Orchite aiguë chez un mâle reproducteur - Le Point Vétérinaire n° 298 du 01/09/2009
Le Point Vétérinaire n° 298 du 01/09/2009

Reproduction canine

Pratique

CAS CLINIQUE

Auteur(s) : Emmanuel Fontaine

Fonctions : CERCA, service de reproduction animale
ENV d’Alfort
7, avenue du Général-de-Gaulle
94700 Maisons-Alfort

Lors d’orchite unilatérale chez un chien reproducteur, l’hémicastration doit être réalisée au plus vite afin de préserver la qualité de la semence produite par le testicule restant.

Un chien bulldog anglais âgé d’un an et demi est référé en consultation spécialisée pour une orchite aiguë unilatérale qui évolue depuis une dizaine de jours. Le propriétaire souhaite conserver le potentiel reproducteur de l’animal.

Cas clinique

1. Commémoratifs et anamnèse

Le chien ne s’est pas encore reproduit en raison de son jeune âge. Souhaitant contrôler la qualité de la semence, le propriétaire a prélevé manuellement l’animal sans difficulté. Le lendemain, il observe une dissymétrie scrotale conséquente qui le conduit à consulter son vétérinaire traitant. Il ne rapporte aucun autre signe. À l’examen clinique, l’animal est en bon état général. Le volume de la bourse gauche est deux fois plus important que celui de la bourse droite. La palpation est douloureuse et met en évidence une inflammation du testicule gauche, dont la taille a doublé, et une chaleur. Le testicule droit ne présente aucune anomalie. L’hypothèse d’une orchite aiguë est avancée.

Ce chien est destiné à une carrière reproductrice, et le vétérinaire opte alors pour un traitement médical. Des anti-inflammatoires non stéroïdiens (Métacam®, méloxicam, 0,2 mg/kg le premier jour par voie sous-cutanée, puis 0,1 mg/kg les jours suivants per os) et des antibiotiques (Marbocyl®, marbofloxacine, 2 mg/kg per os) sont administrés. Après 3 jours, l’hypertrophie testiculaire a diminué et la palpation est moins douloureuse. Cependant, après 10 jours de traitement, le testicule n’a toujours pas recouvré sa taille normale. L’animal est alors référé en consultation spécialisée.

2. Examen clinique

L’état général de l’animal est bon. Aucun autre signe n’est apparu depuis la visite initiale. L’appétit est conservé depuis le début de l’épisode. La température rectale est de 38,5 °C. Aucune adénomégalie palpable n’est notée.

L’appareil génital externe est examiné avec attention. Le fourreau et le pénis sont d’aspect normal. Ce dernier est facilement décalotté jusqu’en arrière des bulbes érectiles. Aucun signe d’inflammation n’est relevé.

La peau du scrotum ne présente aucune lésion. La bourse gauche est cependant toujours hypertrophiée (photo 1). La zone est légèrement chaude, mais peu douloureuse. L’animal ne semble éprouver une gêne que lors de pression importante. La taille du testicule paraît normale, mais son appréciation à la palpation est rendue difficile par la présence d’un liquide d’épanchement.

3. Hypothèses diagnostiques

En raison du tableau clinique et de la rapidité d’apparition, l’hypothèse diagnostique principale est une orchite aiguë. Celle-ci peut avoir plusieurs origines :

– une infection bactérienne primaire (Brucella canis ou tout autre bactérie, aérobie notamment) ;

– un traumatisme ;

– une contamination secondaire par voie rétrograde (le plus souvent par les canaux déférents à partir de la prostate ou de l’appareil urinaire) ;

– une orchite auto-immune.

Le diagnostic différentiel comprend une torsion testiculaire, une hernie scrotale, une tumeur testiculaire (hypothèse moins probable en raison du jeune âge de l’animal), une hydrocèle ou une hématocèle.

4. Examens complémentaires

Un prélèvement sanguin sur tube sec pour une recherche sérologique de brucelloses canine et bovine est réalisé. Il est envoyé au laboratoire de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). À la réception du résultat, il a pu être confirmé que l’animal était négatif.

