Ne pas omettre l’observance des traitements médicamenteux - Le Point Vétérinaire n° 265 du 01/05/2006
Le Point Vétérinaire n° 265 du 01/05/2006

TOUX CHEZ LE FURET

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SUR ORDONNANCE

Auteur(s) : Adeline Linsart

Fonctions : 41, rue du Président-Roosevelt, 78500 Sartrouville

Chez le furet, l’administration de spécialités pharmaceutiques appétentes pour chat ou de solutions buvables destinées aux enfants est conseillée.

Un furet âgé de trois ans est présenté à la consultation en raison d’une toux marquée depuis plusieurs semaines, d’un abattement et d’une anorexie apparus 24 heures auparavant. La réalisation d’une radiographie thoracique permet de diagnostiquer une bronchopneumonie. Un traitement antibiotique et anti-inflammatoire est instauré, complété par des séances d’inhalations.

Pul Phyton® : Action antiseptique et décongestionnante locale

L’administration de Pul Phyton® est bénéfique quel que soit le degré d’atteinte respiratoire. Les huiles essentielles naturelles possèdent une action antiseptique et décongestionnante locale qui améliore les signes locaux et limite l’utilisation à forte dose des corticoïdes. Néanmoins, les huiles essentielles peuvent provoquer, à fortes doses ou lors d’administration prolongée, des irritations et inflammations bronchiques, des signes nerveux, voire des arrêts cardio-respiratoires. Il est donc nécessaire de bien expliquer aux propriétaires le déroulement et la durée des séances d’inhalations.

Microsolone®: Faciliter les échanges respiratoires et limiter la toux

Microsolone® se présente sous la forme de comprimés de petite taille contenant de la prednisolone. Cet anti-inflammatoire stéroïdien est fréquemment utilisé chez le furet, notamment dans le traitement médicamenteux des insulinomes. Le premier bénéfice attendu de l’administration d’un corticoïde est de limiter l’inflammation et donc de diminuer la toux. Le second effet recherché est la facilitation des échanges respiratoires grâce à l’action bronchodilatatrice des anti-inflammatoires stéroïdiens, et la normalisation des sécrétions bronchiques.

Les corticoïdes exercent une action immunodépressive, quelles que soient la voie d’administration et la dose. Ici, l’emploi conjugué de Therios 60 Félin® et de Microsolone® permet de prévenir ou de traiter des complications bactériennes. Bien que les corticoïdes soient connus pour provoquer ou favoriser de nombreuses dysendocrinies, aucune étude n’en montre l’émergence lors d’une administration chez le furet. L’hypercorticisme souvent décrit chez le furet est un abus de langage ; cette dysendocrinie est en réalité un hyperandrogénisme caractérisé par une augmentation des sécrétions des hormones sexuelles et non du cortisol.

Dans la présente indication, la prednisolone est conseillée à la dose de 0,5 à 1 mg/kg/j en deux prises pendant une semaine puis tous les 2 jours. La présentation sous forme de comprimés non sécables ne permet pas toujours de respecter cette posologie. Une alternative est la prescription d’une spécialité humaine sous forme buvable (par exemple Solupred®).

Therios 60 Félin®: Formulation appétente pour favoriser l’observance

Therios 60 Félin® est une spécialité pharmaceutique vétérinaire destinée au chat et contenant un antibiotique bactéricide à spectre large, la céfalexine. Cette céphalosporine atteint rapidement des concentrations plasmatiques efficaces après son administration orale. Elle possède une excellente diffusion tissulaire et est éliminée majoritairement dans les urines acides de ce carnivore.

La céfalexine est conseillée lors d’infections respiratoires chez le furet. Son spectre d’activité couvre les principales bactéries incriminées (Bordetella bronchiseptica, Streptococcus sp, Klebsiella pneumoniae, E. coli notamment). La céfalexine est administrée à des doses de 15 à 25 mg/kg, deux fois par jour pendant 15 à 21 jours. Le traitement est poursuivi pendant au moins une semaine après la guérison clinique.

L’indice thérapeutique des pénicillines est aussi élevé chez le furet que chez le chat ou le chien. Il n’existe pas de contre-indications liées à la flore digestive peu développée chez le furet. Aucun cas d’allergie aux pénicillines n’a été décrit.

La forme pharmaceutique appétente de la céfalexine (comprimé Délicament®) permet le plus souvent une prise spontanée.

Les pneumonies bactériennes sont peu fréquentes chez le furet. Il convient donc de rechercher des facteurs favorisants comme le stress, des affections virales (grippe et maladie de Carré), des maladies intercurrentes ou des anomalies environnementales (poussières d’argile des litières pour chat, poudres et aérosols désodorisants, litières aromatiques à base de copeaux de pin ou de cèdre).

En savoir plus

- Fox JG. Biology and diseases of the ferret. Baltimore, Williams and Wilkins eds, Baltimore. 1998 : 568p.

- Kouvtanovitch E. Mise au point sur les médicaments anti-infectieux chez le furet : indications et précautions d’emploi des antibiotiques, des antiparasitaires et des antifongiques. Thèse Méd. Vet. Alfort. 2001 ; n° 23 : 149p.

- Quesenberry K, Carpenter JW. Ferrets, rabbits and rodents : clinical medicine and surgery. WB Saunders eds, Philadelphia. 1997 : 461p.

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