Traitement de la phobie du van chez un cheval : mise en place et suivi - Pratique Vétérinaire Equine n° 158 du 01/04/2008
Pratique Vétérinaire Equine n° 158 du 01/04/2008

Auteur(s) : Laurence Bonnafous*, Christelle Falewee**, Emmanuel Gaultier***, Muriel Alnot-Perronin****, Patrick Pageat*****

Fonctions :
*DVM, Dipl. BMFVS
Institut de recherche phérosynthèse
Le Rieu-Neuf, 84490 Saint-Saturnin-les-Apt
**DVM
Institut de recherche phérosynthèse
Le Rieu-Neuf, 84490 Saint-Saturnin-les-Apt
***DVM, MSc,
Dipl. BMFVS, Dipl. ECVBM-CA
Institut de recherche phérosynthèse
Le Rieu-Neuf, 84490 Saint-Saturnin-les-Apt
****DVM, Dipl. BMFVS
Consultante vétérinaire, 1, rue Duguesclin
78150 Le Chesnay
*****DVM, MSc, PhD
Dipl. BMFVS, Dipl. ECVBM-CA
Institut de recherche phérosynthèse
Le Rieu-Neuf, 84490 Saint-Saturnin-les-Apt

Les phobies sont les affections comportementales les plus fréquentes chez le cheval. La phéromonothérapie peut être un complément utile à la thérapie comportementale.

Le transport des chevaux est souvent problématique. En effet, cette situation bien éloignée de leurs conditions de vie naturelles entraîne chez beaucoup d'entre eux des troubles, allant d'un simple stress à une véritable phobie.

Un cheval selle français âgé de 15 ans est présenté en consultation pour des difficultés d'embarquement en van.

Commémoratifs

Le cheval a participé à des épreuves de saut d'obstacles, de concours complet et de dressage avec sa propriétaire. Depuis son achat, quatre ans plus tôt, il embarque très difficilement dans un van et peut alors devenir dangereux. Sa propriétaire actuelle n'a aucune information sur l'origine de cette difficulté.

Pendant ces quatre années, il a présenté de façon intermittente une boiterie basse du membre antérieur droit. Le test de flexion était positif, mais l'origine en est demeurée indéterminée, sa propriétaire ne voulant pas pousser trop loin les investigations cliniques. Pendant ces périodes de boiterie, le cheval n'est sorti pas en concours et n'a donc pas voyagé en van. La propriétaire a finalement décidé de le mettre au repos dans une exploitation agricole. Un an plus tard, elle envisage de le remettre au travail, mais tarde en raison des difficultés rencontrées lors des montées en van.

Examen clinique

Le cheval est en bon état général. La boiterie n'est pas observée. L'examen clinique, incluant un examen ophtalmologique, ne révèle rien d'anormal, excepté un test de flexion légèrement positif de l'antérieur droit observé lors de l'examen orthopédique. Le test de la planche est négatif.

Examen comportemental

L'observation du cheval en liberté et l'entretien avec la propriétaire n'ont pas révélé d'élément comportemental notable en dehors du trouble relatif au transport [1, 2, 3, 5, 15].

L'embarquement dans un van a toujours été difficile. Lors de chaque tentative, le cheval fuit sur les côtés, ou recule très brutalement en arrachant la longe des mains, se cabre, transpire abondamment, défèque souvent (, et ).

Par le passé, plusieurs techniques “classiques” ont été tentées par sa propriétaire sans succès : placer le van entre deux structures verticales de façon à créer un couloir d'embarquement pour éviter les dérobades latérales, pousser le cheval vers le van à l'aide de la voix, d'une longe tendue entre deux personnes ou d'une chambrière. La seule solution a été finalement de le faire monter très lentement, en lui avançant les pieds l'un après l'autre sur le pont, tout en récompensant chaque avancée par de la nourriture et des caresses (). Mais la procédure était très longue. Les manifestations de peur (agitation, hypervigilance) apparaissaient dès les préparatifs du transport (pose des protections). Le cheval exprime encore de telles manifestations dès qu'une activité se concentre autour du van. Il est alors très difficile de l'approcher au pré. La propriétaire rapporte que la seule fois où l'embarquement s'est bien déroulé, le van a été placé à la porte de l'écurie. Le cheval n'a pas eu à sortir en pleine lumière pour entrer dans un van sombre. Le très faible contraste lumineux entre l'écurie et le van a probablement facilité son embarquement. Cela s'explique par les propriétés particulières de l'œil du cheval, performant lors de faible luminosité mais très gêné par un fort contraste lumineux [3, 11]. Rappelons que l'examen ophtalmologique n'a rien révélé d'anormal.

