Pemphigus foliacé chez une pouliche pur-sang arabe de trois mois - Pratique Vétérinaire Equine n° 153 du 01/01/2007
Pratique Vétérinaire Equine n° 153 du 01/01/2007

Auteur(s) : Ann-Sophie Léglise*, Grégory Ghyoros**

Fonctions :
*Le Cugat, 24230 Saint-Antoine-de-Breuilh
**Clinique vétérinaire
24550 Villefranche-du-Périgord

Un pemphigus foliacé, maladie d'origine immunitaire rare chez le cheval, est diagnostiqué chez une pouliche pur-sang arabe de trois mois. Le traitement, à l'aide de corticoïdes, permet la guérison des lésions sans effet secondaire majeur.

Une pouliche pur-sang arabe de trois mois est présentée pour une éruption cutanée.

Cas clinique

J0 : première visite

Anamnèse et commémoratifs

Les lésions sont apparues en 36 à 48 heures et évoluent rapidement. Selon le propriétaire, nul changement dans la vie de la pouliche n'a eu lieu au cours des derniers jours. Elle n'a aucun antécédent médical ni chirurgical. Elle vit au pré en journée et est rentrée au box la nuit. Elle n'est pas sevrée. Les chevaux présents dans les prés ou les box voisins ne présentent pas de symptômes.

Examen clinique

L'état général de la pouliche n'est pas affecté. L'éruption cutanée est caractérisée par la présence de nombreuses papules de 1 cm de diamètre, localisée sur l'encolure, le poitrail et les avant-bras. Les lésions sont bilatérales, symétriques et non prurigineuses.

Traitement

Ces lésions sont évocatrices d'une urticaire aiguë. La pouliche reçoit alors une injection unique de glucocorticoïdes à action rapide (dexaméthasone, 0,02 mg/kg, Voren® solution injectable) et d'antihistaminiques (prométhazine 2,5 %, 250 mg, Phenergan®) par voie intraveineuse.

J3 : premier contrôle

La pouliche est réexaminée car les lésions évoluent et s'étendent.

Examen clinique

L'animal présente une hyperthermie (39,8 °C) et une baisse de l'état général. Les lésions ont évolué en plaques nummulaires d'environ 2 à 3 cm de diamètre, croûteuses et suintantes (). Lors du retrait d'une de ces croûtes, une érosion apparaît. La dermatose s'est étendue aux membres, à la face interne des cuisses, aux mamelles, à la vulve et à l'anus ( et ).

Hypothèses diagnostiques

Les lésions évoquent à présent une pyodermite sévère ou une parasitose externe, telle que la gale sarcoptique. La teigne n'est pas exclue, mais l'aspect des lésions très croûteuses et érosives est peu caractéristique d'une mycose.

Examens complémentaires

À ce stade, des examens bactériologique et mycologique ainsi que des raclages et des calques auraient dû être réalisés, afin de vérifier ces différentes hypothèses diagnostiques. Ces examens peuvent permettre d'établir un diagnostic de certitude, mais ils ne sont pas toujours faciles à interpréter, et il existe de nombreux faux négatifs. De plus, les résultats sont parfois longs à obtenir (par exemple, pour la mycologie). Pour des raisons pratiques et financières, un diagnostic thérapeutique est décidé en accord avec le propriétaire.

Traitement

La pouliche est traitée pour les deux affections les plus probables (pyodermite et gale). Elle reçoit un traitement antibiotique à large spectre (cefquinome, 1 mg/kg/j, pendant dix jours, par voie intramusculaire, Cobactan® suspension injectable), associé à un savonnage des plaies avec un antiseptique (povidone iodée, Vétédine® savon, une fois par jour) pour la pyodermite, et un traitement antiparasitaire (moxidectine, 0,2 mg/kg, une fois, par voie intramusculaire, Cydectine® solution injectable à 1 % pour bovins) pour la gale. Ce dernier produit est utilisé hors autorisation de mise sur le marché (AMM), mais son emploi se justifie par son aspect pratique (une injection unique) et son efficacité. De plus, nous l'employons fréquemment pour cette indication chez le cheval et très peu d'effets indésirables ont été notés. Afin de faire chuter la température corporelle de la pouliche, une injection unique d'anti-inflammatoire non stéroïdien est réalisée (flunixine méglumine, 1,1 mg/kg, par voie intraveineuse, Finadyne® solution injectable).

J10 : Deuxième contrôle

Le traitement mis en place est un échec : les lésions continuent à s'étendre ().