Un examen échographique des testicules est pratiqué. La bourse gauche est remplie d’un volumineux épanchement liquidien avec de nombreuses partitions échogènes. Cette image est compatible avec une hydrocèle ou une hématocèle. L’épididyme est de taille très augmentée. Son parenchyme est remanié, avec une alternance de plages hyper- et hypoéchogènes et la présence de petits kystes intratesticulaires (photo 2). Le Doppler ne met en évidence aucun signal vasculaire identifié (photo 3). Le testicule droit présente un aspect normal. L’examen échographique du reste de l’appareil génital (prostate, nœuds lympathiques iliaco-fémoraux) ne révèle aucune anomalie. L’hypothèse de torsion testiculaire est avancée devant les images échographiques, et reste à confirmer lors de l’intervention chirurgicale.

Le propriétaire souhaite conserver ce mâle pour la reproduction et une hémicastration est envisagée.

5. Traitement

Anesthésie et préparation

Un bilan biochimique sanguin préopératoire (urée, créatinine, protéines totales, phosphatases alcalines, alanine aminotransférase) est réalisé. Il ne révèle aucune anomalie.

L’animal reçoit en prémédication une association d’acépromazine (Calmivet®, 0,05 mg/kg) et de morphine (Morphine Meram®(1), 0,2 mg/kg) par voie intramusculaire. Cette prescription est particulièrement fiable et a des répercussions cardiovasculaires et respiratoires modérées. Elle permet d’obtenir des animaux “manipulables”, et procure une analgésie et une potentialisation correctes. Un quart d’heure plus tard, l’induction est réalisée à l’aide de thiopental sodique (Nesdonal®, 10 mg/kg par voie intraveineuse). Le chien est intubé et l’anesthésie est entretenue avec un mélange gazeux d’oxygène et d’isoflurane (Aerane®(1)).

Une fluidothérapie peropératoire est mise en place (du Ringer de lactacte au débit de 10 ml/kg/h). Une antibiothérapie peropératoire est administrée par voie intraveineuse au début et à la fin de l’intervention chirurgicale à l’aide de céfalexine à la dose de 30 mg/kg.

Une injection intraveineuse de méloxicam (Metacam®, 0,2 mg/kg) est également pratiquée en fin d’intervention.

La peau du scrotum est particulièrement fine. Toute manipulation peut entraîner une forte inflammation. Aussi, pour prévenir d’éventuelles complications de scrotite, le scrotum n’est pas rasée lors de la préparation de l’animal.

Intervention chirurgicale

Une hémicastration antéscrotale à testicule découvert est prévue. Par pression, le testicule incriminé est avancé en région préscrotale. Les tissus cutané et sous-cutané sont alors incisés sur le raphé médian au-dessus du testicule. L’incision est poursuivie à travers le fascia spermatique, ce qui permet l’extériorisation du testicule.

La tunique vaginale apparaît d’aspect remanié, nécrotique, fortement congestionnée et hypertrophiée (photos 4 et 5). Ces lésions correspondent à une vaginalite. La tunique vaginale pariétale est incisée, et le testicule est alors visualisé (photo 6). Celui-ci ne présente pas de torsion, contrairement à ce que laissait supposer l’examen échographique. Cependant, il a un aspect hémorragique et très remanié, qui concerne non seulement le parenchyme testiculaire, mais également l’épididyme et le cordon vasculaire. À l’intérieur de la vaginale, un volumineux hématome est observé (hématocèle). Celui-ci est probablement à l’origine d’une dévascularisation du testicule par arrêt du retour veineux, qui entraîne une nécrose.

Le ligament de la queue de l’épididyme est ensuite arraché manuellement. Le pôle vasculaire et le canal déférent peuvent alors être clairement identifiés et ligaturés séparément à l’aide d’un fil résorbable de décimale 3 (polydioxanone) Polysorb® 2-0. Deux clamps sont posés au-dessus de ces ligatures et, en coupant entre les deux, le testicule est enlevé.

L’hématome est retiré et la vaginale est nettoyée à l’aide de sérum physiologique à trois reprises.

En raison de la vaginalite associée, après avoir repoussé le plus profondément possible les structures vasculaires, la portion modifiée de la vaginale est réséquée.

