L’oxyclozanide, un rempart contre les paramphistomes - Le Point Vétérinaire n° 268 du 01/09/2006
Le Point Vétérinaire n° 268 du 01/09/2006

PARAMPHISTOMOSE CHEZ LES BOVINS LAITIERS

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SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Jean-Claude Desfontis

Fonctions : Unité de pharmacologie et toxicologie, ENV de Nantes

L’oxyclozanide est un anthelminthique vraiment efficace pour lutter contre la paramphistomose chez les bovins laitiers.

Un traitement contre la distomatose et la paramphistomose est prescrit dans un troupeau de bovins laitiers à la fin de l’automne, au moment de la rentrée à l’étable. L’infestation des bovins est avérée par des résultats coproscopiques positifs pour les deux espèces de parasites. La stratégie thérapeutique consiste à réaliser le traitement anthelminthique deux semaines après l’entrée à l’étable, en deux administrations espacées de huit semaines.

Douvistome® : Anthelminthique douvicide et paramphistomicide

Douvistome® contient 34 mg d’oxyclozanide par millilitre de suspension buvable. L’oxyclozanide est un anthelminthique de la famille des salicylanilides. Liposoluble, l’oxyclozanide est bien résorbé par voie orale et principalement éliminé par voie biliaire. Il a pour indication majeure le traitement contre la grande douve du foie et le ténia chez les bovins et les ovins, avec une action sur les stades adultes des parasites. Il exerce son action anthelminthique en réalisant un découplage de la phosphorylation oxydative. Le manque de synthèse d’ATP produit chez le parasite une altération métabolique à l’origine de sa mort.

L’oxyclozanide est un anthelminthique commercialisé en France, reconnu actif contre les paramphistomes par des études scientifiques, et indiqué chez les vaches laitières dont le lait est destiné à la consommation humaine. Douvistome® est le générique de Zanil®, qui peut donc aussi être utilisé. Pour ces deux suspensions buvables, le traitement ou la prévention contre les paramphistomes ne constitue pas une indication mentionnée dans le résumé des caractéristiques du produit (RCP).

La posologie préconisée pour le traitement de la distomatose des bovins est de 10 mg/kg de poids corporel d’oxyclozanide pour des animaux jusqu’à 350 kg et de 3,4 g pour des animaux de plus de 350 kg (dose maximale appelée “stop dose”). Cette “stop dose” se justifie par le recyclage hépatique que subit la molécule, ce qui augmente la concentration active au contact des parasites intrahépatiques.

La posologie efficace pour le traitement de la paramphistomose est de 10 à 15 mg/kg sans “stop dose”. En effet, les paramphistomes adultes, sensibles à l’oxyclozanide, sont localisés dans les pré-estomacs des bovins.

Afin de déterminer le meilleur moment pour réaliser le traitement des animaux, les périodes d’infestation et la limitation vraisemblable du spectre d’activité aux formes adultes des deux parasites doivent être prises en compte. Ainsi, il est préférable d’attendre la fin de la migration des formes immatures, c’est-à-dire huit à douze semaines après la rentrée à l’étable. Afin d’agir plus précocement et efficacement contre la grande douve du foie, le traitement préventif doit être administré deux fois : à l’entrée à l’étable, puis huit à douze semaines plus tard. Une étude australienne a montré qu’une administration unique d’oxyclozanide était capable de réduire très significativement l’infestation parasitaire par les paramphistomes. Cependant, ces auteurs ont observé quelques épisodes de diarrhées et une légère baisse de production laitière associée.

En effet, l’absence de respect d’une “stop-dose” peut être à l’origine d’une certaine toxicité de l’anthelminthique.

Le principal intérêt d’utiliser l’oxyclozanide chez des vaches laitières en cours de lactation est que les deux spécialités pharmaceutiques vétérinaires qui le contiennent ont un temps d’attente nul dans le lait.

Étant donné que la grande douve et le paramphistome ont le même hôte intermédiaire (la limnée tronquée) et ont un cycle évolutif très proche, il paraît pertinent d’utiliser un anthelminthique actif sur les deux parasites en même temps.

En plus de ce traitement médical, des mesures complémentaires doivent être prises pour réduire le risque d’infestation en aménageant ou en empêchant l’accès des animaux aux zones humides, lieux hébergeant les hôtes intermédiaires des parasites.

En savoir plus

- Alzieu JP, Courouble F. Actualités sur la paramphistomose bovine. Point Vét. 2004;35:78-83.

- Alzieu JP, Bergeaud JP, Dorchies P. Essai de traitement de la paramphistomose bovine par l’oxyclozanide. Rev. Méd. Vét. 1999;150(8/9).

- Gevrey J, Bourdoiseau G. Le traitement de la paramphistomose des ruminants. Point Vét, 1998;29(194):807-810.

- Rolfe PF, Boray JC. Chemotherapy of paramphistomosis in cattle. Aus. Vet. J. 1987;64(11):328-332.

- Spence SA, Fraser GC, Chang S. Responses in milk production to the control of gastro-intestinal nematode and paramphistome parasites in dairy cattle. Aus. Vet. J. 1996;74:456-459.

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