COLITE CHRONIQUE CHEZ LE CHAT
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SUR ORDONNANCE
Auteur(s) : Hervé Pouliquen
Fonctions : Unité de pharmacologie et toxicologie, ENV Nantes
Le traitement de première intention de la colite chronique féline associe le métronidazole et le sulfasalazine à une alimentation adaptée.
Un chat européen mâle castré âgé de six ans et pesant 5 kg est amené à la consultation pour une diarrhée chronique. L’animal présente depuis un mois des épreintes, un ténesme et une augmentation de la fréquence d’émission des selles, sans amaigrissement prononcé. Un diagnostic de colite chronique est établi. Un traitement médical qui associe Flagyl®, Salazopyrine® et Mégasolone® 5 est prescrit pour une durée de vingt jours.
Mégasolone® 5 se présente sous la forme de comprimés qui contiennent 5 mg de prednisolone, un anti-inflammatoire stéroïdien. Les corticoïdes sont souvent utilisés dans le traitement des entéropathies chroniques car ils limitent les réactions d’hypersensibilité de tous types et diminuent l’immunité cellulaire et humorale. La prednisolone garde la préférence de la majorité des auteurs à une dose supérieure à celle employée chez le chien : la dose d’attaque est de 1 à 2 mg/kg deux fois par jour pendant trois à quatre semaines et la dose d’entretien de 0,5 à 1 mg/kg/j. L’administration prolongée de corticoïdes peut toutefois entraîner des effets indésirables (hyperphagie, polyuro-polydipsie, amyotrophie, alopécie, stéatose hépatique, etc.) et être inefficace à long terme. Il convient donc en première intention de prescrire du métronidazole et de la sulfasalazine, deux molécules à propriétés immunosuppressives qui ont une efficacité prolongée et dont les effets indésirables sont moindres.
Salazopyrine® est un médicament à usage humain à base de sulfasalazine, association d’acide 5-aminosalicylique et de sulfapyridine joints par un pont azoïque. Après une administration orale, les bactéries coliques libèrent l’acide 5-aminosalicylique qui reste en majeure partie dans le côlon, d’une part, et la sulfapyridine qui est résorbée et passe dans la circulation sanguine, d’autre part.
L’activité majeure de la sulfasalazine provient de l’acide 5-aminosalicylique. Il exerce une action anti-inflammatoire en inhibant l’activité à la fois des cyclo-oxygénases et des lipo-oxygénases, ce qui déprime la synthèse des prostaglandines et des leucotriènes. Il agirait également en interférant avec la fonction et le chimiotactisme des phagocytes, des neutrophiles et des macrophages, et en inhibant la cytotoxicité à médiation cellulaire, la libération histaminique des mastocytes, l’activité des cellules “ natural killer ” et la production de cytokines et d’immunoglobulines.
Chez le chat, il convient de ne pas dépasser la dose de 30 mg/kg/j. La plupart des coliques chroniques répondent en deux à quatre semaines à la sulfasalazine associée à un régime alimentaire adapté.
Des effets indésirables (kératoconjonctivite sèche, anorexie, vomissements, anémie et ictère cholestatique) attribués à la sulfapyridine peuvent se manifester lors de traitement long. De nouvelles molécules plus onéreuses (mésalazine et de l’olsalazine) ne contiennent que de l’acide 5-aminosalicylique.
Flagyl® suspension buvable est unmédicamentàusage humain qui contient 40 mg/ml de métronidazole sous la forme de benzoate, un antibiotique de la famille des nitro-5-imidazolés. L’intérêt de l’administration de métronidazole lors de colite chronique résulte de sa double action antimicrobienne et immunosuppressive.
Outre son action antiparasitaire, notamment sur Giardia, Trichomonas et Entamœba histolytica, le métronidazole a une puissante activité bactéricide contre la plupart des bactéries anaérobies, comme Clostridium spp. et Bacteroides fragilis. Il aurait aussi un rôle immunosuppresseur qui résulte principalement de l’inhibition de l’immunité à médiation cellulaire et d’une interférence avec le chimiotactisme des leucocytes.
Selon des études sur l’efficacité du métronidazole, une dose de 10 à 20 mg/kg deux fois par jour pendant trois à quatre semaines est recommandée. L’association de métronidazole et de spiramycine (spécialités vétérinaires : Stomorgyl® ; dimétridazole : Spiraphar®, Histacétyl®) peut également être utilisée en raison de l’action synergique des deux molécules sur les bactéries anaérobies et de l’action complémentaire de la spiramycine sur les bactéries aérobies.
Des effets indésirables (faiblesse, ataxie, crises convulsives, perte d’orientation et déficit visuel) apparaissent à une dose supérieure à 70 mg/kg/j administrée durant plusieurs semaines. Letraitement pendant la gestation est proscrit en raison du caractère mutagène du métronidazole mis en évidence chez des animaux de laboratoire.