Le transport dans le van s'est toujours déroulé sans incident. La descente est en revanche brutale : le cheval jaillit du van, mais peut être repris dès la descente du pont. Les vans utilisés ont toujours eu deux places, ils étaient propres et en bon état. La présence éventuelle d'un congénère n'a jamais rien modifié dans le comportement du cheval. Les montées en camion n'ont jamais posé de souci majeur.

Face à toutes ces difficultés vécues comme des échecs, la propriétaire, trop angoissée, a pris l'habitude de laisser quelqu'un de plus expérimenté embarquer le cheval. Cela ne facilite en rien la manœuvre, les réactions du cheval étant strictement identiques. Elle appréhende maintenant beaucoup cette situation quelles que soient les circonstances.

Diagnostic

Sur le plan physique, l'examen clinique n'a mis en évidence aucun trouble ophtalmologique. En revanche, la persistance d'un test de flexion légèrement positif ne permet pas d'exclure une douleur résiduelle du membre antérieur droit qui pourrait jouer un rôle dans la rétivité. Toutefois, le fait que le cheval embarque bien dans un camion et que le test de la planche soit négatif n'abonde pas dans ce sens, les contraintes physiques étant pourtant identiques.

Sur le plan comportemental, les quatre éléments nécessaires à l'établissement du diagnostic de phobie sont ici présents [3] :

- la réponse comportementale est systématique, forte et constante ;

- le stimulus phobique est parfaitement identifié : le van ;

- les réactions comportementales sont des attitudes d'évitement, dominées ici par la fuite ;

- des signes neurovégétatifs sont présents (voir l'encadré “Définitions”).

Le reste de la sémiologie comportementale n'ayant rien révélé d'anormal, les réactions de peur n'étant pas fréquentes mais limitées à cette situation particulière, un trouble anxieux a été écarté [2, 3]. Dans ce contexte, il ne nous a pas paru utile d'effectuer des examens complémentaires, la clinique étant suffisante pour établir le diagnostic [3, 10, 13, 17]. En revanche, aucun élément ne permet d'établir la cause du trouble et plusieurs hypothèses sont possibles : traumatisme survenu dans ou aux abords du van (phobie post-traumatique), mauvais apprentissage, etc. (voir la “Étiologie des phobies”).

Cette phobie s'accompagne d'une importante anticipation (hypervigilance, réactions de fuite, agitation) dès les premiers préparatifs. Cette anticipation signe une phobie de stade II (généralisation).

Traitement

Thérapie comportementale

La thérapie comportementale des phobies chez le cheval, comme dans les autres espèces, repose principalement sur les principes de désensibilisation et d'habituation (voir l'encadré “Principes d'apprentissage du traitement des phobies”) [4, 9, 11, 12].

• La règle étant de prévenir le déclenchement de toute réaction phobique lors de la désensibilisation, la phase d'anticipation constitue la première montée en tension du cheval, et représente le premier obstacle. L'étape initiale de la thérapie doit donc permettre de supprimer les réactions émotionnelles liées à cette anticipation. Pour cela, une thérapie d'habituation est mise en place. Le cheval semble avoir associé le déplacement du van et l'activité autour de celui-ci avec les tentatives d'embarquement qui suivaient inévitablement. Il est alors proposé à la propriétaire d'utiliser le van comme une remorque dans le cadre du travail quotidien sur l'exploitation agricole. Le cheval aura ainsi l'occasion de voir circuler le van sur la propriété une à plusieurs fois par jour, sans que cela ne soit suivi d'un événement désagréable pour lui. Cette première étape aura abouti à l'habituation attendue lorsque le déplacement du van ne provoquera plus aucune réaction de la part du cheval.

• L'étape suivante repose sur une désensibilisation, clé de voûte de la thérapie des phobies. Elle consiste à rendre l'épreuve suffisamment facile pour que le cheval puisse progressivement monter dans le van sans réaction de peur intense. En se fondant sur les commémoratifs (montée facilitée quand le contraste lumineux entre l'intérieur et l'extérieur du van est minimisé), les caractéristiques phobogènes du van sont diminuées en ouvrant la porte avant et le pont. Pour diminuer encore l'impression d'enfermement, le bas-flanc intérieur et les barres de poitrail sont enlevés ( et ).

Dans un premier temps, l'objectif est simplement de monter calmement le cheval dans le van sans l'obliger à y rester. Puis l'intensité du stimulus est progressivement augmentée en restant toujours sous le seuil de déclenchement des réactions phobiques. Petit à petit, le cheval acceptera de rester de plus en plus longtemps, que les portes soient fermées, de monter alors que les bas-flancs sont en place et, finalement, de monter et de faire un voyage dans des conditions normales.

