Principales affections responsables d'alopécie et/ou de prurit - Pratique Vétérinaire Equine n° 159 du 01/07/2008
Pratique Vétérinaire Equine n° 159 du 01/07/2008

Auteur(s) : Carla Cesarini Latorre

Fonctions : LV, DES Médecine équine, Dipl. ACVIM
Dierenkliniek De Morette
Edingsesteenweg 273, 1730 Asse
Belgique

Les affections cutanées à l'origine d'une alopécie et/ou d'un prurit sont fréquentes chez le cheval. Il est important pour le praticien de bien les connaître.

Cet article est un résumé des principales affections cutanées à l'origine d'une alopécie et d'un prurit chez le cheval. Celles-ci ont été choisies en raison de leur fréquence et de leur intérêt médical. Les nouveautés thérapeutiques sont également abordées.

Dermatophilose

La dermatophilose est une infection cutanée relativement fréquente, bien connue surtout dans les pays tropicaux humides [21]. En France, elle a été décrite pour la première fois chez un cheval en 1978. La maladie semble actuellement très répandue [1].

Étiopathogénie

L'agent de la dermatophilose est la bactérie à Gram positif, anaérobie facultative, Dermatophilus congolensis. Certains animaux sont porteurs asymptomatiques, et ne développent les lésions caractéristiques que sous des conditions favorables, principalement d'humidité et de plaies cutanées préexistantes [17]. Le rôle de réservoir d'infection, ou non, de ces chevaux est inconnu. L'incidence de la maladie augmente significativement pendant les périodes de fortes pluies. Il semble que l'humidité favorise le relargage de la forme infectieuse du micro-organisme [17]. Les piqûres d'insectes et d'arthropodes, la végétation épineuse et la macération sont des causes fréquentes de dommages cutanés qui peuvent favoriser l'infection. De plus, D. congolensis peut survivre sur les mouches jusqu'à 24 heures, et sur les tiques pendant plusieurs mois. Ces insectes agissent comme des vecteurs de transmission [17]. Une certaine prédisposition individuelle a été suggérée, qui rendrait certains animaux plus sensibles au développement de lésions. En effet, dans un groupe d'animaux exposés, seuls quelques-uns développent la maladie, à un degré très variable.

Signes cliniques

Dermatophilus congolensis est à l'origine d'une dermite exsudative, parfois sévère, accompagnée de la formation de croûtes [1]. L'affection débute par des papules qui évoluent en pustules et, finalement, en croûtes qui rassemblent des touffes de poils. Le détachement facile de ces “pinceaux” de poils, croûtes et follicules pileux inclus, expose une peau humide couverte d'exsudat jaunâtre. Ces lésions suggèrent la maladie, mais n'en sont pas caractéristiques. Les signes cliniques peuvent apparaître en 24 heures [14], mais la période d'incubation moyenne est d'environ deux semaines [17]. Les zones typiquement affectées sont celles qui sont exposées à l'humidité et aux lésions (pluie, sueur, frottement des harnachements), soit le dos, la face caudale des cuisses, les faces latérales du thorax et de l'abdomen, l'encolure et la face. Une autre présentation clinique, plus caractéristique des chevaux de course (spécialement quand ils sont travaillés en pistes longues d'herbe humide ou de cendres), est l'atteinte de la région dorsale du canon des membres postérieurs, probablement soumise à l'humidité et à des micro-traumatismes à l'entraînement [11, 17]. Les paturons peuvent être aussi touchés (diagnostic différentiel du syndrome de la dermatite du paturon). Les lésions sont souvent douloureuses et cette infection peut provoquer un prurit léger à modéré, mais il est souvent absent [17]. Si seules les zones blanches sont affectées, l'hypothèse d'une photodermatite primaire doit être explorée. Les formes sévères de la maladie peuvent affecter l'état général du cheval.

Diagnostic

Un diagnostic clinique peut être établi en se fondant sur l'aspect et la localisation des lésions. Un examen microscopique des poils concernés, ou d'une impression de la lésion sur une lame porte-objet colorée, peut mettre en évidence des coques à Gram positif ramifiées en chaînes doubles ou multiples (jusqu'à huit files), formant des images en “rail de chemin de fer”, compatibles avec Dermatophilus congolensis [11, 17]. La culture de l'exsudat jaunâtre exposé en enlevant les croûtes peut aussi confirmer l'infection. La biopsie semble plus efficace que la culture pour confirmer le diagnostic dans les cas chroniques [21]. Lorsqu'aucune lésion active n'est présente et qu'obtenir un échantillon pour culture semble difficile, des croûtes épaisses peuvent être arrachées pour réaliser un examen histopathologique. D. congolensis est souvent identifié entre les débris de kératine [17].

