Visites d’élevage laitier
Mise à jour
CONDUITE À TENIR
Auteur(s) : Hubert Vin*, Julie Vin-Dekoker**
Fonctions :
*Groupe vétérinaire
915, rue de la Vaux
88300 Neufchâteau
**Groupe vétérinaire
915, rue de la Vaux
88300 Neufchâteau
Le sol influençant notamment la reproduction, des conseils peuvent être donnés aux éleveurs à l’achat ou lors de certains troubles sanitaires.
L’afflux de nouveaux équipements dans le domaine des sols d’étable est considérable ces dernières années (“nouveaux” bétons, résines, tapis de couloir de circulation). Ces produits souvent performants représentent une avancée dans le cadre du bien-être animal. Quelques-uns se révèlent néanmoins dangereux pour les animaux (fils métalliques tressés dans le tapis, matériaux glissants, etc.). De plus, certains sols sont “passés d’âge”, leur durée de vie étant généralement décennale. D’autres sont simplement inadaptés, l’éleveur n’ayant pas clairement défini son cahier des charges à l’achat : le sol est impossible à racler au tracteur, ou encore un tapis de logette “spécial génisse” a été acquis pour des vaches. Le vétérinaire est amené à apprécier un équipement de sol en élevage à la suite de l’observation de lésions évocatrices, d’une demande de conseil avant achat, mais aussi et surtout de mauvaises performances de reproduction, car le bâtiment est un des facteurs de risque d’infécondité.
L’éleveur apprécie à ce titre un conseil rigoureux et indépendant.
Le réflexe “conseil en logement” fait logiquement suite à l’observation d’affections locomotrices, et devrait aussi survenir lors de troubles de la reproduction. En effet, presque tous les paramètres d’ambiance, d’hygiène et de conception du bâtiment peuvent influer sur ce domaine, parfois par l’apparition de boiteries.
Lorsqu’un défaut d’expression des chaleurs est suspecté en élevage laitier, le bâtiment peut être en cause (encadré 1).
Une infertilité liée à un fort taux de métrite, conduit à envisager un défaut d’hygiène dans le bâtiment [2]. En effet, et du moins en théorie, une pression infectieuse forte favorise l’infection d’un utérus fragilisé par un vêlage dystocique ou pour lequel la délivrance s’est effectuée tardivement (figure) [7]. Toutefois, l’influence du bâtiment dans l’apparition des métrites puerpérales est discutée [8, 13]. Par exemple, en 1991, Noakes et coll. n’ont pas relevé de différence dans la fréquence et la gravité des métrites entre deux élevages aux conditions d’hygiène extrêmement différentes [9].
Les facteurs de risque principaux des affections de l’appareil locomoteur liés à la nature du sol et à la conception du bâtiment le sont aussi pour l’infécondité (tableau 1).
Des recommandations sont disponibles :
- sur l’hygrométrie et les vitesses d’air ;
- sur l’hygiène (densité, quantité de paille, rythme de curage) [2, 5].
Les sols sont normalement conçus avec des pentes légères pour prévenir les zones humides. Si cela n’est pas satisfaisant, un procédé de drainage peut être envisagé : par exemple, la création d’une rigole d’évacuation d’eau. La correction d’une telle erreur de construction est toutefois difficile.
Le recours à des asséchants de litière, ou bien à des désinfectants ou régulateurs du microbisme du bâtiment peut être proposé, mais il est préférable d’améliorer les paramètres d’hygiène.
Les bétons neufs doivent être tamponnés avec une solution acide (par exemple vinaigre à 10 %), en prévention des agressions chimiques des onglons [2]. Lors de glissades, outre la mise en place d’un tapis, un rainurage peut être envisagé (photos 1 et 2) [1]. Un simple brossage ou talochage des bétons ne suffit pas [2].
Les résines limitent aussi les glissades. Coûteuses, elles sont toutefois à réserver à de petites surfaces comme la salle de traite et/ou l’aire d’attente. Avec ces matériaux, il est possible de privilégier une qualité de sol (granulométrie, facilité de nettoyage, etc.). Un protocole bien spécifique de mise en place doit toutefois être respecté pour obtenir l’effet recherché durablement et sans risque de lésion pour les animaux (encadré 2 complémentaire, sur www.WK-Vet.fr). Par la suite, si les résines claquent ou cloquent, une mauvaise préparation du sol (traitement à l’acide en particulier) ou une remontée d’humidité par capillarité dans la dalle peuvent être mises en cause.
Les tapis sont des surfaces de choix pour limiter la glissance et améliorer le confort de vie des animaux [10, 11, 14]. Le déplacement de ces derniers y est pratiquement équivalent à celui sur terre battue. La plupart des fabricants privilégient une épaisseur minimale de 10 mm, pour un enfoncement suffisant de l’onglon, donc une faible glissance (tableaux 2 et 3 complémentaire sur www.WK-Vet.fr, encadré 3).
Indépendamment des défauts de conception des logettes, leur revêtement peut aussi faire l’objet d’un examen critique ou d’une aide à l’achat. Un grand nombre de nouveaux équipements sont proposés dans le commerce (tableaux 4a et complémentaires 4b sur www.WK-Vet.fr).
Le revêtement des logettes doit être plus confortable que celui des couloirs de circulation (photos 3 et 4). Le “test des genoux” peut être effectué pour évaluer ce critère : le testeur se laisse tomber à genoux sur le tapis. Son pantalon doit rester propre et sec, et il ne doit pas avoir mal. Il convient de réfléchir à quel type d’animaux le tapis est destiné : génisses ou vaches (photo 5). Les tapis constitués à 100 % de caoutchouc naturel ne sont pas microporeux, ils présentent donc un faible risque microbiologique.
La durée de garantie des constructeurs semble être une bonne base de calcul d’amortissement et de vie de ces matériels (cas des matelas d’eau, des mousses/boudins) (photo 6).
Le recours aux tapis en stabulation à logettes est toujours plus économique que l’utilisation de paille, de sciure ou de sable.
• Manque d’exercice (surface insuffisante) [3].
• Manque de luminosité [3].
• Densité animale trop élevée et sol glissant (manque d’hygiène) (inhibition du chevauchement, avec ou sans boiteries).
• Accès difficile aux animaux : le temps et la fréquence d’observation des chaleurs par l’éleveur sont insuffisants [6].
• Usage : grande surface ou non, salle de traite ou couloir ? Le tracteur peut-il rouler dessus ?
• Caoutchoucs neufs ? naturels ? (plus résistants à l’abrasion et grande mémoire de forme).
• Tapis tissé ? ou à bande tissée intégrée ? (limite dilatations/rétractions à la chaleur, critère de résistance).
• Quelle épaisseur (critère de résistance) ?
• Prix ? Tapis d’occasion ? (contiennent parfois des fibres métalliques risquant de se disséminer).
• Fixation (différents types de clous) ?.
• Quel dessin ? Face supérieure : choisir un motif “accrocheur” si l’humidité est forte. Face inférieure : rainurage orienté dans le sens de la pente pour un bon écoulement des liquides.
Étape 1 : Contextes du conseil : la reproduction
• Logement et chaleurs défectueuses (chevauchement, accès aux animaux, etc.)
• Manque d’hygiène et métrites (relation logique, mais discutée)
• Risque d’affections locomotrices et d’infécondité
Étape 2 : des solutions “bâtiments” pour les lésions des membres
• Lésions d’origine infectieuse : privilégier l’hygiène (recommandations)
• Lésions traumatiques : bétons (pH, rainurage) et résines pour les petites surfaces (soin à la préparation dans les deux cas)
Étape 3 : exemple de conseils pour s’équiper en tapis
• Pour couloir de circulation (épaisseur, fixation, motif)
• Pour couchage (test des genoux, caoutchouc naturel, durée de garantie)