GTV partenaire : bilan en 2004 et perspectives - Le Point Vétérinaire n° 251 du 01/12/2004
Le Point Vétérinaire n° 251 du 01/12/2004

MAMMITES EN ÉLEVAGE LAITIER

Éclairer

NOUVEAUTÉS

Auteur(s) : Francis Sérieys

Fonctions : Filière Blanche
12, quai Duguay Trouin
35000 Rennes

Une réflexion est en cours pour développer cette approche de la maîtrise des traitements dans davantage d’élevages.

L’action GTV Partenaire a pour objectif d’améliorer l’efficacité sanitaire, l’efficacité économique et la sécurité du traitement des mammites, qui représente la principale utilisation d’antibiotiques en élevage laitier.

Elle s’articule autour de deux référentiels, élaborés à l'initiative de la société nationale des groupements techniques vétérinaires (SNGTV) :

- le référentiel général des bonnes pratiques de traitement, support de l'évaluation périodique des pratiques de l'élevage et des actions correctives ;

- le référentiel des bonnes pratiques méthodologiques du vétérinaire, support du diagnostic d'élevage et des plans de traitement en lactation et au tarissement (voir la FIGURE “Répartition des tâches pour l’abord des mammites avec GTV partenaire”).

Après quatre ans d’existence de GTV Partenaire, un état des lieux peut être dressé et ses perspectives sont envisagées.

Appuis déterminants de la filière

Depuis le début du projet en 2000, GTV partenaire a bénéficié du soutien de l’interprofession laitière nationale (CNIEL) et de l’administration (ONILAIT, DGAL). Celles-ci lui ont apporté leur soutien financier et participent à son Comité de pilotage national, aux côtés des représentants des fédérations des producteurs (FNPL), des coopératives (FNCL) et des industriels laitiers (FNIL).

L’action est actuellement développée dans huit régions qui incluent les quatre principales régions laitières françaises (voir le TABLEAU “Développement de GTV partenaire en 2004”).

Les groupements d’intérêt économique (GIE) lait-viande de ces régions, sollicités par les GTV, subventionnent ces actions sur des fonds de l’ONILAIT ou des Conseils régionaux (voir le TABLEAU “Protocoles et tarifs des actions développées avec l’appui des GIE” sur planete-vet). Ces subventions sont une reconnaissance des actions des vétérinaires et des GTV.

La mise en place de l’action dans les régions a permis aux GTV de créer ou de renforcer des liens avec des entreprises laitières, par exemple avec Maîtres laitiers du Cotentin, en Basse-Normandie, ou TERRENA en Pays-de-Loire. Le développement des relations dans les régions avec diverses laiteries adhérentes à SODIAAL (produits Yoplait, Candia, Riches Monts) a débouché, en mars 2004, sur la signature par le Groupe SODIAAL et la SNGTV d’une convention nationale de partenariat pour le développement de l’action GTV Partenaire auprès des producteurs engagés dans la (médiatique) charte d’entreprise “La Route du Lait”. De nouvelles collaborations se sont développées avec les groupements de défense sanitaire (GDS), par exemple en Haute-Normandie, et avec les Contrôles Laitiers, par exemple en Rhône-Alpes.

Nouvelle approche, nouvelles demandes

D’après les évaluations réalisées, l’action satisfait les producteurs touchés car GTV Partenaire les aide le plus souvent à progresser et à mettre en place des pratiques de traitement plus efficaces et plus sûres, avec un coût maîtrisé.

Les plans de traitement préconisés semblent simplifier leurs pratiques, avec une consommation d’antibiotiques égale ou inférieure. Les éleveurs comprennent mieux la prescription et apprécient que leur soient clairement expliquées les conduites à tenir pour la mise en œuvre du traitement de première intention, l’identification pré-coce des échecs, la réalisation éventuelle d’un traitement de seconde intention, l’attitude à adopter face à une rechute et les circonstances qui nécessitent le recours au vétérinaire.

Les éleveurs se disent en outre sécurisés vis-à-vis des risques de résidus d’antibiotiques dans le lait : les clarifications apportées dans la conduite des traitements et la mise à disposition de supports pour afficher les consignes en salle de traite y contribuent.

De manière plus inattendue, les éleveurs imputent souvent à GTV partenaire de meilleurs résultats de qualité cellulaire, ainsi qu’une réduction du nombre de mammites cliniques. L’intervention du vétérinaire lors des traitements donnerait donc l’occasion de “parler prévention”. Les éleveurs apprécient que GTV Partenaire ne requière aucun enregistrement supplémentaire, mais permette de valoriser notamment le registre des traitements.

