisager de référer ou non le cas [10]. Le phtisis bulbi, ou atrophie du globe oculaire, est le plus souvent la dernière phase de l'évolution d'une uvéite, accompagnée, dans ce cas, d'une diminution de la pression intra-oculaire. La diminution de taille d'une structure intra-oculaire peut aussi être liée à la présence d'une structure anormale à cet endroit : luxation du cristallin réduisant le volume d'humeur aqueuse mais augmentant la profondeur de la chambre antérieure (photo 9), fibrine remplaçant l'humeur aqueuse en cas d'hypopion (photo 10), etc.

Les modifications de forme intéressent surtout le cristallin, notamment en cas de cataracte (il devient alors plus rond et globuleux).

Modifications d'échogénicité

Les modifications d'échogénicité peuvent être intrinsèques à la structure atteinte ou dues à la présence d'un tissu anormal. Une modification de la structure cornéenne entraîne parfois une irrégularité de l'image échographique. Dans ce cas, l'endothélium cornéen n'apparaît plus comme une ligne bien lisse (photo 11) [11]. La cataracte, beaucoup plus fréquente que les anomalies de cornée, se matérialise par une augmentation de l'échogénicité du cristallin proportionnelle au degré d'atteinte (photos 12 et 13). En cas de hyalite (inflammation du vitré) ou de dégénérescence vitréenne, le corps vitré devient là aussi plus échogène (photo 14) [14].

Structures anormales

Les tissus anormaux visualisables à l'échographie sont la fibrine, le pus et le sang dans la chambre antérieure ou le vitré (photo 15).

L'hypopion (dépôt purulent dans la chambre antérieure) et l'hyphéma (dépôt de sang dans la chambre antérieure) sont plutôt localisés ventralement, alors que les bandes vitréennes sont linéaires et flottent dans le vitré. Cela ne doit pas être confondu avec le décollement rétinien qui se matérialise par une image caractéristique en “ailes de mouette”, la neurorétine restant toujours attachée au disque optique et le plus souvent à l'ora serrata, sauf en cas de déchirure (photo 16). L'hémorragie dans le vitré est le plus souvent liée à la présence d'un corps étranger ou à une rupture sclérale dont le diagnostic est difficile à établir sans examen échographique (photo 17) [9]. Les autres tissus anormaux visualisables par échographie sont les tumeurs, qui sont de trois types : épi-bulbaires, intra-oculaires et rétro-bulbaires.

Pour les tumeurs épibulbaires (sur l'œil), l'échographie permet d'évaluer la taille de la lésion et son implication dans les structures adjacentes. Les tumeurs intra-oculaires peuvent être différenciées des kystes uvéaux : la lésion est souvent échogène alors que les kystes ont une paroi échogène et un contenu liquidien anéchogène [7, 11]. Les tumeurs rétrobulbaires sont plus facilement visualisables par la fosse supra-orbitaire et, dans ce cas, il est possible de réaliser une ponction échoguidée de la tumeur afin de préciser sa nature (photos 18 et 19).

Diagnostic et pronostic des affections observées par échographie

Modifications des mesures

La diminution de taille du globe oculaire est la modification la plus fréquemment rencontrée car elle est, la plupart du temps, la conséquence d'une uvéite, affection fréquente. Lorsque le cheval n'est pas en crise d'uvéite, elle correspond à un phtisis bulbi (qui est la phase finale de la diminution de la taille du globe), donc à une diminution acquise et permanente de la taille du globe. Si le cheval est en crise d'uvéite au moment de l'examen échographique, ce processus est moins significatif car l'œil est hypotendu et l'examinateur applique une pression qui l'aplatit et entraîne une diminution artificielle de sa longueur antéro-postérieure. Si le cheval n'a pas d'antécédents d'uvéite ou si la taille de l'œil est plus petite dès la naissance, il s'agit alors d'une microphtalmie.

L'augmentation de la taille du globe (ou buphtalmie) est souvent liée à une hypertension oculaire qui est relativement bien supportée chez le cheval, mais qui est d'un mauvais pronostic pour la vision de cet œil [10].

La mesure de la taille du globe oculaire du fœtus est un élément important dans l'évaluation d'une gestation à risques. Elle fait partie intégrante des éléments à mesurer lors d'un bilan du fœtus en souffrance (photo 20). En effet d'après différentes mesures (dont celle du globe oculaire), l'évaluation de la taille du fœtus permet de la comparer avec la taille espérée à cet âge, donc d'apprécier si ce fœtus est de taille anormale pour son âge (le plus souvent trop petit), c'est-à-dire en souffrance. Cet examen permet également, de façon anecdotique, de diagnostiquer des malformation oculaires in utero.