Examen clinique

L'état général de la pouliche est de plus en plus affecté. Elle présente une hyperthermie, une apathie et une baisse de l'appétit. Les lésions cutanées ne suintent plus. Les plaques deviennent coalescentes (). Elles sont alopéciques, croûteuses en périphérie et squameuses au centre. Sur ces plaques, la peau subit une lichénification. Les lésions ont gagné le pourtour des yeux et l'extrémité du nez.

Hypothèses diagnostiques

À ce stade, deux hypothèses diagnostiques sont envisagées : la teigne (les lésions, bien que nummulaires et extensives, ne sont pas typiques, mais ce trouble cutané est fréquent chez le cheval) et une dermatose auto-immune (maladie rare mais possible dans ce cas, vu l'inefficacité des traitements et l'atteinte de l'état général du cheval).

Examens complémentaires

L'examen mycologique n'est pas réalisé. Plusieurs biopsies cutanées sont effectuées et envoyées au laboratoire d'anatomopathologie vétérinaire d'Amboise. Les analyses devraient permettre de détecter une maladie auto-immune ou une dermatophytose.

Traitement

En attendant les résultats des biopsies, un traitement antimycosique est mis en place en aveugle. La pouliche reçoit alors un traitement par voies locale (énilconazole, Imaveral®, une application sur les lésions une fois tous les quatre jours) et générale (griséofulvine, 10 mg/kg/j, per os, Dermogine®, jusqu'aux résultats des biopsies) et un traitement antibiotique (pénicilline-dihydrostreptomycine, dix jours, une fois par jour, Pen-Hista-Strep® suspension injectable). La pouliche reçoit aussi une injection unique d'anti-inflammatoire non stéroïdien (flunixine, 1,1 mg/kg, par voie intraveineuse, Finadyne® solution injectable) pour diminuer la douleur et lui permettre de se réalimenter correctement.

J19 : troisième contrôle et résultat des biopsies

Contrôle clinique de l'efficacité du traitement

Le traitement est sans effet. La dermatose continue à progresser, la peau est alopécique et lichénifiée de façon diffuse, surtout sur l'avant-main. La desquamation est devenue très importante. Cette dermatose semble visiblement très douloureuse car la pouliche limite ses mouvements.

Bilan dermatologique

Au terme de ces trois semaines, la pouliche présente une dermatose chronique non prurigineuse, douloureuse, érosive et squamocroûteuse, généralisée, associée à une hyperthermie, à une apathie et à une dysorexie ().

Résultat des biopsies

L'examen histopathologique montre une dermatose superficielle périvasculaire sévèrement squamocroûteuse avec une acantholyse marquée et une infiltration par des neutrophiles dégénérés dans l'exsudat croûteux ( et ). Aucun élément parasitaire n'est détecté. Ce résultat évoque fortement un pemphigus foliacé. Le diagnostic est donc établi un mois après le début des symptômes.

Traitement

À J19, la pouliche reçoit une injection unique de glucocorticoïdes à action retard (dexaméthasone, 0,2 mg/kg, Voren® dépôt) par voie intramusculaire. Elle est maintenue au box la journée pour éviter l'exposition au soleil.

À J29, le relais est pris avec de la prednisolone par voie orale. Les doses et la durée du traitement sont les suivantes :

- 5 mg/kg/j pendant 15 jours ;

- puis 2 mg/kg/j pendant 15 jours ;

- puis 1,5 mg/kg/j pendant un mois ;

- puis alternance 1 mg/kg/j avec 0,5 mg/kg/j pendant deux mois ;

- puis 1 mg/kg/48 h pendant un mois ;

- puis 0,5 mg/kg/48 h pendant un mois ;

- puis 0,5 mg/kg tous les cinq jours pendant un mois.

Le traitement est arrêté après dix mois. L'utilisation de doses dégressives permet de trouver la dose efficace la plus faible, afin de prévenir l'apparition d'effets secondaires liés aux corticoïdes. En outre, cela évite une baisse trop brutale de la dose de prednisolone, qui peut provoquer une réapparition des lésions.

Suivi

Une amélioration des lésions cutanées est rapidement notée. La pouliche retrouve également un bon état général. Les lésions disparaissent deux mois après le début du traitement. La CJA (corticothérapie à jour alterné) est maintenue huit mois supplémentaires. La pouliche ne présente pas de lésions cutanées 24 mois plus tard.