Traitement

Les objectifs du traitement sont de contrôler l'infection, et de minimiser ou d'éliminer les facteurs prédisposants. La maladie peut aussi régresser spontanément dans les quatre semaines si ces facteurs sont supprimés [17, 21]. Il est donc essentiel de mettre le cheval au sec et à l'abri, ainsi que de prévenir les dommages de la barrière cutanée. Il est conseillé de commencer par un lavage avec élimination manuelle des croûtes pendant trois à cinq jours consécutifs, puis de continuer avec une application hebdomadaire d'un antiseptique local (type bouillie soufrée, povidone iodée ou chlorhexidine), permettant de limiter la croissance bactérienne [17]. Il est très important de maintenir la peau bien sèche entre les traitements. Les chevaux de course avec des lésions aux membres peuvent porter des bandages protecteurs pendant l'exercice, qui doivent être retirés quand l'animal est au repos. Si des zones de peau non pigmentées sont affectées, l'application d'un écran solaire (indice de protection de 15 ou plus) réduit la sensibilité cutanée [11]. Dans les cas les plus sévères, ou avec des signes systémiques, un traitement parentéral à l'aide de pénicilline-procaïne (22 000 UI/kg, par voie intramusculaire, toutes les 12 heures, pendant trois à huit jours) est recommandé. Le triméthoprime-sulfonamide par voie orale (15 à 30 mg/kg toutes les 12 heures) peut aussi être utilisé dans les cas où les injections ne sont pas possibles. Il s'agit d'une maladie contagieuse, et la bactérie peut rester viable dans les lésions des animaux affectés et dans l'environnement. Il convient donc de séparer le plus possible les animaux malades des autres chevaux, et de désinfecter le matériel qui a été en contact avec les lésions.

Dermatophytose

Étiopathogénie

La dermatophytose, ou teigne, est une infection fongique des poils due à des dermatophytes des genres Trichophyton ou Microsporum. Trichophyton equinum semble la cause de teigne la plus habituellement rapportée chez les chevaux dans le monde [17]. Pour les autres dermatophytes, la fréquence d'isolement des diverses espèces varie de façon considérable selon les régions. Sous les climats tempérés, la maladie est retrouvée surtout l'automne et l'hiver lorsque les chevaux sont gardés à l'écurie [21]. Des épisodes de teigne surviennent souvent lorsque des chevaux de différentes origines sont mis en contact lors d'événements ponctuels, comme des foires, des marchés ou des concours hippiques, ou même durant l'entraînement ou l'élevage.

Les dermatophytes se transmettent par contact direct avec les poils ou la peau infectés, chez l'animal ou dans l'environnement, ou par des fomites. Les spores sont très résistantes dans l'environnement [11]. La période d'incubation d'une infection naturelle varie entre une et six semaines [17]. Quand un animal est exposé à un dermatophyte, l'infection peut se développer, mais d'autres facteurs facilitent ou entravent l'installation de la maladie : intégrité de la barrière cutanée, présence de sécrétions sébacées (effet fongistatique), état immunitaire (les chevaux de moins de deux ans sont plus sensibles) [17].

Signes cliniques

La forme clinique la plus habituelle consiste en des lésions initiales caractérisées par des poils surélevés selon une distribution souvent circulaire, de diamètre variable. Il s'agit de lésions expansives qui peuvent coalescer et prendre une morphologie irrégulière, moins caractéristique. Dix à quinze jours plus tard, elles évoluent en zones alopéciques, croûteuses en périphérie, qui confluent, avec une desquamation abondante. Les anciennes lésions présentent souvent une desquamation argentée caractéristique. Les zones des épaules, de la tête, du thorax et du passage de sangle sont prédisposées. Chez les individus jeunes ou immunodéprimés, l'infection peut se généraliser.