Enfin, la propriétaire reçoit comme consigne de ne pas maintenir une tension sur la longe (stimulus aversif entraînant le plus souvent une intensification de la réponse d'opposition du cheval et aboutissant à un conflit perdu d'avance pour la propriétaire). Si le cheval recule, elle recule avec lui. Cette stratégie permet de prévenir les réactions violentes et dangereuses du cheval qui effraient à juste titre la propriétaire. En revanche, celle-ci doit encourager de la voix chaque signe de bonne volonté du cheval (renforcement positif), et cesser immédiatement dans le cas où une réaction indésirable y fait suite.

Le rythme des séances est fixé, en accord avec la propriétaire, à deux ou trois par semaine.

Phéromonothérapie

Dans la mesure où la thérapie comportementale s'annonce longue et délicate, d'autant plus en tenant compte de la peur de la propriétaire, l'utilisation d'une phéromone équine réputée avoir des propriétés apaisantes est ici toute indiquée (voir l'encadré “L'equine appeasing pheromone en bref”). L'analogue de l'equine appeasing pheromone (EAP) est prescrite en association avec la thérapie comportementale pour faciliter cette dernière [4, 6, 7, 8, 16]. Une forme galénique non commercialisée est administrée dans ce cas. Une lingette imprégnée d'EAP (à 2 % dans un solvant alcoolique) est fixée à l'anneau du licol 20 minutes avant le début de chaque séance.

Résultats et suivi

Un mois plus tard, les va-et-vient du van ne déclenchent plus aucune réaction chez le cheval. Cette habituation ayant été obtenue, la propriétaire passe donc à la phase suivante.

La deuxième phase de la thérapie a été réalisée en présence et sous le contrôle du vétérinaire, mais c'est la propriétaire et elle seule qui manipule le cheval. La première tentative de montée dans le van réussit en seulement huit minutes et sans réaction violente. Mais, à l'issue des huit minutes, le cheval est en sueur et, de retour au pré, il part au grand galop et en ruades. La tension émotionnelle a été réduite au minimum, mais pas annulée. Il est beaucoup trop tôt pour compliquer l'épreuve. Elle est donc répétée régulièrement jusqu'à ce que plus aucune tension ne soit perçue chez l'animal. C'est alors seulement que l'étape suivante est abordée : remettre les bas-flancs. Lorsque cette épreuve est réussie sans aucune tension émotionnelle, la porte avant est refermée, et ainsi de suite.

Le mois suivant, après huit séances, le cheval est capable d'embarquer et de rester calmement dans le van.

À ce jour, il ne présente toujours aucun trouble lors de l'embarquement.

Discussion

Les phobies chez le cheval sont simples à diagnostiquer et très courantes. Il s'agit de l'affection comportementale la plus fréquente dans cette espèce. La thérapie comportementale est simple dans son principe. Pourtant, sur le terrain, les résultats ne sont pas aussi satisfaisants que ce qu'il serait permis d'espérer. En effet, la mise en application est délicate et les propriétaires renoncent souvent après quelques tentatives infructueuses. De nombreux écueils sont à éviter.

Adaptation de la thérapie au cas par cas

La première précaution à prendre est d'expliquer dans le détail le déroulement des séances. L'énoncé du seul principe de la désensibilisation ne suffit pas. Même si les propriétaires comprennent celui-ci, la mise en pratique requiert une bonne expérience pour l'adapter au cas particulier de leur cheval. Le praticien doit alors concevoir le déroulement des séances à la façon d'un metteur en scène qui distribue les rôles, dirige les acteurs, organise le décor, etc. Il fixe ensuite les différentes étapes à franchir et détermine les acquis à valider avant le passage d'une étape à l'autre.

Pour concevoir cette mise en scène, le praticien a besoin de détailler séquence par séquence la situation phobogène de façon à connaître ses différents composants (voir l'encadré “Quelques points clés de l'élaboration et du suivi de la thérapie”). La montée en van est une situation complexe. Un cheval peut avoir peur du bruit de ses pas sur le pont, de la pénombre qui règne dans le van, de revivre une expérience passée très désagréable, du transport qui suit l'embarquement, etc. Dans le cas décrit, la montée en camion étant moins difficile, il est logique de supposer que l'espace disponible est une composante du stimulus phobogène. De même, l'anecdote de la seule montée en van facile apporte un élément important : la différence de contraste entre l'extérieur lumineux et le van sombre rend la perception des lieux très difficile, donc inquiétante pour le cheval. Une fois ces composantes déterminées, le praticien organise l'épreuve avec l'aide du propriétaire de façon à diminuer au maximum l'intensité de la situation phobogène. Ici, le retrait des bas-flancs offre un agrandissement de l'espace, et l'ouverture de la porte et du pont donne une nouvelle perspective visuelle et apporte de la lumière. Ces aménagements simples à réaliser sont déterminants pour la réussite de la thérapie.

