Endocardite aortique chez un boxer - Le Point Vétérinaire n° 292 du 01/01/2009
Le Point Vétérinaire n° 292 du 01/01/2009

Cardiologie canine

Cas clinique

Auteur(s) : Émilie Trehiou*, Valérie Chetboul**, François Serres***, Carolina Carlos Sampedrano****, Vassiliki Gouni*****, Anne-Claire Duchaussoy******, Jean-Louis Pouchelon*******

Fonctions :
*Unité de cardiologie d’Alfort
**Unité de cardiologie d’Alfort
***Unité de cardiologie d’Alfort
****Unité de cardiologie d’Alfort
*****Unité de cardiologie d’Alfort
******Unité de médecine, ENV d’Alfort, 7, avenue du Général-de-Gaulle, 94700 Maisons-Alfort
*******Unité de cardiologie d’Alfort

Un chien boxer mâle âgé de un an est référé aux urgences pour l’exploration d’une fièvre d’origine indéterminée.

Un mois auparavant, ce chien a été présenté en consultation pour abattement, amaigrissement, boiterie et hyperthermie apparus depuis une dizaine de jours. De la marbofloxacine (Marbocyl comprimés®) a été prescrite par le vétérinaire traitant.

Diagnostic

• À l’examen clinique réalisé aux urgences, l’animal, cachectique, présente une hyperthermie (40 °C) malgré l’antibiothérapie. Une adénomégalie poplitée gauche est observée, associée à un important gonflement articulaire bilatéral des grassets (une arthrite est suspectée). L’examen cardiovasculaire révèle une tachycardie modérée (fréquence cardiaque de 140 battements par minute), un rythme régulier, un pouls synchrone mais bondissant et un souffle systolo-diastolique discontinu basal gauche d’intensité 5/6 non rapporté auparavant. La numération et la formule sanguines mettent en évidence une leucocytose neutrophilique majeure (48,8 x 109/l leucocytes) sans anomalie biochimique sanguine et urinaire associée.

• Un examen échocardiographique est réalisé afin de déterminer l’origine du souffle. La coupe temps-mouvement transventriculaire montre une hypertrophie concentrique symétrique marquée du ventricule gauche. Celle-ci résulte d’une sténose aortique valvulaire de gradient élevé (169 mmHg), caractérisée par des sigmoïdes épaissies sur leur face ventriculaire avec la présence d’un “grelot” de 13 mm évoquant fortement la présence d’une endocardite valvulaire aortique (EA) (photo 1). Cette valvulopathie s’accompagne d’une insuffisance confirmée en mode Doppler continu (photo 2). Sa surface colorimétrique s’étend jusqu’à l’extrémité des feuillets mitraux au mode Doppler couleur.

• Dans un premier temps, un traitement antibiotique à large spectre par voie intraveineuse est préconisé (marbofloxacine et céfalexine, soit Marbocyl® et Rilexine®, respectivement). L’animal meurt brutalement 48 heures plus tard. L’hémoculture effectuée avant l’antibiothérapie par voie intraveineuse révèle la présence d’un Staphylococcus aureus sensible aux deux antibiotiques.

Discussion

Chez le chien, l’endocardite infectieuse valvulaire atteint préférentiellement la valve aortique (51 à 90 % des cas) avec ou sans atteinte mitrale concomitante [5, 6].

La présentation clinique et paraclinique de ce cas est très évocatrice d’une EA : la race (boxer), le sexe (mâle), les signes cliniques (hyperthermie, souffle basal gauche systolo-diastolique d’apparition récente, pouls bondissant à relier à l’insuffisance aortique) et la présence d’une leucocytose [2, 3, 5, 6]. De plus, des arthrites (septiques ou à médiation immune) sont observées dans 30 % des cas [5].

Les cocci à Gram positif, comme dans le cas décrit, sont les agents infectieux en cause dans plus de la moitié des endocardites (dont 71 % de streptocoques et 29 % de staphylocoques) [4].

La principale cause de mortalité lors d’EA est l’insuffisance cardiaque congestive (30 % des cas) [2, 5]. Des arythmies peuvent également survenir et provoquer des morts subites (comme cela est suspecté chez cet animal) [5]. Lorsque l’infection est traitée, mais que persistent des lésions valvulaires aux conséquences hémodynamiques importantes (insuffisance aortique par exemple), une intervention chirurgicale peut être envisagée. Des résultats prometteurs ont été obtenus récemment : une valve porcine, implantée dans l’aorte descendante d’un berger allemand souffrant d’EA avec insuffisance cardiaque, a permis, avec un recul de deux ans, une régression complète de l’intolérance à l’effort [1].

Retrouvez toute l’actualité vétérinaire
dans notre application