La tunique vaginale est ensuite refermée à l’aide d’un point en X avec le même fil. Après vérification de l’hémostase, les plans sous-cutané et cutané sont refermés. Le plan sous-cutané est suturé à l’aide d’un fil résorbable de décimale 2, le plan cutané à l’aide d’un fil irrésorbable de décimale 2.

En raison de la présence de nombreux débris nécrotiques dans la vaginale, la principale complication possible est une scrotite et/ou une funiculite. Celle-ci amènerait à pratiquer une castration complète avec scrotectomie. Une surveillance postopératoire est donc nécessaire. L’animal est mis sous antibiotiques pendant 3 semaines à base de céfalexine (Rilexine®, 30 mg/kg/j en deux prises quotidiennes per os) et sous méloxicam (Métacam®, 0,2 mg/kg en une prise per os) pendant 5 jours.

Le testicule est envoyé au laboratoire pour une analyse histologique qui est revenue compatible avec une orchite.

6. Suivi postopératoire

Évaluation de la plaie chirurgicale

Le chien est revu 2 jours après l’intervention et une semaine plus tard. L’évolution est satisfaisante, et aucune inflammation du scrotum n’est apparue. La cicatrisation est effective et les points sont retirés 12 jours après l’opération.

Évaluation du potentiel reproducteur

À la suite de cet épisode, notamment en raison de l’augmentation de la température qui a accompagné le processus inflammatoire, des répercussions sur le testicule controlatéral sont à craindre. Un contrôle de la spermatogenèse sur ce dernier est requis.

La spermatogenèse est longue chez le chien (62 jours). Tester le potentiel reproducteur du mâle avant que ce laps de temps ne se soit écoulé est inutile.

Un premier spermogramme est donc réalisé deux mois plus tard. Le prélèvement se déroule sans encombre. La libido du chien est satisfaisante et l’animal se laisse faire. La semence présente cependant une asthénozoospermie : 20 % de mobilité progressive. Le nombre de spermatozoïdes contenus dans l’éjaculat est de 470 millions, ce qui est acceptable pour un chien qui a subi une hémi-castration. Le pourcentage d’anomalies est de 26 % (essentiellement des malformations de flagelles), ce qui est dans la limite d’acceptation (inférieure à 30 %). La qualité de la semence récupérée ne permet cependant pas d’envisager la mise à la reproduction.

Un contrôle est effectué trois semaines après. La semence présente toujours une asthénozoospermie (20 % de mobilité progressive), avec une numération de 490 millions de spermatozoïdes dans l’éjaculat.

Un contrôle est donc prévu deux mois plus tard. La semence présente alors une bonne mobilité (80 % de mobilité progressive) avec une numération de 480 millions de spermatozoïdes et un taux d’anomalies de 15 %. Ces données correspondent à une qualité de semence convenable.

Un délai d’environ 5 mois après l’opération a été nécessaire pour que le chien récupère un potentiel reproducteur satisfaisant.

Discussion

1. Épidémiologie

L’orchite, une inflammation des testicules, se rencontre, en général, chez les jeunes chiens. Selon les études, l’âge moyen de l’animal lors du diagnostic est de 2 à 3,7 ans, avec des extrêmes de 11 mois à 10 ans. Aucune prédisposition de race n’est rapportée [3, 8].

L’inflammation unilatérale est la plus fréquente [8].

2. Évolution clinique

La phase aiguë est caractérisée par des signes cliniques généraux (hyperthermie, abattement), des difficultés locomotrices (boiterie des membres postérieurs liée à la gêne occasionnée), mais surtout par des symptômes locaux : augmentation du volume du ou des testicules et des enveloppes et signes habituels de l’inflammation aiguë (rougeur, chaleur, sensibilité). La palpation est souvent douloureuse [8].

Si aucun traitement n’est entrepris, la phase chronique succède à la phase aiguë. Les signes généraux disparaissent. Secondairement à l’inflammation, des adhérences peuvent apparaître entre les feuillets de la tunique vaginale, ce qui gêne le mouvement des testicules dans le scrotum. Le testicule atteint s’atrophie et peut soit s’indurer et devenir ferme et irrégulier, soit s’assouplir en conservant une forme normale. L’épididyme est fréquemment induré à la palpation. Cependant, il existe des orchites ou des orchi-épididymites chroniques, sans passage par une phase aiguë préalable. Le seul signe clinique est alors une infertilité chez des chiens reproducteurs.

