Réalisation d’une analgésie péridurale - Le Point Vétérinaire n° 280 du 01/11/2007
Le Point Vétérinaire n° 280 du 01/11/2007

Anesthésie du chien et du chat

Pratique

PAS À PAS

Auteur(s) : Isabelle Goujon*, Pierre Barreau**

Fonctions :
*Grove Lodge Veterinary Hospital, Upper Brighton Road, Worthing
Royaume-Uni
**1, rue du Crampon, 59181 Steenwerck

En chirurgie abdominale caudale, une injection d’antalgiques est utile.

L’administration d’anesthésiques locaux par voie péridurale (ou épidurale) peut être proposée pour gérer la douleur péri-opératoire associée aux interventions chirurgicales des membres postérieurs, des régions péri-anale et génitale et de l’abdomen caudal. La région anesthésiée dépend du volume administré.

• L’injection, au niveau de la jonction L7-S1, d’un volume de 1 ml/10 kg entraîne le blocage sensoriel et moteur des racines nerveuses de la région lombosacrée, tandis que le double (1 ml/5 kg) diffuse largement le long de la moelle épinière et permet une analgésie des zones abdominales jusqu’à l’ombilic. Les molécules administrées sont la lidocaïne 2 % et/ou la bupivacaïne(1) 0,5 %. La lidocaïne agit rapidement. Sa durée d’action est de 30 minutes à deux heures. La bupivacaïne (0,5 à 1 mg/kg) offre jusqu’à deux à six heures d’analgésie régionale.

Lorsque les anesthésiques locaux sont associés aux analgésiques opiacés (morphine sans conservateur à la dose de 0,1 mg/kg), une seule injection permet 12 à 24 heures d’une analgésie très efficace. La péthidine(2), la méthadone(3), l’oxymorphone(3) et la buprénorphine(1) peuvent aussi être utilisées lorsqu’elles sont disponibles. Les versions sans conservateurs doivent être choisies car les additifs peuvent être à l’origine de réactions inflammatoires sévères.

• L’analgésie épidurale constitue un élément clé des techniques d’analgésie balancée. Elle permet de diminuer les quantités d’anesthésiques nécessaires à l’intervention chirurgicale, et, par conséquent, d’en réduire les effets secondaires (hypotension due aux halogénés, sédation et dépression respiratoire liées aux opiacés, etc.). La mise en place d’une péridurale améliore la gestion de la douleur et la myorelaxation per- et postopératoires, et contribue à limiter l’incidence des complications (anorexie, automutilation, ankylose, etc.).

• Les effets secondaires associés à l’injection péridurale d’opiacés sont une sensation de prurit (rare chez le chien et le chat) et, parfois, une rétention urinaire. Une bradycardie et une hypotension modérées peuvent aussi être observées, mais elles ne génèrent pas de complication lorsqu’elles sont monitorées et anticipées. Les contre-indications à la réalisation d’une injection péridurale sont les lésions cutanées localisées au site d’injection, les fractures du bassin ou de la région lombosacrée, les suspicions d’affection des méninges, de troubles de la coagulation ou de septicémie et l’hypovolémie.

L’injection péridurale d’analgésiques est facile à mettre en œuvre, peu risquée et rapide chez les animaux stables si quelques principes de base sont respectés. Elle constitue surtout un moyen efficace et durable de gestion de la douleur chez le chien et le chat.

  • (1) Médicament humain réservé à l’usage hospitalier visé par l’AMM du 7 février 2007, disponible pour le vétérinaire.

  • (2) Médicament humain.

  • (3) Médicament non disponible en France.

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