Évaluation globale de la situation

La conception de la thérapie ne doit pas uniquement tenir compte du stimulus central (ici le van), mais de la situation phobogène dans son ensemble, c'est-à-dire de ce qui se passe avant et après, et, enfin, du propriétaire.

Dans le cas décrit, la montée en tension dès les signes avant-coureurs d'un transport est de nature à compromettre la suite de l'épreuve. En effet, plus le cheval est hypervigilant et tendu avant la mise en situation, plus le risque de déclencher les réactions phobiques redoutées est important.

La transpiration importante après la première montée en van indiquait que l'épreuve n'avait pas été neutre pour le cheval sur le plan émotionnel et qu'il importait de la répéter sans compliquer les choses. Un propriétaire pressé et mal encadré aurait compliqué la situation dès la séance suivante, ce qui n'aurait pas manqué de déclencher les réactions phobiques violentes qui doivent être évitées.

Enfin, l'appréhension de la propriétaire et sa perte de confiance en elle ont été des obstacles à prendre en compte. Une remotivation, des consignes simples et des mesures sécurisantes suffisent généralement.

Phéromonothérapie

Même si la thérapie est établie dans les règles de l'art, elle n'en reste pas moins difficile à mettre en œuvre pour les propriétaires. Elle exige du temps, de la patience, beaucoup de motivation et de rigueur. Dans ce contexte, l'utilisation de l'EAP prend tout son sens. La phéromone, en apaisant le cheval et en le stabilisant dans cet état émotionnel, favoriserait l'apprentissage, et la réalisation de la thérapie, sans rien changer aux règles ni aux étapes [4, 6, 14]. Cela expliquerait la rapidité de résolution du trouble phobique observé ici, deux mois (un mois d'habituation et un mois de désensibilisation) étant un délai particulièrement court pour ce type d'affection.

Ce cas de phobie généralisée illustre le contraste entre la facilité du diagnostic, la simplicité du principe de la thérapie comportementale et la complexité de la mise en pratique. Le succès est en grande partie conditionné par le soin apporté à l'adaptation de la thérapie au cas particulier.

Cette thérapie est alors élaborée avec précision en s'appuyant sur l'analyse détaillée de la situation phobogène dans son ensemble. Le praticien conçoit, explique et contrôle la réalisation pratique avec minutie. Enfin, en facilitant et en accélérant les progrès du cheval, la phéromonothérapie semble être un outil majeur dans ce contexte.

Éléments à retenir

> Les phobies liées au transport, parfois très invalidantes, sont souvent complexes chez le cheval. Elles nécessitent alors une thérapie par étapes fondée sur les notions fondamentales de l'apprentissage.

> La thérapie comportementale, simple dans son principe, utilise les concepts d'habituation, de désensibilisation et de renforcement. En pratique, elle nécessite une adaptation très précise à chaque cas.

> La phéromonothérapie (EAP) peut constituer une aide précieuse dans ce contexte par la stabilisation émotionnelle qu'elle procure à l'animal.

Définitions

Phobie ou état phobique : état émotionnel caractérisé par la production de réponses de crainte ou de peur disproportionnées lors de l'exposition à un stimulus ou à un groupe de stimuli bien définis.

Anticipation émotionnelle : processus psycho-comportemental aboutissant au déclenchement des réactions comportementales de peur avant même que le stimulus incriminé ne soit présent, sur la base de stimuli “annonciateurs” du stimulus phobique.

Principes d'apprentissage du traitement des phobies

Habituation : présentation répétée du stimulus phobogène sans qu'il soit associé à une stimulation favorable ou défavorable, entraînant la disparition de la réponse de peur.

Désensibilisation : présentation répétée dans le temps du stimulus phobogène, selon un gradient d'intensité croissante, entraînant la disparition de la réponse de peur. Il convient de toujours rester à une intensité infra-aversive. L'intensité est progressivement augmentée au fur et à mesure que la tolérance de l'animal augmente.

