Les troubles de la bouche juvénile chez les équidés - Pratique Vétérinaire Equine n° 143 du 01/07/2004
Pratique Vétérinaire Equine n° 143 du 01/07/2004

Auteur(s) : P. Chuit

Fonctions : 24, chemin de Pacoty
1297 Founex
Suisse
dentiste.equin@worldcom.ch

La bouche des jeunes est rarement examinée avant la pose d'une bride. Néanmoins, plusieurs affections ou anomalies peuvent être présentes. Une correction chirurgicale est parfois requise.

De sa naissance à la fin de la période des éruptions des dernières dents permanentes, nombre d'anomalies et d'affections peuvent survenir chez le cheval. Elles sont très souvent ignorées car la bouche des jeunes avant de leur mettre une bride est rarement examinée (voir l' encadré “Points à observer” et le tableau “Plan des examens de la bouche”).

Les anomalies de développement

Anomalies de nombre

Absence de dent ou oligodontie(oligodontia)

L'oligodontie est rare chez le cheval ; elle se rencontre le plus souvent au niveau de la troisième molaire inférieure (311 et 411) (voir le tableau “Numérotation des dents chez le cheval à travers le temps - numérotation de Triadan”).

L'absence d'une dent est due à uneagénésie, à une inclusion ou à une chute.

Dent en trop ou polyodontie (photos 3 à 9) (polyodontia)

La fausse polyodontie correspond à la présence persistante de dents lactéales (photos à ). La plus fréquente se situe au niveau des coins (n° 03).

Cependant, cette fausse polyodontie se rencontre également sur les incisives ; elle est alors due le plus souvent à une dent décidua le plus développée que la normale.

Les molaires surnuméraires sont assez fréquentes au niveau de la mâchoire supérieure, soit dans l'axe de l'arcade normale, soit en dehors ou en dedans [5]. Cadiot décrit une quatrième molaire surnuméraire au fond de l'arcade, qu'il baptise “dent de sagesse”. Personnellement, je n'ai jamais rencontré ou reconnu de telles dents.

D'après Jones et Bogart (1971), la présence de dents surnuméraires est, elle aussi, un défaut à support génétique. Parmi les dents surnuméraires, les incisives sont les plus fréquentes (photo ). Baker suppose que leur apparition résulte d'une division accidentelle des éléments germinatifs des dents de remplacement [20].

Anomalies de l'implantation

Versions

Il s'agit de la rotation d'une dent ou de toute une arcade (photo ).

Les versions sont vestibulaires ou linguales (photos et ).

Le plus souvent, l'origine est secondaire et due à une affection périodontale qui tend à déstabiliser la racine. La version de la dent n'est qu'une étape du processus inexorable qui aboutit à sa chute. Tout commence par une attaque bactérienne de la gencive marginale qui entraîne une gingivite avec hyperhémie et œdème, puis la formation d'un foyer infectieux occasionnant un retrait gingival. S'ensuivent une périodontite avec perte du tissu gingival et la formation d'une poche parodontale avec destruction du ligament alvéolo-dentaire, puis lyse de l'os alvéolaire et migration apicale de l'attache épithéliale. Cette affection périodontale est décrite par Baker [1] sous le nom de “cycle du domino” (voir la figure “Cycle du domino”, ci-dessous) .

Intervalles dentaires, diastèmes (diastasis dentium)

Au lieu d'être accolées les unes aux autres, les dents peuvent être séparées par un petit espace et former ainsi un diastasis dentium, inaccessible à l'autonettoyage. Les aliments stagnent dans cet espace, et un bourrage et une fermentation s'ensuivent. Ces diastèmes entraînent une gingivite, puis une parodontopathie qui peuvent occasionner une douleur lors de la mastication et être à l'origine d'un amaigrissement.

Une technique de traitement est d'élargir cet espace à l'aide d'une fine fraise. Ces fraises de différentes formes, conique, cylindrique ou en fuseau, s'adaptent aux râpes Powerfloat® ou aux meules Dremel®

Dents hétérotopiques (kystes dentifères ou dentigènes)

Il s'agit d'une dent située ailleurs que sur les arcades dentaires. L'origine de cette anomalie serait un enclavement d'une partie de l'ectoderme de l'embryon, soit parce que l'une des fentes branchiales s'est anormalement fermée en permettant la formation d'une cavité où le tissu ectodermique poursuit son évolution, soit parce que la muqueuse buccale déjà formée s'est anormalement invaginée au cours de son évolution embryonnaire [6].