Dans certains cas, la présentation clinique se limite à des lésions sur la région caudale du paturon (diagnostic différentiel du syndrome de la dermatite du paturon) dont la sévérité varie selon certains facteurs (stress, humidité, irritation locale). D'autres formes cliniques de dermatophytose consistent en une desquamation multifocale ou généralisée (séborrhée sèche) qui laisse voir des zones alopéciques mal définies, ou en des zones alopéciques irrégulières, mais bien définies.

Plus rarement, l'infection par dermatophytes peut prendre la forme d'un pseudomycétome, caractérisé par un ou plusieurs nodules sous-cutanés ou intradermiques, souvent sur la zone dorsale, qui peuvent s'ulcérer ou suppurer [17].

L'aspect caractéristique (alopécie circulaire avec desquamation argentée) et la localisation des lésions permettent souvent une première suspicion clinique. Cependant, la dermatophytose est une maladie cliniquement surdiagnostiquée. À l'examen microscopique des poils, des spores ou des organismes ramifiés de type micellaire sont observés, associés aux tiges pilaires [11]. Le diagnostic définitif est obtenu par culture des poils ou du matériel de raclage cutané. L'écouvillon n'est pas une bonne technique pour diagnostiquer la teigne. Contrairement à d'autres espèces, chez le cheval, le milieu spécifique DTM-DIM semble moins efficace pour la culture de dermatophytes que le milieu Sabouraud [3, 17].

Traitement

La dermatophytose est une maladie autolimitante, guérissant souvent spontanément en l'espace de quelques mois [17, 21].

Malgré cela, la demande du propriétaire et la nature contagieuse de la maladie poussent souvent le vétérinaire à instaurer rapidement un traitement. Les objectifs sont de maximiser la capacité immunitaire du cheval, de favoriser la résolution de l'infection et de réduire la contagion [17]. Il convient de traiter les possibles maladies concomitantes, d'éliminer les facteurs immunosuppresseurs (stress, certains médicaments) et d'optimiser l'état général du cheval (soins, diète). Un traitement fongicide pour le cheval affecté (et les animaux en contact) peut être associé à un assainissement de l'environnement. Il est conseillé de laver les lésions durant 7 à 10 jours avec de l'énilconazole (0,2 %). Les autres traitements parfois suggérés n'ont pas une efficacité significative. Il est important d'isoler les animaux affectés et de désinfecter le matériel d'écurie (brosses, couvertures, tondeuses) et autres éléments qui ont pu être en contact avec ceux-ci (litière, camion de transport).

Les substances fongicides qui ont été testées expérimentalement contre les dermatophytes sont le glutaraldéhyde, le chloride d'ammonium quaternaire, le monoperoxysulfate de potassium (Virkon®), l'hypochlorite de sodium (eau de Javel) à 0,5 % et l'énilconazole en fumigation [13, 16].

Malgré le fait que la vaccination soit une mesure préventive très intéressante, et que plusieurs vaccins aient été testés avec succès chez le cheval et chez d'autres espèces, aucun vaccin contre les dermatophytes n'est autorisé pour l'espèce équine en France [17].

La dermatophytose garde un potentiel zoonotique, bien que l'infection se transmette rarement du cheval à l'homme dans la plupart des régions. La transmission est plus probable avec certaines espèces (T. verrucosum, T. equinum autotrophicum) [17]. Dans le cas où cela se produit, les lésions apparaissent souvent sur les bras ou les jambes (lors de la monte à cru).

Oxyurose

Étiopathogénie

L'infestation par le nématode Oxyuris equi peut causer une irritation locale par le mouvement des vers adultes sortant déposer leurs œufs aux marges de l'anus.

Les animaux typiquement affectés sont les chevaux non vermifugés ou dont le programme de vermifugation est déficitaire. Les oxyures étant sensibles à toutes les principales familles de vermifuges utilisées en clinique équine (avermectines, benzimidazoles, pyrimidines), il est rare que les chevaux régulièrement vermifugés soient touchés par cette infestation.

Signes cliniques

Le signe clinique le plus évocateur est le grattage de la base de la queue et de la zone périanale. Les animaux atteints d'infestations chroniques montrent une excoriation de la base de la queue, avec des poils cassés et une alopécie régionale.

L'identification des œufs sur la région péri-anale par la technique du ruban adhésif permet de confirmer le diagnostic (voir “Technique du ruban adhésif” dans l'article “Alopécie et prurit chez le cheval : approche diagnostique”, du même auteur) [11].