Lors d’inflammation unilatérale, le testicule controlatéral peut s’atrophier et présenter des signes de dégénérescence dus à l’élévation de la température locale et/ou à des processus auto-immuns. La destruction auto-immune du testicule est possible quand le trauma ou l’inflammation expose les tissus testiculaires au système immunitaire [1, 12]. Chez le chien mâle, les cellules de Sertoli forment une barrière entre le sang et le tissu testiculaire, et isolent ainsi les cellules germinales en maturation du système immunitaire de l’animal. Des lésions de cette barrière permettent la pénétration de lymphocytes dans le testicule et la sensibilisation des lymphocytes T. Il peut en résulter la formation d’anticorps antispermatiques. L’orchite auto-immune peut être liée à une infection secondaire ou être une composante d’un trouble auto-immun général [12].

Lors d’orchite unilatérale chez un animal reproducteur, la prise en charge doit être immédiate afin de conserver le potentiel reproducteur.

3. Étiopathogénie

Une orchite peut apparaître à la suite d’un processus infectieux. Les germes pénètrent soit :

– par un mouvement rétrograde depuis la prostate ou le bas appareil urinaire, secondairement à une prostatite ou à une infection urinaire (Escherichia coli, Staphylococcus sp., Streptococcus sp., Proteus vulgaris, blastomycose, Mycoplasma canis) ;

– par voie hématogène à la suite d’une dissémination de l’agent infectieux à partir d’un foyer d’infection primaire (brucellose, septicémie, virus de la maladie de Carré) ;

– par entrée directe via une plaie perforante (morsure, corps étranger, piqûre d’insecte) [2, 3, 11]. Une réaction purement inflammatoire et une réaction auto-immune peuvent entraîner une orchite à la suite d’un traumatisme ou également lors de remontée d’urine stérile dans le tractus génital avec une vessie pleine après un trauma (par exemple lors d’un accident de la voie publique) [3]. L’inflammation initiale est en général à l’origine d’une hypertrophie du testicule et/ou de l’épididyme avec formation de petits abcès intraluminaux. L’épididyme devient ensuite fibrotique [3].

Dans le cas décrit, le propriétaire a associé le prélèvement récent du mâle à l’apparition de l’orchite. Néanmoins, ce type de complication n’est pas décrit. La présence de l’hématome intrascrotal associé à l’orchite plaide plus en faveur d’une origine traumatique, notamment d’un choc violent sur le testicule.

4. Diagnostic étiologique

Recherche d’une infection à Brucella canis

Devant une orchite, il convient de toujours réaliser un dépistage vis-à-vis de la brucellose canine. Brucella canis est une bactérie à Gram négatif spécifique des canidés sauvages et domestiques. Son incidence en France est très faible, mais elle est présente sur le territoire [4, 5]. Les animaux infectés excrètent les micro-organismes via l’urine et la semence, et, dans une moindre mesure, par la salive et les sécrétions nasales. La transmission se produit par ingestion, inhalation ou par voie vénérienne. Les organes les plus touchés sont les testicules et les épididymes, à l’origine d’orchite et d’épididymite, de dermatite scrotale, d’oligozoospermie et d’infertilité. Le risque zoonotique, même s’il est faible, est bien réel. Cela doit conduire à tester systématiquement tout animal présenté pour une orchite [7, 10]. Il est conseillé de réaliser en première intention une recherche sérologique. Celle-ci explore la réaction d’agglutination entre les anticorps et des protéines de la membrane des Brucella. Ces tests par agglutination restent positifs chez un animal infecté de 8 à 12 semaines après l’infection et jusqu’à 3 mois après qu’il est devenu abactériémique. L’examen sérologique est très sensible mais peu spécifique, et les antigènes utilisés sont retrouvés chez de nombreuses autres bactéries (Pseudomonas aeruginosa, Staphylococcus sp., Bordetella bronchispetica, etc.). Un test négatif est significatif dans 95 à 99,7 % des cas. Les faux positifs correspondent à 20 à 50 % des résultats positifs [6]. Si le résultat est positif ou douteux, le test doit être renouvelé au moins 3 semaines plus tard pour vérifier une éventuelle séroconversion [6]. Un second test positif conduit à un examen plus spécifique : culture sur le sang ou la semence (difficile à réaliser) ou test PCR (polymerase chain reaction, à préférer).