Pendant le traitement, des contrôles cliniques et sanguins (numération et formule sanguines, urémie, créatininémie, γ-glutamyl-transférase, aspartate-amino-transférase, protéines totales) sont régulièrement effectués et ne révèlent aucune anomalie.

Un retard de croissance modéré est noté par rapport aux autres poulains de cet élevage. Un an et demi plus tard, une croissance compensatrice a permis à la jument d'atteindre une taille normale (, et ).

Discussion

Le pemphigus foliacé est une affection auto-immune qui affecte l'homme, le chien, le chat, les équidés et les chèvres [16]. C'est une maladie peu fréquente, dont la première description chez le cheval date du début des années 1980 [17]. À l'université de Cornell (États-Unis), le pemphigus foliacé ne représente que 1,89 % des troubles dermatologiques rencontrés chez le cheval [16]. Cependant, c'est l'affection dermatologique d'origine auto-immune la plus courante dans cette espèce [13, 19]. Elle est due à la production d'anticorps dirigés contre les desmosomes des kératinocytes, provoquant ainsi la perte d'adhésion entre les cellules. Ce phénomène est appelé acantholyse et conduit à la formation de vésicules dans l'épiderme [2, 14].

Étiologie

L'élément déclenchant du pemphigus foliacé reste difficile à identifier. Pour l'instant, il n'existe que des hypothèses reposant sur l'observation de quelques cas chez le cheval et sur les connaissances disponibles en dermatologie humaine.

Chez l'homme, une forme endémique de pemphigus foliacé appelée fogo selvagem pourrait être due aux piqûres de mouches noires (Simuliidae) en Amérique du Sud. Ces insectes joueraient le rôle de vecteur pour un virus déclenchant la maladie [16]. Lors d'une rétrospective de 20 cas de pemphigus foliacé recensés à l'université de Davis (Californie), Vandenabeele et coll. ont observé que 80 % des chevaux ont déclaré la maladie entre septembre et février. Ils ont ainsi émis l'hypothèse selon laquelle, comme chez l'homme, les piqûres d'insectes, notamment celles de Culicoides spp. et Simuliidae (mouches noires) en été, pourraient déclencher la maladie chez le cheval quelques mois plus tard [19]. Cependant, tout comme chez l'homme, cette hypothèse n'est pas confirmée chez le cheval, d'autant plus que cette saisonnalité n'est pas retrouvée dans une étude rétrospective sur 15 cas de pemphigus foliacé faite par Zabel et coll. [20].

Certains médicaments pourraient aussi être responsables du déclenchement de cette maladie. Les vermifuges, les sulfamides, la pénicilline, la penicillamine et la phénylbutazone sont incriminés [16, 19].

Le stress, les ultraviolets, la génétique, le régime alimentaire et les affections systémiques, notamment l'hypothyroïdie, les infections du tractus respiratoire ou les processus néoplasiques pourraient aussi être des facteurs favorisants ou déclenchants [2, 16, 20].

En ce qui concerne la pouliche, dont la maladie s'est déclenchée mi-août, l'exposition aux insectes est une hypothèse vraisemblable.

Épidémiologie

La pouliche a déclaré la maladie à l'âge de trois mois. Les très jeunes foals peuvent en effet être affectés. Laing et coll. rapportent le cas d'un poulain de deux mois, mais cette maladie peut atteindre les chevaux de tout âge [4, 13, 19, 20]. Aucune prédisposition de sexe ou de race ne semble exister [19, 20]. Cependant, trop peu de cas de pemphigus foliacé sont répertoriés pour l'affirmer. Chez le cheval, le complexe des pemphigus regroupe le pemphigus foliacé, affection cutanée auto-immune la plus souvent rencontrée, et le pemphigus vulgaris qui est nettement plus rare [10].

Diagnostic différentiel

Le diagnostic du pemphigus foliacé est difficile car c'est une affection rare, dont le diagnostic différentiel regroupe un grand nombre de dermatoses caractérisées par la présence de croûtes et de squames. Certaines de ces dermatoses sont très courantes, comme la dermatophilose, la dermatophytose, les folliculites bactériennes, ou moins fréquentes comme les réactions médicamenteuses, la maladie épithéliotrope éosinophile multicentrique, la maladie granulomateuse idiopathique équine, le lymphome épithéliotrope et la séborrhée. La dystrophie de la bande coronaire peut aussi rappeler la forme de pemphigus foliacé localisée exclusivement aux couronnes. Le pemphigus foliacé fait partie des hypothèses rares [9, 10].

