Quadricuspidie aortique chez un chien - Le Point Vétérinaire expert canin n° 333 du 01/03/2013
Le Point Vétérinaire expert canin n° 333 du 01/03/2013

CARDIOLOGIE CANINE

Cas clinique

Auteur(s) : François Serres

Fonctions : Oncovet
Avenue Paul-Langevin
59650 Villeneuve d’Ascq

Plusieurs cas de quadricuspidie aortique sont décrits chez le chien. Cette anomalie est en général bien tolérée et découverte fortuitement.

Un chien dogue de Bordeaux mâle non stérilisé âgé de 6 ans est référé pour l’exploration d’une ascite majeure associée à une fatigabilité d’apparition récente.

DIAGNOSTIC

L’examen clinique montre un animal légèrement amaigri et présentant une ascite majeure. L’examen cardiovasculaire révèle une fréquence cardiaque élevée (160 à 240 battements par minute) associée à un rythme irrégulier avec un pouls peu frappé et de fréquents déficits pulsatils. L’auscultation met également en évidence un souffle diastolique basal gauche de faible intensité (2/6). Un examen électrocardiographique confirme une fibrillation atriale.

Un examen échocardiographique est réalisé afin de déterminer l’origine du souffle et de quantifier les éventuelles conséquences cavitaires associées à ce souffle et à la fibrillation atriale. L’examen au mode bidimensionnel et temps-mouvement montre une hypokinésie marquée du septum interventriculaire et de la paroi libre du ventricule gauche, associée à une dilatation ventriculaire gauche minime.

La coupe petit axe transaortique obtenue par voie parasternale droite met en évidence quatre cuspides aortiques, au lieu des trois habituellement retrouvées (photo 1). Ces cuspides sont asymétriques et s’ouvrent largement en systole. Une insuffisance diastolique associée est observée au mode Doppler couleur. L’examen au mode Doppler continu du flux aortique confirme cette insuffisance, avec un profil en “pain de sucre”, traduisant une insuffisance hémodynamiquement bien tolérée (photo 2). Un diagnostic de cardiomyopathie secondaire à une tachyarythmie est supposé, la quadricuspidie aortique associée étant très probablement une découverte fortuite. Une association de digoxine (0,005 mg/kg toutes les 12 heures) et de diltiazem (2 mg/kg toutes les 8 heures) est instaurée en traitement de l’arythmie, associé au soutien de la fonction systolique (pimobendane, 0,3 mg toutes les 12 heures) et à un traitement anti-congestif (furosémide et inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’engiotensine). Une nette amélioration clinique et de la fonction systolique étant constatée 2 mois plus tard, l’hypothèse de cardiopathie tachycardie induite est confirmée. L’insuffisance aortique n’a, en revanche, pas évolué.

DISCUSSION

Les cuspides aortiques se forment au cours de l’embryogénèse, pendant la phase de septation (division en cavité) du tube cardiaque. Trois cuspides sont initialement présentes, mais elles peuvent fusionner ou se diviser. Chez le chien, plusieurs cas de quadricuspidie aortique ont été décrits, ainsi qu’un cas de bicuspidie [1, 2]. Chez l’homme, ces anomalies sont systématiquement associées à une insuffisance aortique, comme dans le cas présenté ici. Il s’agit d’une des principales causes d’insuffisance aortique. Les autres devant être recherchées sont les sténoses sous-aortiques, les endocardites et les communications interventriculaires. Plus rarement, les quadricuspidies sont associées à une sténose aortique valvulaire. Le plus souvent, ces anomalies sont bien tolérées et découvertes fortuitement.

Références

  • 1. Serres F, Chetboul V, Carlos Sampedrano C et coll. Quadricuspid aortic valve and associated abnormalities in the dog: Report of 6 cases. J. Vet. Cardiol. 2008;10:25-31.
  • 2. Serres F, Chetboul V, Carlos Sampedrano C et coll. Bicuspidie et sténose sous-aortique chez un carlin. Point Vét. 2008;289:79.

Conflit d’intérêts

Aucun.

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