Trois nouveaux antiparasitaires externes sur prescription vétérinaire - Le Point Vétérinaire n° 276 du 01/06/2007
Le Point Vétérinaire n° 276 du 01/06/2007

ANTIPARASITAIRES EXTERNES

Infos

FOCUS

Auteur(s) : Éric Vandaële

Fonctions : 4, square de Tourville
44470 Carquefou

L’arsenal contre les parasites externes s’enrichit de deux nouvelles molécules : la métaflumizone et le pyriprole et d’une nouvelle forme galénique : l’aliment médicamenteux.

Le printemps 2007 est marqué par trois innovations majeures parmi les anti-parasitaires externes (APE) : deux nouvelles molécules en spot-on, la métaflumizone (Promeris® chez le chat et Promeris Duo® chez le chien, Fort Dodge) et le pyriprole chez le chien (Prac-Tic®, Novartis), et une nouvelle approche préventive avec un aliment médicamenteux pour chiens à base d’un inhibiteur de croissance de l’insecte (IGR) déjà bien connu, le pyriproxyfène, incorporé dans un aliment de la gamme Vet Complex® de Virbac, destiné à lutter contre les atopies (Dermatology Adult et Junior®).

Second marché pour les vétérinaires

Ces trois innovations sont donc différentes sur un marché APE évalué à 80 millions d’euros (prix HT fabricants et hors des ventes réalisées par les marques exclusives de la grande distribution ou des officines).

Pour les laboratoires, les APE représentent un quart du marché des animaux de compagnie, la deuxième classe thérapeutique derrière les vaccins. Pour les vétérinaires, les affections dermatologiques, notamment les pulicoses, constituent le second motif de consultation (15 %), assez loin derrière les vaccinations (40 % des consultations), mais devant les chirurgies de convenance (13 %).

Trois nouveautés sur prescription

Les trois nouveaux médicaments ont une caractéristique commune originale au sein des APE. Il s’agit de médicaments qui ne peuvent être délivrés que sur prescription d’un vétérinaire, pour des raisons légales différentes selon les spécialités (encadré). Cela n’est pas sans conséquence sur ce marché où la quasi-totalité des spécialités sont non seulement disponibles sans prescription, mais aussi autorisées à la vente libre en dehors du monopole pharmaceutique dans les animaleries, chez les toiletteurs, dans les moyennes ou grandes surfaces alimentaires, etc.

De fait, cette prescription préalable à la délivrance interdit toute vente en dehors des vétérinaires et des pharmaciens. Ces derniers ne devraient pas fournir ces nouveaux APE sans la présentation d’une ordonnance. Pour les vétérinaires, ces médicaments sur prescription devraient aussi être délivrés seulement sur ordonnance remise au propriétaire et, théoriquement aussi, après un examen clinique du chien ou du chat.

Métaflumizone : une nouvelle classe d’insecticide vétérinaire

Surces trois nouveautés, la gamme Promeris® à base de métaflumizone est la seule qui s’adresse à la fois aux chiens et aux chats, avec une formulation associant l’amitraz chez le chien pour son activité contre les tiques (Promeris Duo®) et une seconde formulation pour le chat sans amitraz (et sans activité acaricide antitique). La métaflumizone appartient à une famille inédite en médecine vétérinaire, les semicarbazones. Elle agit comme un antagoniste des canaux sodiques, d’où le terme d’IICS (insecticide inhibiteur du canal sodique) employé pour les qualifier. L’Association européenne du médicament (EMEA) souligne « la très faible toxicité de la métaflumizone chez les espèces cibles et l’absence de résistance de ce composé jusqu’à présent jamais utilisé comme insecticide vétérinaire ». Selon cette agence, la métaflumizone (comme l’amitraz) est rapidement distribuée à la surface de la peau et dans les poils, mais peu résorbée par la peau. Son action n’est pas systémique.

Amitraz : en spot-on chez le chien

Les nouveaux spot-on sont indiqués chez les chiens et les chats à partir de huit semaines d’âge, sans limite inférieure de poids. Les rémanences officielles sont de six semaines contre les puces et de quatre semaines contre les tiques. Une étude montre aussi que les bains répétés, à partir de 48 heures après l’application, affectent peu l’efficacité du spot-on chez le chien. Ainsi, le résumé des caractéristiques du produit (RCP) indique que « le médicament demeure efficace chez un chien mouillé », mais recommande d’« éviter une exposition prolongée et intense à l’eau ou à des cours d’eau durant les 24 heures post application ».

Pyriprole : efficace contre les puces et les tiques

Les spot-on de pyriprole (Prac-Tic®) sont efficaces à la fois contre les puces et les tiques chez les chiens qui pèsent plus de 2 kg et/ou âgés de plus de huit semaines. Une formulation “chat” est en cours de développement. Le pyriprole est un phénylpyrazolé dont le mode d’action est similaire à celui du fipronil, de la même famille, sur les récepteurs GABA (inhibition pré- et postsynaptique du passage des ions chlorures et blocage de la transmission nerveuse). Comme le fipronil, il est « contre-indiqué chez les lapins ».

Le mode d’action lui confère une action rapide contre les puces et les tiques. Ainsi, 98 % des puces sont mortes en moins de 12heures et 100 % en 24 heures lors des infestations expérimentales. La moitié des tiques meurent en 24 heures et 99 % en 48heures. Les rémanences officielles sont d’un mois. Aussi bien contre les puces que contre les tiques, l’efficacité reste inchangée après un shampooing ou des bains avec immersion totale dans l’eau (seulement huit heures après l’application du spot-on). Néanmoins, le RCP conseille de ne pas baigner ni de laver le chien 48 heures avant l’application et jusqu’au lendemain.