Traitement

La vermifugation à l'ivermectine, au fenbendazole ou au pamoate de pyrantel suffit pour contrôler l'infestation parasitaire par Oxyuris equi. Comme dans tout programme de vermifugation, pour assurer son efficacité, il est aussi nécessaire d'associer des mesures d'hygiène (nettoyage régulier des pâturages) afin de prévenir une réinfestation à partir de l'environnement contaminé.

Gale chorioptique

Étiopathogénie

L'infestation par Chorioptes equi, ou gale chorioptique, est la gale la plus fréquente chez le cheval [21]. Elle est le plus souvent diagnostiquée durant les mois d'hiver et chez des chevaux en stabulation, affectant surtout des individus de race lourde, avec des fanons volumineux.

Signes cliniques

Un prurit intense en région distale des membres fait que le cheval mord souvent les zones affectés, se gratte contre des objets de son environnement, et tape par terre ou contre les murs. Ces zones sont souvent partiellement alopéciques, avec des poils cassés et des squames abondantes. Dans les cas chroniques, la peau s'épaissit sévèrement et la maladie s'aggrave, avec des surinfections bactériennes secondaires au traumatisme.

Les acariens ne sont pas toujours faciles à trouver, mais peuvent être directement identifiés à partir d'échantillons obtenus par brossage ou raclage des zones affectées.

Traitement

Malgré l'absence d'autorisation de mise sur le marché pour l'espèce équine, le fipronil (application topique d'une solution à 0,25 %) et la doramectine (deux doses de 0,3 mg/kg par voie sous-cutanée séparées de deux semaines) sont souvent utilisés pour le contrôle des ectoparasites chez les petits animaux, et semblent efficaces pour enrayer les signes cliniques de la gale chorioptique chez le cheval [6, 15]. Des cas de lymphangite liés à l'application topique de fipronil sur des lésions sévères, où l'intégrité cutanée est compromise, ont été observés (T. Brazil communication personnelle).

Les traitements topiques sont souvent laborieux à réaliser et, malgré leur possible efficacité théorique, une des raisons principales de leur échec est le manque de contact du produit avec la peau. Il est donc nécessaire de tondre les poils sur la zone à traiter, et il est souvent préférable d'associer un traitement général et un traitement topique pour en assurer le succès. L'efficacité de l'ivermectine (deux doses de 0,2 mg/kg per os séparées de deux semaines) pour éliminer complètement les acariens reste controversée, avec des résultats contradictoires selon les études [5, 10]. L'utilisation de moxidectine (dose unique à 0,4 mg/kg per os) semble utile pour le contrôle des parasites [10].

Il convient d'administrer le traitement au cheval affecté et aux animaux qui ont été en son contact. L'écurie doit être nettoyée en profondeur, ainsi que le matériel du cheval (brosses, selle, bandages), et les autres fomites possibles sont désinfectés [17].

Phtiriose

Étiopathogénie

La phtiriose est une infestation par des poux. Il ne faut pas la confondre avec la pulicose, qui concerne les puces. Les agents responsables de la phtiriose chez le cheval sont Werneckiella equi (encore appelé Bovicola ou Damalinia equi), le pou broyeur, et Haematopinus asini, le pou piqueur [24]. Les infestations sont plus fréquentes pendant les mois d'hiver, dans de grands effectifs d'animaux en stabulation, spécialement chez des individus stressés ou en mauvaise condition physique [11, 17]. Il s'agit d'une infestation contagieuse, soit par contact direct ou via le matériel.

Signes cliniques

Les chevaux affectés présentent une dermatite souvent associée à un prurit intense, bien qu'elle puisse aussi être asymptomatique. L'automutilation (grattage, morsure) donne l'apparence typique de poils cassés et d'une alopécie partielle [11]. Les principales zones atteintes dépendent de l'agent responsable. Ainsi, il semblerait que Werneckiella equi préfère le dos et Haematopinus asini la crinière, la base de la queue et les boulets [17].

Le diagnostic est établi par identification des poux à partir d'échantillons obtenus par brossage ou raclage des zones affectées.