Lors du processus de remplacement des dents vers l'âge de deux ans et demi à trois ans et demi, le kyste est particulièrement actif et l'œil de l'examinateur est attiré par une masse molle, suintante, fistulante dont s'écoule un liquide jaunâtre qui contient parfois du sang. Le kyste se situe en région temporale au niveau du rocher (pars petrosa), mais le plus souvent près de la base de l'oreille. Au début, il est souvent insignifiant. Avec le temps, la fistulisation peut devenir gênante et se compliquer d'une nécrose du cartilage auriculaire qui entraîne une odeur nauséabonde, parfois d'une ostéomyélite, voire d'une méningo-encéphalite. La fistule peut se refermer sans empêcher la tumeur (photo ou ) de se reformer. Une fois bien développée, elle devient fluctuante. L'épisode est répétitif.

Si le diagnostic est facile : il convient de sonder et de buter sur l'os, il est facilement assuré par un examen radiographique avec un contraste dans la fistule [7].

La chirurgie s'impose et met alors à jour de manière atraumatique un kyste dans lequel se trouvent pêle-mêle des poils, du pus, des glandes sébacées et une ou plusieurs dents. Ce sont des incisives ou des molaires qui flottent, qui sont enchâssées dans l'os ou enlacées entre elles. Parfois, les dents sont méconnaissables.

De tels kystes dentigères peuvent se retrouver également dans les ovaires ou les testicules ou ailleurs !

Anomalies de volume

Une hypertrophie centrale sur une molaire va créer une béance et fragiliser la dent, tandis qu'une hypertrophie périphérique est responsable de blessures de la muqueuse.

Anomalies de structure

Ces anomalies se manifestent principalement au niveau du (ou des) cornet(s) dentaire(s).

Soit le cornet dentaire est trop profond et est insuffisamment comblé par du cément ; le rasement de la dent se fait en retard. L'animal, alors appelé “bégu”, est jugé plus jeune que son âge.

Soit la grande dureté de l'émail entraîne un nivellement tardif et l'animal paraît plus jeune également. Dans ce cas, il est appelé “faux bégu” (photo ).

La dureté des tissus dentaires peut également être insuffisante. Dans ce cas, l'extrémité libre de la dent va diminuer de hauteur et le cheval est vieilli.

Dédoublement du cornet dentaire (photo 20)

Cette inclusion va également augmenter la dureté de la surface occlusale.

Dans tous ces cas de figure, le praticien interprète au mieux afin d'égaliser les différences ; sur les arcades incisives, il veille au bon alignement des dents.

Anomalies d'usure et d'occlusion

Cette partie pourrait aussi être intitulée “Affections congénitales et héréditaires”.

Le bec de perroquet - bec de corbin

• Brachygnathie mandibulaire : le développement en longueur de la mandibule est insuffisant ;

• prognathie maxillaire : le développement en longueur du maxillaire est trop important ;

• association des deux (photo ).

Ce défaut d'occlusion fait que les incisives supérieures, sans possibilité d'user leur surface occlusale, vont présenter un excès de longueur et que les incisives inférieures vont aller buter sur le palais dur faute de pouvoir s'user. Du point de vue génétique, le bec de perroquet est un défaut héréditaire (Jones et Boggart 1971 ; Rossdale et Ricketts 1974). Le déterminisme génétique n'a pas encore été bien éclairci, mais il semble cependant que le mode de transmission soit dominant (Jones et Boggart 1971) [21].

Selon Easley [10], un traitement orthodontique est possible. Dès le cinquième mois, il place une palette en métal ou, mieux, en plastique entre les arcades qu'il fixe au licol. Easley présente une autre méthode qui consiste à construire un appareil avec une résine polymère incluant une plaque de métal inclinée et à le placer sur le palais pour favoriser le mouvement rostral de la mandibule et prévenir le glissement de l'arcade et des incisives supérieures. Un fil de cuivre est placé derrière les 507 et 607 pour contourner l'arcade incisive supérieure et ainsi empêcher la croissance rostrale de l'arcade incisive supérieure.

Toujours d'après Easley, la chirurgie, l'ostéotomie ont montré qu'elles ont peu d'avenir.