Diagnostic

Le diagnostic d'un pemphigus foliacé doit s'appuyer sur l'anamnèse, les signes cliniques, l'exclusion des autres hypothèses diagnostiques et sur l'examen histopathologique [13].

• L'examen histologique est le seul à donner un diagnostic de certitude de pemphigus foliacé. Il nécessite la réalisation de plusieurs biopsies cutanées sans désinfection préalable. Lorsqu'un grand nombre de kératinocytes acantholytiques sont visibles dans les vésicules ou les pustules de la couche granuleuse ou sous-cornée, ainsi qu'un grand nombre de polynucléaires neutrophiles et une quantité variable d'éosinophiles, le diagnostic de pemphigus foliacé peut être établi [2, 13]. Le même type de lésions histologiques peut être retrouvé lors de dermatophytose, mais lors de pemphigus foliacé la mycoculture est négative [16].

• Un autre examen simple à mettre en œuvre, permet d'orienter fortement le diagnostic. Il s'agit de l'examen cytologique, qui est très caractéristique lors de pemphigus foliacé. Il est réalisé à partir de liquide prélevé à l'aiguille dans les vésicules, les bulles ou les pustules intactes, ou à partir de l'exsudat présent sous les croûtes en appliquant une lame contre la peau atteinte. À l'aide d'une coloration rapide classique, cet examen révèle la présence de nombreux kératinocytes acantholytiques, de polynucléaires neutrophiles non dégénérés, d'un nombre variable de polynucléaires éosinophiles et l'absence de micro-organisme [13]. Ainsi, le jour de la consultation, une analyse cytologique permet d'orienter le diagnostic et le traitement. Cependant, le diagnostic doit être confirmé par l'examen histologique [20].

Pronostic

Le pemphigus foliacé est une maladie complexe à gérer. Le pronostic est ainsi réservé à cause de la difficulté, du coût et des effets indésirables du traitement. Dans une étude rétrospective regroupant 20 cas de pemphigus foliacé, le taux de survie est de 46 %, pour plusieurs raisons :

- la réponse au traitement est variable selon les chevaux ;

- les effets secondaires du traitement peuvent être graves et un certain nombre de chevaux atteints de pemphigus foliacé sont en effet euthanasiés pour fourbure ;

- le traitement est long et coûteux, des propriétaires choisissent l'euthanasie ;

- Cinquante pour cent des chevaux rechutent entre deux et 30 mois [11, 16, 19].

Le pronostic est meilleur chez les chevaux de moins d'un an, dont l'atteinte est moins sévère, et qui répondent généralement très bien au traitement. De plus, les rechutes sont beaucoup plus rares et les chevaux peuvent rester asymptomatiques toute leur vie sans médication. Ce qui est apparemment le cas de cette pouliche. Quelques rares cas de pemphigus foliacé chez les foals régressent spontanément à l'âge d'un an. En revanche, chez les chevaux adultes, il est fréquent de devoir maintenir la corticothérapie à vie [2, 3, 4, 12, 13, 16, 20].

Traitement

• Le traitement classique du pemphigus foliacé repose sur l'administration à forte dose et à long terme de corticoïdes. Deux molécules sont couramment employées : la dexaméthasone et la prednisolone. La pouliche a reçu 0,2 mg/kg/j de dexaméthasone par voie intramusculaire pendant les dix premiers jours, puis 5 mg/kg/j de prednisolone par voie orale pendant 15 jours. Les doses ont ensuite été diminuées progressivement, puis le traitement a été administré à jours alternés. La posologie recommandée par Scott et Miller pour le traitement initial du pemphigus foliacé est de 2 à 4 mg/kg/j de prednisolone et 0,2 à 0,4 mg/kg/j de dexaméthasone [16]. Pascoe et Knottenbelt préconisent des doses de 5 à 7 mg/kg/j de prednisolone [9]. Tous conseillent ensuite de diminuer les doses et d'administrer les corticoïdes à jours alternés dès la rémission des symptômes, qui intervient généralement après deux ou trois semaines. Cependant, dans la plupart des cas, la dose choisie par les cliniciens est la plus faible possible dès le départ : 0,1 mg/kg de dexaméthasone et 1 mg/kg de prednisolone [5, 7, 19].