Les praticiens engagés dans cette action observent que la mise en place de GTV Partenaire suscite de la part des éleveurs de nouvelles demandes de conseil et d’interventions. Ils apprécient de pouvoir conduire une analyse et une action de conseil en dehors de soins à des animaux malades ou d’une délivrance de médicaments au cabinet. Ils bénéficient ainsi d'une connaissance plus approfondie des pratiques de l’élevage, de son épidémiologie, des attentes de l’éleveur et sont en position de valoriser leur compétence.

Un potentiel pour élargir l’action

Plus de cinq cents vétérinaires, appartenant à environ quatre cents cabinets ont déjà participé aux formations de préparation GTV partenaire. Plus de la moitié des cabinets ayant une activité en élevage laitier dans les huit régions concernées (et le tiers du total des cabinets concernés en France) ont ainsi été touchés.

D’après les évaluations, outre des informations techniques sur la thérapeutique, les praticiens trouvent principalement dans cette formation une méthodologie et des outils pour mener une action de conseil auprès de leurs clients sur le traitement des mammites. De nombreux praticiens ont en effet conscience que leur activité devra évoluer dans ce sens dans les prochaines années, pour compenser un nombre d’examens cliniques individuels en baisse régulière, réduit aux cas de mammites de mauvais pronostic.

L’intérêt des praticiens ne signifie pas pour autant qu’ils entrent tous immédiatement dans l’action après la formation. Dans toutes les régions concernées, quelques cabinets réalisent l’essentiel des interventions ; le plus grand nombre se limite à quelques élevages ou n’a pas débuté le conseil.

Un nouvel outil pour montrer la rentabilité

Le nombre d’éleveurs suivis reste modeste : de l’ordre de trois cent en 2004. Le prix ne serait pas en cause : il n'existe pas de corrélation entre le nombre d’élevages suivis dans les différentes régions et le coût qui reste à la charge de l’éleveur après la déduction des subventions des GIE lait-viande. En outre, les praticiens qui suivent le plus d‘élevages avec GTV partenaire parviennent souvent à poursuivre l’action chez des éleveurs qui ne reçoivent plus de subventions (après un ou deux ans). Pour aider les praticiens à convaincre leurs clients de la rentabilité de cette action, un logiciel d’évaluation de pertes économiques dues aux mammites a été mis à leur disposition.

Offrir ses services

Le plus souvent, un défaut conjoint de l’offre et de la demande serait en cause. D’un côté l’éleveur n’exprime pas spontanément de demande de services à son vétérinaire, auquel il ne fait généralement appel que pour des examens cliniques individuels. De l'autre, le praticien n’est pas habitué à faire des offres de services. Des rencontres sont organisées dans les régions par les GTV pour permettre aux praticiens d’échanger leurs expériences dans ce domaine et un appui peut leur être apporté par le laboratoire Intervet pour l’organisation de réunions d’éleveurs au cabinet.

Les partenaires de la filière laitière, notamment les entreprises laitières et les organisations, nationale et régionale, des producteurs de lait, ont aussi un fort pouvoir d’incitation sur l’éleveur. Ils sont les principaux décideurs de l’octroi de subventions dans le cadre des GIE, alors même qu’il est à craindre qu’elles évoluent à la baisse (y compris en nombre d’actions éligibles), à l’instar des dotations d’ONILAIT en 2004. Les entreprises laitières peuvent ainsi fortement inciter les producteurs qui leur vendent le lait à entrer dans GTV Partenaire pour sécuriser la collecte du lait et prévenir sa contamination par des résidus d’antibiotiques. Les organisations professionnelles agricoles ont également une capacité d’organisation nettement supérieure à celle des GTV, par le biais des structures de développement qu’elles animent.

Le GTV Partenaire induit et accompagne une mutation de l’activité des cabinets ruraux, rendue nécessaire par les évolutions de la démographie des élevages laitiers et la structure de la filière laitière. L’action GTV Partenaire doit être considéré comme un investissement, dirigé vers l’avenir, mais parfois aussi immédiatement rentable, comme en témoignent les cabinets qui s’y sont le plus activement impliqués.

Congrès

Dumas PL, Faroult B, Serieys F. Assurer les traitements en exploitation laitière : expérience et perspectives de l’action GTV partenaire. Journées nationales GTV Tours 26 au 28 mai 2004 : 71-75.

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