Traitement

Le traitement de la phtiriose est souvent facile [17]. De nombreux produits se sont révélés efficaces pour l'élimination des pouxadultes chez le cheval : le phoxim 0,05 %, le carbaryl 5 %, le dympilate, le lindane 13 %, le sélénium sulfide 1 % [8, 12, 24]. Les indications d'emploi pour chevaux mentionnées sur l'étiquette doivent être suivies. Pour la plupart des produits, deux applications à 14 jours d'intervalle sont suffisantes. Comme solution alternative, un spray de fipronil 0,25 % s'est révélé curatif en une seule application [4, 7].

Contrairement à ce que mentionnent les publications anciennes, il est désormais connu que les espèces de poux qui infestent les chevaux sont spécifiques d'espèce [18]. Il ne devrait donc pas y avoir de risque de contagion pour l'homme ou d'autres animaux.

Pemphigus foliacé

Étiopathogénie

Le pemphigus foliacé est la maladie auto-immune la plus fréquente chez le cheval [11, 17]. C'est une affection vésiculo-pustuleuse intra-épidermique qui se caractérise par la présence d'anticorps contre les protéines desmosomales (desmogléine 1) des kératinocytes. Ces protéines sont responsables de l'adhésion cellulaire et leur destruction entraîne une perte de la cohésion intercellulaire, appelée “acantholyse” [20]. La pathogénie exacte de cette maladie reste inconnue. Des facteurs comme le stress, les piqûres d'insectes (simulies, Culicoides spp.), ou l'administration de certains médicaments (triméthoprime-sulfamides) ont été occasionnellement rapportés comme précédant l'apparition des signes cliniques. Cependant, à ce jour, leur possible contribution au développement de la maladie n'est pas précisée [19].

Signes cliniques

Les croûtes sont le signe clinique prédominant du pemphigus foliacé, mais le premier symptôme de la maladie est souvent un œdème déclive ( et ). Les animaux peuvent présenter un prurit et/ou de la douleur. L'analyse hémato-biochimique peut montrer un profil inflammatoire chronique actif (neutrophilie, hyperglobulinémie, hyperfibrinogénémie, anémie) et certains chevaux sont fébriles [20].

Diagnostic

Le raclage de croûtes et/ou les impressions effectuées sur les exsudats exposés en retirant ces croûtes révèlent parfois de façon évocatrice une grand quantité de kératinocytes acantholytiques (cellules épithéliales arrondies et sans cohésion entre elles), et souvent également de nombreux neutrophiles non dégénérés.

L'examen histopathologique est souvent nécessaire pour établir un diagnostique définitif. Il convient de ne pas raser ou préparer chirurgicalement la zone avant de réaliser le prélèvement (le nettoyage peut être fait après) pour ne pas trop modifier la surface cutanée et perdre les anomalies caractéristiques qui permettent ce diagnostic.

Traitement

Le traitement consiste en l'administration de médicaments immunosuppresseurs, incluant des corticostéroïdes oraux (dexaméthasone 0,05 à 0,1 mg/kg/j ; prednisolone 1 à 2 mg/kg). Des essais ont aussi associé des sels d'or injectables (aurothioglucose 1 mg/kg) ou de l'azathioprine (1 mg/kg) [20]. Les quantités sont diminuées progressivement jusqu'à trouver la dose minimale efficace pour le contrôle des signes cliniques. Chez certains chevaux, il est possible d'arrêter complètement le traitement, mais la plupart présentent des récidives. Le pronostic est réservé, surtout si les corticoïdes sont utilisés à long terme, des complications de fourbure iatrogénique pouvant apparaître.

Hypersensibilité aux piqûres d'insectes

Étiopathogénie

L'hypersensibilité aux piqûres d'insectes est l'allergie cutanée la plus commune chez le cheval [17]. Tous les chevaux peuvent présenter des irritations locales dues aux piqûres d'insectes (essentiellement des moustiques et des mouches, mais aussi des tabanidés et autres), mais certains individus développent une hypersensibilité aux piqûres de plusieurs espèces de Culicoides, de Simulium, de Stomoxys calcitrans et peut-être aussi de Haematobia irritans [17]. C'est la maladie communément connue comme la dermatite estivale récidivante. Il s'agit d'une réaction d'hypersensibilité principalement de type I, par médiation d'immunoglobulines E, à des antigènes probablement d'origine salivaire des espèces d'insectes mentionnées [22].