Premier aliment médicamenteux contre les puces

Contrairement aux deux spot-on, l’aliment médicamenteux Virbac à base de pyriproxyfène n’a pas d’activité adulticide contre les puces. Il s’agit d’un inhibiteur de l’hormone juvénile qui agit par des effets ovicide et larvicide « en empêchant le développement des œufs et des larves des puces » au contact de la peau et des poils des chiens nourris par cet aliment, sans qu’il soit nécessaire que la puce fasse son repas sanguin. « Cette activité intervient dans l’heure qui suit le premier repas pris par le chien », rapporte le RCP. Après six jours de repas avec cet aliment, un état d’équilibre s’installe sans accumulation de pyriproxyfène dans l’organisme. Comme tous les IGR, cet aliment est un traitement préventif de l’infestation, en évitant « l’apparition des nouvelles puces adultes ». Les IGR doivent être associés à des adulticides lors d’infestation.

Le support alimentaire retenu, un aliment destiné aux chiens présentant des atopies, notamment des DAPP, limite d’emblée le marché. Toutefois, cet aliment médicamenteux n’est pas concurrent des spot-on adulticides, mais certainement complémentaire.

Les nouveaux spot-on ne sont pas, pour le moment, indiqués chez les femelles gestantes ou allaitantes. Toutefois, « les études chez les animaux de laboratoire ne montrent aucun effet tératogène ou toxique », indiquent les RCP. Comme tous les IGR, le pyriproxyfène est sans danger chez les mammifères qui ne sécrètent pas l’hormone juvénile des insectes. L’aliment médicamenteux peut donc être employé chez les chiennes gestantes et allaitantes sans précaution particulière, comme le précise le RCP.

Encadré : Pourquoi les nouveaux antiparasitaires externes sont-ils sur prescription ?

Les nouvelles gammes de spot-on, Promeris® et Promeris Duo® chez Fort Dodge, Prac-Tic® chez Novartis, et le nouvel aliment Dermatology de Virbac sont tous des médicaments sur prescription pour trois raisons légales différentes.

1. Nouvelles substances

Lesnouveaux spot-on contiennent deux substances médicamenteuses jusqu’à présent non autorisées comme médicament vétérinaire : la métaflumizone et le pyriprole. Depuis le 30 octobre 2005, toutes les nouvelles substances jamais autorisées auparavant deviennent des spécialités sur prescription pendant cinq ans. Cette obligation découle de la refonte pharmaceutique européenne publiée le 30 avril 2004(1), avec un délai de mise en œuvre qui s’est achevé le 30 octobre 2005.

Ces deux médicaments ayant été évalués par l’Agence européenne du médicament et autorisés, non pas par la France, mais par la Commission européenne, en décembre 2006 et en janvier 2007, cette disposition a été appliquée dans toute l’Europe avant même que la France ne la transpose dans son droit national.

Pour les deux nouvelles substances, la classification en médicament sur prescription est donc indépendante de l’évaluation toxicologique pendant cinq ans. Cette classification sera ensuite revue en 2012 lors du renouvellement de l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Sans préjuger de la conclusion de cette réévaluation, il est possible, voire probable, que Prac-Tic®, à base de pyriprole, devienne un médicament accessible sans prescription en 2012.

2. Métaflumizone sur la liste I

La métaflumizone est aussi inscrite sur la liste I des substances vénéneuses. À ce titre, la gamme Promeris® devrait rester sur prescription après 2012, sauf modification improbable de cette classification. Théoriquement, les quantités délivrées ne peuvent pas excéder trois mois de traitement. Et le renouvellement des ordonnances vétérinaires est interdit par le pharmacien, sauf mention explicite du type « renouvellement autorisé x fois ».

3. Aliment médicamenteux

Le cas de l’aliment médicamenteux Virbac est différent. Les dispositions sur la prescription et la délivrance des aliments médicamenteux sont en effet davantage destinées aux animaux d’élevage monogastriques (porcs, volailles, veaux surtout) qu’à ceux de compagnie. À ce titre, c’est une première mondiale.

Comme IGR, le pyriproxyfène n’est pas soumis à prescription. Les médicaments qui en contiennent déjà (Duowin® ou Cyclio®) sont d’ores et déjà disponibles sans ordonnance. Toutefois, depuis le 27 avril 2007(2), tous les aliments médicamenteux, sans exception, sont considérés comme des spécialités sur prescription. La prescription d’aliment médicamenteux est alors limitée à trois mois au maximum.

L’aliment médicamenteux de Virbac, ou un autre de ce type, ne risque donc pas, lui non plus, de se retrouver en jardineries ou en grandes surfaces parmi d’autres petfoods.

  • (1) Article 67, dernier alinéa, de la directive n° 2001/82 modifiée par la directive n° 2004/28.

  • (2) Article L. 513-5 du Code de la santé publique, modifié par l'article 46 de l'ordonnance législative n° 2007-613 publiée au Journal officiel du 27 avril 2007.

Voir le tableau complémentaire “La classification des insecticides/acaridices selon leur mode d'action” sur planete-vet.com.

EN SAVOIR PLUS

- Pour Promeris® et Prac-Tic®, se reporter aux rapports d’évaluation de l’Agence européenne du médicament (EMEA), http ://www.emea.europa.eu/htms/vet/epar/p.htm.

- Voir le RCP du prémélange médicamenteux à 1 % de pyriproxyfène sur le site de l’Afssa-ANMV, http ://www.anmv.afssa.fr/

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