Examen échographique

L’examen échographique de l’appareil génital est l’examen de choix. Il permet d’établir le diagnostic différentiel entre les autres affections susceptibles d’être à l’origine d’une augmentation de volume du scrotum :

– une hernie scrotale, avec une visualisation d’anses intestinales dans le scrotum ;

– une torsion testiculaire, avec une disparition du flux sanguin testiculaire au Doppler. Cette hypothèse a été avancée, dans ce cas, lors de la réalisation de l’examen échographique, mais l’interruption du flux sanguin est certainement liée à une compression par l’hématome intrascrotal [9, 10, 13].

Les deux testicules doivent être appréciés à l’examen échographique car s’ils portent tous deux des signes de remaniement, la castration bilatérale est requise. L’intégralité de l’appareil génital est explorée (prostate et nœuds lymphatiques iliaco-fémoraux) pour s’assurer de l’existence ou non d’un foyer infectieux primaire prostatique. Dans le cas décrit, ces structures ne présentent aucune anomalie échographiquement visible.

Après l’intervention chirurgicale, une analyse histopathologique sur le testicule retiré permet d’écarter une hypothèse tumorale et de confirmer l’orchite. Dans le cas présenté, l’étude histopathologique a révélé une orchite dégénérative.

5. Traitement

Le traitement médical est souvent décevant, et il est préférable d’opter directement pour une prise en charge chirurgicale. Chez des chiens non reproducteurs, une castration bilatérale est envisagée. Celle-ci se justifie de deux façons :

– par précaution, car l’orchite peut être l’expression d’une brucellose potentiellement transmissible à l’homme ;

– par prévention, afin de prévenir une orchite auto-immune sur le testicule controlatéral.

Si, en revanche, l’animal est destiné à la reproduction, une hémicastration est envisageable. Néanmoins, le testicule restant est contrôlé pour s’assurer qu’aucune atteinte ne se développe. Même si le pronostic vital est rarement en jeu, l’opération doit être réalisée rapidement afin de prévenir les effets secondaires sur le testicule controlatéral, à l’origine d’un arrêt de la spermatogenèse. En cas de scrotite ou lorsque des adhérences se forment entre le testicule et le scrotum (ce qui est possible lors d’orchite aiguë suppurée), une scrotectomie associée à une castration bilatérale doit être envisagée.

La peau du scrotum est très fine et très irriguée, et les principales complications postopératoires sont des scrotites.

Dans le cas présenté, le volumineux liquide d’épanchement (hydrocèle) et la présence de l’hématome intrascrotal (hématocèle) sont des facteurs aggravants, d’où une surveillance postopératoire accrue. Une antibiothérapie de couverture doit être envisagée. Il convient de prescrire un antibiotique à spectre large, actif par voie générale notamment sur les bactéries à Gram négatif, tel que :

– l’association sulfamide-triméthoprime ;

– les céphalosporines ;

– les fluoroquinolones.

Le traitement dure 7 à 10 jours lors d’orchite aiguë, et au minimum 3 semaines lors d’inflammation chronique. Dans le cas présent, la prise en charge a été tardive et un traitement de 3 semaines est donc décidé.

Des anti-inflammatoires doivent également être administrés. Chez un chien reproducteur, les anti-inflammatoires non stéroïdiens sont à privilégier, plutôt que les corticoïdes, qui inhibent la spermatogenèse.

6. Pronostic du potentiel reproducteur

Le pronostic reproducteur reste toujours réservé. Il est cependant meilleur si aucune atrophie du testicule non atteint n’est notée.