• Moins d'échecs du traitement seraient observés avec la dexaméthasone qu'avec la prednisolone. En revanche, les effets secondaires, notamment la fourbure, semblent moins fréquents avec la prednisolone. Cette molécule est donc souvent utilisée en relais [16]. Cependant, dans quelques cas, le passage à la prednisolone provoque une rechute, et le praticien est alors obligé de poursuivre le traitement avec la dexaméthasone [5].

• Les effets secondaires d'une corticothérapie à long terme (fourbure, infections secondaires, rétention hydro-sodée, hypokaliémie, atteinte hépatique, insuffisance surrénalienne, syndrome de Cushing iatrogène, retard de cicatrisation) sont redoutés par les praticiens car ils peuvent conduire à l'euthanasie du cheval. Chez la pouliche seul un retard de croissance a été observé [6]. Le traitement a été instauré à l'âge de quatre mois et prolongé jusqu'à l'âge de 14 mois. Les corticoïdes altèrent en effet le métabolisme des chondrocytes du cartilage de conjugaison, provoquant un retard de la maturation épiphysaire et de la croissance des os longs. Une croissance compensatrice soudaine à l'arrêt du traitement qui permet d'atteindre la stature attendue peut être observée, à condition que le cartilage de conjugaison n'ait pas encore disparu. Cette croissance compensatrice a été observée chez la pouliche, bien que l'activité du cartilage de conjugaison décline à partir de l'âge de six mois [6]. À plus long terme, la mise en place d'une corticothérapie de longue durée chez un poulain peut favoriser l'apparition de kystes osseux sous-chondraux et d'ostéochondrites disséquantes. Chez le jeune, les corticoïdes entraînent aussi des lésions osseuses. Des fractures, des tassements vertébraux ou des ostéites sont parfois observés. Il n'est donc pas conseillé, en théorie, de traiter les poulains avec des corticoïdes sur le long terme [6].

Les doses et la durée du traitement à base de corticoïdes sont parfois réduites en l'associant à d'autres agents immunomodulateurs comme des sels d'or injectables (molécule non disponible pour le moment) et l'azathioprine, qui ont été employés dans quelques cas de pemphigus foliacé chez le cheval, avec succès et sans effet secondaire. La pentoxiphylline et une complémentation en acides gras (oméga 3 et 6) de l'alimentation ont aussi été utilisées de manière anecdotique [1, 16, 18, 20].

Il est conseillé de ne pas laisser les chevaux atteints de pemphigus foliacé exposés au soleil car les ultraviolets exacerbent le pemphigus. Idéalement, ces chevaux doivent être maintenus dans un environnement sec et pas trop chaud [16, 20].

Le pemphigus foliacé est une maladie auto-immune rare dont le traitement n'est pas facile à réaliser. Son étiologie reste floue, et les mesures préventives sont donc difficiles à mettre en place. Peu de cas sont répertoriés, c'est pourquoi des études rétrospectives et des rapports de cas sont nécessaires pour avoir une vision plus large sur l'épidémiologie, la clinique et le pronostic de cette maladie.

Glossaire :

  • (1) Papule = lésion solide, circonscrite, subcirculaire, surélevée et d'un diamètre inférieur à 1 cm.

  • (2) Urticaire aiguë = affection cutanée se manifestant par de nombreuses papules ou plaques parfois associées à un oedème.

  • (3) Plaque = papule d'une taille supérieure à 1 cm de diamètre.

  • (4) Nummulaire = désigne une lésion qui a la forme d'une pièce de monnaie.

  • (5) Croûte = accumulation de sang, de sérum ou de pus séché, ou de débris cutanés adhérant à la peau.

  • (6) Érosion = disparition localisée de l'épiderme qui n'atteint pas la membrane basale.

  • (7) Alopécie = absence ou disparition totale des poils dans une région normalement velue.

  • (8) Squame = fragment cutané formé de cellules kératinisées agglomérées, visibles à l'oeil nu.

  • (9) Lichénification = épaississement, induration de la peau avec accentuation de ses marques normales.

  • (10) Acantholyse = perte de cohésion des acanthocytes par destruction des ponts intercellulaires.

  • (11) Vésicule = lésion circonscrite et surélevée contenant un liquide clair, de diamètre inférieur à 1 cm.

Éléments à retenir

> Le pemphigus foliacé est la maladie dermatologique d'origine immunitaire la plus fréquente chez le cheval.

> Les examens histologiques et cytologiques sont essentiels pour établir le diagnostic.

> Le traitement repose principalement sur une corticothérapie de longue durée, qui n'est pas dénuée d'effets secondaires.