La mâchoire de bouledogue

• Brachygnathie maxillaire : le développement en longueur de la mandibule est insuffisant ;

• prognathie mandibulaire : le développement en longueur du maxillaire est trop important ;

• association des deux.

Le même trouble, beaucoup plus rare, mais renversé. Sur le plan génétique, le déterminisme de cette anomalie n'a pas encore été élucidé, mais il est probable – si on se réfère à ce qui est connu chez le lapin (Kalinowski et Rudolph, 1974) – qu'elle soit sous le contrôle d'un gène autosomal récessif [22].

La bouche en cuillère

La mandibule est normalement plus étroite que le maxillaire supérieur. Lorsqu'il existe une atrésie du maxillaire inférieur, cette différence augmente de façon importante. Les tables des molaires prennent par ce resserrement une forte obliquité. Cette dentition en ciseau favorise la formation de surdents très acérées, qui entraînent des muqueuses blessées et une mauvaise mastication.

Un nivellement plus fréquent est de rigueur.

Les mâchoires croisées (campylorrhinus lateralis)

Il s'agit d'une torsion soit du maxillaire supérieur, soit de la mandibule, soit des deux (photos à ). Cette torsion peut être limitée en partie rostrale des arcades ou s'étendre jusqu'aux articulations temporo-mandibulaires.

Une étude rétrospective de deux cent quatorze cas de mâchoires croisées a montré une forte proportion de chevaux lourds et sur une progéniture de juments primipares. Hérédité et mauvaise position intra-utérine ont été évoquées parmi les causes possibles. L'utérus des primipares moins spacieux et moins extensible pourrait jouer un rôle déterminant. Cette étude a aussi mis en évidence que les dystocies sont associées à cette malformation. Lors de cette compression du poulain durant la deuxième partie de la gestation, des torticolis ou des anomalies corporelles associés aux mâchoires croisées sont fréquemment observés. Toujours dans cette étude de Vanderplassche et coll., toutes les juments arrivent à terme, mais nécessitent une césarienne [8].

Il semble que 20 % des cas pourraient se résoudre spontanément, de façon conservatrice.

Si les torsions ne concernent que la partie rostrale, il est possible d'envisager une chirurgie, ostéotomie ou fixation externe, soit pour corriger, soit pour guider la croissance photos , , et .

Généralement, une arcade s'affronte et permet une mastication. L'autre, qui ne s'affronte pas, doit être examinée tous les six mois, afin de pallier la non-usure des tables. Il convient de ramener l'alignement des incisives dans des normes appréciables pour autant que la biomécanique des articulations temporo-mandibulaires le permette. Un examen radiographique permet une meilleure appréciation.

Fissure palatine - fente palatine (palatoschisis)

C'est une longue ouverture du palais dur ou du palais mou ou des deux dans le sens de la longueur. Cette anomalie résulte d'une non-réunion de la face au stade embryonnaire. Du simple bec de lièvre qui n'affecte que la lèvre supérieure, elle peut se prolonger sur toute la longueur du palais. Le poulain, en cherchant à téter, ne pourra pas parvenir à créer un vacuum avec sa cavité orale.

Rossdale et Ricketts (1974) classent la fente palatine chez le cheval parmi les anomalies congénitales, mais convient-il pour autant d'en conclure qu'elle est héréditaire dans la mesure où elle peut être obtenue au cours de la gestation sous l'action de facteurs tératogènes ou nutritionnels, en particulier un excès de vitamine A (Wollam, 1978), et aussi chez la souris sous l'action de la cortisone [23] ?

L'opération, la palatoplastie, doit être entreprise au plus vite.

Troubles de l'éruption

Sur les incisives, c'est vers l'âge de deux ans et demi à trois ans que les pinces supérieures de remplacement (101-201) vont commencer à chasser les pinces déciduales (501-601). Selon Girard, les dents de la mâchoire supérieure paraissent en général huit à quinze jours plus tôt [12]. À cette époque, la tête s'empâte sur les côtés de la région du chanfrein, comme le font remarquer Goubaux et Barrier [13], Cela est dû au développement des racines des molaires, enfermées dans les alvéoles des os sus-maxillaires. Une gencive gonflée, irritée, rougeâtre est décrite, et, sous celle-ci, la pince de remplacement, qui ne tarde pas à poindre. Souvent, le jeune animal se frotte les arcades pour activer le processus. Soit la pince de lait est encore présente et la dent de remplacement qui chasse la déciduale est observée. Pour le quidam, cela peut ressembler à une “fracture” dentaire…

Cependant, il est possible que les deux générations de dents ne s'affrontent pas et que, sous les dents lactéales, se profilent les dents définitives, ou le contraire.