Signes cliniques

Les signes cliniques sont saisonniers, débutant souvent vers quatre à cinq ans et empirant avec l'âge. La présentation clinique suggère qu'il existe une prédisposition génétique et familiale pour cette maladie [17]. Certaines races (welsh, islandais, arabes, connemaras, quarter horses) semblent encore plus sensibles à cette affection [25]. Les chevaux présentent un prurit, qui s'intensifie en soirée et à l'aube, coïncidant avec le pic de la population des insectes.

Une alopécie secondaire au grattage se développe en conséquence. La distribution des lésions est variable, et peut être plutôt dorsale, ventrale ou les deux, probablement en reflétant les localisations préférées des différentes espèces d'insectes. Pour la localisation dorsale, les lésions se trouvent principalement sur la base de la queue, le dos, la crinière, l'encolure et la tête. La distribution ventrale affecte plutôt le thorax et l'abdomen, les aisselles et la zone inguinale [17]. La lichénification cutanée est fréquente dans les formes chroniques, surtout sur la base de la queue, la crinière et le garrot, mais aussi sur les membres et le ventre [11].

Diagnostic

Le diagnostic est suggéré par la saisonnalité et la localisation des lésions. Une biopsie des zones affectées révèle une dermatite et une folliculite éosinophilique. Un test intradermique avec un antigène spécifique de Culicoides s'avère très utile pour confirmer le diagnostic [2].

Dans une étude, des anticorps IgG contre les antigènes salivaires de Culicoides ont été détectés dans le sérum des chevaux allergiques et sains exposés aux Culicoides [23]. En revanche, des anticorps IgE l'ont été seulement chez les chevaux présentant des signes cliniques de dermatite estivale récurrente au moment de l'échantillonnage. Les chevaux sains et allergiques en rémission n'ont pas de niveaux détectables suffisants.

Traitement

Le traitement comporte l'administration de corticostéroïdes (prednisolone, 2,2 mg/kg toutes les 24 heures, per os, dexaméthasone, 0,22 mg/kg toutes les 24 heures, per os ou par voie intramusculaire ou intraveineuse), qui peuvent être associés à des antihistaminiques (hydroxycine, 1 à 2 mg/kg toutes les huit à douze heures, per os, ou diphenhydramine, 1 à 2 mg/kg toutes les huit à douze heures, per os) [17]. La complémentation nutritionnelle avec du lin (Linum usitatissimum) peut être bénéfique, car l'administration d'acides gras oméga 6/oméga 3 associés aux antihistaminiques semble réduire la dose de corticostéroïdes nécessaire pour contrôler les signes cliniques [9, 17]. Pour réduire l'exposition de l'animal à l'antigène, il est recommandé de le garder à l'abri (écurie avec des moustiquaires adéquates aux fenêtres) pendant les heures les plus actives des insectes, en général le crépuscule et l'aube. Si les chevaux doivent rester au pré, il convient d'éviter les zones d'eau stagnante (habitat optimal pour les insectes) et de protéger le cheval avec une couverture appropriée. L'utilisation de répulsifs sur l'animal (perméthrine 4 % en application topique sur la ligne dorsale, une fois toutes les une à trois semaines ; fenvalérate 0,5 % en spray topique sur la ligne dorsale, une fois par semaine) est recommandée [11, 17]. Même si cela reste assez théorique, le contrôle environnemental de la population d'insectes peut aider à minimiser l'exposition de l'animal à l'allergène.

Les troubles dermatologiques causant une alopécie et/ou un prurit sont fréquents en pratique équine.

S'ils sont, la plupart du temps, liés à des affections strictement cutanées, ils peuvent également être l'expression de maladies systémiques.

Éléments à retenir

> La dermatophytose équine peut avoir de multiples présentations cliniques. La forme la plus habituelle consiste en des lésions circulaires alopéciques et croûteuses en périphérie, situées principalement sur les épaules, la tête, le thorax ou le passage de sangle.

> Les oxyures étant sensibles à toutes les principales familles de vermifuges utilisées en médecine équine, il est rare que les chevaux régulièrement vermifugés présentent cette infestation.

> La dermatophilose est une dermatite exsudative et croûteuse.

> Le pemphigus foliacé est la maladie auto-immune la plus fréquente chez le cheval.

Références

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