Le suivi de la mesure d'un hypopion ou d'un hyphéma peut permettre d'évaluer l'évolution de l'affection existante. Une diminution de volume de l'humeur aqueuse ou du vitré due à une luxation du cristallin est souvent de mauvais pronostic en raison des bouleversements intra-oculaires provoqués par cette affection (endothélite cornéenne, glaucome, décollement de rétine, etc.).

La diminution de taille de la chambre antérieure peut aussi être due à des synéchies postérieures (entre l'iris et la capsule antérieure du cristallin) entraînant un défaut d'écoulement de l'humeur aqueuse, donc un bombement de l'iris.

Modifications de structures

L'irrégularité cornéenne signe parfois une souffrance de l'endothélium où siège le système de déshydratation actif de la cornée. Si cette lésion est importante en taille et persiste, la cornée peut apparaître définitivement bleutée car œdémaciée. Mais l'irrégularité de la cornée à l'échographie peut aussi être due à une infiltration cellulaire de la cornée (pigmentation, cellules tumorales, etc.).

L'opacification du cristallin a plusieurs origines : le pronostic visuel est plus sombre quand l'opacification est lié à une cataracte qui fait suite à une uvéite (surtout si celle-ci est récidivante) que si elle est liée à une dégénérescence cristallinienne sénile. Plus la cataracte est mûre, plus elle apparaît échogène et plus elle gêne la vision de cet œil [14].

Il en est de même pour les opacités vitréennes qui sont le témoin de l'évolution d'une affection mais dont les répercussions sur la vision sont fonction, entre autres, de l'échogénicité [14]. Il convient, à ce stade, de ne pas se baser uniquement sur les images échographiques, mais aussi sur l'examen ophtalmologique. La gêne visuelle pour le cheval est supposée comparable à celle qui empêche l'examinateur de visualiser clairement le fond d'œil à l'ophtalmoscopie en raison du trouble dans le vitré.

Structures anormales

Le pronostic de l'hyphéma ou de l'hypopion ne peut pas être donné avec certitude sur un seul examen car c'est la répétition des examens ophtalmologiques et échographiques qui permet d'évaluer l'efficacité du traitement et de l'ajuster en fonction de la réponse de l'œil. En revanche, la présence d'une hémorragie dans le vitré est d'un pronostic souvent défavorable car elle est liée soit à un corps étranger (entraînant une uvéite, voire une endophtalmie), soit à une rupture sclérale (dont le pronostic est toujours sombre) [9].

Dans la plupart des cas, le décollement rétinien est diagnostiqué tardivement et sa visualisation échographique permet d'affirmer que la vision de l'œil atteint est définitivement perdue, donc il est inutile d'envisager un traitement lourd (chirurgie de cataracte, implant sous-scléral de cyclosporine, etc.).

L'intérêt de l'échographie dans l'étude des tumeurs oculaires est multiple. Cet examen permet d'évaluer la taille (élément important dans le pronostic des tumeurs) et l'implication des structures adjacentes (indispensable en cas de décision d'exérèse chirurgicale). De plus, c'est également une aide au diagnostic lors de ponction échoguidée. Cette dernière permet la réalisation d'échantillons en vue d'une analyse anatomopathologique essentielle au diagnostic définitif de ces tumeurs, donc à leur pronostic [7].

L'échographie de l'œil chez le cheval est un examen simple à réaliser.

Elle permet au vétérinaire d'être plus réactif vis-à-vis de la maladie oculaire, mais aussi plus précis dans son diagnostic, donc dans son pronostic et son traitement.

Références

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  • 2 – Carastro SM. Equine ocular anatomy and ophtalmic examination.Vet. Clin. Equine. 2004;20:285-299.
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Éléments à retenir

– Le matériel habituel d'échographie tendineuse suffit à échographier l'œil

– Les principales indications de l'écho-graphie de l'œil sont la recherche d'anomalies intra-oculaires ou rétro-bulbaires lors de milieux antérieurs opaques : opacité cornéenne, traumatisme à la tête, tumeur, exophtalmie, etc.

– L'examen doit toujours être réalisé à la fois sur l'œil atteint et sur l'œil sain afin d'avoir des images de référence.

– L'échographie de l'œil est un examen complémentaire non invasif qui permet d'affiner le diagnostic, le pronostic, et qui peut être une aide lors du traitement, notamment dans le cadre de ponctions échoguidées.

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