Dans un tel cas de figure, il convient d'évulser les dents lactéales afin de laisser le bon emplacement aux dents de remplacement. Parfois, les vestiges de la racine sont importants. Il arrive également qu'il s'agisse d'une dent de lait de forte taille et ne présentant aucun signe de vouloir s'évulser. Cette dent a souvent une forme en “pivot”, avec une racine importante.

Avec un élévateur, le vétérinaire coupe le parodonte aussi profondément que possible, puis, à l'aide d'un davier, il évulse la dent par une action rectiligne et légèrement oscillante. Attention à ne pas exercer trop d'action de levier et à ne pas favoriser ainsi une fracture radicale, voire une fracture partielle de l'arcade incisive. Cette conséquence fâcheuse est souvent le fait d'un jeune animal qui, en se débattant, donne un violent coup de tête. Une bonne tranquillisation et une bonne contention sont nécessaires. Une anesthésie locale peut aider.

Les deuxième et troisième prémolaires lactéales vont également tomber et laisser la place aux dents de remplacement vers l'âge de deux ans et demi à trois ans. Tout comme pour les incisives, il se peut que la coiffe de lait reste coincée entre la joue et l'arcade, et qu'elle empêche à la dent définitive de bien se placer dans la ligne de l'arcade. Le traitement consiste à saisir cette coiffe, parfois cette dent encore volumineuse, et à l'extraire.

Le plus souvent, ce sont les vestiges des racines de la dent lactéale qui irritent et blessent les tissus mous environnants. Les symptômes sont fréquemment aigus ; le poulain ne mange plus et se défend dans la bouche.

Le lampas ou la fève

Vers l'âge de deux ans et demi à trois ans, parfois jusqu'à quatre ans, une enflure physiologique, et non pas une entité morbide, est notée [18], du palais dur juste en arrière des pinces mitoyennes supérieures. est noté Ce gonflement se retrouve aussi chez les équidés âgés. Outre les réactions des racines lors de l'éruption des incisives permanentes, il est également admis que la gingivite et la parodontose qui sont présentes vont disparaître une fois la dent en place et en contact avec son antagoniste [24]. Chez certains vieux chevaux, la gingivite et la parodontose favorisent la formation de cette protubérance du palais ; l'image est renforcée par des incisives usées à ras.

Une alimentation de fourrages grossiers et de grains trop durs favorise cette affection. Pour y remédier, il convient de passer à une alimentation plus légère à mastiquer, mashes, barbotages, foin moins ligneux, etc.

Tout comme pour les jeunes chevaux aux coins de lait fragiles, il convient de prendre soin de ne pas blesser ce palais proéminent par l'emploi d'un pas d'âne à plaques dentaires à rebord et d'utiliser des plaques plates.

Les anciens accusaient cette tuméfaction, qu'ils jugeaient être douloureuse et la cause de malnutrition chez le poulain. Il est amusant de lire dans L'Extérieur du cheval (Goubaux et Barrier 1890 ; 83), lorsqu'ils décrivent le palais :

«  Presque tous les auteurs ont répété qu'il est plus ou moins épais suivant l'âge, les conditions physiologiques, et peut déborder les dents incisives au point d'empêcher les chevaux de manger. On dit souvent du cheval dont le palais est dans cet état qu'il a la fève ou le lampas. Huzard père [4] a depuis longtemps montré combien la pratique d'emporter avec un instrument tranchant, ou de brûler avec le cautère actuel, la portion saillante de cette région est inutile et cruelle, et combien elle est propre à empêcher les animaux de manger, plutôt qu'à faire disparaître le dégoût qu'ils paraissent éprouver pour la nourriture. Cette opération, qu'exécutent encore aujourd'hui quelques maréchaux et empiriques, s'appelle brûler le lampas. C'est encore dans le même but qu'ils font parfois une saignée au palais avec des instruments qui occasionnent parfois des accidents. »

Lésions carieuses sur les dents lactéales et permanentes

Les caries dentaires (dissolution des tissus calcifiés) ont de nombreuses origines (photo 31). Les aliments cariogéniques peuvent agresser les couronnes. Il en est ainsi des aliments sucrés, tels que la mélasse très riche en sucre (45 à 50 %) [25], la caroube (40 à 45 %). Ces substances cariogéniques agressent les surfaces labiales des incisives par fermentation bactérienne et production d'acide (pH en dessous de 7,1) sous la plaque dentaire. La surface est tachée et se décolore en laissant apparaître la dentine (l'ivoire).