Renforcement positif : stimulus appétitif qui apparaît à la suite de l'exécution de la réponse comportementale attendue et qui augmente la probabilité de réapparition de celle-ci (récompense alimentaire, caresse). Attention, il ne doit intervenir qu'à la fin de la réponse comportementale attendue et immédiatement après (jamais après des manifestations de peur). Il apporte une réelle satisfaction à l'animal.

Renforcement négatif (non utilisé dans ce cas) : stimulus aversif qui disparaît (ou qui n'apparaît pas) dès que le comportement souhaité est émis et qui augmente la probabilité de survenue de celui-ci.

L'equine appeasing pheromone en bref

> L'equine appeasing pheromone (EAP) est une phéromone sécrétée par la jument pendant l'allaitement. Elle participe à l'établissement de l'attachement du poulain à sa mère et à l'apaisement de celui-ci. Ses propriétés apaisantes sont conservées chez le cheval adulte.

> La phéromone est captée au niveau de l'organe voméronasal du cheval dont l'ouverture est située dans les cavités nasales. Elle est véhiculée jusqu'à ses récepteurs spécifiques par des protéines porteuses présentes dans le mucus voméronasal. Sa fixation aux récepteurs entraîne l'activation d'un signal via le nerf voméronasal qui remonte jusqu'au bulbe olfactif accessoire. La phéromone est ensuite relarguée hors de l'organe voméronasal au sein du mucus [14, 16].

> Son utilisation ne fait l'objet d'aucune contre-indication.

> Aucun effet secondaire n'a été relevé.

Quelques points clés de l'élaboration et du suivi de la thérapie

Avant

Explorer ce qui se passe avant l'exposition au stimulus permet de repérer une éventuelle anticipation et les éléments de l'environnement qui s'y rattachent. La prise en compte de celle-ci précise le diagnostic puisque sa présence permet d'établir une phobie de stade II (généralisation). Supprimer cette anticipation par une première étape thérapeutique est essentielle. Si ce préalable est négligé, l'anticipation va s'opposer à la thérapie de désensibilisation dans la mesure où elle provoque une première phase de montée en tension émotionnelle du cheval incompatible avec le bon déroulement d'une séance de désensibilisation.

Pendant

Les situations phobogènes sont souvent complexes, faites de multiples stimulations (auditives, visuelles, etc.). Elles doivent être au préalable décortiquées afin de lister leurs différents composants. La question est : « Quels sont précisément les éléments de l'environnement qui participent au déclenchement de la réaction phobique chez ce cheval ? » Pour y répondre, le praticien recueille une description détaillée des diverses circonstances ayant entraîné des réactions phobiques (une mise en situation peut aussi être très instructive). À partir de ces descriptions et en les comparant, il établit une liste des différents éléments susceptibles d'influer sur l'intensité des réponses émotionnelles du cheval.

Après

Après la présentation du stimulus phobogène, l'observation du cheval permet d'évaluer son état réactionnel, ses capacités de récupération, et de déceler d'éventuelles traces d'une tension émotionnelle qui n'aurait pas forcément été perçue ou qui aurait été mal évaluée pendant l'épreuve. La présence de ces signes après l'épreuve doit systématiquement différer le passage à l'étape suivante de la thérapie.

Le propriétaire

L'attitude du propriétaire et ses affects doivent toujours être évalués à travers une description détaillée ou une mise en situation. Le praticien les analyse et décide d'un commun accord des attitudes à supprimer, à modifier, à renforcer ou à adopter. Le propriétaire doit être rassuré et sécurisé pour éviter que sa propre peur influe sur les réactions émotionnelles de son cheval.

Références

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  • 4 - Boureau V. La phobie des transports chez le cheval : approche par l'éthologie clinique. II. Thérapeutique. Prat. Vét. Équine. 2002 ; 135 : 19-23.
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  • 9 - Hart B, Hart L. General use of conditioning procedures. In : Canine and Feline Behavioral Therapy. Lea & Febiger, Philadelphia. 1985 : 207-230.
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  • 14 - Pageat P. Les phéromones chez le cheval. Quel peut être leur intérêt pour le vétérinaire ? Prat. Vét. Équine. 1999 ; 122 : 105-108.
  • 15 - Pageat P. Abord d'une consultation comportementale chez le cheval : démarche diagnostique et thérapeutique. Dans : Proceedings Avef. 2002 : 42-46.
  • 16 - Pageat P, Gaultier E. Current research in canine and feline pheromones. Vet. Clin. Small Anim. Pract. 2003 ; 33 : 187-211.
  • 17 - Trezzani B. Les phobies chez le cheval : élaboration d'un questionnaire d'enquête et présentation de cinq cas cliniques. Thèse vétérinaire, Nantes. 2004 : 214 p.
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