Comment aborder un cas de tétanos ? - Le Point Vétérinaire n° 281 du 01/12/2007
Le Point Vétérinaire n° 281 du 01/12/2007

CLOSTRIDIOSES DES BOVINS

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question de lecteur

Auteur(s) : Hélène Chamoux

Fonctions : Clinique vétérinaire, Lot. Beaumier
Route de Ponet, 26150 Die

Le tétanos ne se traduit pas systématiquement par “plaie et mort” chez les bovins.

Il est permis de suspecter un tétanos en l’absence évidente de plaie profonde souillée. Clostridium tetani, bacille Gram +, peut ainsi se multiplier après une discrète piqûre, mais aussi dans un nombril de veau, ou un pré-estomac (en lien avec un corps étranger perforant), voire dans un utérus après prolapsus [3]. Des anazooties peuvent aussi survenir, sans plaie évidente, après un changement brutal de conditions d’élevage : C. tetani, hôte normal de l'intestin des bovins pourrait produire une grande quantité de toxines dans certaines conditions [1, 6]. L’incubation dure deux semaines à un mois.

L’affection peut débuter par une simple météorisation [6]. Rapidement apparaissent des contractions musculaires spasmodiques et toniques. La posture caractéristique survient ensuite : membres rigides étendus, colonne vertébrale étirée, muscles de la face contractés, spasmes déclenchés par le bruit, la lumière, le toucher. Une hyperthermie est fréquente. La mortalité est d’autant plus faible que la maladie évolue lentement.

Avant tout, le foyer bactérien doit être stérilisé. Une injection de pénicilline G sous forme de procaïne à la dose de 22 000 UI/kg, deux fois par jour est préconisée(1) [5].

Les symptômes sont liés à l’action des neurotoxines produites par le bacille et peuvent toucher les fonctions vitales (fausses déglutitions, arrêt respiratoire (encadré complémentaire “Les toxines produites par Clostridium tetani”, sur planete-vet.com) [3]. Aussi est-il important de favoriser la relaxation musculaire. Dans des rapports de cas, et selon notre expérience, l’acépromazine a été utilisée avec succès à la dose de 0,06 mg/kg par voie intraveineuse, à la demande, après mise en place d’un cathéter [5]. Elle est désormais interdite en productions animales par absence de limite maximale de résidu, ainsi que le diazépam (0,01 à 0,4 mg/kg par voie intraveineuse) qui permet une meilleure relaxation, mais de plus courte durée [3, 5].

Il est important de réhydrater et de nourrir le bovin par sondage, dès la relaxation musculaire atteinte. Un trocard à demeure peut être placé pour empêcher les météorisations [5]. Il est utile d’isoler le bovin dans l’obscurité. La mortalité globale est estimée à 50 % chez les bovins (contre 80 % chez les chevaux) et une survie de huit jours est d’un bon pronostic. Des signes peuvent persister jusqu’à un mois après le début des symptômes [5].

L’administration de sérum antitétanique, à fortes doses (jusqu’à 5 000 UI/kg, soit 266 flacons de Tetaniserum 150® pour 100 kg) associé à deux injections vaccinales à quatre jours d’intervalle n’est utile que lors des premiers signes de la maladie [5]. La prévention est à privilégier, via l’administration de sérum, surtout après une pratique collective à risque : castration, écornage, ablation de la queue, pose d’un anneau nasal [1, 3].

La vaccination spécifique avec des anatoxines est très efficace (Tetapur®, 1 ml par voie intramusculaire ou sous-cutanée), mais peu mise en œuvre car la maladie est rare chez les bovins [5]. Certains vaccins contre les entérotoxémies contiennent des anatoxines antitétaniques (Coglavax®, Tasvax® Huit, Covexin 10®, Miloxan®, doses selon l’âge et la spécialité). Face à un cas de tétanos dans une exploitation, les habitants sont amenés à vérifier leur couverture vaccinale contre cette maladie.

  • (1) Dépocilline® par voie intramusculaire, à raison de 7,3 ml/100 kg, par voie intramusculaire, c’est-à-dire dans l’intervalle posologique conseillé dans la monographie, mais plus fréquemment. D’autres spécialités contiennent cet antibiotique, en association.

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