Par la présence simultanée de diastèmes et d'usures anormales (excroissances d'émail), les vieux chevaux sont particulièrement affectés par ces périodontites, d'où l'importance du nivellement [9].

On distingue plusieurs catégories de caries chez le cheval :

-  carie du cément en surface occlusale ;

-  carie sur le cément d'encadrement ;

-  carie sur le cément radiculaire avec pour origine une périodontite purulente ;

-  carie dans une cavité pulpaire ouverte.

Pour les caries autres que celles sur le cément d'encadrement, le traitement peut se concevoir sous différents aspects, par la surface occlusale ou par la racine.

Les caries peuvent survenir sur des dents de lait. Le traitement consiste en un nettoyage des tissus lésés, lequel se termine souvent par l'extraction de la dent.

Le traitement des caries n'est pas une intervention de routine en dentisterie, car, généralement, le praticien passe à côté du diagnostic jusqu'à ce que la dent soit pourrie. De tout temps, le vétérinaire a essayé d'imiter les traitements de nos chirurgiens-dentistes ; pour preuves le film [3] et les écrits de Becker dans les années 1938 à 1943, qui montrent la manière de forer la dent, de nettoyer la cavité pulpaire, de la préparer à recevoir un amalgame et de le couler.

De nos jours, il existe des kits pour restaurer une dent, tel l'Equine Composite Restoration KitA® de la maison Equi-Dent Technologies [19]. Il comprend une unité pour l'abrasion d'origine humaine, une lampe Demitron 380 pour durcir le composite, le composite lui-même avec ses accessoires et du petit matériel pour parfaire l'intervention, du miroir aux gants.

Baker [2] a développé un traitement endodontique qui consiste en une résection de l'apex de la racine après une stérilisation de la chambre pulpaire, suivie d'une obturation à l'aide d'un Super EBA AluminaB®.

La cémentation naturelle des caries, suivie parfois de l'évulsion naturelle de la dent lésée très longtemps après la première attaque cariogène, modère souvent nos ardeurs à intervenir.

Périostite alvéolaire

Après les stades de gingivite, de parodontose et de parodontite, une destruction du desmodonte (ligament alvéolo-dentaire ou ligament périodontal) associée à une pyorrhée chronique, formation d'une poche remplie de pus avec une mobilité de la dent concernée sont décrites.

Sur la mâchoire supérieure, la dent va généralement basculer (version) et peut développer une fistule puis une sinusite maxillaire. Pour l'observateur averti, les premiers signes sont parfois un port de tête incliné, surtout lors de la mastication, une répulsion pour l'eau froide. Par la suite, un jetage unilatéral laissant un écoulement nauséabond et plus ou moins floconneux attire l'attention. Il est surprenant de constater que, bon nombre de chevaux atteints de périostite alvéolaire et de pyorrhée chronique, ne semblent pas en souffrir. Très souvent, cette affection est découverte par hasard lors d'un contrôle dentaire de routine, lorsque le vétérinaire constate la présence de pus dentaire sur l'un de ses doigts !

L'extraction de la (ou des) dent(s) touchée(s) est de rigueur. Seule décision à prendre : le choix de la méthode. L'extraction peut être pratiquée debout, avec le risque d'une évulsion partielle et d'une guérison en seconde intention par une cémentation, toujours de longue haleine. Le vétérinaire peut prendre la décision de raccourcir cette période en pratiquant une chirurgie par repoussement dentaire.

Le repoussement dentaire nécessite une anesthésie générale, souvent de longue durée, tant est que la technique et l'intervention peuvent se prolonger.

En 1906, Merillat [17] est vraisemblablement le premier à présenter graphiquement les sites de repoussement. Il est intéressant de remarquer que, à cette époque, le site des dernières molaires supérieures (111-211) est encore inconnu. Il semble que les premières représentations du site de trépanation des dernières molaires supérieures datent de 1973 [14].

Autre méthode : la buccotomie [16] ou l'excision chirurgicale décrite en 1987 par McIlwraight et Turner [15].

