La péricardiocentèse chez les bovins - Le Point Vétérinaire n° 249 du 01/10/2004
Le Point Vétérinaire n° 249 du 01/10/2004

EXAMEN COMPLÉMENTAIRE LORS D’AFFECTION CARDIAQUE

Pratiquer

EN IMAGES

Auteur(s) : Raphaël Guatteo

Fonctions : Nora Cesbron et Sébastien Assié,
Médecine des animaux d’élevage, ENV Nantes

Si elle conduit rarement à la guérison, la ponction du péricarde est démonstrative pour l’éleveur et simple à réaliser.

La ponction péricardique ou péricardiocentèse a deux indications principales chez les bovins, diagnostique et thérapeutique.

• Elle permet de mettre en évidence une collection péricardique lorsque le tableau clinique est évocateur d’une péricardite exsudative (œdème des parties déclives, tachycardie, dyspnée, turgescence bilatérale des jugulaires, bruits péricardiques liquidiens surajoutés à l’auscultation cardiaque asynchrones du rythme cardiaque).

• La ponction peut être suivie d’une vidange du contenu péricardique. Un drain est installé à la place du cathéter, mais il reste difficilement en place et seule une intervention chirurgicale de péricardiostomie permet une éventuelle guérison. Le pronostic est toutefois d’autant plus sombre que l’intervention est tardive.

Amélioration temporaire

La péricardiocentèse est rarement un traitement efficace et définitif, mais plutôt une alternative temporaire qui permet à l’animal de terminer sa gestation, par exemple. L’éleveur doit en être prévenu. Les signes cliniques peuvent s’atténuer transitoirement, mais la collection liquidienne se reforme rapidement. L’association d’un traitement diurétique prolonge parfois l’amélioration clinique.

Quand elles ont pour objectif de maintenir l’animal jusqu’au vêlage, par exemple, les ponctions peuvent être répétées « à la demande », lors de la réapparition de signes majeurs d’insuffisance cardio-circulatoire (turgescence des jugulaires, œdème).

Difficultés opératoires

Parfois, aucun liquide n’est récolté, notamment lorsque la péricardite est chronique et au stade de l’organisation fibrineuse. Généralement, en ponctionnant à nouveau un peu plus haut qu’initialement (au niveau de la pointe du coude), un liquide est alors obtenu. Pratiquer cet acte seulement chez les bovins qui présentent à l’auscultation des bruits cardiaques liquidiens surajoutés limite le risque de ne rien récolter.

Compte tenu du diamètre du cathéter employé, il est exceptionnel qu’il se bouche. Si cela se produit, une légère rotation de la canule suffit généralement à rétablir le drainage. Une faible quantité de NaCl peut aussi être injectée (« flushing »). L’arrêt de l’écoulement signifie le plus souvent que la majorité du liquide présent a été ponctionnée.

La ponction péricardique est un geste simple qui possède une valeur démonstrative sans équivalent dans le cadre d’affections à pronostic généralement sombre.

Remerciements à Jean-Paul Guédas.

En savoir plus

- Buczinski S, Bélanger AM, Francoz D. Péricardite exsudative associée à une pneumonie. Point Vét. 2004 ; 247(35): 66-69.

- Grisneaux M, Fecteau G. Péricardiostomie chez un holstein de deux ans. Point Vét. 2001 ; 32(213): 68-72.

- Reef VB, McGuirk SM. Pericarditis. In : Smith BP. Large animal internal medicine. 3rd ed. Mosby, St. Louis. 2002 : 463-467.

- Roy C, Francois P, Roque J-L et coll. Drainage d’une péricardite suppurée chez un bovin. Point Vét. 2003 ; 34(236): 58-60.

- Sattler N. Péricardiocentèse et péricardiostomie. Point Vét. 2002 ; 33(227): 34-37.

  • Barone R. Anatomie comparée des mammifères domestiques. T. 5 - Angiologie. Éd. Vigot, Paris. 1996.
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