Références

  • 1 - Bensignor E, Groux D, Lebis C. Les maladies de peau chez le cheval. Ed. Maloine, Paris. 2004 : 50.
  • 2 - Fadok VA. An overview of equine dermatoses characterized by scaling and crusting. Vet. Clin. North Am. Equine Pract. 1995 ; 11(1) : 43-51.
  • 3 - Knottenbelt D. Pemphigus : The body under attack. Hoofcare and Lameness. 2001 ; 77 : 17-21.
  • 4 - Laing JA, Rothwell TL, Penhale WJ. Pemphigus foliaceus in a 2-month-old foal. Equine Vet. J. 1992 ; 24(6) : 490-491.
  • 5 - Mair TS. Bacterial pneumonia associated with corticosteroid therapy in three horses. Vet. Rec. 1996 ; 138(9) : 205-207.
  • 6 - Marchais L. Les corticoïdes chez le cheval : effets secondaires. Th. Med. Vet. Nantes. 1997 : 30.
  • 7 - Messer NT, Knight AP. Pemphigus foliaceus in a horse. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1982 ; 180(8) : 938-940.
  • 8 - Pascoe RRR. Dermatologie du cheval. Ed. Maloine, Paris. 1993 : 204 p.
  • 9 - Pascoe RRR, Knottenbelt DC. Manual of equine dermatology. Ed. Saunders, London. 1999 : 290 p.
  • 10 - Petersern AD, Schott HC. Cutaneous markers of disorders affecting adult horses. Clin. Tech. Equine Pract. 2005 ; 4(4) : 324-338.
  • 11 - Pfeiffer CJ, Spurlock S, Ball M. Ultrastructural aspects of equine Pemphigus foliaceus-like dermatitis. Report of cases. J. Submicrosc. Cytol. Pathol. 1988 ; 20(2) : 453-461.
  • 12 - Power HT, Macevoy EO, Manning TO. Use of a gold compound for the treatment of Pemphigus foliaceus in a foal. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1982 ; 180(4) : 400-403.
  • 13 - Robinson NE. Current Therapy in Equine Medecine. Ed. Saunders, St-Louis. 2003 : 960 p.
  • 14 - Rose RJ, Hodgson DR. Manual of Equine Practice, 2nd ed. Ed. Saunders, Philadelphia. 2000 : 818 p.
  • 15 - Scott DW, Miller WH, Griffin CE. Muller and Kirk's small animal dermatology. 5th ed. Ed. Saunders, Philadelphia. 1995 : 1 213 p.
  • 16 - Scott DW, Miller WH. Equine dermatology. Ed. Saunders, St. Louis. 2003 : 480 p.
  • 17 - Scott DW, Wolfe MJ, Smith CA, Lewis RM. The comparative pathology of non-viral bullous skin diseases in domestic animals. Vet. Pathol. 1980 ; 17(3) : 257-281.
  • 18 - Stahli P, Grest P, Favrot C, Feige K. Pemphigus foliaceus in a Haflinger gelding. Schweiz. Arch. Tierheilkd. 2005 ; 147(5) : 213-217.
  • 19 - Vandenabeele SIJ, White SD, Affolter VK, Kass PH, Ihrke PJ. Pemphigus foliaceus in a horse : a retrospective study of 20 cases. Vet. Dermatol. 2004 ; 15 : 381-388.
  • 20 - Zabel S, Mueller RS, Fieseler KV, Bettenay SV, Littlewood JD, Wagner R. Review of 15 cases of pemphigus foliaceus in horses and a survey of the literature. Vet. Rec. 2005 ; 157 : 505-509.
Formations e-Learning

Nouveau : Découvrez le premier module
e-Learning du PointVétérinaire.fr sur le thème « L’Épanchement thoracique dans tous ses états »

En savoir plus

Boutique

L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

En savoir plus sur cette nouveauté
Découvrir la boutique du Point Vétérinaire

Agenda des formations

Calendrier des formations pour les vétérinaires et auxiliaires vétérinaires

Retrouvez les différentes formations, évènements, congrès qui seront organisés dans les mois à venir. Vous pouvez cibler votre recherche par date, domaine d'activité, ou situation géographique.

En savoir plus


Inscrivez-vous gratuitement à notre Newsletter

Découvrez en avant-première chaque mois le sommaire du Pratique Vétérinaire Equine.

Vidéo : Comment s'inscrire aux lettres d'informations du Point Vétérinaire

Retrouvez-nous sur
Abonné à Pratique Vétérinaire Equine, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr