Réalisation d’une écharpe de Velpeau® chez le chien - Le Point Vétérinaire n° 281 du 01/12/2007
Le Point Vétérinaire n° 281 du 01/12/2007

Orthopédie canine

Pratique

Pas à pas

Auteur(s) : Fabien Allard

Fonctions : Consultant itinérant en chirurgie, 9, rue Victor-Hugo, 91290 Arpajon

L’écharpe de Velpeau est un moyen de contention efficace de l’épaule.

L’écharpe de Velpeau maintient en position fléchie le carpe, le coude et l’épaule, et supprime l’appui du membre concerné. Elle est utilisée pour immobiliser la région de l’épaule. Facile à réaliser et peu coûteuse, elle nécessite des bandes de crêpe (Velpeau®), adhésives (Elastoplast®) et cohésives (Vetrap®) dont la largeur et la quantité sont fonction du format du chien. Une anesthésie générale n’est pas nécessaire, sauf lorsque l’animal souffre ou lorsqu’il est agité.

L’écharpe de Velpeau est indiquée comme seul traitement pour les fractures non ou peu déplacées du corps de la scapula, pour les fractures non déplacées de l’humérus proximal, ainsi que pour les luxations traumatiques récentes de l’épaule après leur réduction à foyer fermé [1, 2]. Elle peut être complémentaire des interventions chirurgicales de réduction des luxations médiale, craniale et caudale de l’épaule, des traitements de l’ostéochondrite disséquante de la tête de l’humérus, de la ténosynovite bicipitale, de la luxation dorsale de la scapula. Quelle que soit l’indication, l’immobilisation n’excède pas deux semaines.

L’écharpe de Velpeau est un moyen de contention confortable. Lorsque sa pose est effectuée avec grand soin, peu de complications sont observées. Des lésions d’irritation du pli axillaire controlatéral peuvent survenir. Si l’écharpe est trop serrée, des lésions d’ischémie et de nécrose sont à craindre.

L’immobilisation d’une articulation n’est toutefois pas anodine puisqu’elle entraîne systématiquement une perturbation des échanges entre la synovie et le cartilage responsable d’un défaut de nutrition des chondrocytes (dégénérescence du cartilage), et une fibrose à l’origine d’une rétraction des tissus mous péri-articulaires. Cette dernière provoque une diminution de l’amplitude de mouvement de l’articulation concernée (ou ankylose). Des affections liées à une mise en charge augmentée du membre sain peuvent parfois survenir : distension ligamentaire, fragmentation du processus coronoïde, aggravation d’une lésion d’ostéochondrose, etc.

Ces complications sont d’autant plus marquées que l’immobilisation est longue. Il convient d’être encore plus vigilant chez le jeune (notamment chez un chiot de grande race).

La guérison articulaire est un compromis entre deux états contradictoires : mouvement bénéfique aux cartilages, ligaments, tendons, muscles, et immobilisation nécessaire à la cicatrisation. Il convient donc d’étudier chaque situation pour apprécier l’intérêt d’une immobilisation et, si celle-ci est inévitable, pour en définir la durée.

Références

  • 1 - Brinker WO, Piermattei DL, Flo GL. Principes en chirurgie articulaire. Dans : Manuel d’orthopédie et de traitement des fractures des petits animaux. 2e ed. Ed. du Point vétérinaire. 1994:310-337.
  • 2 - DeCamp CE. External coaptation. In : Slatter D. Textbook of small animal surgery. 3rd ed. Eds. Saunders WB, Philadelphia. 2003:1835-1848.
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