Un spermogramme permet de contrôler le potentiel reproducteur de l’animal. Il ne doit pas être réalisé avant 62 jours après la fin du traitement. En effet, la spermatogenèse est longue chez le chien et la tester trop tôt n’apporte pas de résultats concluants alors qu’une évolution favorable est encore possible. Le nombre total de spermatozoïdes dans l’éjaculat diminue de moitié immédiatement après une hémicastration. Une hypertrophie compensatrice du testicule restant, liée à l’augmentation du diamètre des tubes séminifères, est observée 3 mois après l’opération. Si la semence est de mauvaise qualité, un nouveau contrôle doit être effectué 15 jours à 1 mois plus tard. Il convient de noter que le retour à la normale peut s’effectuer de 2,5 à 6 mois après la fin du traitement (étude portant sur 3 chiens) [2].

Les orchites sont peu fréquentes et, en général, traitées par une castration bilatérale. Néanmoins, chez un animal reproducteur, la conservation du potentiel génétique requiert de bien cerner l’atteinte et d’agir rapidement. Les traitements médicaux seuls restent décevants. L’examen échographique est l’examen de choix pour mieux apprécier l’atteinte et décider du traitement chirurgical à adopter.

  • (1) Médicament humain.

Références

  • 1 – Edward Allen W, Patel JR. Autoimmune orchitis in two related dogs. J. Small Anim. Pract. 1982;23(6):713-718.
  • 2 – Ellington J, Meyers-Wallen V, Suess R et coll. Unilateral bacterial epididymitis in the dog. J. Am. Anim. Hosp. Assoc. 1993;29(3):315-319.
  • 3 – Feldman EC, Nelson RW. Disorders of the testes and epididymes. In : Feldman EC, Nelson RW. Canine and feline endocrinology and reproduction. 2e ed. WB Saunders, Philadelphia. 1996;697-710.
  • 4 – Fontbonne A. Maladies sexuellement transmissibles dans l’espèce canine. In: Congrès annuel de la CNVSPA, Paris. 1997.
  • 5 – Fontbonne A. La brucellose canine : une maladie trop peu souvent recherchée par les praticiens. Nouv. Prat. Vét. Canine Féline. 2004;17(1):21-25.
  • 6 – Hollet R. Canine brucellosis : outbreak and compliance. Theriogenol . 2006;66(3):575-587.
  • 7 – Johnson C, Walker RD. Clinical signs and diagnosis of Brucella canis infection. Compend. Contin. Educ. Pract. Vet. 1992;14:763-772.
  • 8 – Lein D. Canine orchitis. In : Kirk RW. Current Veterinary Therapy VI. 6e ed. WB Saunders, Philadelphia. 1977;1255-1259.
  • 9 – Miyabayashi T, Biller DS, Cooley AJ. Ultrasonographic appearance of torsion of a testicular seminoma in a cryptorchid dog. J. Small Anim. Pract. 1990;31(3):401-403.
  • 10 – Schoeb T, Morton R. Scrotal and testicular changes in canine brucellosis: a case report. J. Am. Vet. Med. Assoc. 1978;175(5):598-600.
  • 11 – Szasa F, Zoldag I, Albert M. One case of epididymitis caused by Escherichia coli and Bacteroides fragilis group bacterium in a dog. Kisallatvorvoslas. 1994;1(1):10-13.
  • 12 – Tung K, Mahi-Brown CA. Autoimmune orchitis and oophoritis. Immunol. Allergy Clin. North Am. 1990;10(2):199-214.
  • 13 – Valentini S, Spinella G, Fedrigo M. Échographie des annexes testiculaires du chien. Point Vét. 2006;37(269):74-77.

POINTS FORTS

• Le traitement médical des orchites est souvent décevant et le traitement chirurgical doit être privilégié.

• Lors d’orchite, il convient de réaliser une sérologie brucellose.

• Lors d’atteinte unilatérale, l’inflammation associée est parfois à l’origine d’une rupture de la barrière hématotesticulaire, ce qui peut conduire à une azoospermie.

• La spermatogenèse est longue chez le chien, et la qualité de la semence n’est contrôlée que deux mois après l’intervention chirurgicale.

Abonné au Point Vétérinaire, retrouvez votre revue dans l'application Le Point Vétérinaire.fr