Dans l'appréciation de la technique à mettre en œuvre, il convient de tenir compte du taux de complications. Une étude montre un taux de 4 % lors d'extraction par la cavité orale et de 47 % lors de répulsion de molaires supérieures. D'autres études citées par Easley [11] donnent des taux de 22 à 40 %. Ces complications comprennent des difficultés de contention, de narcose, des soins longs et fastidieux en clinique, sans oublier les difficultés inhérentes à l'évulsion elle-même, hémorragie, mauvais choix de la dent, dégâts provoqués sur les tissus voisins (artère palatine, sinus, os alvéolaire, joue, dents voisines, canal lacrymal, conduit parotidien ou canal de Sténon et nerf facial). À cela s'ajoutent les problèmes de guérison, déhiscence, fistule permanente résultant d'un séquestre osseux ou de dent, infection de la membrane odontogène, chute du tampon ou paquetage, corps étranger. À long terme, il convient d'ajouter les dommages causés par la nouvelle conformation, la formation de magasin, les excroissances, etc.

À l'arcade mandibulaire, la même pathologie se retrouve, le plus souvent, sur les trois premières prémolaires inférieures. Une poche purulente due à la nécrose radiculaire va se développer, ronger l'os mandibulaire et former ainsi une fistule mandibulaire.

Il convient d'apprécier si la dent concernée est mobile ou non, si elle est douloureuse, s'il y a communication entre la fistule et le sillon gingivo-dentaire.

Le traitement peut d'abord être conservateur et consiste en un curetage intensif, voire répété de la fistule, associé à un rinçage biquotidien sous pression du canal fistulaire. Il peut durer deux à quatre mois et est poursuivi tant qu'aucune détérioration n'est observée. Sinon, il convient d'opter pour l'extraction de la dent ou des dents incriminées, avec toutes les complications qui peuvent survenir.

En ce qui concerne les antibiotiques, à chacun son école. Cependant, couvrir un traitement conservateur de longue durée par une antibiothérapie semble être bien peu raisonnable.

Éléments à retenir

• Anomalie de développement : ne pas hésiter à intervenir suffisamment tôt pour éviter les implantations paradoxales

• Troubles de l'éruption : l'examen de la bouche ne doit en aucun pas être négligé chez les jeunes, surveiller les problèmes d'éruption des dents permanentes est primordial.

• Ne pas négliger les lésions carieuses sur une dent lactéale.

Points à observer

De la naissance à l'âge de deux ans

• Affections d'origine traumatique : fractures dentaires, mandibulaires, maxillaires

• Anomalies d'éruption, d'implantation des premières molaires (n° 9) et des deuxièmes molaires (n° 10)

• Anomalies d'éruption, d'implantation des incisives lactéales

• Anomalies d'éruption, d'implantation des prémolaires lactéales

• Anomalies d'occlusion : becs de perroquet – mâchoires de bouledogue, mâchoires croisées

• Dents manquantes et formation d'excroissances des antagonistes

• Dents surnuméraires (usure exagérée des antagonistes ou déplacement des dents voisines)

• Kystes mandibulaires, périostites alvéolaires

• Néoplasies

• Usures et excroissances par suite d'occlusion défaillante, anormale

De l'âge de deux ans et demi à l'âge de cinq ans

• Anomalies d'usure dues aux occlusions imparfaites :

-  excroissances des deuxièmes prémolaires (n° 6) et des dernières molaires (n° 11)

-  pointes

• Problèmes d'éruption, d'implantation :

-  rétentions des incisives lactéales

-  rétentions des coiffes sur les prémolaires

-  anomalies d'implantation

-  dents surnuméraires

-  kystes dentaires

• Excroissances des incisives

• Affections d'origine traumatique : fractures dentaires, des arcades

• Affections radicales par traumatisme

• Infections :

-  caries

-  périostites alvéolaires

Bibliographie

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L’ouvrage ECG du chien et du chat - Diagnostic des arythmies s’engage à fournir à l’étudiant débutant ou au spécialiste en cardiologie une approche pratique du diagnostic électrocardiographique, ainsi que des connaissances approfondies, afin de leur permettre un réel apprentissage dans ce domaine qui a intrigué les praticiens pendant plus d’un siècle. L’association des différentes expériences des auteurs donne de la consistance à l’abord de l’interprétation des tracés ECG effectués chez le chien et le chat.

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